L'instinct de survie

Je finis par raccompagner Nia chez elle et lui laissai les cendres de sa grand-mère. Yoko lui annonça ensuite qu'elle pouvait habiter ici aussi longtemps qu'elle le souhaitait et qu'elle faisait désormais partie de la famille. Les larmes montèrent aux yeux de Nia, ce qui fit pleurer Yoko également. C'étaient des larmes de joie.

En rentrant chez moi, je pris conscience d'une chose : je devais devenir bien plus fort pour pouvoir les protéger... et les venger. Une fois arrivé au manoir, je remarquai que Barrios dormait déjà, mais Kaiser était absent.

"Où a-t-il bien pu passer à cette heure-ci ?" me demandai-je, intrigué. Je déployai mon sens sismique sur une large zone pour le localiser et le perçus au milieu des montagnes, très loin de la cité.

"Qu'est-ce qu'il fiche là-bas ?" dis-je pensif. J'activai ma chevalière et tentai de le joindre, mais il ne répondit pas.

"Bon, j'imagine que je vais devoir aller le chercher", conclus-je avant de quitter le manoir et de m'envoler dans sa direction. Grâce à ma maîtrise avancée de l'air, je volais encore plus vite que d'ordinaire. Le noyau bestial céleste d'Azuryon avait prodigieusement renforcé mes capacités au point que j'avais presque débloqué tous les sous-éléments de l'air. Mais tuer une bête céleste est extrêmement gratifiant mais les risques du combat à mener sont bien trop grand… Alors que je pensais à cela, je fus soudain distrait par une lueur éloignée.

C'était Kaiser.

"Kaiser, qu'est-ce que tu fais ici ? Il est minuit, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué", dis-je en atterrissant doucement, mon manteau noir flottant légèrement sous l'effet de la brise nocturne.

"Je sais..." répondit-il pensivement. Autour de nous, je distinguai des impacts au sol et des entailles profondes dans les parois rocheuses, avec de la cendre dispersée un peu partout. Pas de doute, Kaiser s'entraînait durement.

"Ça fait combien de temps que t'es là ?" demandai-je, scrutant les alentours.

"Une heure ou deux, j'imagine", répondit-il brièvement.

"T'es toujours remonté à cause de ta défaite contre Anos, hein ?"

"J'ai failli le battre ! Mais il a fallu qu'il sorte cet œil maudit !" ragea-t-il, son Kengan activé. En un seul regard, il trancha une paroi montagneuse, y laissant une entaille de vingt mètres.

"Il t'a pris par surprise. Tu l'auras la prochaine fois", dis-je en posant une main rassurante sur son épaule.

"J'en suis pas si sûr..." murmura-t-il, le regard dégoûté, ce qui attira davantage mon attention. "Il retenait ses coups, je l'ai senti. Il a diminué son Ki protecteur pour encaisser plus de dégâts que nécessaire. Il a fait de même avec sa vitesse. Je l'ai remarqué parce qu'il esquivait beaucoup plus vite les attaques mortelles que les autres".

"Tu en es sûr !?" demandai-je, surpris.

"Absolument. Il est loin devant moi... Il ne s'est pas donné à fond", dit-il tandis que j'enlevai mon manteau, ne gardant au dessus qu'un vêtement noir moulant sans manches. Je le posai sur un bâton métallique que je tirai du sol.

"Dans ce cas, je veux bien m'entraîner avec toi", dis-je calmement, laissant une aura glaciale s'échapper de moi. Des marques bleues claires, semblables à des lignes pointues, s'étirèrent de mon bras droit jusqu'à ma joue. Mes cheveux s'assombrirent, prenant un ton bleu nuit, et mes yeux devinrent blanc argenté avec des contours sombres. J'étais en mode Crescent Moon.

"Tu es sérieux ? Merci, frérot", dit-il en entrant à son tour en mode Overcharge.

"Mais on ne devra pas trop traîner. Mlle Théa ne veut plus qu'on soit en retard", précisai-je en souriant.

"T'inquiète, on sera à l'heure demain", répondit-il, prêt à m'affronter.

Nous nous entraînâmes pendant trois heures avant de rentrer. La nuit passa, mais nous avions sous-estimé notre besoin de sommeil...

"Areyos ! Areyos, debout !! T'es super en retard, bordel !" entendis-je crier près de mon oreille.

"Mmm, j'arrive, donne-moi encore trente minutes…" marmonnai-je en essayant de repousser Kaiser du plat de la main. Mais ma paume sembla s'enfoncer dans une surface moelleuse… Ce fut là que je compris que ce n'était pas Kaiser. En ouvrant brusquement les yeux, je vis Yoko, furieuse.

"Retire ta main tout de suite, espèce de flemmard !" hurla-t-elle avant de me soulever par le bras et de m'écraser sur le sol.

"Aïe, aïe, désolé ! Je savais pas que c'était toi !" protestai-je en grimaçant.

"Tu sais quelle heure il est ?!" reprit-elle, toujours en colère.

"9 h 30, pourquoi…" répondis-je avant de réaliser la situation. "9 h 30 !!! On est méga en retard !" criai-je, paniqué.

"Pas 'on', 'vous' êtes méga en retard. Je vous ai écrit il y a quelques heures pour vous dire que je serais directement à l'académie. J'ai emprunté le chemin du magasin de Nia pour l'y déposer. Une fois là-bas, en voyant que vous n'étiez pas là, j'ai demandé la permission à Mlle Théa d'aller à l'infirmerie et j'en ai profité pour venir vous chercher vu que vous ne répondiez pas a mes appels".

"Intéressant..." dis-je en me levant. "Bon, je finis de me préparer et on y va".

"Moi j'y vais déjà. On se retrouve là-bas, j'ai pas envie qu'elle se doute de quelque chose".

"Okay", répondis-je en hâte. Yoko repartit rapidement par la fenêtre. Je me précipitai pour finir de me préparer et, en quelques minutes, j'étais prêt.

"Rey, t'es prêt ?" appela Kaiser depuis le rez-de-chaussée.

"Ouais, j'arrive", répondis-je en descendant les escaliers.

"Toi aussi elle t'a tapé ?" me demanda Kaiser, caressant sa joue.

"Pire, elle a failli me briser l'dos," répondis-je en grimaçant.

"Elle est sauvage, cette meuf," lança Kaiser en sortant du manoir, un sourire amusé aux lèvres.

"Je ne dirais pas le contraire."

Une fois dehors, nous nous sommes envolés rapidement en direction de l'académie. L'air vif du matin nous fouettait le visage, accentuant notre tension. Arrivés devant la porte de la salle de classe, nous avons pris une grande inspiration avant d'y entrer.

"Mr. Kaiser et Mr. Areyos. Comme d'habitude, vous êtes en retard. J'imagine que vous avez encore eu une panne d'oreiller. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?" demanda Mlle Théa, croisant ses bras, l'air légèrement exaspéré.

"Pardonnez-nous, Mlle Théa. J'avais modifié l'horloge d'une heure pour que mon père s'endorme plus tôt afin qu'on ait la télé pour nous. Mais au réveil, je pensais avoir plus de temps que prévu à cause de mon propre piège," mentit Kaiser avec un aplomb désarmant, ce qui fit éclater de rire une partie de la classe.

"Et vous pensez vraiment que je vais gober ça ?" répliqua Mlle Théa, plissant les yeux et tapotant nerveusement du pied. Elle attendait clairement une meilleure excuse.

Il fallait trouver un mensonge plus convaincant. Et j'en avais un. Efficace et stratégique.

"Ahh, bon, d'accord. Je vais vous dire où on était, mais promettez-moi de ne pas réagir de manière exagérée," commençai-je, mon ton devenant plus grave. Mlle Théa cessa de tapoter le sol, soudain attentive.

"On avait rendez-vous avec le bras droit de Kayn Shelter pour certaines affaires. Je pourrais vous en donner les détails, mais vous connaissez la réputation des Shelter en matière de discrétion. Si vous vous estimez assez prudente pour en savoir plus, je serai ravi de vous expliquer en privé. Cependant, pour la sécurité de la classe, je pense qu'il serait mieux d'en parler après les cours. 17h, ça vous convient ?" mentis-je avec un sérieux calculé, ma respiration calme et contrôlée.

"Non, ce n'est pas la peine, je ne veux rien savoir sur les affaires de Kayn Shelter," répondit-elle rapidement, secouant la tête comme pour évacuer l'idée. "Vous pouvez aller vous asseoir. Mais un conseil : pour votre propre bien, restez loin des affaires de Kayn Shelter."

"Ne vous en faites pas, mais c'est gentil de vous inquiéter," dis-je avant de me diriger vers Yoko, assise juste devant Erina et Melios.

"Je me demande bien de quelle manière tu mourrais si Kayn apprenait que tu t'es servi de son nom pour justifier un retard," murmura Erina avec un sourire amusé.

"Tu ne lui diras rien du tout, car je te dois toujours une faveur, et il serait dommage que tu la perdes," répondis-je, affichant un sourire confiant.

"Tu marques un point, Rey," admit-elle en haussant légèrement les épaules.

"Bon, continuons la leçon," annonça Mlle Théa, la craie magique complétant d'un geste fluide les écrits déjà présents au tableau. Il semblait qu'elle avez révisé la dernière leçon portant sur l'origine des races avant de commencer la nouvelle.

"Comme je vous le disais, certaines races de peuples sont dites perdues, car il n'en reste soit plus aucun spécimen connu, soit plus aucune information les concernant. Selon certaines études, certaines d'entre elles auraient même pu disparaître en un jour ou une semaine au maximum," expliqua-t-elle en me jetant un regard appuyé.

"Professeur, comment une race entière peut-elle disparaître du jour au lendemain ?" demanda Corvus, intrigué.

"Certaines comme les hommes loups présents dans le passé sur le continent des humains ont été exterminées par ceux-ci car jugées trop dangereuses pour eux." commença la prof, captant toute l'attention de la classe.

"Ils ont vraiment décimé toute une race juste parce qu'ils la trouvait dangereuse ?" Dit Corvus

"S'ils nous avaient attaqué en premier y a 1000 ans, il n'y aurait plus d'humain. On était plus nombreux donc on en a profité pour régler un problème potentiel." Affirma avec une humaine.

"Donc vous les avez éliminer en vous disant qu'ils vous aurez éliminé s'ils étaient plus nombreux ?" Demanda Kaiser

"Bah oui, on veut survivre nous"

"Je suppose que si vous ne nous avez pas encore attaqué, c'est uniquement parce que les metaryons les elfes et les aegyls sont alliés." Ajouta Erina le regard perçant. Ses mots créèrent un malaise dans la salle, maintenant silencieuse. 

"Eh bien non...vous n'êtes pas un danger pour nous car nous entretenons des bonnes relations..."Dit une autre humaine.

"Mais vu votre mentalité vous avez surement prévu un moyen de survivre au cas où une guerre éclaterait entre vous et une autre race." Dis-je, le regard perçant. "Ou du moins, vous cherchez un moyen d'éliminer ce que vous considérez comme menace potentiel"

"Tout les royaumes ont un moyen de défense contre les attaques extérieures, n'est-ce pas?" Demanda Zyriel. je la fixai un moment avant de sourire légèrement.

"C'est vrai, ont ne peut pas vous en vouloir de vous méfier. Tout le monde a le droit de douter et de se méfier de son entourage jusqu'à ce que les doutes se confirment" Dis-je d'un air mystérieux, attirant les regards des Devas.

"Poursuivons la leçon s'il vous plait." dit le Mlle Théa d'une voix forte. C'est une sélection naturelle, les forts restent et les faibles disparaissent." ajouta-t-elle

"Je suis d'accord Mlle Théa. Mais le concept de fort n'existe que parce que celui de faible existe et vice versa. 'Il y a des forts que parce qu'il y a des faibles'." Intervint Erina

"Je suis d'accord avec Erina. Et partant de ce principe, pour être fort, on peut soit s'améliorer soi-même…" commençai-je avant de marquer une courte pause, captant une attention particulière de la part des étudiant et de la prof"...soit rendre faible ceux qui sont plus fort que nous

Je vis le regard de Zayren se figer comme si j'avais percé un lourd secret.

"Evitons de parler politique pour le moment, concentrons sur la leçon, sinon vous aurez une interro surprise." Dit la prof provoquant des murmures dans la salle. 

"Bien, comme je le disait à part les races exterminée, il y a d'autres qui n'ont simplement jamais été découvertes, mais leur existence reste vérifiable."

"Comme Areyos ?" demanda Yoko innocemment.

"Oui, comme Areyos et Athlana Orionis. Bien que celle-ci n'ait jamais voulu révéler d'informations sur sa race, des experts ont dû l'étudier de loin, révélant certaines de ses caractéristiques : une régénération très rapide, un contrôle parfait de l'eau au point d'en créer directement à partir de son aura, un sang aux propriétés régénératrices exceptionnelles, et une biologie extraordinaire lui permettant, par exemple, de voir une fourmi à l'autre bout de la ville dans le noir complet. Certains disent même qu'elle pouvait respirer sous l'eau," ajouta-t-elle d'un ton sérieux. La classe fut saisie de stupeur, et plusieurs élèves ne purent s'empêcher de me lancer des regards curieux.

"Tu peux respirer sous l'eau ?" demanda Melios, les yeux écarquillés.

"J'ai jamais essayé, mais je sais que je peux retenir ma respiration très longtemps," répondis-je en haussant les épaules.

"Professeur, pensez-vous que la race d'Areyos ait été exterminée ?" demanda Erina, intéressée.

"Je ne peux pas vous donner de réponse exacte. Mais d'après la façon dont Athlana parlait, il semblerait qu'ils existent encore quelque part, bien que personne ne sache où. De plus, qui oserait s'en prendre à la femme de--" Elle s'interrompit brusquement, laissant planer un silence pesant dans la salle.

"La femme d'Astarus Shielden…" compléta-t-elle finalement d'un ton étrange. Quelque chose semblait lui trotter en tête. Mais quoi ?

"Mlle Théa, qu'en est-il des vampires ?" demanda soudain Sorey, déclenchant des éclats de rire dans la classe.

"Qu'est-ce que c'est ?" demanda la prof, perplexe.

"Des êtres de la nuit qui boivent le sang de leurs proies, et qui brûlent au soleil" répondit une élève humaine.

"Oui, et ils peuvent se transformer en chauve-souris !" ajouta une autre.

"Vous en avez déjà rencontré ?" demanda Mlle Théa, sceptique.

"Euh non, mais y en a au cinéma," répondit un humain avec un sourire gêné.

"Je vois. Cela doit être une simple fiction."

"J'en suis pas si sûre. Ce ne sont certes pas des races à proprement parler, mais plutôt des êtres altérés," intervint Zyriel, attirant aussitôt l'attention de tous.

"Ah oui ? Tu pourrais nous en dire plus ?" demanda Mlle Théa, visiblement intriguée.

"Un ami de la famille, qui était aussi mon maître de l'eau et du sang, était capable de transformer des prisonniers humains en créatures assoiffées de sang après leur mort."

"Après leur mort !? Donc ils revenaient à la vie ?" s'écria Yoko, choquée.

"Tu nous fais marcher, ou quoi ?" ajouta Corvus, sceptique.

"Non, je suis très sérieuse. Ces morts vivants devenaient plus forts, plus rapides, et régénéraient à chaque fois qu'ils subissaient des dégâts. Le problème, c'est qu'ils brûlaient et mouraient au contact du soleil. C'est l'une des trois façons de les tuer. Les deux autres sont de leur arracher la tête et de leur transpercer le cœur. Autrement, ils sont immortels."

"C'est fascinant… Et ton maître était aussi un vampire ?" demanda Mlle Théa, toujours sceptique.

"Aucune idée, mais en tout cas, il maîtrisait parfaitement l'eau et le sang ainsi que les pouvoirs propre aux vampires comme l'hypnose. Mais si ça se trouve c'était juste un Devas"

"Il est reconnu dans son milieu ?"

"Oui, très reconnu. Il possède des ports dans plusieurs zones maritimes et aide au transport de marchandises."

"Je vais m'y intéresser et voir s'il est vraiment ce que tu dis. Ça te dérangerait de me donner son nom ?"

"Ahah, bonne chance ! Il est très discret sur ses activités, mais vous pouvez toujours essayer," répondit Zyriel avec un sourire mystérieux. "Il s'appelle Seidon."

À suivre…