Chapitre 43 : Les Rouages du Chaos

Nous retrouvons Thalion, incandescent d'énergie élémentaire, faisant face à Gascoigne et Arcanis.

L'air autour de Thalion, Gascoigne, et Arcanis vibrait sous l'intensité de leurs pouvoirs. Thalion, incandescent d'énergie élémentaire, se tenait prêt à libérer une frappe cataclysmique, ses yeux brûlant d'une fureur implacable. 

Gascoigne, massif et auréolé de runes rougeoyantes, se préparait à parer l'assaut, un sourire narquois déformant son visage.

Arcanis, légèrement en retrait, semblait contempler la scène avec une intensité froide, mais derrière son apparente neutralité se cachait une inquiétude soigneusement dissimulée.

Alors que l'attaque de Thalion allait s'abattre, Arcanis fit un geste brusque de la main. Une onde d'énergie obscure se propagea, gelant brièvement le mouvement des deux adversaires.

« Cela suffit ! » tonna-t-il, sa voix glaciale et tranchante. « Croyez-vous vraiment que je vais rester là à vous regarder déchaîner vos pouvoirs ici, alors que le Warden vient à peine d'émerger ? Vous jouez avec des forces que vous ne comprenez pas. »

Gascoigne éclata de rire, sa hache scintillant d'une lumière sinistre. « Toujours aussi dramatique, Arcanis. Tu te fais vieux. Qu'est-ce qui te fait peur ? Que Thalion et moi réveillions ton précieux jouet avant l'heure ? »

Arcanis lui jeta un regard froid. « Ne sois pas stupide, Gascoigne. Le Warden n'est pas encore sous mon contrôle total. Si vous provoquez un chaos ici, il pourrait se retourner contre nous tous. Je ne risque pas de compromettre des décennies de préparation pour satisfaire vos querelles idiotes. »

Thalion, toujours immobilisé par l'énergie d'Arcanis, fulmina. « Alors c'est ça, Arcanis ? Tu n'es qu'un lâche qui craint sa propre création ? Tu n'auras pas cette chance. Je vais te détruire avant que tu ne deviennes une menace encore plus grande. »

Arcanis esquissa un sourire glacé. « Tu as raison sur une chose, Thalion : je suis une menace. Mais je ne te laisserai pas décider de l'endroit et du moment de ce combat. »

Avant qu'un autre mot ne puisse être prononcé, Arcanis fit un mouvement brusque de ses mains. Un portail noir, plus vaste et plus sombre que tout ce qu'ils avaient vu auparavant, se matérialisa sous leurs pieds. Une force gravitationnelle irrésistible commença à les aspirer.

« Tu oses me téléporter de force ?! » rugit Thalion, se débattant contre l'énergie qui l'enveloppait.

Gascoigne éclata de rire, même en étant happé par le vortex. « Ah, Arcanis, toujours à vouloir tout contrôler. Tu devrais savoir que ça ne finit jamais bien pour des types comme toi. »

Arcanis ne répondit pas, ses yeux brillant d'une lueur sombre alors que le portail achevait son œuvre. « Vous serez utiles, à votre manière. Mais pas ici. Pas encore. »

Thalion, malgré sa puissance, fut incapable de résister et disparut dans le vortex avec Gascoigne. Arcanis, le dernier à franchir le portail, murmura pour lui-même avant de disparaître : « Vous êtes des pions dans une partie bien plus vaste que vous ne l'imaginez. Et je n'ai pas l'intention de perdre. »

Le portail se referma derrière eux, laissant l'endroit désert et silencieux, tandis que la menace du Warden continuait de croître.

Ils atterrirent brusquement dans une autre dimension, et le contraste avec le monde qu'ils venaient de quitter était saisissant. Noctivéra s'étalait devant eux comme un rêve entre le jour et la nuit. Le ciel, enflammé d'un orange crépusculaire, semblait suspendu dans un moment éternel de transition, où la lumière ne cédait jamais entièrement à l'obscurité. Des nuages d'un pourpre profond et des teintes écarlates dansaient paresseusement dans ce ciel figé, éclairant le paysage d'une lueur tamisée.

Autour d'eux s'étendaient des collines aux courbes douces, couvertes d'herbes sombres et de fleurs luminescentes dont la lumière pulsait comme un battement de cœur. De grandes forêts composées d'arbres Aurochardes les encerclaient. Leurs troncs massifs, d'un rouge foncé, étaient ornés de feuilles flamboyantes dorées et écarlates, créant un spectacle hypnotique à chaque brise. Ces arbres projetaient des ombres mouvantes sur le sol fertile, parsemé de pierres veines de rouge, comme si elles abritaient une énergie ancienne.

Les rivières de Noctivéra, sombres et miroitantes, coulaient paresseusement, reflétant le ciel brûlant comme des rubans liquides. À chaque pas, le sol semblait résonner, diffusant une chaleur douce mais palpable. Un léger murmure parcourait l'air, comme si le monde lui-même parlait dans une langue oubliée.

Thalion observa les lieux, méfiant. « Quel est cet endroit, Arcanis ? »

Arcanis ouvrit son grimoire, un sourire narquois sur le visage. « Bienvenue dans Noctivéra, une dimension où le crépuscule est infini. Un terrain parfait pour notre affrontement, loin de toute interférence... et loin du Warden. »

Gascoigne ricana, serrant sa hache runique qui émettait des arcs de magie noire. « Tu as bien choisi, Arcanis. Ici, personne ne pourra entendre les hurlements de Thalion. »

Thalion ne broncha pas, son aura tourbillonnant autour de lui comme un ouragan d'énergie pure. « Peu importe où nous sommes. Je vous abattrai ici comme ailleurs. »

Arcanis leva la main, son grimoire flottant devant lui. Une lumière noire s'en échappa, remplissant l'air d'une pression oppressante. Les ombres s'étirèrent autour de lui, prenant une forme presque tangible.

« Thalion, tu crois que ta maîtrise des éléments suffira contre moi ? Laisse-moi te montrer la puissance du néant. »

Des fissures se formèrent dans le sol, libérant des brumes sombres. D'immenses créatures du vide, leurs corps éthérés et distordus, surgirent des ténèbres. Leur présence seule semblait aspirer la lumière autour d'elles.

Gascoigne s'avança à son tour, son armure noire ornée de runes rouges semblant pulser comme un cœur vivant. Sa voix rauque résonna. « Thalion, tu ferais mieux de faire tes adieux, car aujourd'hui, c'est la fin pour toi. »

Thalion resserra sa prise sur sa lame. « Montrez-moi ce dont vous êtes capables. »

Gascoigne fut le premier à attaquer. Il brandit sa hache et déclencha une technique destructrice. « Magie du Sang : Furorem Lamiarum ! » Un tourbillon d'énergie sanglante et de lames noires s'éleva autour de lui, se dirigeant vers Thalion avec une force terrifiante.

Thalion esquiva de justesse, utilisant sa maîtrise élémentaire pour riposter. « Magie de l'Air : Procella Gladii ! » Une rafale de vent tranchant fusa, dispersant l'attaque de Gascoigne et créant une ouverture.

Mais avant qu'il ne puisse en profiter, Arcanis intervint. « Magie du Néant : Umbra Mors ! » Une vague d'ombres se matérialisa, englobant Thalion dans un dôme d'obscurité absolue. L'air devint lourd, chaque mouvement semblant drainer son énergie.

« Tu ne peux pas te battre dans le vide, Thalion, » murmura Arcanis avec un sourire sinistre.

Mais Thalion répliqua en libérant une explosion d'électricité pure.

« Magie de la Foudre : Fulmen Lucis! » L'éclair illumina l'obscurité, brisant le dôme et repoussant Arcanis de plusieurs mètres.

Gascoigne profita de la distraction pour foncer à nouveau. « Magie du Sang : Gladius Cruentus ! » Sa hache, désormais imprégnée de magie noire et de sang, libéra une lame d'énergie destructrice.

Thalion para l'attaque avec un bouclier d'eau qu'il créa rapidement. « Magie de l'Eau : Scutum Aeternum ! » L'impact fit éclater le bouclier en une pluie cristalline, mais il amortit suffisamment le choc pour permettre à Thalion de contre-attaquer.

Il leva sa lame, combinant plusieurs éléments. « Magie Primordiale : Iunctio Ignis et Glacies ! » Une colonne de feu et de glace jaillit, prenant Gascoigne de plein fouet. Son armure runique absorba une partie des dégâts, mais il fut tout de même repoussé.

Arcanis se joignit au combat avec une invocation massive.

« Magie du Néant : Custos Tenebrarum ! » Un gardien colossal du vide apparut, frappant le sol avec une force telle qu'elle fit trembler toute la dimension. Thalion esquiva habilement, utilisant son agilité pour grimper sur le gardien et le frapper avec une technique dévastatrice.

« Magie de la Terre : Malleus Titanorum ! » Une masse de roche enveloppée d'éclairs s'abattit sur la créature, la réduisant en poussière éthérée.

Malgré les coups dévastateurs de Thalion, Arcanis se tenait toujours debout, intact. Il sourit, une lueur malicieuse dans les yeux. « Tu es fort, Thalion. Mais tu ne peux pas tuer ce qui ne peut mourir. »

Thalion plissa les yeux, réalisant que malgré ses efforts, Arcanis semblait se régénérer sans cesse. « Alors je vais continuer à te frapper jusqu'à ce que tu ne puisses plus te relever. »

Gascoigne, désormais furieux, cria : « Thalion, tu peux frapper aussi fort que tu veux, mais à nous deux, nous t'écraserons. » Il libéra une attaque combinant magie et force brute. « Magie du Sang : Caedes Aeternum ! » Des lames de sang jaillirent de sa hache, se propageant dans toutes les directions.

Thalion, bien que fatigué, continua de se battre avec une détermination inébranlable. Il repoussa les attaques de Gascoigne et les invocations d'Arcanis, chaque mouvement et chaque technique transformant le paysage de Noctivéra en un champ de ruines lumineuses et sombres.

Le combat était loin d'être terminé, et malgré l'adversité, Thalion restait une force à ne pas sous-estimer.

Dedem se tenait fermement, l'énergie de Novemcaudus pulsant à travers son corps, amplifiant chaque battement de son cœur. Ses yeux brillants d'une lueur orange incandescente reflétaient une détermination qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. Aldaric, de son côté, dévoila son véritable potentiel. Une aura foudroyante l'entoura alors qu'un dragon de foudre gigantesque se matérialisa derrière lui. Les éclairs bleus jaillissant de son corps faisaient trembler le sol, et chaque coup de tonnerre semblait résonner avec son rire effrayant.

Koko, toujours spectateur énergique, s'avança soudainement, prêt à se joindre à l'action. Mais Dedem, avec une voix ferme, l'arrêta d'un simple mot : « Koko ! »

Le regard de Dedem était lourd, sérieux, contrastant avec la tension éclatante autour de lui. « Je sens quelque chose... Les Doctors. Ils préparent un coup tordu. Vous deux, vous devez vous en occuper. Je vous en supplie. À vous deux, vous pouvez y arriver. »

Koko cligna des yeux, choqué par la demande de Dedem. « Quoi ?! » Il fronça les sourcils, un mélange de surprise et de confusion. « Tu penses vraiment qu'on est assez forts pour gérer ça maintenant ? »

Kenza, déjà en sueur à cause de la tension ambiante, murmura d'un ton grave : « Ce n'était pas censé arriver maintenant. Le futur... Il a changé. » Sa voix tremblait, mais elle contenait une once de certitude.

Koko, comprenant lentement la gravité de la situation, serra les poings. « Alors, c'est ça ? Le futur n'est plus ce qu'il était. Aldaric est ici trop tôt... Les Doctors ne devraient même pas être proches à ce stade. Mais le chaos est déjà en marche. »

Il tourna son regard déterminé vers Dedem, un sourire nerveux sur les lèvres. « Très bien. On va s'occuper de ça, Kenza et moi. Mais toi, Dedem, gagne ce combat haut la main ! Parce que si tu perds... je te jure que tu vas faire dix mille pompes. »

Dedem esquissa un sourire malgré la pression. « Compte sur moi. »

Kenza, quant à elle, tendit la glace éternelle à Dedem. La lumière glaciale émanant de l'artefact semblait vibrer d'une énergie profonde. « Prends-la. Utilise-la au bon moment. Mais Dedem... Ne te précipite pas. Ne cherche pas à tuer le Warden immédiatement. Contiens-le. »

Dedem hocha la tête, la glace disparaissant dans sa magie Ruptura Inventarii. « Compris. Bonne chance. »

Koko et Kenza disparurent dans l'horizon tourmenté, courant vers une mission incertaine.

Alors qu'ils couraient, Koko, visiblement agité, lâcha ses pensées à haute voix. « Je n'arrive pas à croire que le futur ait déjà changé. Aldaric devait arriver après la mort de Dedem. Les Doctors devaient venir bien après... Alors qu'est-ce qui se passe bon sang ?! »

Kenza, malgré la pression, garda son rythme. Elle jetait des regards rapides autour d'elle, inquiète, jusqu'à ce qu'un sourire éclaire son visage. « Aegirla ! » s'écria-t-elle en voyant une figure apparaître devant eux.

L'esprit protecteur de Kenza, Aegirla, s'approcha, son aura protectrice illuminant leur environnement.

Sa voix, douce mais imposante, résonna : « J'ai fait ce que vous m'avez demandé. J'ai récupéré tous les corps des champions de fer et des capitaines. Mais comme prévu dans votre vision... La belle famille et les autres membres de la famille ont été enlevés. »

Koko s'arrêta net, les poings serrés. « Donc, il n'y a vraiment aucune alternative ? Ça va être un chaos total... »

Aegirla hocha doucement la tête. « Je n'ai pas pu trouver le corps de Fendrel. J'ai cherché partout, mais il n'était pas parmi les débris. »

Kenza haleta, le choc visible sur son visage. « Fendrel... disparu ? Mais c'est impossible ! »

« Ce n'est pas tout, » poursuivit Aegirla. « Centurion a également disparu. Il n'était ni parmi les vivants ni parmi les morts. »

Koko tapa du pied contre le sol, frustré. « Donc, on a perdu deux des plus grands champions de la légion, et maintenant le Warden est éveillé avant l'heure ?! Ce n'est pas juste un chaos, c'est une apocalypse qui s'en vient ! »

Koko et Kenza continuèrent leur route, leurs pensées lourdes de la tâche qui les attendait. Derrière eux, le cri monstrueux du Warden résonna à nouveau, un rappel brutal du danger imminent. Malgré la panique, ils savaient qu'ils devaient se concentrer. Dedem comptait sur eux, et l'avenir du monde dépendait de leur réussite.

Le Warden, désormais pleinement éveillé, planta violemment ses mains massives dans le sol. Une onde sombre se propagea depuis ses doigts, se répandant à une vitesse alarmante à travers la terre. Ce n'était pas une simple corruption, mais un virus dimensionnel, une force née de l'imparité, qui réécrivait les lois naturelles du monde à mesure qu'elle avançait. Invisible à l'œil nu, mais terriblement destructeur, il métamorphosait tout ce qu'il touchait.

Les champs verdoyants autour du Warden se fanèrent presque instantanément, leurs couleurs vives se décomposant en teintes ternes et grises.

Les rivières limpides devinrent des torrents noirs et visqueux, rejetant des formes informes et hostiles. 

Des villages entiers, autrefois paisibles, se retrouvèrent envahis par des créatures cauchemardesques, nées de la corruption du virus.

Dans les bois environnants, les animaux se transformèrent. Les cerfs, les oiseaux et même les renards prirent des formes grotesques, leur peau fissurée laissant échapper une lumière bleue sinistre.

Leurs yeux, autrefois vifs, brillaient maintenant d'une lueur malveillante. Ces bêtes corrompues attaquaient tout ce qui croisait leur chemin, dévastant les villages voisins.

Dans le village de l'Épervié, l'alarme retentissait, des cloches résonnant à travers les rues étroites. Les habitants, en proie à la panique, couraient en tout sens, tentant de barricader leurs maisons. Mais certains restèrent pour se battre. Des parchemins antiques, conservés dans les archives du village pour de telles urgences, furent déployés par les sages. Ces parchemins invoquèrent des protecteurs légendaires : les Aegis.

Ces êtres éthérés se matérialisèrent sous des éclats de lumière bleue et blanche, leurs corps humanoïdes flottant légèrement au-dessus du sol. Leur silhouette semblait sculptée dans une énergie pure, et leurs yeux brillants inspiraient à la fois espoir et crainte. 

Les Aegis déployèrent immédiatement des champs de protection autour des limites du village. Ces champs formaient des barrières invisibles, empêchant le virus de se propager davantage à l'intérieur des terres habitées. Lorsqu'ils passèrent en mode agressif, des lames d'énergie jaillirent autour d'eux, tranchant les créatures infectées qui tentaient de franchir les frontières.

Dans une maison simple mais chaleureuse, Lyanna, la mère d'Eldric, observait l'agitation depuis sa fenêtre. Dehors, les villageois se pressaient dans les rues, certains armés de fourches, d'autres priant désespérément les Aegis pour qu'ils maintiennent les barrières. Les cris et les bruits des affrontements résonnaient au loin.

Lyanna fronça les sourcils, l'inquiétude se lisant sur son visage. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour quelqu'un d'autre.

Eldan, son mari, entra dans la pièce, une armure légère déjà partiellement enfilée. « Ça semble sérieux, » dit-il en fixant Lyanna. « Je vais me préparer. » Il posa une main sur son épée posée près de la porte. « Je ne laisserai pas ce village tomber. »

Le chaos au village de l'Épervié atteignait son paroxysme. Des créatures cauchemardesques tentaient d'atteindre les barrières protectrices des Aegis, et les villageois se terraient dans leurs maisons, la peur inscrite sur chaque visage. Dans ce tumulte, deux silhouettes mystérieuses apparurent au centre de la place du village, enveloppées dans des capes rouges vives. Leur arrivée fut si soudaine qu'un silence étrange s'installa.

Les gardes du village, alertés, réagirent rapidement, encerclant les deux étrangers en un éclair, leurs lances pointées vers eux. 

Les créatures autour semblaient hésiter, comme si une force inconnue avait suspendu leur assaut.

Lyanna, depuis la fenêtre de sa maison, cria à Eldan : « Eldan ! Deux étrangers viennent d'apparaître ! Ils ont l'air... différents ! »

Eldan, déjà équipé de son armure, s'approcha pour observer. « Qu'est-ce que... » murmura-t-il en plissant les yeux. « Qui sont-ils ? »

Les capes rouges des étrangers semblaient vibrer légèrement, comme animées par une énergie propre. Leur posture était étrangement adulte, imposante, bien qu'une nuance juvénile flottât dans leur regard. Pourtant, leur physique trahissait quelque chose de plus complexe : bien que jeunes, ils possédaient une aura d'autorité et de puissance.

Sans un mot, les étrangers firent un geste ample de leurs mains. Une lumière verte s'échappa, et deux liches supérieures se matérialisèrent à leurs côtés. Ces créatures, hautes et effrayantes, enveloppées de flammes mystiques autour de leurs mains squelettiques, fixèrent les gardes. Les flammes dans leurs orbites creusaient un sentiment de terreur et de respect.

Les gardes reculèrent instinctivement d'un pas, leur courage vacillant.

L'un des étrangers, d'une voix calme mais chargée d'une étrange maturité, déclara : « Nous ne sommes pas ici pour vous nuire. »

Lentement, ils révélèrent leurs visages. Ils avaient l'air de deux adultes, leurs traits marqués par les épreuves du temps, presque incongrus face à leur posture martiale. Pourtant, leurs yeux brillaient d'une sagesse et d'une puissance qui faisaient frissonner même les plus aguerris.

Brynjar aux yeux verts et Alistaire aux yeux bleus.

« Si vous continuez à pointer vos armes sur nous, » reprit le premier, son ton trahissant une pointe d'irritation, « vous risquez de manquer votre chance de survivre. »

Les gardes hésitèrent, échangeant des regards. L'un d'eux, Torke le capitaine du groupe, abaissa sa lance avec précaution. « Qui êtes-vous ? Et pourquoi êtes-vous ici ? » demanda-t-il d'une voix puissante.

L'autre étranger, plus stoïque, fit un pas en avant. « Nous avons été envoyés pour vous prêter main-forte. Disons simplement qu'une force plus grande nous a ordonné de venir ici. Vous n'avez pas besoin de tout comprendre, seulement d'accepter notre aide. »

Lyanna, depuis sa maison, observa la scène avec une fascination mêlée de crainte. « Ils ne ressemblent pas à des adultes ordinaires, » murmura-t-elle.

Eldan serra la poignée de son épée. « Non... Et c'est justement ça qui m'inquiète. »

Les deux étrangers ne perdirent pas de temps. Celui qui semblait plus expressif claqua des doigts, et les liches supérieures se mirent à renforcer les barrières magiques des Aegis. Des éclats de flammes et d'énergie verte dansaient autour d'eux, créant une nouvelle couche de protection.

« Ces créatures ne tiendront pas longtemps, » déclara-t-il en regardant les Aegis. « Le virus du Warden est plus tenace que ce que vous pouvez imaginer. Nous devons gagner du temps. »

Son compagnon hocha la tête, sortant un petit orbe luminescent de sa cape. « Préparez-vous. Si cette barrière cède, ce village sera consumé. »

Alors que les deux mages en rouge continuaient d'invoquer leurs sorts pour renforcer les barrières du village, Lyanna observait leurs visages avec une intensité croissante depuis la fenêtre de sa maison. Quelque chose clochait. Leurs visages, leurs postures, leurs gestes... tout semblait familier, mais également étrangement déplacé.

« Eldan... viens voir. » Sa voix était tremblante, un mélange d'incertitude et d'émotion refoulée.

Eldan, intrigué, s'approcha et regarda à travers la fenêtre. Il fronça les sourcils, puis son regard s'élargit d'étonnement. « Ces deux-là... »

Lyanna posa une main sur son épaule, ses doigts crispés. « Eldan... c'est impossible, mais... ne vois-tu pas ? Ce sont Brynjar et Alistaire. »

Les deux mages, visiblement adultes, avaient une prestance qui imposait respect et autorité. Leurs visages, bien que matures, portaient encore les traits distinctifs des enfants qu'ils avaient autrefois été. Eldan et Lyanna savaient que Brynjar et Alistaire n'étaient censés être que des enfants de onze ans.

Lyanna ouvrit précipitamment la porte, Eldan sur ses talons. Les deux mages se tournèrent vers eux, leurs regards fixes, comme s'ils attendaient cette confrontation.

« Brynjar ? Alistaire ? » La voix de Lyanna oscillait entre espoir et crainte.

Les deux mages s'échangèrent un regard. Brynjar, plus expressif, esquissa un léger sourire. « Lyanna. Eldan. Oui, c'est nous. »

Eldan s'avança, son visage trahissant à la fois la joie et l'incompréhension. « Mais... comment est-ce possible ? Vous êtes censés être des enfants... Des enfants de onze ans ! Comment pouvez-vous... paraître aussi... adultes ? »

Brynjar posa son regard sérieux sur Eldan. « Nous ne pouvons pas expliquer tout ce qui nous est arrivé, pas encore. Ce que nous savons, c'est que ce n'était pas normal. Quelque chose, ou quelqu'un, a changé notre cours. »

Alistaire, silencieux jusque-là, prit la parole avec gravité. « Nous ne sommes plus vraiment des enfants, pas dans le sens où vous le pensez. Ce corps n'est qu'un reflet de ce que nous sommes devenus. Mais dans nos cœurs, Eldric reste notre ami, et cela ne changera jamais. »

Lyanna porta une main tremblante à ses lèvres. « Eldric... » Sa voix s'éteignit, submergée par l'émotion.

Brynjar avança d'un pas, sa cape rouge virevoltant légèrement sous le souffle du vent chargé d'énergie. « Nous sommes ici pour honorer sa mémoire. Pour protéger ce qu'il aurait protégé. »

Alistaire hocha la tête. « Nous ne sommes pas venus par hasard. Ce village représente quelque chose d'important. Et même si nous n'appartenons plus vraiment à ce monde d'enfants, nous sommes toujours vos alliés. »

Eldan, bien que toujours troublé, se redressa. « Si vous êtes ici pour protéger ce village, alors vous êtes les bienvenus. Mais dites-nous la vérité. »

Brynjar hésita un instant, puis détourna le regard. « Il y a des forces en jeu que nous ne comprenons pas entièrement. Mais une chose est certaine : nous avons une mission. Et nous ne laisserons rien détruire ce lieu. »

Alors que la conversation prenait fin, les créatures cauchemardesques, nées du virus du Warden, se rapprochaient dangereusement. Les Aegis commençaient à faiblir, leurs champs de protection vacillant sous la pression.

Brynjar et Alistaire relevèrent leurs capuches. « Préparez-vous. Cela ne fait que commencer. »

Avec un éclat de lumière rouge autour d'eux, les deux mages invoquèrent à leurs côtés les liches supérieures. Les flammes autour des mains des liches dansèrent alors qu'elles se préparaient à repousser les horreurs qui approchaient. Lyanna et Eldan, bien qu'encore ébranlés par ce qu'ils venaient de vivre, trouvèrent un réconfort dans la présence de ces figures énigmatiques.

Ils savaient qu'avec eux, il y avait encore un espoir de repousser les ténèbres qui envahissaient leur monde.

À suivre...