Dedem une fois arrivé dans une ville
Dedem avançait dans les rues encore fumantes de la ville partiellement épargnée. Les bâtiments debout portaient les cicatrices des affrontements récents, et la poussière s'élevait encore dans l'air. Son regard perçant scrutait chaque recoin jusqu'à ce qu'il l'aperçoive enfin.
Kenza, au centre d'un attroupement d'aventuriers et de gardes, tenait à bout de bras deux immenses tours de pierre, soulevant l'édifice comme si ce n'était qu'un vulgaire sac de sable. Ses muscles étaient tendus, son expression concentrée, et pourtant, elle ne montrait aucun signe de fatigue. Les spectateurs, ébahis, murmuraient entre eux, certains applaudissant son exploit.
D'un mouvement fluide et contrôlé, Kenza planta les deux tours dans le sol, les fixant solidement à leur fondation. Un bruit sourd résonna à travers la ville, suivi d'un silence respectueux. Puis, elle recula d'un pas, balayant la sueur de son front d'un revers de main.
C'est à ce moment-là qu'elle le vit.
Dedem s'approchait d'un pas déterminé, son regard braqué sur elle avec une intensité inhabituelle. Pas un mot superflu. Pas de salutation. Il alla droit au but.
« Où est l'arbre monde ? »
Kenza arqua un sourcil. Il ne perdait pas de temps.
Mais ce qui la surprit le plus, ce ne fut pas la question. Ce fut son regard. Une flamme ardente brûlait dans ses yeux verts luminescents, une intensité si rare qu'elle en resta brièvement muette. Ce regard ne demandait pas, il exigeait. Il n'implorait pas, il décrétait.
Il fallait que ça cesse.
« Attends... T'es vraiment décidé à y aller maintenant ? » demanda-t-elle, malgré elle. Mais elle connaissait déjà la réponse. Dedem ne répondit même pas, il attendait simplement.
Elle soupira, fouilla dans sa sacoche et en sortit un parchemin en cuir ancien, légèrement brûlé sur les bords.
« Tiens. C'est une carte des régions. L'Arbre Monde est ici, au centre parfait de la planète. Actuellement, nous sommes au sud-est, dans la région de fer. Tu devras traverser plusieurs territoires avant d'y arriver. »
Note : La planète où se déroule l'aventure de Dedem est environ 5 fois plus grande que la Terre.
Dedem prit la carte sans un mot. Il la regarda rapidement avant de la ranger. Kenza s'attendait à ce qu'il dise quelque chose... Peut-être qu'il demanderait où était Koko, ou qu'il hésiterait. Mais non. Il se retourna déjà, prêt à partir.
Elle ouvrit la bouche, hésita... puis il la devança.
« On se reverra. Survis pendant ce temps... et prends soin de Koko. Il se surmène trop. »
Puis, il disparut.
Kenza cligna des yeux. Une bourrasque de vent, et il était parti.
Quelques instants plus tard, au point de départ.
Dedem réapparut près de Célestion, le vent s'écrasant autour de lui tandis qu'il annulait sa vitesse. Son regard balaya rapidement la scène devant lui.
Lyria était déjà prête.
Un sac à dos bien serré reposait sur ses épaules, et Célestion était équipé de plusieurs petits coffres attachés à ses flancs. Ils avaient tout préparé.
Dedem esquissa un léger sourire.
D'un simple geste, il leva la main, et un halo lumineux apparut devant lui.
« Ruptura Inventarii. »
Un vortex se forma dans l'air, aspirant immédiatement tous les coffres et les faisant disparaître dans un espace invisible.
Lyria ouvrit de grands yeux.
« Quoi... ?! Où tu les as mis ?! »
Dedem, toujours aussi calme, répondit en refermant la brèche d'un simple mouvement de la main.
« Ils sont stockés dans mon inventaire. Il ne faut pas vous encombrer. Je vous apprendrai à utiliser cette magie plus tard. »
Lyria fronça les sourcils. « Une magie aussi pratique... Comment tu l'as apprise ? »
Dedem posa son regard sur elle.
« C'est Thalion qui me l'a enseignée. »
Un silence s'installa brièvement.
Puis, Dedem s'avança vers Célestion et posa une main ferme sur son flanc. Le dragon s'inclina légèrement en réponse, prêt à le porter. Dedem tendit ensuite sa main vers Lyria, l'invitant à monter.
Elle hésita une seconde, puis attrapa sa main et se hissa sur le dos du dragon.
Dedem inspira profondément, puis jeta un dernier regard en arrière.
La région de fer... Son sol brisé. Ses villes en reconstruction. Ses morts gravés à jamais dans la mémoire des survivants.
Il allait devoir la quitter.
Puis, calmement, il fit face à l'horizon et ordonna :
« Célestion. En route pour l'Arbre Monde. »
Le dragon déploya ses ailes majestueuses, et dans un puissant battement, ils s'élevèrent dans le ciel. Dedem observa les lumières des villages au loin, les derniers feux d'une bataille passée.
Puis... il détourna le regard.
L'avenir les attendait.
Le vent fouettait le visage de Dedem tandis que Célestion battait puissamment des ailes, s'élevant toujours plus haut dans le ciel de la région de fer. Le rugissement du dragon résonnait dans l'air, imposant sa présence aux terres désolées qu'ils laissaient derrière eux. Lyria, assise juste derrière Dedem, s'accrochait fermement aux écailles massives du dragon, son regard brillant d'excitation et d'appréhension.
En contrebas, la plaine de fer s'étendait à perte de vue.
C'était une terre rude, où le sol n'était pas fait de terre mais d'un métal ancien et rugueux, comme si la nature elle-même avait forgé ce paysage dans un brasier millénaire. Des créatures de fer massives erraient à travers cette étendue, leurs corps faits de plaques d'acier et de rouages anciens, se mouvant avec la lenteur imposante de véritables colosses.
Note : c'est d'ici que viennent les golems de fer.
Certains ressemblaient à des rhinos de métal, aux cornes imposantes capables de pulvérisé des montagnes.
Tandis que d'autres, plus agiles, semblaient être des bêtes mécaniques, mi-lion mi-serpent, leurs yeux illuminés par une lueur bleue spectrale.
Soudain, des ombres gigantesques passèrent au-dessus d'eux.
Des créatures ailées de la région de fer les avaient remarqués. Elles étaient aussi grandes que des wyvernes, mais leurs corps étaient recouverts d'une carapace d'acier vivant qui cliquetait à chaque battement d'aile. Certaines arboraient de longues queues hérissées de lames, d'autres possédaient des becs tranchants comme des rasoirs.
Elles se joignirent à leur vol, virevoltant autour de Célestion, l'observant avec une curiosité respectueuse.
« Wouaaaah, elles reconnaissent Célestion comme un de leurs égaux » murmura Lyria, émerveillée.
Dedem ne répondit pas, simplement concentré sur leur trajectoire.
Après quelques minutes, les créatures ailées les saluèrent d'un cri métallique avant de plonger vers la plaine de fer, disparaissant dans les nuages en contrebas.
Mais à peine eurent-ils quitté cette région que l'horizon changea du tout au tout.
L'Océan infini
Devant eux s'étendait un océan aux reflets surréels, une mer qui ne semblait pas appartenir à un seul monde mais à plusieurs à la fois.
L'eau scintillait de reflets tantôt dorés, tantôt d'un bleu abyssal, et par moments, elle prenait des teintes irréelles, comme si des mondes parallèles se superposaient dans ses vagues. Des tourbillons luminescents se formaient à la surface, et au fond, des silhouettes gigantesques glissaient, leurs formes indistinctes faisant naître des frissons.
Puis ils les virent.
Les créatures de l'océan légendaire.
Tout d'abord, un serpent de mer colossal, dont les écailles brillaient comme des étoiles filantes. Son corps ondulait avec une grâce surnaturelle, et ses yeux violets perçaient les cieux comme s'il sondait leur âme.
À ses côtés, un groupe de requins ailés fendait les cieux, plongeant dans l'eau avant d'en ressortir avec une facilité stupéfiante. Leurs nageoires s'étaient transformées en ailes membraneuses, et leurs corps massifs reflétaient les lumières de l'océan avec une aura presque divine.
Mais ce qui attira vraiment leur regard, ce fut le Thalasséa .
Une créature aussi grande qu'une île, qui flottait paisiblement entre ciel et mer. Son dos était couvert de constellations mouvantes, et lorsqu'elle ouvrit la bouche pour chanter, une vague d'énergie lumineuse illumina l'océan, créant des cercles parfaits qui s'étendaient à l'infini.
« C'est... magnifique, » souffla Lyria, la voix tremblante d'émotion.
Dedem, lui, resta silencieux. Ces créatures étaient anciennes, et leur existence témoignait du véritable équilibre du monde.
Mais là, au loin, quelque chose d'encore plus grand apparaissait.
L'Arbre Monde
Ce fut d'abord une vibration dans l'air, une énergie diffuse, omniprésente. Puis, les premières lumières multicolores percèrent l'horizon, illuminant le ciel avec une danse de teintes impossibles.
Puis... ils le virent.
L'Arbre Monde dominait l'horizon de toute sa majesté.
Il mesurait plus de 500 mètres, ses branches s'étendant jusqu'aux cieux eux-mêmes. Mais ce n'était pas un simple arbre.
Chaque branche émettait une couleur différente.
Le bleu de l'océan, le vert des forêts, le doré du soleil, le pourpre des ténèbres, le blanc de la lumière pure...
Un spectacle hypnotisant, une fresque vivante peinte sur le ciel lui-même.
Dedem inspira profondément.
Sous l'arbre, le sol était un miracle de la nature.
Les racines géantes étaient multicolores, pulsant de flux magiques comme des veines d'énergie pure. Le sol était un patchwork de matières impossibles :
Glace et feu coexistaient, sans jamais se consumer.
Fer et bois fusionnaient, créant des entrelacs métalliques vivants.
Herbe et sable dansaient ensemble, formant une mosaïque naturelle.
Et au-dessus d'eux, dans les branches, flottaient des bulles de réalité.
Des fragments d'autres mondes.
Dans certaines, on pouvait apercevoir des cités inconnues, des étoiles lointaines, des océans sans fin, des êtres marchant dans des dimensions étrangères.
C'était le cœur du monde.
Dedem n'eut pas le temps de contempler plus longtemps.
Célestion plongea en piqué.
Le vent siffla violemment autour d'eux, les couleurs du ciel défilant en un tourbillon chaotique. Dedem et Lyria se penchèrent en avant pour accompagner la descente, tandis que l'Arbre Monde grandissait à vue d'œil.
Puis, avec une précision parfaite, Célestion déploya ses ailes à la dernière seconde, ralentissant brutalement sa chute avant de se poser au pied de l'arbre.
Un battement sourd résonna à travers l'immensité du lieu.
Ils étaient arrivés.
Dedem descendit lentement de Célestion, sa main posée fermement sur la garde de son épée. Son bouclier était prêt à être brandi au moindre signe d'hostilité. Lyria, un peu plus prudente, descendit derrière lui, observant avec émerveillement les racines de l'Arbre Monde qui pulsaient de lumière sous leurs pieds.
Mais dès qu'il posa son regard devant lui... Dedem sentit une présence.
Son instinct s'enflamma. Quelque chose était là. Juste derrière lui.
Il se retourna brusquement, sa lame glissant hors de son fourreau dans un sifflement métallique. Mais à sa grande surprise, il ne vit pas une menace...
Il vit la Sentinelle de l'Arbre Monde.
Ceci est une approximation pour que vous ayez une idée , je vous laisse imaginer la suite !
Elle était imposante, une silhouette humanoïde élancée de plus de trois mètres de haut, entièrement faite d'une matière qui semblait osciller entre la pierre et l'énergie pure. Son corps était un mélange parfait d'éther et de substance tangible, une entité à mi-chemin entre le monde matériel et spirituel.
Mais le plus frappant... c'était ses quatre bras.
Deux d'entre eux étaient croisés contre son torse, comme dans une posture méditative, tandis que les deux autres flottaient légèrement, les paumes ouvertes vers le ciel, comme s'ils accueillaient le flux même du cosmos.
Ses yeux... n'étaient pas de simples orbes. Ils brillaient d'une lumière changeante, alternant entre le vert du renouveau, l'or du savoir et le bleu de l'éternité. Chaque battement de lumière dansait comme une étoile mourante et renaissante à chaque instant.
Son dos était orné d'un disque ancien, gravé de symboles runiques qui pulsaient au rythme des battements de l'Arbre Monde.
Il ne bougeait pas. Il se contentait d'observer Dedem en silence.
Dedem, sur le qui-vive, serra les dents et recula légèrement, son épée toujours en main.
Mais il ne ressentait aucune hostilité.
Célestion s'avança doucement, dépliant ses ailes avant de poser l'une de ses griffes massives sur le sol. Son regard doré transperça la Sentinelle avant qu'il ne se tourne vers Dedem.
« Cette créature ne nous veut aucun mal. » déclara le dragon d'une voix grave.
Lyria, confuse, regarda Célestion. « Pourquoi ? » demanda-t-elle.
Dedem fronça les sourcils, analysant la Sentinelle... et soudainement, un étrange frisson traversa son corps.
Ses yeux mystiques vibrèrent.
L'espace sembla se distordre un instant, comme si quelque chose dans cette entité résonnait avec lui.
Puis, la Sentinelle leva lentement l'un de ses bras.
Au creux de sa paume, une sphère translucide apparut, et à l'intérieur... un Œil Mystique flottait.
Dedem écarquilla les yeux.
L'Œil Mystique de l'Arbre Monde.
Mais alors... la Sentinelle parla.
« ᛟ ᛏᛟᛁ ᚲᚱᛖᚨᛏᚢᚱᛖ, ᛞᛖᛊᛖᚾᛞᚨᚾᛏ ᛞᛖ ᚨᛚᚠᚨᚱᛁᛟᚾ, ᛏᚢ ᛞᛖᚢᚱᚨᛊ ᚱᛖᚢᚾᛁᚱ ᛚᛖᛊ ᛖᛚᚢᛊ ᚨᛈᚱᛖᛊ ᛁᛖᚢᛊ ᛗᛁᛊᛏᛁᚲᛖᛊ. ᚲᚨᚱ ᛟᛗᛖᚷᛁᛟᚾ ᛈᚱᛖᛈᚨᚱᛖ ᚢᚾ ᚨᛊᛊᚨᚢᛏ.»
Une langue ancienne, oubliée depuis des millénaires.
Lyria recula légèrement. « Quoi... ? C'est quoi ce langage ? »
Célestion, silencieux, ferma les yeux, semblant comprendre.
Mais Dedem... lui ressentait les mots plus qu'il ne les comprenait.
Comme si le langage ne passait pas par l'oreille, mais directement dans son âme.
Il fronça les sourcils. Koko et Kenza sont parvenus ici... mais comment ont-ils pu comprendre cette entité ?
La Sentinelle leva alors ses quatre bras, formant un enchaînement de signes ancestraux, puis tendit ses paumes ouvertes vers Dedem.
Soudain, Dedem sentit son esprit basculer.
Tout devint blanc.
Le Conclave du Subconscient.
Dedem cligna des yeux et réalisa qu'il n'était plus au pied de l'Arbre Monde.
Il était dans cet espace immaculé, assis à une table blanche infinie, le même endroit où il avait rencontré Novemcaudus et Robert.
Face à lui, les deux figures familières étaient là. Novemcaudus, les yeux orange perçants, l'observait en silence, son expression indéchiffrable. Robert, le chevalier maudit, laissa son crâne craquer légèrement en penchant la tête, toujours aussi lugubre.
Mais ce n'était pas tout.
À la droite de la table, une ombre imposante s'élevait.
La Sentinelle de l'Arbre Monde.
Son regard cosmique fixait Dedem sans animosité, mais avec une attente silencieuse. Elle ne parlait pas avec des mots. Mais Dedem sentit. Une voix, non pas dans l'air, mais directement dans son esprit.
« Tu portes une vibration familière… mais elle est incomplète. »
Dedem fronça légèrement les sourcils.
La Sentinelle pencha doucement la tête, ses bras flottant lentement autour d'elle.
« Tu n'es pas… l'Équilibre. »
Il ne broncha pas. Il inspira longuement, puis redressa la tête.
« Je le sais. Je ne suis pas l'Équilibre. »
Sa voix était calme. Affirmée.
« Mais je suis celui qui l'apportera. Celui qui s'élèvera non pas pour incarner une vérité absolue, mais pour la rétablir. »
Un silence.
« Je suis son élu. Pas son reflet. Ni son serviteur. Je suis le fragment qu'il a choisi d'être. »
La Sentinelle ne réagit pas tout de suite. Mais son regard semblait sonder Dedem plus profondément. Une autre vibration se forma dans l'air.
« Tu doutes. »
« Oui. Et c'est ce doute qui m'empêche de devenir comme les autres avant moi. Je ne veux pas imposer l'Équilibre. Je veux qu'il existe… par choix. »
Robert hocha lentement la tête. Sa voix grave résonna dans ce néant blanc.
« Il doute. Et c'est bien. Car ceux qui ne doutent plus... deviennent dangereux. »
Il posa ses mains sur la table, l'armure grinçant légèrement.
« Il n'est pas parfait. Il a peur. Mais il choisit d'avancer malgré ça. Il a la rage de protéger, même si cela le détruit. »
Novemcaudus ferma brièvement les yeux, puis croisa les bras.
« Je n'ai jamais aimé cette idée d'Élu. Trop de responsabilités sur une seule âme. Trop de précédents. Trop de sang versé pour des concepts que personne ne comprend vraiment. »
Son regard se posa sur Dedem.
« Mais lui… il m'a convaincu. Pas parce qu'il est plus fort. Mais parce qu'il ne veut pas être un héros. Il veut réparer. »
La Sentinelle leva une main. Une sphère translucide se forma, lentement. Au centre, un Œil Mystique tournoyait, comme suspendu dans une danse cosmique.
Elle s'approcha de Dedem.
« Alors… montre-moi. »
Dedem se leva lentement. Ses pas résonnaient dans l'espace infini. Il tendit la main, paume ouverte.
« Je n'ai pas toutes les réponses. Mais j'ai décidé de me tenir entre le monde et ses extrêmes. »
« Je ne veux pas que ce soit moi qui décide du futur. Je veux juste qu'il existe encore un choix à faire. »
La Sentinelle s'arrêta. Elle observa Dedem longuement. Puis elle tendit la sphère vers lui.
L'instant où Dedem la toucha, tout se brisa.
L'espace se fissura autour de lui.
Et la lumière revint.
Dedem se retrouva de retour à la réalité.
Dedem cligna des yeux.
La Sentinelle s'avançait vers lui.
Elle tendit l'Œil Mystique... et le plaça dans la main de Dedem.
L'instant où la sphère toucha sa peau, une vague d'énergie parcourut tout son corps.
La Sentinelle inclina la tête, puis mit un genou à terre.
Elle reconnaissait Dedem comme le véritable Élu de l'Équilibre.
Dedem observa la scène sans un mot, puis ferma les yeux un instant avant de lui murmurer :
« Reste ici et protège cet endroit. »
Puis il tourna les talons et se dirigea vers Célestion, remontant sur son dos.
Lyria grimpa à son tour, posant ses mains sur les épaules de Dedem.
Il inspira profondément... puis fixa l'horizon.
« On n'a plus le temps. »
Célestion battit puissamment des ailes, et dans un souffle chargé d'énergies mystiques, ils s'élevèrent vers le ciel, partant vers leur prochaine destination :
Nekomori Chihō !
***
Dans les profondeurs ténébreuses de la Région de Fer, dissimulée sous des couches de métal corrodé et de tunnels oubliés, se trouvait une base cachée des Doctors. C'était un endroit saturé d'énergie obscure, un lieu où l'écho des expériences passées résonnait encore entre les murs tapissés de veines organiques et de runes sanglantes.
Vesper se tenait immobile, observant le vide d'un regard dur. Son corps fatigué portait encore les séquelles des combats récents, mais son esprit était toujours alerte. À ses côtés, Seraphine était assise sur une plateforme de pierre noire, en train de tester la fluidité de ses mouvements. Son corps, autrefois ravagé par les cendres de LanceFort, était désormais totalement guéri.
L'ombre d'un sourire passa sur ses lèvres. La régénération des Doctors était un don du sang, un héritage indélébile. Mais ce n'était pas suffisant. Pas encore.
Vesper attendait. Il planifiait.
Un retour. Une vengeance.
Il s'assura que Seraphine était complètement rétablie. Il devait être sûr qu'elle serait prête pour ce qui allait suivre.
Puis...
Le silence fut brisé.
Une fumée épaisse s'éleva soudainement du sol, une fumée rouge, liquide, semblable à du sang en suspension, qui ondulait et tourbillonnait autour d'eux.
Le cœur de Vesper s'accéléra légèrement. Il savait ce que c'était.
La brume se condensa, prenant forme...
Des silhouettes.
Des figures imposantes et spectrales s'élevèrent dans l'air, vêtues de l'ombre de leur propre sang.
Les femmes de la famille apparurent au-dessus de Seraphine.
Les hommes, eux, se dressèrent au-dessus de Vesper.
La famille des Doctors.
Tous réunis, dans une danse spectrale où chaque goutte de leur existence passée imprégnait encore ce monde.
Vesper leva la tête. Son regard croisa celui de l'ombre imposante de Gascoigne.
Le patriarche. Le premier des Doctors.
Son regard d'ébène brilla sous l'éclat rouge de la brume, et sa voix, profonde et inébranlable, s'éleva dans la pénombre :
« Vesper... »
La silhouette flottait au-dessus de lui, dominant la pièce par sa simple présence.
« Tu es le dernier. Celui qui porte l'héritage de notre sang. Celui qui incarne désormais la volonté de notre famille. »
Vesper sentit ses poings se serrer.
Il l'avait toujours su.
Depuis qu'il avait vu son père, ses oncles et ses ancêtres tomber pour leur cause, se sacrifier pour la vision des Doctors.
Il était le dernier pilier de leur lignée.
Le nouveau père.
Gascoigne continua :
« À toi revient la tâche de nous honorer. De poursuivre ce que nous avons commencé. »
Vesper ferma lentement les yeux, acceptant le poids de cette déclaration.
Puis...
Une autre voix s'éleva.
Une voix féminine. Froide, mais maternelle.
Elara.
La mère des Doctors.
Sa silhouette s'inclina légèrement vers Seraphine, son regard perçant transperçant la chair et l'âme.
« Seraphine... »
L'intéressée releva la tête, son regard noir brillant d'une intense admiration et de respect.
« Toi aussi, tu as un rôle à jouer. »
La brume se fit plus dense autour d'elle, serrant son corps comme une étreinte viscérale.
« Tu es la nouvelle mère. »
Le cœur de Seraphine manqua un battement.
« Tu dois veiller sur notre lignée, protéger notre nom et lui faire honneur. »
Vesper et Seraphine.
Les héritiers des Doctors.
Le poids de ces mots était aussi écrasant que le sang dans leurs veines.
Un silence solennel s'installa.
Mais alors...
Quelque chose changea.
Dans la brume rouge, une nouvelle teinte s'ajouta.
Une lueur violette.
Vesper plissa les yeux.
Quelque chose n'allait pas.
La brume se mit à onduler de manière anormale, et des pulsations sombres et malsaines s'insinuèrent dans les silhouettes des Doctors.
Puis, la voix de Gascoigne reprit.
Mais... quelque chose sonnait différemment.
Sa tonalité était légèrement altérée. Modifiée.
« ... Vous devez retrouver et libérer Arcanis. »
L'espace sembla trembler un instant.
Seraphine ne remarqua rien.
Mais Vesper...
Vesper fronça les sourcils.
Il reconnut ce léger changement, ce frisson presque artificiel dans la voix de Gascoigne.
Mais il chassa ce doute aussi vite qu'il était venu.
C'était le souhait de son père.
Alors il obéirait.
Son regard rouge perça la brume rouge et violette, et il hocha lentement la tête.
« J'accepte. »
Seraphine fit de même, posant une main sur son cœur en signe de loyauté.
Alors, les silhouettes des Doctors commencèrent à disparaître.
Leurs regards restaient fixés sur leurs héritiers, comme pour s'assurer qu'ils marcheraient sur leurs traces.
Puis, lentement, la brume se dissipa...
Ne laissant derrière elle que le silence.
Dans l'ombre de la base des Doctors, Vesper et Seraphine se regardèrent.
Sans un mot.
Mais ils savaient.
Ils avaient une mission.
Et ils allaient la mener à bien.
Fin de la troisième partie. À suivre...
***
Région de Nekomori Chihō - Forêt d'Oboro, un sanctuaire perdu dans le nord-ouest.
L'air est imprégné d'un parfum envoûtant, une douce odeur de sève d'érable et de fleurs de cerisier. Les arbres, hauts et majestueux, sont d'un orange flamboyant, bordés de reflets dorés par la lumière du crépuscule.
Les feuilles dansent sous la brise légère, créant une mélodie apaisante, presque mystique. De temps à autre, des lucioles spirituelles flottent entre les branches, illuminant la forêt d'une lueur dorée, rendant l'endroit plus irréel.
Mais cette sérénité est brusquement brisée.
Une petite explosion retentit en plein cœur de la forêt, soulevant un nuage de poussière et de cendres. Des feuilles incandescentes virevoltent sous l'onde de choc, se mêlant à la fumée qui s'élève lentement dans le ciel.
Au centre du chaos, Lyria émerge du brasier, sa silhouette se détachant entre les flammes mourantes.
Sans attendre, elle fait tourner sa lance dans un mouvement précis, générant une bourrasque tranchante qui dissipe aussitôt la fumée autour d'elle. Son regard est vif, son souffle léger mais maîtrisé. Elle est prête à affronter ce qui vient.
D'un seul mouvement, les arbres en face d'elle se fendent en dizaines de morceaux, leurs troncs se disloquant en sections nettes, comme si une lame invisible les avait tranchés en un éclair.
Lorsque les morceaux d'arbres s'effondrent au sol dans un bruit sourd...
Elle apparaît.
Au milieu des troncs coupés, une femme aux cheveux noirs lisses et à la frange parfaitement taillée fixe Lyria d'un regard glacial. Ses yeux violets perçants semblent lire au plus profond de son âme, révélant une sagesse ancienne et une force maîtrisée.
Son kimono de combat noir épouse sa silhouette élancée, sa ceinture serrée avec précision, chaque pli de son vêtement trahissant un passé militaire.
Dans sa main droite, elle tient un katana noir, dont la lame, malgré son design épuré, dégage une menace mortelle.
Le silence s'installe. Le vent souffle doucement à travers la forêt ensanglantée par le crépuscule.
Lyria resserre sa prise sur sa lance, méfiante. Ses yeux restent rivés sur la nouvelle venue.
« Qui es-tu ?» demande-t-elle d'une voix ferme.
La mystérieuse guerrière esquisse un sourire à peine perceptible.
Puis, d'un ton assuré, implacable et royal, elle répond :
« L'Impératrice de Nekomori Chihō. »
Avant même que Lyria ne puisse réagir, la femme fond sur elle à une vitesse fulgurante, son katana brillant sous la lumière tamisée.
Lyria, les muscles tendus, se met en garde, prête à recevoir l'attaque imminente.
Écran noir.
4 637 lectures(actuellement où j'écris). Wow. Honnêtement, je ne m'attendais pas à un tel chiffre.
Quand j'ai commencé à écrire l'histoire de Dedem, c'était avant tout par attachement, pour construire un monde riche, des personnages complexes et une aventure épique qui puisse captiver ceux qui la lisent.
Merci à chacun d'entre vous pour votre soutien, votre engagement et vos retours. Chaque commentaire, chaque discussion autour des personnages, chaque théorie partagée me motive encore plus à continuer et à pousser l'histoire toujours plus loin.
Trois parties, trois évolutions.
Laquelle a été votre préférée ?Quels moments vous ont marqué le plus ?Quels personnages vous ont le plus touché ou surpris ?
Vos avis comptent énormément, et j'aimerais vraiment savoir ce que vous avez ressenti à travers cette aventure. Que ce soit les combats épiques, les dilemmes de Dedem, les révélations sur l'Équilibre ou encore les nouvelles factions, dites-moi tout !
Encore un immense merci, et ce n'est que le début. La Partie 4 arrive... et elle va changer tout ce que vous pensiez savoir sur Dedem et son destin.
Lâchez vos avis en commentaires, j'ai hâte de vous lire !
Je vous laisse avec un dialogue qui sera dans la Partie 4...
« Tu crois que tu as été choisi, Dedem ?»
« Non... tu n'as jamais été choisi. Tu as été créé.»
« Tu pense être l'équilibre... Mais que feras-tu quand tu comprendras que l'équilibre n'a jamais eu besoin de toi ?»
***
À très vite pour la suite !