Chapitre 61 : Le Poids du Passé

Après les évènements de la partie 3 , 4 mois après :

La forêt de Nekomori Chihō s'étendait à perte de vue, une mer de feuillage doré et orangé qui dansait doucement sous la caresse du vent. Chaque arbre semblait être une œuvre d'art vivante : leurs troncs tordus se dressaient avec une élégance sinueuse, recouverts d'écorces couleur bronze qui scintillaient à la lumière du crépuscule. Les feuilles, quant à elles, allaient du doré éclatant à l'orange flamboyant, parfois parsemées de touches écarlates, rappelant les pétales d'une fleur de cerisier en pleine floraison automnale.

Des rivières cristallines serpentaient entre les racines noueuses, se déversant en cascades scintillantes qui formaient des bassins lumineux où nageaient des créatures aux couleurs irréelles. D'étranges poissons aux nageoires translucides, teintées de reflets violets et argentés, ondulaient paresseusement dans les eaux calmes, tandis que des Koiyama, de majestueux poissons-serpents, effleuraient la surface en traçant de fines spirales dans l'eau.

Le long des branches, des créatures aussi étranges que magnifiques se faufilaient silencieusement. De petits Inari-no-Kaze, renards aux queues diaphanes et aux yeux bleu ciel, sautaient de branche en branche en laissant derrière eux des traînées lumineuses. Plus haut, de grands oiseaux, les Tengutori, au plumage noir et or, veillaient comme des gardiens célestes, battant lentement des ailes dans un silence mystique. Parfois, on apercevait les ombres fugaces de Kamaitachi, des belettes spectrales dont le pelage argenté brillait dans l'obscurité.

Sous cette splendeur naturelle, Lyria avançait doucement, portant une lourde brassée de bois. Son souffle était court, mais son expression restait paisible. Chaque pas faisait crisser les feuilles mortes sous ses bottes. Son regard vagabondait entre les arbres, observant avec émerveillement la lumière du soleil couchant filtrant à travers les feuillages, projetant des motifs mouvants sur le sol.

Lorsqu'elle arriva à leur abri naturel, elle aperçut Célestion, enfoncé dans les ombres, son corps draconique se fondant dans les motifs du décor. Ses écailles, couleur pierre et mousse, rendaient son camouflage presque parfait.

« Tout s'est bien passé ? » demanda-t-il, sa voix grave et douce à la fois.

Lyria posa le bois dans un coin et s'essuya le front. « Oui, j'ai trouvé assez pour tenir la nuit. » Elle se retourna, souriante. « Et toi, pas de problème pendant que je suis partie ? »

Célestion secoua lentement la tête. « Non. C'est plutôt calme en ce moment. » Il marqua une pause, puis ajouta : « Des nouvelles de Dedem ? »

À ce moment précis, Dedem apparut entre les arbres, sa silhouette imposante se découpant dans la lumière crépusculaire. Il avançait avec assurance, manipulant la terre comme si elle était le prolongement de son propre corps. Une brouette de pierre et de racines flottait devant lui, remplie à ras bord d'animaux qu'il avait chassés : du gibier aux poils d'émeraude, des sangliers aux défenses de pierre, et même des volatiles à plumes d'onyx.

« Je suis là. » annonça-t-il calmement, déposant sa brouette près de l'abri. Il claqua des doigts et une seconde brouette de pierre surgit du sol. Elle contenait cette fois-ci une abondance de poissons luisants et d'autres créatures aquatiques.

« J'en ai mis une de côté au cas où l'autre était détruite si je me faisais attaquer. » Il jeta un coup d'œil vers Célestion et ajouta : « Et celle-là, c'est pour toi. Je sais que tu préfères le poisson. »

Un profond grondement satisfait s'échappa de la gorge du dragon. « Tu me connais trop bien. »

Ils entrèrent tous les trois dans l'abri naturel. L'intérieur était spacieux, tapissé de mousse épaisse et de plantes lumineuses suspendues aux parois rocheuses. Un petit ruisseau serpentait à travers l'espace, permettant à l'eau de ruisseler en doux murmures apaisants. Des racines massives pendaient du plafond, formant une sorte de rideau végétal qui ajoutait à l'intimité du lieu.

Lyria leva les mains et murmura : « Magie de cendre : Velum Cinerum. »

Un fin voile de fumée argentée se répandit autour de l'abri, enveloppant l'espace d'une brume protectrice. Leur refuge disparut complètement aux yeux extérieurs.

Lyria déposa les bûches qu'elle avait récoltées, tandis que Dedem commença à préparer le repas. Il fit léviter quelques pierres pour improviser un foyer et fit naître une flamme en frottant deux doigts imbibés de magie. Pendant que la viande grésillait doucement, l'odeur des épices et des herbes sauvages se répandit dans l'air.

Célestion, satisfait, mordit dans un énorme poisson brillant, laissant des écailles argentées retomber sur la mousse.

Lyria s'installa non loin de Dedem, observant le feu danser.

« Tu penses que l'Arbre-Monde nous apportera des réponses ? » demanda-t-elle d'une voix douce.

Dedem fixa les flammes un moment avant de répondre. « Je ne sais pas... Mais je n'ai pas le choix. Il faut avancer. »

Lyria hocha lentement la tête. « Alors avançons. »

Cette nuit-là, sous les voiles argentés de leur protection, le trio partagea un repas simple mais réconfortant, bercé par les échos de la forêt enchantée. Les murmures de l'eau, les lueurs dansantes des créatures magiques et les lointains cris des Tengutori formaient une harmonie mystique.

Dedem savait que cette quiétude ne durerait pas. Mais pour cette nuit-là... ils étaient en paix.

La nuit était tombée depuis des heures, enveloppant la forêt dorée de Nekomori Chihō d'une brume épaisse. Les feuilles des arbres, d'ordinaire éclatantes sous les rayons du soleil, prenaient désormais des teintes ternes, comme si la forêt elle-même retenait son souffle dans l'obscurité. Les ruisseaux cristallins chantaient doucement, et les étranges créatures de la région se faisaient plus discrètes, se dissimulant dans les ombres.

À l'écart de l'abri, Dedem se tenait seul, torse nu, ses muscles tendus et marqués par les cicatrices de ses combats passés. Son souffle était lent, contrôlé. Il était entouré de plusieurs sphères élémentaires flottant doucement autour de lui : une flamme vacillante, une boule d'eau limpide, une spirale de vent sifflante, un roc lévitant et des éclairs crépitants qui fusaient dans l'air.

Depuis quatre mois, Dedem s'était acharné à maîtriser les cinq éléments, cherchant à atteindre un contrôle parfait. Chaque soir, il s'entraînait jusqu'à l'épuisement, repoussant sans cesse ses limites. Mais cette nuit-là, il voulait accomplir quelque chose de plus grand. Il s'était promis de maîtriser la fusion des éléments.

Dedem ferma les yeux et concentra son énergie. Il tendit une main vers la sphère d'eau, l'autre vers la flamme. D'un geste lent, il rapprocha les deux masses contraires. L'eau frémissait, la flamme vacillait. Quand les deux sphères se touchèrent, une violente onde de choc faillit tout faire voler en éclats. Mais Dedem se concentra, forçant les deux énergies à coexister. La sphère d'eau s'enflamma sans s'évaporer. Le liquide s'embrasa d'une flamme azur, créant un tourbillon de Feu d'Eau — une fusion improbable des deux éléments opposés.

La lumière surnaturelle éclaira la clairière d'une teinte bleu argenté. Dedem laissa la fusion durer quelques secondes avant de relâcher son contrôle. Le feu s'éteignit doucement, laissant une flaque d'eau fumante sur le sol. Il esquissa un léger sourire.

« Ça progresse... » murmura-t-il, essoufflé.

Non loin de là, Lyria s'entraînait aussi. Sa magie de l'eau dorée, bien que puissante, lui demandait une maîtrise minutieuse. De sa main gauche, elle manipulait des volutes liquides d'or, tandis que sa main droite créait une fine brume cendrée qui dansait autour d'elle. Fusionner les deux était encore un défi.

« Magie de cendre... Magie d'eau dorée... se mélanger... » murmura-t-elle en fermant les yeux.

Mais au moment où elle tenta de combiner les deux flux, les cendres se dispersèrent violemment, tandis que l'eau dorée explosa en une fine pluie éclatante. Lyria tomba à genoux, épuisée, son souffle court.

Célestion, qui avait discrètement observé ses progrès, s'approcha.

« Tu utilises trop d'énergie d'un seul coup. » Sa voix grave résonnait dans le silence. « La magie d'eau dorée et la magie de cendre sont comme la mer et la brume. Si tu insistes pour les forcer ensemble, elles se repousseront. Tu dois les guider... pas les imposer. »

Lyria hocha la tête et se releva, déterminée. « Je comprends. Merci, Célestion. »

Célestion tourna ensuite la tête vers Dedem. Il le vit assis sur un rocher, son regard perdu dans les ténèbres. Ses yeux verts luisaient faiblement sous la lumière des étoiles, mais l'éclat de sa détermination semblait vaciller.

Célestion s'approcha.

« Tu te tortures encore, hein ? » grogna-t-il.

Dedem détourna les yeux. « Je réfléchis, c'est tout. »

« Non. » rétorqua Célestion en s'asseyant à côté de lui. « Tu te ronge de l'intérieur. Je vois bien que tu portes encore ce poids. C'est Thalion, n'est-ce pas ? »

Le silence tomba, brisé seulement par le vent léger dans les feuilles.

Dedem finit par parler, sa voix plus rauque que d'habitude. « Il... il a toujours été là pour moi. Chaque fois que je doutais, chaque fois que je tombais, il me relevait. Et moi... moi, je n'ai rien pu faire pour lui. » Il serra le poing, les veines saillant sur sa main.

« Tu sais ce que Thalion aurait dit ? » dit Célestion d'une voix plus douce. « Il t'aurait dit de ne pas rester là à pleurer son absence. Il t'aurait ordonné de continuer d'avancer... parce qu'il croyait en toi. »

Dedem soupira longuement, puis murmura : « Et si je suis en train de tout gâcher ? Depuis qu'on est ici, ils nous traquent. J'ai déjà tué plusieurs chasseurs de primes... je ne voulais pas... mais si je les avais épargnés, ils auraient révélé notre position. Je suis obligé de tuer... ça va à l'encontre de ce que je suis censé être. »

Célestion hocha lentement la tête. « Parfois, l'équilibre est instable... mais tu fais ce que tu dois faire. Et crois-moi, Thalion serait fier de toi. »

Lyria s'approcha discrètement et entendit les derniers mots de la conversation. Elle posa doucement sa main sur l'épaule de Dedem.

« Tu n'es pas seul, Dedem. On est là. »

Dedem releva la tête et les regarda tour à tour. Un mince sourire apparut sur son visage fatigué. « Je sais... merci. »

Ils retournèrent alors à leur abri. Lyria raviva les braises du feu, Dedem s'assura que le Velum Cinerum était toujours actif, et Célestion se coucha non loin de l'entrée, ses yeux vigilants scrutant les ombres.

Avant de s'endormir, Dedem fixa le plafond de l'abri et se murmura à lui-même :

« Je trouverai ces yeux mystiques... et je rétablirai l'équilibre. »

La brise nocturne porta ses mots dans la nuit silencieuse.

Le silence de la nuit régnait sur la caverne, seulement troublé par le lointain écho des gouttes d'eau tombant doucement des parois rocheuses. L'air était frais et chargé d'une étrange sérénité, tandis que les parois de la grotte s'ornaient de plantes luminescentes, aux feuilles d'un vert pâle et aux lueurs dorées, comme des constellations accrochées aux pierres humides.

Dedem, assis devant un point d'eau limpide, observait son propre reflet. Ses yeux verts brillaient faiblement dans l'obscurité, et son visage restait figé, sans émotion apparente. 

Pourtant, dans son esprit, les souvenirs tournaient en boucle : le Warden, cette créature monstrueuse et déchaînée... les cris des innocents... les vies qu'il avait prises pour protéger les autres... et surtout, les paroles de Kenza qui résonnaient encore dans sa tête.

« Koko incarne le passé... moi, j'incarne l'avenir... et toi, Dedem... tu es au centre. »

Il baissa les yeux sur ses mains. Ses doigts tremblaient légèrement. Il les referma lentement en un poing serré, comme s'il tentait d'écraser cette angoisse sourde qui rongeait son esprit.

Derrière lui, Lyria avait ouvert les yeux. Ayant senti les mouvements de Dedem, elle s'était réveillée instinctivement. Elle se redressa légèrement et tourna la tête pour l'observer en silence. Elle vit Dedem immobile devant l'eau, la lueur dorée des plantes illuminant son profil fatigué.

Inquiète, Lyria se leva doucement et le rejoignit. Sans un mot, elle s'installa à ses côtés, posant son regard sur leur reflet partagé. Dedem semblait si différent... Ses yeux autrefois bleus étaient désormais d'un vert éclatant, et son armure ornée de motifs dorés ajoutait à cette image d'un être qui portait désormais un lourd fardeau.

« Ça ne va pas, Dedem ? » demanda-t-elle doucement, brisant enfin le silence.

Dedem cligna des yeux, comme s'il sortait d'une profonde rêverie. Il détourna à peine le regard vers elle avant de murmurer : « Je... je rêve encore de lui... du Warden. »

Sa voix était faible, presque brisée.

« Je le vois encore. Ce regard froid... ce hurlement... la destruction que j'ai provoquée en le combattant. Tant de vies ont été prises ce jour-là... et c'est moi qui ai causé ça. »

Il marqua une pause, puis reprit : « Et puis... cette révélation de Kenza... Je ne sais pas où ça me mène. Je suis censé être l'élu de l'équilibre, mais je n'ai jamais été aussi perdu. »

Lyria posa doucement sa main sur l'avant-bras de Dedem. « Ce que tu ressens est normal... mais Dedem, regarde-toi. Cette nouvelle apparence que tu portes, elle témoigne de ton avancée. De ta force, de ta volonté... »

Dedem eut un sourire amer. « Tu crois vraiment que j'ai gagné en puissance ? »

Lyria hocha la tête. « Bien sûr. Il faut être plus fort pour maîtriser autant d'éléments... »

Dedem soupira. « Tu parles de cette forme... cette chose que je suis devenu lors du combat contre Arcanis. Non... je n'ai jamais été plus puissant. »

Lyria fronça les sourcils, confuse. « Mais... cette force que tu avais... c'était impressionnant. »

Dedem secoua la tête. « C'était... juste autre chose. » Il marqua une pause avant de reprendre. « Ce n'était pas une puissance supérieure. Ce sont seulement la volonté de Thalion... et celle d'Eldric... qui m'ont permis de tenir debout. J'ai juste appris à mieux maîtriser mon équilibre... et ma magie. C'est tout. »

Lyria semblait perplexe. « Mais... c'est déjà incroyable, non ? Tu maîtrises cinq éléments... et en plus tu peux les fusionner. »

Dedem eut un léger rictus. « Je peux à peine fusionner deux éléments pour l'instant... et même ça me demande une énergie énorme. » Il fit un geste vers sa poitrine. « Mon équilibre me rétablit en rééquilibrant mon corps... mais si je me surmène trop, cette énergie-là ne suffira pas. »

Lyria comprit enfin l'inquiétude dans les yeux de Dedem. « Et si ton corps se déséquilibre... »

« ... Alors je ne reviendrai pas. » compléta Dedem, sa voix grave et ferme. Il serra les poings. « Je ferai tout pour éviter que ça arrive. Je dois garder le contrôle. Je ne peux pas faillir... pas encore. »

Le silence s'installa à nouveau. Lyria scrutait Dedem. Dans son regard fatigué, elle lisait une douleur profonde qu'il tentait de cacher. Ces quatre derniers mois, elle avait appris à le comprendre... et cette détresse qu'il portait pesait lourd sur ses épaules.

Finalement, sans un mot, elle se pencha doucement et posa sa tête contre son épaule.

Dedem resta figé un instant, surpris... puis il ferma lentement les yeux.

« Tu n'es pas seul... » murmura Lyria. « Je serai toujours là pour t'aider... au péril de ma vie, s'il le faut. »

Elle esquissa un sourire léger. « Avec bien sûr... notre meilleur allié, Célestion. »

Dedem ne put s'empêcher de laisser échapper un léger rire. « Ouais... c'est vrai. »

Ils restèrent ainsi, silencieux, profitant de cette rare paix. Dedem sentit enfin une part de ce poids quitter son cœur. Pour la première fois depuis longtemps... il n'était plus seul.

Lyria observa Dedem, sa tête toujours posée sur son épaule. Le silence qui régnait était presque apaisant, mais elle sentait que Dedem avait encore bien plus à dire. Ses yeux brillaient doucement sous la lumière dorée des fruits lumineux, mais derrière cet éclat se cachait une fatigue... une douleur qu'il portait seul depuis trop longtemps.

« Ça fait vraiment quatre mois que tu es comme ça ? » demanda-t-elle finalement, sa voix brisant doucement le silence.

Dedem hocha lentement la tête. « Oui... »

Lyria redressa sa tête et le regarda, visiblement troublée. « Et moi je m'en rends compte seulement maintenant... » Elle baissa les yeux, se sentant presque honteuse. « Honte à moi... »

Dedem tourna légèrement la tête vers elle et secoua doucement la tête. « Non... ne dis pas ça. » Il marqua une pause, puis ajouta d'un ton plus calme. « J'ai tout fait pour que personne ne le remarque. Si tu n'as rien vu... c'est parce que je le voulais. »

Lyria serra les poings. « Tu n'aurais pas dû porter ça seul. »

Dedem soupira doucement. Il savait qu'elle avait raison... mais il n'avait pas eu le choix.

Cherchant à alléger un peu la conversation, Lyria changea de sujet. « Dis... durant tout ce temps, je ne t'ai jamais demandé... mais je sais que tu t'es entraîné deux mois après le combat contre Astral. Et tu m'avais dit que pendant le dernier mois, les Doctors te traquaient... mais mise à part ça... pendant le premier mois... tu faisais quoi exactement ? »

Dedem prit un instant avant de répondre. Il se souvenait parfaitement de ce mois-là... chaque coup, chaque douleur, chaque chute.

« Le premier mois... je m'entraînais avec Thalion. » Il marqua une pause, repensant à ces journées infernales. « Et pas juste un entraînement classique... c'était l'entraînement le plus dur que j'ai vécu de ma vie. »

Lyria écarquilla légèrement les yeux, intriguée. « A ce point-là ? »

Dedem hocha la tête. « Oui... Thalion m'a dit que je devais suivre un entraînement extrême pour me préparer à l'Œil Mystique de Novemcaudus. Il savait que ce serait dangereux... il savait que je devais devenir bien plus fort que ce que j'étais. »

Il serra les poings, repensant aux épreuves que Thalion lui avait imposées. « Il m'a presque tué... plusieurs fois. »

Lyria ouvrit la bouche, choquée, mais Dedem poursuivit. « Mais c'était nécessaire... il voulait que je devienne un expert en combat rapproché, pas seulement un mage ou un élu dépendant de son pouvoir. » Il laissa échapper un petit rire amer. « Et il a réussi... À la fin du mois, Thalion m'a regardé et m'a dit : 'T'es devenu un expert au corps à corps, Dedem. T'en es capable maintenant.' C'était... la première fois que je le voyais fier de moi à ce point. »

Lyria sourit doucement. « C'est vraiment impressionnant... mais... après ça, tu as continué à t'entraîner seul, non ? »

« Ouais... Après le départ de Thalion, j'ai perfectionné mes techniques. » Dedem marqua une pause, puis son regard s'illumina légèrement. « J'ai développé ma technique préférée... "Fulgur Tonitruum". »

Lyria haussa les sourcils. « "Fulgur Tonitruum" ? »

Dedem acquiesça. « Une technique de foudre. Toutes les autres techniques de foudre que j'utilise... ce sont en réalité des variantes de celle-là. »

Lyria fronça les sourcils, intriguée. « Comment ça ? »

« Thalion m'a appris quelque chose d'essentiel... » expliqua Dedem en se redressant légèrement. « Il m'a dit que si tu maîtrises parfaitement une seule technique, alors tu peux en créer autant de variantes que tu veux. C'est comme un tronc d'arbre... chaque variante devient une branche qui pousse dans une direction différente. »

Lyria sourit. « C'est malin... et plutôt logique. »

Dedem hocha la tête. « C'est grâce à ça que j'ai développé plusieurs variantes adaptées à différentes situations. Une foudre explosive pour les charges directes... une foudre qui étourdit pour immobiliser... et même une foudre silencieuse, presque invisible, parfaite pour les frappes précises. »

Lyria ne put s'empêcher d'être impressionnée. Elle savait que Dedem avait progressé, mais jamais elle n'avait imaginé qu'il avait peaufiné ses techniques à ce point.

« Et cette magie du bouclier... "Scutum", c'est ça ? » demanda-t-elle.

« Oui. » Dedem posa une main sur son bouclier, posé à ses pieds. « C'est une technique défensive. Thalion m'a appris que le meilleur moyen de survivre n'est pas toujours d'attaquer... mais de protéger. 'Scutum' me permet de renforcer mon bouclier avec la magie élémentaire. Je peux créer des remparts solides comme la pierre, des barrières d'eau impénétrables, ou même canaliser des éclairs dans mon bouclier pour électrocuter ceux qui l'approchent. »

Lyria secoua doucement la tête, impressionnée. « Tu t'es vraiment surpassé, Dedem... Je ne savais pas que tu avais accompli tout ça. »

Un silence s'installa, mais Lyria brisa à nouveau la tranquillité. « Célestion... il n'était pas avec toi pendant tout ça ? »

Dedem secoua la tête. « Non, Célestion était surtout présent le deuxième mois. » Il se frotta la nuque, se remémorant cette période. « Je crois que Thalion l'avait envoyé chercher quelque chose d'important. Pendant ce temps, je devais m'entraîner seul... et affronter mes propres défauts. »

Lyria observa Dedem un instant, puis elle posa doucement sa main sur la sienne.

« Tu as vraiment beaucoup enduré... » murmura-t-elle.

Dedem tourna la tête vers elle. Elle lui souriait doucement, et cette simple expression suffit à apaiser un peu le tumulte de ses pensées.

« Merci, Lyria... » murmura-t-il à son tour.

« Toujours là, Dedem. Toujours. »

À suivre...