Une nouvelle leçon

Après avoir terminé son délicieux déjeuner, Lith avait une heure de libre. Personne ne s'était approché de sa table, et cela le rendait très heureux.

Il tenait beaucoup à son espace personnel, sans parler du fait qu'il n'avait pas envie de perdre du temps à faire la conversation avec toute une bande d'enfants.

Malgré son apparence physique, l'esprit de Lith était celui d'un homme adulte, qui avait vécu près de quarante ans cumulant ses trois vies.

Exception faite d'être hormonal à cause de son corps d'adolescent et d'être accro à l'oxygène, il n'avait rien en commun avec ses camarades de classe.

De ce point de vue, l'isolement était une bénédiction déguisée. S'il ne parlait à personne, il était impossible pour quiconque de remarquer à quel point il était différent de ses pairs.

Lith et Solus avaient passé le temps du repas à discuter de l'absence temporaire des livres de classe de l'académie. Tous deux se plaignaient du fait que l'académie ne les mettrait à disposition qu'après le premier jour de cours, ce qu'ils considéraient comme injuste.

'C'est vraiment dommage.' dit Solus. 'Si on les avait, nous pourrions déjà les intégrer à la Soluspédia, en prenant des années-lumière d'avance sur les autres étudiants. Savoir instantané!'

'Ouais, mais je peux comprendre l'importance de cette règle. Les Spécialisations sont des cours exclusifs des six grandes académies.

'S'ils les distribuaient juste aux domiciles des étudiants avant le début de l'année, leur contenu serait accessible à tous les membres de la famille. Ce type de savoir ne peut être divulgué sans surveillance.' Lith pensait.

'Et qu'en est-il une fois que les étudiants ont l'opportunité de rentrer chez eux, à la fin du trimestre?' demanda Solus.

Lith haussa mentalement les épaules puis se leva de sa chaise, marchant en direction de sa chambre.

'À ce moment-là, ils ont déjà acquis le statut d'étudiants. Selon ce que Linjos nous a dit dans son bureau, ils sont à la fois protégés et sous surveillance. Je suppose que les livres ne peuvent pas quitter l'enceinte de l'académie.

'La seule chose que l'on peut emporter, ce sont ce qu'ils ont appris ou copié dans leur grimoire. Si vous aimez votre famille, vous ne les mettrez pas en danger en divulguant des secrets d'État qui pourraient leur coûter la vie, et la vôtre.

'Si vous les détestez, par contre, au moment où ils essaient de vous contraindre, il vous suffit de les dénoncer pour vous en débarrasser pour de bon. C'est une situation gagnant-gagnant.'

Une fois de retour dans sa chambre, Lith appela ses parents. Il était parti de la maison seulement sept heures plus tôt, pourtant l'enthousiasme avec lequel ils l'accueillirent donna l'impression qu'il avait disparu pendant des années.

'Mon petit bébé!' Elina était au bord des larmes. 'Est-ce qu'ils te traitent bien? Manges-tu correctement?'

'Oui, maman. Tout va bien.' Il mentit à pleines dents. 'Les Professeurs que j'ai rencontrés aujourd'hui étaient tous incroyables. Mes camarades de classe sont un peu coincés, mais jusqu'ici tout va bien. Sans parler de la nourriture. J'aimerais pouvoir t'en apporter, elle est juste merveilleuse.'

Contrairement à ses attentes, le temps passa vite et il dut quitter Tista à la hâte, après lui avoir donné un avis sur un de ses patients.

Toutes les activités liées à chaque année avaient lieu à leur propre étage.

Le problème était que chaque étage était tellement grand que se perdre ou faire un long détour était assez facile. Dans le cas de Lith, il avait mal calculé le temps dont il avait besoin pour atteindre la salle de classe.

Ce n'est que lorsqu'il entendit le gong retentissant qui annonçait le début des cours, qu'il réalisa combien de temps il avait passé à bavarder.

'Merde! La première chose que je vais réinventer dès que je deviens un Maître Forgeron, c'est une putain de montre-bracelet. Comment diable les gens font-ils pour suivre l'heure?'

Solus calcula que même s'il courait à sa destination, Lith n'arriverait pas à l'heure, donc il fut obligé de courir. Pour éviter de sentir mauvais en ce premier jour, il utilisa la magie de l'eau pour collecter la sueur dans sa paume dès qu'elle se formait, l'envoyant directement dans la dimension de poche de Solus.

Malgré tous ses efforts, il fut le dernier à arriver. Heureusement, le professeur responsable n'était pas encore là. Selon l'emploi du temps, Lith devait rencontrer le Professeur Marth, le même Marth qui avait créé la magie de la Résonance Sanguine.

C'était une excellente opportunité pour Lith d'attirer son attention, et peut-être, si l'occasion se présentait, de partager une partie de son savoir avec Marth. Avoir l'un des grands experts du Département de la Lumière comme soutien, ou encore mieux comme mentor, pourrait changer la donne.

'Reste cool, et essaie de ne pas sembler désespéré, vieux. ' pensa Lith.

'Nous avons toute une année devant nous, peut-être même deux. Je dois bien jouer mes cartes et maintenir ma note d'admission tout en améliorant mon statut. Je me fiche des amis et les autres étudiants sont inutiles.

'Les alliés, par contre, peuvent m'aider à protéger ma famille des gens comme le Duc Hestia et me fournir les ressources dont j'aurai besoin pour équiper mon propre laboratoire de Maître Forgeron. Je ne peux pas me permettre de perdre des années à accumuler de l'or, j'ai besoin de temps pour voyager et trouver la réponse à mon problème de résurrection.'

La salle de classe était beaucoup plus petite que celle pour les cours obligatoires. C'était une salle carrée, avec chaque côté de douze mètres (39 pieds). Devant le tableau noir, il y avait trois rangées de bureaux, séparés par de petits couloirs.

Elle pouvait accueillir confortablement jusqu'à cinquante étudiants, pourtant d'après Solus, ils n'étaient que vingt-six étudiants présents, Lith inclus. Il occupa la place la plus proche du tableau, s'asseyant près des autres étudiants.

Quand ils lui lancèrent un regard méchant, il sortit simplement le Bulletin, les forçant à se taire et à s'occuper de leurs affaires. Après ce qui s'était passé ce matin, ils n'osaient pas s'éloigner de lui.

Aussi parce que faire cela signifierait s'éloigner encore plus du tableau et du Professeur. Le sol était plat, ce qui rendait difficile de voir à travers toutes les têtes déjà devant eux.

L'homme qui entra dans la pièce se distinguait à sa manière. Il était assez petit, à peine plus de 1,55 mètres (5'1") de haut, et avait au moins soixante ans.

Le sommet de sa tête était complètement chauve, les cheveux qu'il lui restait sur les côtés étaient blancs comme neige, tout comme sa moustache cirée en guidon. Son ventre était si gros qu'il rendait difficile de deviner s'il était plus large que haut.

Cela, avec sa robe blanche immaculée, le faisait ressembler à un véritable Humpty Dumpty en chair et en os.

"Bonjour, chers étudiants. Je suis le Professeur Vastor, et je vais vous guider à travers vos premiers pas dans le cours de Maître guérisseur de la magie de la Lumière."

Tout le monde n'était pas aussi ignorant que Lith, la plupart d'entre eux savaient déjà à quoi ressemblait le Professeur Marth. Avant que le Professeur Vastor puisse terminer son introduction, la classe était remplie de gémissements attristés.

Son expression mécontente face à une telle réaction exprimait clairement sa colère face à ce manque flagrant de respect.

"Je suis très désolé de vous décevoir, mais comme vous auriez dû le prévoir, le Professeur Marth ne peut pas gaspiller son précieux temps avec des gens comme vous. Tout le département de recherche en magie de la lumière repose sur ses épaules, donc vous allez devoir vous contenter de moi.

"Les mots ne peuvent exprimer combien cela me chagrine de remarquer que même les paysans ont plus de manières que les nobles hautains et arrogants."

Il ne faisait pas référence qu'à Lith, mais à tous les étudiants qui, en raison de leur modeste origine, n'avaient pas réussi à le reconnaître et le regardaient avec admiration malgré son apparence amusante.

"J'ai de bonnes et de mauvaises nouvelles pour vous tous. La bonne nouvelle est que nous n'allons pas passer deux heures dans cette classe. Il me suffit de vous expliquer les différences entre les tier trois et quatre de la magie de guérison. Après cela, nous irons à l'hôpital de l'académie.

"Là, nous ferons quelques tours d'essai sur nos patients résidents, vous donnant ainsi la chance de rencontrer le Professeur Marth et le Professeur Manohar, si nous avons assez de chance."

La classe explosa en acclamations et en applaudissements.

'Qu'est-ce que c'est que ça ?' pensa Lith. 'Ils pensent qu'on est où, dans un stade ? Sur Terre, mes professeurs de fac les auraient écorchés vifs pour un tel comportement.'

Vastor avait une expression très terrienne à ce moment-là, ses mains tremblaient de rage, ses narines se dilataient à chaque respiration.

"La mauvaise nouvelle..." Il continua, les interrompant.

"...c'est que cela signifie que je vais commencer à vous évaluer tous dès le départ. Même les tours d'aujourd'hui nous aideront à tester vos compétences, séparant l'or des ordures qui brillent."

La pièce tomba dans un silence de mort, la plupart des étudiants du premier rang avaient perdu tout leur enthousiasme. Certains avaient des crampes d'estomac dues au stress, d'autres semblaient sur le point de vomir.

Ce n'était pas du tout comme ils s'étaient imaginé que serait leur premier jour de spécialisation.

Le Professeur Vastor était ravi du résultat de son discours, tortillant sa moustache avec un sourire sadique sur le visage.

"Ne perdons plus de temps. Je suis sûr que vous êtes impatients de cesser d'écouter mes bêtises et de devenir de vrais guérisseurs comme votre héros, le Professeur Marth."

'Mon dieu, je n'ai pas besoin de la magie de tier quatre pour diagnostiquer le Professeur Vastor avec un très mauvais cas de "syndrome de l'envie". Être si mesquin à son âge, c'est vraiment triste.' dit Solus.

'Ouais. Ça arrive quand on perd son trône face à quelqu'un de plus jeune et de plus talentueux. Je ressens la même chose.' répondit Lith, en pensant à la chance qu'avaient ses camarades de classe d'être nés avec des noyaux de mana cyan, sans avoir à travailler dur pendant des années pour atteindre ce niveau.

"D'abord, qui peut me dire quelles sont les limites principales des tier un à trois de la magie de la Lumière?"

Lith leva la main, mais tout le monde fit de même. Vastor en choisit un au hasard pour répondre.

"Toi, avec la tête de snob. N'hésite pas à partager avec la classe." dit-il en pointant une fille aux cheveux noirs mi-longs au premier rang.

"Professeur, en fait mon nom est..."

"Je m'en fiche." l'interrompit Vastor.

"Je m'attends à ce qu'au moins la moitié d'entre vous abandonne dans les six premiers mois. Je ne vais pas m'embêter à retenir vos noms."

La plupart des visages devinrent rouges de colère, tandis que Lith souriait intérieurement.

Comparé à la plupart des nobles qu'il avait rencontrés dans le passé, le Professeur Vastor était vraiment poli. Au moins, il ne faisait pas de distinction, il traitait tout le monde comme de la m*rde.