Origines mystérieuses

Point de vue d'Areyos Orionis

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"J'ai pas rêvé, elle a dit Seidon ?" me chuchota Yoko, ses yeux écarquillés de surprise sous la lumière tamisée de la salle de classe.

"Tu n'as pas rêvé. Seidon est donc lié à ces gens," murmurai-je en retour, l'esprit déjà en train de tisser des liens entre les événements et les noms mentionnés.

"Je tâcherai d'en savoir plus sur ce Seidon. En attendant, portons notre regard sur l'organisation des royaumes du passé," dit Mlle Théa, sa voix résonnant avec autorité. Elle appuya sur un bouton et le tableau magique afficha une carte du monde, vibrant de couleurs et de symboles représentant les différentes races sur chaque continent.

"Notre planète Altus porte sur elle quatre continents, chacun peuplé d'une race spécifique, que ce soit les Metaryons, les Aegyls, les Elfes ou les humains. Les fouilles archéologiques indiquent que les humains se sont développés après l'apparition des autres races," commença-t-elle, captant l'attention de tous les étudiants.

"Comment en êtes-vous si sûre, Mlle Théa ?" demanda Sorey, intrigué, ses sourcils froncés sous sa frange.

Mlle Théa changea alors l'image pour une nouvelle, montrant ce qui semblait être un tableau de pierre, gravé de symboles mystérieux. Mais bizarrement, je pouvais déchiffrer ces inscriptions...

"Eh bien, les seuls documents archéologiques fournis par Athlana Orionis nous apprennent que sa race s'intéressait à l'évolution des humains depuis qu'ils étaient encore que des simples cellules," dit-elle, provoquant un murmure d'agitation parmi nous, la curiosité piquée au vif.

"Des simples cellules, dites-vous ? Vous sous-entendez que les humains ont évolué à partir de simples cellules ?" s'exclama Arwyna, sa voix trahissant son incrédulité.

"C'est ce que laisse entendre la première phrase du tableau d'Athlana," répondit Mlle Théa, zoomant sur les mots mystérieux. "Hélas, Athlana n'a pas voulu en dire plus. Tout ce qu'on sait, c'est que sa race s'intéressait aux humains et que la suite des écrits de ce texte détaille leurs caractéristiques potentielles : les futurs maladies qu'ils pourraient rencontrer, les aliments bons ou mauvais pour eux, ainsi que la formule pour faire d'eux des êtres à la biologie parfaite."

"Comment ça, des êtres à la biologie parfaite ?!" demanda une humaine, son ton trahissant à la fois fascination et peur.

"Ça veut dire que vous seriez capables d'utiliser votre cerveau à pleine puissance, que la maladie et les mutations physiques handicapantes disparaîtraient, aucune erreur ne surviendrait plus dans votre corps, éliminant ainsi les maladies et le vieillissement. Votre vitesse d'apprentissage serait hallucinante, vos caractéristiques physiques, surhumaines," répondit Zyriel, avec une certaine nonchalance, la tête reposant sur sa main.

"En gros, vous deviendriez comme nous," ajouta Zayren, un sourire mystérieux flottant sur ses lèvres.

"Comme vous ? Des nobles ?" demanda Sorey, toujours surpris par les caractéristiques décrites par Zyriel.

"Non... des Devas," répondit Zayren. Yoko me regarda, ses yeux remplis de questions non formulées.

"En effet, ces caractéristiques sont propres aux Devas," continua la professeure. "Voici un test. Devas, vous avez deux secondes pour me donner le résultat de 300 millions divisé par 47 321 ?" demanda-t-elle soudainement. En un instant, tous les Devas, moi y compris, répondîmes à l'unisson : "6339.680057479765," alors que les humains sortaient ce qu'ils appelaient calculatrices de leurs sacs.

"Incroyable !!! Ce sont des génies !!!" s'exclamèrent les étudiants, choqués par cette prouesse, tandis que nous, les Devas, l'avions dit si naturellement, oubliant presque que pour les autres, ce n'était pas si évident.

"Wow, le voir en vrai est plus fascinant que je ne l'imaginais," dit Mlle Théa, une pointe de surprise dans la voix.

"Mais, Mlle Théa, pourquoi ne pas partager ce secret de la perfection avec les humains ?" demanda Sorey.

"C'est simple. C'est parce qu'on ne sait pas où se trouve Athlana Orionis. Ces écrits étant étrangers à tous ceux qu'on connaît, nous ne sommes pas en mesure de traduire le reste du message. Athlana gardait beaucoup de secrets pour elle car elle disait que la connaissance est une bénédiction, mais aussi une arme létale. Voyant le désordre et les divisions des royaumes et pays sur le continent des humains, elle a peut-être hésité à les rendre plus forts grâce à ses connaissances, car cela reviendrait à donner des épées à des enfants turbulents."

"Elle n'avait pas le droit de nous priver de ce savoir !" s'indigna un humain.

"C'est le savoir de son peuple, donc oui, elle avait parfaitement le droit de le garder. Elle a laissé une petite partie de leur analyse et découverte dans un journal appelé le codex d'Athlana. Il est entièrement écrit dans une langue inconnue. Il se trouve en ce moment au musée." répondit la professeure.

"Ahh, si seulement nous les humains étions unis sous une même bannière," soupira Sorey, son regard se perdant dans le vague.

"Mlle Théa, ça veut donc dire que nous avions bel et bien raison la dernière fois, nous sommes bel et bien les produits de l'évolution et non de la création," intervint Corvus.

"Pas tout à fait. Athlana nous a confirmé que la race des humains est bel et bien apparue après les autres. Donc, celles-ci étaient déjà présentes avant celle des humains. Mais malheureusement, rien ne laisse entendre que nous autres ayons évolué d'une manière ou d'une autre, mais plutôt l'opposé," commença Mlle Théa, affichant l'image d'une fresque aux allures mythologiques.

"Cette fresque est surnommée 'la fresque des origines'," dit-elle en affichant l'image sur le tableau. La fresque montrait des êtres mystérieux, certains en pleine chute vers la terre, d'autres observant depuis les hauteurs des cieux. Certains étaient ailés d'autre non. Plus bas, on pouvait voir ces êtres bâtir une cité de pierre une fois arrivés au sol, mais étrangement, aucun des ceux ailés n'était représenté au sol.

"Ces fresques se trouvent dans les trois temples sacrés, chez les Aegyls, les Elfes et les Metaryons. Nous aurons peut-être l'occasion d'y aller cette année, peut-être la semaine prochaine," poursuivit-elle, une lueur d'excitation dans les yeux.

"Super ! Une sortie académique," s'exclama Keldo, son enthousiasme faisant écho dans la salle.

"Ça promet d'être intéressant," renchérit Melios, ses yeux brillant à l'idée d'une aventure.

"Ne vous emballez pas, je n'ai encore rien confirmé. Mais, comme je le disais, chaque temple dédié aux dieux porte cette fresque. Le temple sacré du feu à Baringer est voué au dieu du feu et de la forge. Les moines croient que c'est à lui que nous devons les Regalia, les Magias et les Némésis, les trois trésors de Baringer," expliqua la professeure, sa voix pleine de révérence pour ces reliques sacrées.

"Intéressant, mais ça ne prouve pas grand-chose, prof," insista Corvus, sceptique.

"J'y arrive. Le temple sacré de l'air des Aegyls est dédié à la déesse du temps et du vent. Celui de Sylvestria, par contre, honore le dieu de l'eau et de l'esprit. Le point commun est que chaque temple possède cette même fresque, avec une petite variation." Mlle Théa afficha les autres images sur le tableau.

"Il y a une différence dans les activités au sol," remarqua Erina, pointant du doigt les détails. Dans l'une, les êtres sont ailés et se dirigeaient vers les montagnes, tandis que dans l'autre, comme dans la première, n'ont pas d'ailes et plantent des graines et bâtissent des maisons de bois et de verdure.

"Vous pouvez voir que la partie supérieure de la fresque est identique. C'est à terre que leur destin diverge. Des recherches montrent que ces fresques datent d'avant nos premières interactions interraciales, comme si elles racontaient une expérience commune immortalisée par chaque peuple à leur arrivée," continua-t-elle, sa voix pleine de fascination pour cette histoire ancienne.

"Nos ancêtres venaient du ciel ?" demanda Troy, visiblement choqué, les yeux grands ouverts.

"On dirait bien. Soit cet endroit représente le ciel dans un sens divin," dit Mlle Théa, indiquant la partie supérieure de la fresque, "soit elle représente l'espace. Mais ça, on n'a aucun moyen d'en être sûr."

"En gros, c'est des aliens, haha," dit Sorey, laissant échapper un rire nerveux.

"Silence, Sorey," dit Mlle Théa d'un ton sec, coupant court à son hilarité.

"Professeur ?" Une voix calme mais distincte fit taire la classe. C'était Klaus, son regard intense fixé sur Mlle Théa.

"Si on suppose que les autres races viennent d'ailleurs... les humains sont donc les propriétaires légitimes de la planète ?" demanda-t-il, ses mots résonnant dans la salle silencieuse.

"Eh bien..." commença-t-elle, visiblement troublée. Des murmures commencèrent à s'élever parmi les étudiants.

"Je n'ai malheureusement pas la légitimité de répondre à cette question au nom des trois autres races," répondit-elle finalement. Klaus la fixait simplement, sa question n'était pas innocente, elle était lourde de sens.

Je fixai Klaus, ressentant le poids du silence dans la salle alors que tous attendaient une réponse que même Mlle Théa avait esquivée. Mais cette question méritait réflexion.

" 'Propriétaires légitimes' ? C'est une perspective intéressante, Klaus," commençai-je. "Mais avant de répondre, définissons ce que signifie être propriétaire."

Les regards se tournèrent vers moi, intrigués. Klaus m'écoutait attentivement.

"Si on parle de légitimité par la primauté temporelle, alors non, les humains ne sont pas les premiers ici. La nature, avec ses animaux, sa végétation, et même ses micro-organismes, a façonné cette planète bien avant les humains. Si la vie avait une voix, elle dirait qu'elle était là avant tout et que rien ne peut vraiment être possédé," dis-je, faisant une pause sous le regard attentif de tous.

"Mais si la légitimité repose sur la domination, l'exploitation et la transformation du monde, alors encore une fois, non, les humains ne peuvent pas être considérés comme les propriétaires. Les Metaryons, les Aegyls ou les Elfes, avec leurs capacités supérieures, seraient les candidats idéaux. Si la force et le pouvoir donnent des droits, ces races seraient les véritables héritières," ajoutai-je, ma voix se faisant plus ferme.

"Cependant, Klaus, je crois que tu poses la mauvaise question. Ce n'est pas 'Qui possède la planète ?', mais plutôt 'Qui a la responsabilité de la protéger et de la préserver ?' Si on se bat pour la possession, on oublie l'essentiel : cette planète est notre maison commune. Détruire pour revendiquer une légitimité, c'est comme brûler sa maison pour obtenir une chambre."

Les murmures reprirent, certains approuvant, d'autres réfléchissant. Je sentais les regards de Yoko et d'Erina sur moi, probablement surpris par ma réponse.

"Alors, Klaus, si tu cherches une réponse définitive, voici la mienne : personne ne possède cette planète. Pas plus que personne ne peut posséder le soleil ou les étoiles. Ce que nous avons, c'est la responsabilité de vivre en harmonie avec elle. Mais si tu veux te convaincre que les humains ont un droit supérieur, souviens-toi que cette croyance a souvent mené au conflit et à la destruction, pas à la prospérité. C'est pourquoi il y a tant de divisions parmi les humains: tout le monde veut le pouvoir, mais peu en sont dignes," conclus-je. Klaus me regarda sans mot dire, puis reporta son attention sur le tableau.

"T'assures trop, Rey," me chuchota Yoko.

"Merci" 

"J'imagine que cette réponse est plutôt bien fondée et réfléchie, qu'en dis-tu, Klaus ?" demanda la professeure.

"Elle me va..." répondit-il brièvement.

"Bien, continuons, je n'ai plus beaucoup de temps. Comme je vous le disais, les trois premières races ont façonné trois des quatre continents. Avec l'apparition d'Athlana, on peut supposer l'existence d'un quatrième temple avec une fresque racontant l'arrivée de son peuple. Mais hélas, cela n'a jamais été confirmé car Athlana a gardé le silence."

"Elle avait beaucoup de secrets," dit Yoko.

"J'imagine qu'elle avait compris que le savoir peut être une malédiction," répondis-je.

"Certainement. Ça doit être frustrant de ne rien savoir. Je te comprend, mon père habite dans le même manoir que moi mais y garde tellement des secrets" Dit Erina, compatissante.

"Tu dis ça juste comme ça ? Tu ne crains pas que quelqu'un aille fouiller ?" demanda Yoko.

"Personne ne serait assez bête pour s'infiltrer dans le manoir des Shelter, et ce, même par inconscience," répondit Erina avec un calme inquiétant. La conversation continua avec une question d'Arwyna.

"Mlle Théa, comment les Aegyls sont-ils arrivés sur le continent flottant si la fresque du temple de l'air les montre dans les montagnes ?"

"Eh bien, c'est grâce au Général Barrios Mendoris," commença Mlle Théa, un sourire éclairant son visage. "Quand il avait 20 ans, lui et son équipe affrontaient le premier roi démon, Zamos. Après avoir attaqué les humains, son armée se dirigea vers Baringer." Elle afficha une carte du monde, montrant le continent presque circulaire des Aegyls, entouré d'îles, au centre d'Altus. "À l'Est, le grand continent de Baringer s'étend du Sud des Aegyls jusqu'au Nord-Est. Les Elfes sont à l'Ouest, et les humains au Nord de celui-ci."

"Zamos attaquait tous les continents simultanément. Baringer, avec Barrios, Thaleus et Demios à ses côtés, élimina rapidement la menace et aida les autres. Thaleus, ami de Lord Ceister grâce à leur maîtrise du sabre, décida d'aider les sept Aegyls légendaires."

"Les sept Aegyls légendaires ? Qui sont-ils ?" demandai-je, captivé par l'histoire.

"Ce sont des Aegyls qui ont survécu à l'entraînement au sabre de Lord Ceister, des guerriers extrêmement puissants jugés dignes de former l'élite des Aegyls légendaires," répondit la professeure.

"Wow ! Ça donne envie de rejoindre l'élite de Baringer," gémit Yoko, rêvant déjà de sa place parmi eux.

"Le grand-père de Corvus doit lui mener la vie dure," dit Keldo, surpris.

"C'est certain, Lord Ceister n'est pas connu pour être doux," affirma la professeure.

"Mlle Théa, s'il vous plaît, revenons à l'histoire. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?" demanda Sorey.

"Eh bien, l'armée de Zamos traversait la mer après son attaque sur les humains, qui avaient mystérieusement survécu." À cette mention, je jetai un regard à Zayren, le plus imprudent des Devas, et vis un sourire discret sur ses lèvres. "L'armée se dirigeait vers le continent des Aegyls. C'est à ce moment que Barrios est intervenu. Grâce à sa maîtrise exceptionnelle de la terre, il éleva le continent des Aegyls et ses îles dans les airs, les liant à la pierre d'énergie du vent pour les maintenir en l'air."

"Quoi !? J'hallucine !!! Il était déjà si fort à cet âge ??" s'exclama Arwyna, les yeux écarquillés.

"Quelle force extraordinaire ! Il n'est clairement pas un Metaryon ordinaire !" s'exclama un Metaryon.

"J'arrive pas à y croire... À seulement 20 ans ?" dit Sorey, choqué, ses yeux écarquillés et les mains tremblantes.

"Eh oui, à seulement 20 ans. L'armée démoniaque a ensuite été engloutie par les eaux déchaînées d'Athlana, précipitant les démons dans les abysses. L'espace libéré par le continent a été comblé par l'océan, diminuant le niveau de la mer et libérant des terres où des villes ont été construites," conclut-elle. La cloche sonna immédiatement après, signalant la fin du cours.

"Je vois qu'il est temps. Nous nous verrons prochainement," dit la professeure en sortant de la salle, nous laissant avec cette histoire mythique résonnant dans nos esprits.

À suivre...