Dès que j'ai mis un pied dans cette maison, un puanteur envahit mes narines. Cette odeur, c'était la putréfaction. Cette fois, ce n'était pas une illusion créée par le parasite, mais bien la réalité, car je pouvais distinguer les corps de deux adultes – un homme et une femme – allongés sur un lit, se tenant la main. À leur chevet, une jeune fille aux cheveux roses, d'environ 12 ans, restait immobile. Devant moi se tenait un adolescent d'environ 14 ans, aux cheveux noirs. Il tenait un couteau de cuisine qu'il pointait dans ma direction.
Il ne fallait pas être un génie pour comprendre ce qui s'était passé. Leurs parents avaient traversé l'Éveil et avaient échoué, les laissant seuls au monde.
Ils me rappelaient mon enfance. Instinctivement, mon cœur se serra. Je ne pouvais pas l'expliquer avec des mots, mais je venais enfin de comprendre. La couleur noire au-dessus de leurs têtes représentait la haine qu'ils ressentaient. Je regarde le garçon.
"Hé, beau gosse, alors..."
À peine avait-je ouvert la bouche qu'il fonça sur moi, le couteau à la main, visant mon cœur. Mais je ne bougeai pas d'un millimètre.
Il me poignarda droit au cœur, mais ce fut lui qui hurla de douleur et trébucha.
Il était impossible qu'un simple humain puisse ne serait-ce qu'égratigner un Initié avec un couteau de cuisine.
Même s'il avait échoué, il ne cessait de me fixer. Je ne voyais que de la haine dans son regard. Peu importaient mes paroles ou mes actions envers eux, rien ne pourrait le changer. C'était trop tard. Il s'était laissé consommateur par la haine.
Je jetai un coup d'œil à sa sœur. Il n'y avait aucune lumière dans ses yeux, seulement du vide. Elle aussi était perdue à jamais.
Ils avaient tant de choses à haïr, mais si peu à aimer.
Ainsi, nous restâmes tous les trois silencieux, dans un mutisme pesant, mortel.
Le garçon continuait de me fixer, cherchant sûrement un moyen de m'abattre. La fille, elle, ne s'était pas retournée. Elle n'avait pas bougé, gardant sa position près du lit, comme si elle espérait qu'ils allaient se réveiller d'une seconde à l'autre.
Moi-même, je réfléchissais à un moyen de les aider, mais, pour la première fois, aucun mot ne me venait. Mon corps était figé, incapable de se décider.
C'était étrange. J'avais l'impression de ressentir leur douleur, leur haine, comme si nous étions reliés par un fil invisible.
Si seulement je pouvais les rassurer, faire disparaître ce noir flottant au-dessus de leurs têtes pour le remplacer par une couleur plus vive...
Oui, je devais au moins faire quelque chose. Si mes yeux ne discernent que distinguer les émotions sans me donner le pouvoir d'aider, alors à quoi m'avait-il servi de braver toutes ces épreuves ?
Ce n'était pas vain. Je refuseais d'accepter que ces enfants finissent comme moi et Sirius.
Je devais agir.
J'ouvris la bouche pour parler, mais elle était sèche. Je pris une grande inspiration, mais je n'étais pas dans un film où les mots suffisent à tout résoudre.
Je fis un pas. Le garçon réagit immédiatement, ramassa son couteau et, cette fois, visa ma tête, mais avant qu'il ne puisse m'atteindre...
Nos regards se croisèrent.
Je voulais que la couleur noire au-dessus de sa tête devienne blanche.
L'arc-en-ciel dans mes yeux disparut, ne laissant qu'un blanc pur. La seconde suivante, le noir qui flottait au-dessus du garçon s'effaça, remplacé par un blanc éclatant. Dès que le changement se manifeste, il s'écroula sur le sol et s'endormit.
Je m'approche pour vérifier son état et remarquai que sa respiration était apaisée, comme si toute sa haine avait disparu, ne laissant derrière elle qu'une paix intérieure.
Rassuré, j'avançais vers sa sœur, la prise doucement dans mes bras et lui murmurai à l'oreille :
"Vis... et sois heureuse, pour eux deux."
Au même instant, la couleur noire au-dessus de sa tête a disparu, remplacée par un éclat doré.
Elle acquiesça d'un léger sourire avant de sombrer dans le sommeil.
Je les dépose tous les deux sur un canapé dans une autre pièce.
Ensuite, je me chargeai des deux corps en les entrant dans un jardin à côté de la maison, puis m'occupe d'évacuer l'odeur restante. Ce n'est qu'après m'être assuré que cette maison était de nouvelle accueillante que je pris le temps de réfléchir à ce que je devais faire de ces enfants avant qu'ils ne se réveillent.
Mon intuition me disait de les prendre sous mon aile, mais je craignais aussi que, s'ils m'accompagnaient, ils ne pourraient plus jamais avoir une vie ordinaire.
Pourtant, je ne voulais pas les laisser seuls. C'était peut-être un simple caprice de ma part, mais j'ai cru nous voir, Sirius et moi, en eux.
Soupir.
Eh bien, je n'aurai qu'à me décider plus tard.
Dans l'immédiat, je dois trouver un moyen de me débarrasser de tous ces parasites.
J'ai ma petite idée sur comment m'y prendre maintenant que j'ai compris le véritable
pouvoir des soul's eyes.
Levier de rideau. Que la pièce commence.