La télévision grésille dans notre petite maison chaleureuse, projetant des ombres mouvantes sur les murs aux tons clairs. La voix du présentateur résonne, monocorde, annonçant une nouvelle tempête en formation au large.
« ... L'ouragan Isla, actuellement classé en tempête tropicale, pourrait se renforcer dans les prochaines heures. Les météorologues surveillent de près son évolution. Restez à l'écoute pour les prochaines mises à jour. »
Je suis affalée sur le canapé, le regard fixé sur l'écran, absorbée par les moindres détails. Le ventilateur tourne lentement, brassant un air humide, mais pas suffocant. La chaleur typique de la Louisiane a laissé place à une lourdeur plus inquiétante, signe que la tempête perturbe déjà l'atmosphère. Jack, mon conjoint et compagnon de route depuis plusieurs années, s'étire bruyamment avant de jeter un coup d'œil au téléviseur.
« Tu crois qu'on devrait s'inquiéter ? » demande-t-il en haussant un sourcil.
Je ne quitte pas l'écran des yeux. « Bien sûr qu'on devrait s'inquiéter. La pression atmosphérique chute plus vite que prévu et les vents ont déjà augmenté. Ce n'est pas juste une tempête tropicale banale. »
Jack lâche un soupir et prend une gorgée d'eau. « Riley... tu dis ça à chaque fois. À t'entendre, chaque ouragan va être celui du siècle. »
Je lui jette un regard de côté. « Parce que ce n'est pas normal qu'un ouragan change d'intensité aussi vite. Les prévisions sont instables, et ça, ce n'est jamais bon signe. »
Jack lève les mains en signe de reddition. « D'accord, madame la météorologue. Mais moi, je n'ai pas envie de stresser avant d'avoir une vraie raison. »
Je plisse les lèvres mais ne réponds pas. Il ne comprend pas. Pas comme moi. Je ressens ces choses-là, cette tension dans l'air, ce moment précis où tout commence à basculer. Je préfère prévoir le pire plutôt que d'être prise au dépourvu.
Jack se laisse retomber dans le canapé, reposant sa bouteille sur la table basse. « T'as jamais pensé à bosser pour la météo avec ton obsession pour les tempêtes ? »
« Tu rigoles ? Ils se trompent tout le temps. Je préfère encore vérifier les modèles satellites moi-même que d'écouter des types qui changent d'avis toutes les heures. »
Il secoue la tête avec un sourire en coin. « C'est fascinant de voir à quel point t'aimes ça... et flippant aussi. »
Je ne réponds pas, me contentant de fixer l'écran où la carte satellite montre l'évolution rapide du système. Je soupire avant de me lever. « Je vais me coucher. Tu peux rester à regarder la télé si tu veux, mais moi, je veux être reposée si on doit gérer un ouragan demain. »
Jack hausse un sourcil. « Si ton instinct a raison, on risque de ne pas beaucoup dormir dans les jours à venir. »
« Exactement. Bonne nuit. »
Il esquisse un sourire amusé. « Bonne nuit, Riley. Essaie de ne pas rêver d'ouragans. »
Je lui lance un regard faussement agacé avant de disparaître dans ma chambre. L'air y est légèrement plus frais, et le drap n'est pas encore imprégné d'humidité. Je me laisse tomber sur le lit avec un soupir de soulagement. Mes paupières s'alourdissent presque immédiatement, mais mon esprit refuse de s'apaiser.
Le matin s'installe lentement, accompagné d'une pluie fine qui crépite doucement sur le toit de la maison. Un bruit apaisant en apparence. J'ouvre les yeux en clignant plusieurs fois, la pénombre de la pièce m'indiquant que le soleil est à peine levé. Je tends l'oreille. Le vent souffle toujours, plus fort que la veille, et les arbres semblent chuchoter sous son emprise.
Je me lève, tirant légèrement le rideau. Le ciel est gris, chargé de nuages denses qui roulent lentement vers la ville. Les gouttes de pluie s'écrasent en fines vagues sur la vitre. Un frisson me parcourt.
Jack dort encore. Je peux entendre sa respiration régulière depuis notre chambre. Je sors du lit en essayant de ne pas faire de bruit et me dirige vers la cuisine pour allumer la cafetière. Le bourdonnement familier me rassure un instant, et l'odeur du café chaud envahit la pièce. C'est un matin calme, presque trop tranquille. Je m'installe à table, fixant distraitement mon téléphone en attendant que Jack me rejoigne.
Il apparaît quelques minutes plus tard, l'air encore endormi, traînant des pieds jusqu'à la cafetière. « T'es toujours debout la première, c'est flippant. »
Je souris en haussant les épaules. « Mauvaise habitude. »
Il s'assoit en face de moi, sa tasse entre les mains. Il prend une gorgée de café et grimace légèrement avant de poser la tasse sur la table.
« T'as prévu quoi aujourd'hui ? » demande-t-il en s'étirant.
« Rien de bien excitant. Je vais être enfermée toute la journée à trier des dossiers et répondre à des mails sans intérêt. » Je soupire. « J'aurais préféré rester à la maison avec ce temps. »
Jack esquisse un sourire amusé. « Ah oui, je te vois bien, emmitouflée dans un plaid avec ton ordi ouvert sur un site de suivis météo. »
Je lève les yeux au ciel. « Peut-être bien. Et toi ? »
Il s'appuie contre le dossier de sa chaise. « Je vais filer chez Mike. Il m'a demandé de l'aider à réparer un moteur. Avec ce temps, j'espère qu'il a encore du courant dans son garage. »
Je hausse un sourcil. « Il n'a toujours pas réglé ce problème d'alimentation ? »
« Nope. Mais tu connais Mike, il trouve toujours une excuse pour ne pas le faire. »
Je hoche la tête en souriant légèrement. Mike est du genre à repousser les choses jusqu'à ce que ce soit une urgence absolue. Rien d'étonnant. Le silence entre nous est confortable, ponctué seulement par le bruit de la pluie qui s'intensifie peu à peu contre la fenêtre.
« Tu penses vraiment que ça va devenir sérieux, cette tempête ? » demande Jack en soufflant sur son café.
Je hoche la tête. « Elle a déjà pris en intensité cette nuit. Si elle continue comme ça, on pourrait avoir quelques dégâts. »
« Hm. J'imagine qu'on devrait peut-être acheter deux/ trois trucs, juste au cas où. »
« Bonne idée. » Je lève mon téléphone pour lui montrer une notification. « Certaines stations-service commencent déjà à avoir des files d'attente. »
Jack grimace. « Génial. Ça commence. »
Après le petit déjeuner, nous nous préparons chacun de notre côté. Je laisse Jack prendre la douche en premier pendant que je prépare mon sac. L'eau résonne dans la tuyauterie tandis que la pluie, elle, se fait plus forte contre les fenêtres.
Quand vient mon tour, la salle de bain est encore imprégnée de vapeur. Je laisse couler l'eau chaude sur mes épaules, appréciant la chaleur qui contraste avec l'humidité extérieure. En sortant, Jack termine d'enfiler sa veste.
« Ça promet pour la journée... » marmonne-t-il en ouvrant la porte.
Je récupère mon imperméable et glisse mon téléphone dans ma poche. « Au moins, toi, tu ne restes pas enfermée dans un bureau toute la journée. »
Jack se penche légèrement et dépose un baiser rapide sur mes lèvres, un geste simple, presque machinal, mais qui réchauffe un peu l'ambiance pluvieuse. Nous échangeons un dernier regard avant de nous séparer.
J'arrive au bureau sous une pluie battante. Les gouttes d'eau tambourinent violemment sur le pare-brise de ma voiture, formant un voile d'eau qui rend la visibilité difficile. Les essuie-glaces luttent contre les averses, mais cela ne suffit pas à dégager une vue claire de la route. Lorsque je me gare devant le bâtiment, je prends une profonde inspiration, resserrant mon imperméable autour de moi avant de sortir précipitamment. L'eau s'infiltre immédiatement dans mes chaussures, et je me dépêche d'atteindre l'entrée, esquivant les flaques qui se forment sur le bitume.
À l'intérieur, l'air est nettement plus sec, mais l'ambiance semble plus fébrile que d'habitude. Les conversations flottent dans l'air, entre discussions sur le travail et échanges sur l'évolution de la tempête. Certains collègues secouent encore leurs parapluies dégoulinants près de l'entrée, tandis que d'autres fixent leurs écrans de téléphone, rafraîchissant les dernières mises à jour météo.
Lisa m'attrape presque aussitôt que je pose mon sac sur mon bureau. « T'as vu ? Isla est passée en catégorie 2 ce matin, et les autorités parlent déjà d'évacuation pour certaines zones côtières. »
Je retire mon imperméable, l'accrochant au dossier de ma chaise. « Oui, j'ai entendu. Mais honnêtement, les prévisions changent toutes les heures. On ne sait jamais vraiment. »
Lisa fronce les sourcils. « Ça commence à m'inquiéter. J'ai des amis qui vivent près de la côte, et ils sont en train de se demander s'ils doivent partir ou non. Tu crois qu'on va être touchés ? »
Je soupire et m'appuie contre mon bureau. « Difficile à dire. Ça dépend si la tempête change encore de trajectoire. Mais ce qui est sûr, c'est que les magasins vont bientôt être pris d'assaut. »
« Justement, je me disais qu'on pourrait aller chercher quelques provisions à midi. Avant que tout disparaisse. »
Je hoche la tête. « Bonne idée. Juste au cas où. »
À peine assise, mon regard se pose sur la grande baie vitrée du bureau. La pluie s'écrase en vagues continues contre les vitres, et au loin, les arbres se balancent sous les premières bourrasques.
La matinée s'étire lentement. Les appels s'enchaînent, les dossiers s'accumulent. Mais en arrière-plan, la tempête est toujours présente. Les écrans d'ordinateur affichent des fenêtres ouvertes sur les sites météo, et les chaînes d'information tournent en boucle sur l'évolution d'Isla.
À l'heure du déjeuner, Lisa et moi décidons de braver la pluie pour rejoindre un supermarché à quelques rues de là. L'ambiance est déjà plus tendue que ce matin. Dans les allées, certaines étagères sont presque vides : l'eau en bouteille, les conserves et les lampes torches ont disparu comme si une armée de fourmis s'était ruée dessus.
« Ça commence... » murmure Lisa en observant le chaos autour de nous.
Des clients pressés remplissent leurs caddies sans réfléchir, attrapant les derniers stocks de produits essentiels. Une femme se dispute avec un homme pour le dernier pack de piles, tandis qu'un employé tente désespérément de calmer la situation.
Je serre les dents. Ce n'est que le début.
Nous prenons quelques provisions avant de retourner au bureau. L'après-midi s'annonce tout aussi pesante. Chaque rafale de vent qui secoue le bâtiment me rappelle que la tempête se rapproche. Mon téléphone vibre à plusieurs reprises avec des notifications d'alerte météo, signalant des vents de plus en plus violents.
Vers 16h, un éclair illumine la pièce, suivi d'un grondement sourd. Lisa sursaute violemment, manquant de renverser son café. « Bordel, j'ai pas signé pour ça. »
Je lève les yeux vers la fenêtre, où le ciel est maintenant d'un gris presque opaque. « Juste un orage. Rien de dramatique. »
Mais même moi, je n'en suis pas convaincue. La météo semble se dégrader plus vite que prévu.
Le retour à la maison est un enfer. La pluie tombe en trombes, réduisant la visibilité sur la route. Les essuie-glaces battent un rythme frénétique contre le pare-brise, peinant à suivre l'intensité des averses. Certaines rues commencent à être inondées, et les voitures avancent au ralenti dans l'eau qui monte doucement sur les bas-côtés.
Le bruit de la pluie sur le toit de la voiture est assourdissant, rendant le trajet presque oppressant. Je resserre mes doigts sur le volant, essayant de garder mon calme alors que les rafales secouent légèrement le véhicule.
Lorsque j'arrive enfin à la maison, je suis trempée malgré mon imperméable. Je claque la porte derrière moi, soulagée d'être au sec. Jack est déjà là, une bière à la main, installé sur le canapé avec la télévision allumée sur une chaîne d'information.
« T'as vu le temps dehors ? C'est pas normal, » dis-je en retirant mes chaussures détrempées.
Il lève un sourcil, posant sa bière sur la table basse. « T'inquiètes, on a connu pire. On fera les courses demain si ça empire. »
Je soupire, jetant un regard inquiet par la fenêtre. Isla n'a pas dit son dernier mot.
Jack se lève du canapé et s'étire en grognant légèrement. « Allez, file prendre une douche, je vais préparer à manger. »
Je hoche la tête sans protester. Une douche chaude après cette journée pluvieuse est exactement ce dont j'ai besoin. En traversant le couloir, j'entends déjà Jack fouiller dans les placards de la cuisine, probablement en quête d'une idée pour le dîner.
L'eau chaude coule sur mes épaules, chassant l'humidité et la tension accumulées au fil de la journée. J'appuie mes paumes contre le carrelage froid, profitant du simple plaisir de sentir la chaleur détendre mes muscles fatigués. Le bruit de la pluie martelant la toiture se mêle au ruissellement de l'eau, créant une mélodie apaisante malgré la tempête imminente.
Quand je ressors de la salle de bain, enveloppée dans un grand t-shirt confortable, l'odeur alléchante du repas flotte déjà dans la maison. Je rejoins Jack dans la cuisine, où il est en train de dresser deux assiettes sur la table.
« T'as fait quoi ? » je demande en m'asseyant.
Il me tend une fourchette. « Rien d'extraordinaire, des pâtes et une sauce maison. Faudrait peut-être qu'on fasse un vrai plein de courses demain si jamais on est coincés ici pour quelques jours. »
Je hoche la tête en attrapant mon verre d'eau. « C'est ce que je me disais aussi. Lisa m'a parlé des magasins qui commencent à se vider, on ferait mieux d'y aller avant que ça devienne la cohue. »
Jack prend une bouchée, puis me lance un regard en coin. « Tu t'inquiètes toujours autant ? »
Je repose ma fourchette et croise les bras. « Tu veux que je sois détendue alors qu'un ouragan gagne en intensité et qu'on est peut-être en plein dans sa trajectoire ? »
Il hausse un sourcil en sirotant sa bière. « Peut-être pas détendue, mais au moins rationnelle. On verra demain où ça en est avant de paniquer. »
Un soupir m'échappe. C'est toujours la même chose entre nous. Jack est du genre à attendre de voir avant de réagir, alors que moi, je préfère anticiper. Ce n'est pas la première tempête que nous traversons, mais celle-ci me donne un mauvais pressentiment.
« Bon, assez parlé de météo. » Il pointe ma fourchette du menton. « Mange avant que ce soit froid. »
Je laisse passer quelques secondes avant de céder, attrapant une nouvelle bouchée de pâtes. Le repas se poursuit dans une atmosphère paisible. Jack repose sa fourchette et me regarde avec un sourire en coin. « Alors, ta journée au bureau, c'était comment ? »
Je pousse un soupir, m'appuyant contre le dossier de ma chaise. « Longue. Beaucoup trop de mails inutiles et des réunions qui auraient pu être un simple message. »
Jack ricane. « Classique. »
Je hausse un sourcil. « Mais le plus fun, c'était quand Lisa et moi sommes allées au supermarché. Une femme et un type se sont disputés pour le dernier pack de piles. J'ai cru qu'ils allaient en venir aux mains. »
Jack éclate de rire. « Sérieux ? Pour des piles ? »
« Ouais. Comme si c'était une question de vie ou de mort. » Je prends une bouchée de pâtes avant de poursuivre. « L'ambiance était vraiment étrange. Certains remplissaient leurs caddies comme s'ils préparaient la fin du monde, d'autres semblaient ne pas s'en soucier du tout. »
Jack hoche la tête en prenant une gorgée de bière. « Les gens réagissent toujours bizarrement face aux tempêtes. Soit ils paniquent trop tôt, soit ils attendent que ce soit trop tard. »
Je roule des yeux. « C'est bien pour ça que je veux anticiper. »
Il lève les mains en signe de reddition. « D'accord, d'accord. Et à part ça ? »
Je soupire. « Rien d'excitant. Lisa était collée à son téléphone à rafraîchir la météo toutes les dix minutes, Matt prétendait qu'on s'inquiète pour rien... et moi, j'essayais juste de survivre à l'ennui. »
« T'es quand même pas allée actualiser les satellites météo entre deux mails ? » plaisante Jack.
Je lui lance un regard faussement vexé. « Je suis peut-être accro aux tempêtes, mais pas à ce point là. »
Jack secoue la tête, amusé. « J'ai bossé toute la journée sur la bagnole de Mike. Une horreur. Il repousse toujours les réparations, et là, il se retrouve avec un moteur qui menace de lâcher. On a passé des heures dessus et je suis même pas sûr qu'on ait réglé le problème. »
« Tu veux dire qu'il va encore repousser ça et te rappeler dans une semaine ? »
« Exactement. »
Je souris en terminant mon assiette. « Alors, en résumé, toi, t'as galéré avec un moteur, et moi, j'ai survécu à une guerre pour des piles. »
« Et on se retrouve ici à manger des pâtes en espérant que l'ouragan nous fiche la paix. »
Je lève mon verre d'eau. « À notre vie palpitante. »
Jack trinque avec sa bouteille, un sourire amusé aux lèvres. « À notre vie palpitante. » Pendant un instant, on oublie presque la tempête qui gronde dehors.
Quand on termine de manger, Jack débarrasse les assiettes pendant que je m'affale sur le canapé, le ventre plein et l'esprit légèrement apaisé. Il revient quelques minutes plus tard avec deux tasses de café noir fumant, connaissant parfaitement mon addiction à la caféine. Il pose l'une devant moi sans un mot, l'odeur réconfortante envahissant immédiatement l'espace.
Je souris en attrapant la tasse. « Merci. »
« T'inquiète, je sais comment gérer une copine stressée. » Il s'installe à côté de moi et tend les jambes sur la table basse. « Alors, on regarde un truc ou tu veux encore actualiser ton appli météo toutes les deux minutes ? »
Je lève les yeux au ciel, mais un sourire étire mes lèvres. « Très drôle. »
On finit par mettre un film sans trop y prêter attention, profitant simplement du calme de la soirée. À l'extérieur, la pluie continue de tomber, rythmée par le grondement lointain du tonnerre.
Après une heure de film, mes paupières commencent à s'alourdir. Jack remarque mon bâillement et ricane. « Je croyais que la caféine te rendait insensible à la fatigue ? »
Je roule des yeux. « Je crois que même le café ne peut rien contre cette journée. »
Il s'étire en éteignant la télévision. « Allez, on va se coucher. Demain, on aura peut-être une vraie journée de tempête à gérer. »
Je me lève en traînant les pieds, posant ma tasse vide sur la table basse. Avant d'aller dans notre chambre, je jette un dernier regard par la fenêtre. La pluie tombe en rideaux denses, les lampadaires projetant des halos tremblants à travers l'eau. L'ombre des arbres se tord sous les rafales qui gagnent en intensité.
Jack s'installe rapidement sous les draps pendant que je me change et attache mes cheveux. Lorsque je me glisse à mon tour sous la couverture, l'air est tiède et familier. Il se tourne légèrement vers moi, la voix assourdie par l'obscurité.
« Essaie de dormir, Riley. On avisera demain matin. » Il se penche légèrement et dépose un baiser rapide sur mon front, un geste simple mais réconfortant.
Je hoche la tête, même si je sais que le sommeil ne viendra pas tout de suite. Mon esprit reste en alerte, attentif au moindre bruit extérieur. Le vent souffle plus fort maintenant, faisant vibrer légèrement la fenêtre. Je fixe le plafond, comptant les secondes entre chaque coup de tonnerre.
Finalement, la fatigue l'emporte et mes pensées se dissolvent lentement dans un sommeil agité, bercé par le son de la tempête qui approche inexorablement.
À l'extérieur, le vent hurle maintenant à travers les interstices des fenêtres, sifflant comme une plainte lointaine. La pluie frappe la toiture avec une intensité croissante, transformant la nuit en une symphonie oppressante de gouttes et de rafales. L'obscurité semble plus lourde, plus pesante, comme si l'ombre de l'ouragan s'infiltrait déjà à l'intérieur de la maison.
Dans mon demi-sommeil, je perçois vaguement une rafale plus forte que les autres, faisant vibrer la vitre dans un grondement sourd. Mon cœur accélère un instant, mais le poids du sommeil m'empêche d'émerger totalement. Juste avant de sombrer complètement, une pensée fugace me traverse l'esprit : demain, tout pourrait être différent.