Course contre la tempête

Le bruit du vent siffle contre les fenêtres, s'insinuant à travers les moindres interstices de la maison. Un grondement lointain, à peine perceptible, roule dans le ciel, annonçant une nouvelle journée placée sous le signe de la tempête.

Je sors lentement du sommeil, la conscience engourdie par un malaise indéfinissable. Quelque chose ne va pas. Je le sens avant même d'ouvrir les yeux. La pression dans l'air est différente, plus lourde, comme si l'atmosphère elle-même retenait son souffle.

Je me redresse et tends l'oreille. Le son de la pluie est plus intense qu'hier soir, martelant la toiture avec une régularité oppressante. Le vent est monté d'un cran. On n'entend plus le simple bruissement des arbres ; à présent, ce sont des rafales plus violentes qui font grincer les branches et s'écraser les gouttes d'eau contre les vitres.

Mon regard glisse vers le réveil digital posé sur ma table de chevet. 6h42. Jack est encore profondément endormi, tourné sur le côté, une main sous l'oreiller. Je l'observe une seconde, profitant de cette illusion de calme avant de repousser les draps et de me lever.

Le parquet est froid sous mes pieds alors que je traverse la chambre pour aller tirer les rideaux. Dehors, le ciel est un mur de nuages sombres, presque noirs, roulant lentement au-dessus de la ville. L'habituelle lumière jaune du matin est absente, remplacée par une clarté grise et pesante qui donne l'impression que le jour ne s'est jamais vraiment levé.

Je descends à la cuisine, allumant la cafetière d'un geste mécanique. L'odeur familière du café emplit bientôt la pièce, contrastant avec l'ambiance inquiétante de l'extérieur. J'attrape mon téléphone posé sur le comptoir et déverrouille l'écran d'un geste machinal. Plusieurs notifications clignotent déjà. Des alertes météo. Des messages de Lisa.

Je fronce les sourcils en lisant les derniers bulletins.

ISLA EST MAINTENANT UNE CATÉGORIE 4.

Un frisson me parcourt l'échine. Isla était encore en catégorie 2 hier soir. Ce n'est pas une simple montée en intensité, c'est une explosion de puissance en l'espace de quelques heures. Je parcours rapidement les prévisions mises à jour : des vents dépassant les 200 km/h, une trajectoire qui s'infléchit légèrement vers l'ouest, et surtout, une annonce claire des autorités :

ÉVACUATION OBLIGATOIRE POUR LES ZONES À RISQUE.

Je repose mon téléphone et me frotte le visage d'une main. Ce n'est plus une simple tempête. C'est un monstre en train de se déchaîner.

Des bruits de pas derrière moi annoncent l'arrivée de Jack. Il s'étire en baillant avant de se servir une tasse de café. « Il est pas encore sept heures et t'as déjà l'air d'avoir vu un fantôme. »

Je lui tends mon téléphone sans un mot. Il le prend, scanne rapidement l'écran, puis lève un sourcil en me regardant. « Catégorie 4 ? »

Je hoche la tête. « Et ils annoncent des évacuations obligatoires. »

Jack souffle, posant sa tasse sur le comptoir. « Merde. »

Un silence tendu s'installe entre nous, juste troublé par le bourdonnement de la cafetière. Je croise les bras, cherchant mes mots. « On doit partir. »

Il me jette un regard hésitant. « Tu crois ? »

« Écoute-moi bien. On n'est pas dans une zone côtière, mais si la tempête monte encore d'un cran, il sera trop tard. »

Il se passe une main dans les cheveux, réfléchissant quelques secondes avant d'acquiescer lentement. « On devrait aller chez Grace, » dis-je en attrapant mon téléphone. « C'est notre meilleure option. Baton Rouge va être trop risqué si ça continue d'empirer. »

Un soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres. C'est décidé. On ne va pas attendre de voir ce qu'il se passe. On part avant que la situation ne devienne ingérable.

Jack repose sa tasse et recule d'un pas. « Ok. On prend quoi ? »

Mon cerveau passe immédiatement en mode urgence. « Le strict nécessaire. Vêtements, papiers importants, chargeurs, de quoi manger sur la route. Si on doit rouler plusieurs heures sous la pluie, autant être préparés. »

Il hoche la tête. « Et les provisions qu'on a ? »

Je grimace. « On laisse. Si on est coincés ici, elles nous sauveraient peut-être, mais si Isla frappe fort, mieux vaut ne pas rester enfermés. »

Jack n'ajoute rien, mais avant de commencer à préparer nos affaires, j'attrape mon téléphone et compose rapidement le numéro de ma sœur. Après trois tonalités, elle décroche.

« Riley ? T'es déjà debout ? »

« Tu as vu les nouvelles ? »

Il y a un silence, puis un soupir. « Oui. Ça devient sérieux. »

« On pense venir chez toi. C'est plus sûr que de rester ici. »

« Bonne idée. Je vais prévenir Mia et voir si on peut dégager un peu de place. »

« Merci, Grace. Je te tiens au courant dès qu'on prend la route. »

Jack m'observe alors que je raccroche et enchaîne immédiatement avec un autre appel. Cette fois, c'est ma mère qui répond.

« Riley ? Tout va bien ? »

« Oui, maman. Juste... Isla est passée en catégorie 4. »

« On a vu ça aux infos. On s'inquiétait justement. Vous allez partir ? »

« Oui, on va chez Grace. Vous, ça va de votre côté ? »

« Ici, rien à signaler. Mais fais-moi plaisir, tiens-nous au courant, d'accord ? »

« Promis. »

Jack, de son côté, est en train d'envoyer un message rapide à ses parents. Nous savons tous les deux qu'ils ne seront pas directement concernés par l'ouragan, mais ça reste une précaution à prendre.

Nous nous mettons immédiatement en action. Je monte récupérer mon sac pendant qu'il prépare une trousse de secours et quelques bouteilles d'eau. En une quinzaine de minutes, nous avons tout rassemblé.

Mais en sortant de la chambre, un bruit extérieur me stoppe net.

Un claquement sourd, presque métallique, résonne au loin. Suivi d'un autre. Puis un troisième.

Je m'approche de la fenêtre du salon, mon cœur battant un peu plus vite.

Dehors, le vent a doublé de force. Des bourrasques déchaînées font danser les arbres comme des pantins désarticulés. Une poubelle renversée roule sur la route, percutant une voiture garée. Plus loin, un panneau publicitaire vacille dangereusement sous la pression du vent.

Je serre les dents. On doit vraiment partir. Et vite.

Jack revient de la cuisine, un sac sur l'épaule, prêt à partir. Mais en voyant mon expression figée devant la fenêtre, il s'arrête. « Qu'est-ce qu'il y a ? »

Je secoue la tête et détourne le regard. « Rien... Juste que le vent se lève encore plus. Ça devient dangereux. »

Il jette un coup d'œil dehors et lâche un sifflement. « Merde. Bon, allons-y. »

Nous attrapons nos sacs et nous dirigeons vers la porte d'entrée. Mais à peine ai-je tourné la poignée qu'une rafale violente secoue la maison. La pluie s'engouffre sous l'auvent, projetant des gouttes froides à l'intérieur. La puissance du vent est terrifiante.

Jack referme brusquement la porte et me lance un regard inquiet. « On va quand même tenter le coup ? »

Je hoche la tête, résolue. « On doit. »

Nous nous précipitons vers la voiture, Jack tenant fermement son sac contre lui pendant que je serre le mien sous mon bras. La pluie est glaciale, s'infiltrant immédiatement dans nos vêtements. En atteignant la voiture, mes doigts tremblants peinent à insérer la clé dans la serrure.

Lorsque le moteur rugit enfin à la vie, un éclair illumine le ciel, suivi d'un grondement assourdissant. Jack serre le volant et prend une grande inspiration. « Allez, on y va. »

La voiture s'engage lentement dans la rue déjà partiellement inondée. L'eau monte sur les bas-côtés, et je distingue des voisins s'affairer devant leurs maisons, certains chargeant leurs coffres, d'autres hésitant encore sur la marche à suivre.

Mais en arrivant à l'axe principal, l'ampleur de la situation nous frappe de plein fouet. Les routes sont totalement saturées. Des files de voitures s'étendent à perte de vue, pare-chocs contre pare-chocs, figées sous la pluie battante. Klaxons, phares allumés, tensions évidentes. Certains conducteurs sont déjà sortis de leur véhicule, parlant avec agitation. L'air est chargé d'une tension palpable, les visages crispés par l'inquiétude et l'impatience. Une dispute éclate à quelques mètres de nous, attirant mon regard. Deux hommes se hurlent dessus à travers les fenêtres ouvertes de leurs voitures. L'un d'eux, un type à la quarantaine, les cheveux plaqués par la pluie, claque violemment son poing contre le capot de l'autre véhicule.

« Bouge ta putain de caisse ! Tout le monde veut avancer ! »

« Et tu veux que j'aille où, connard ?! » rétorque l'autre, un jeune homme à la casquette trempée, qui sort brusquement de son véhicule.

Le ton monte encore. Les klaxons s'ajoutent au tumulte. Un troisième conducteur tente d'intervenir, mais la nervosité ambiante est incontrôlable. Le quadragénaire finit par attraper l'autre par le col, le repoussant violemment contre sa portière. Une femme hurle quelque part dans la file de voitures. La pluie continue de tomber sans relâche, frappant les capots avec une intensité assourdissante.

Jack tape du poing sur le volant. « C'est une putain de blague ?! »

Je sens mon estomac se nouer. « C'était prévisible... Tout le monde a eu la même idée. »

Jack serre le volant, le regard sombre. « C'est en train de partir en vrille... »

Je sens un frisson me parcourir malgré la chaleur étouffante à l'intérieur de la voiture. Ce n'est plus juste un bouchon, c'est une poudrière sur le point d'exploser. Je jette un regard anxieux autour de nous, mes doigts crispés sur mes genoux. Une femme, visiblement paniquée, tente de calmer un enfant qui pleure à l'arrière de son véhicule. Plus loin, un homme frappe nerveusement son volant en criant des insultes que je n'entends pas à travers la vitre. Tout le monde est à bout.

Je déglutis difficilement. « Ça pourrait mal tourner. Si les gens commencent à se battre, ça va devenir encore plus dangereux que la tempête elle-même. »

Il jure entre ses dents et jette un regard aux alentours. « On fait quoi ? On attend ? »

Je secoue vivement la tête. « On va rester bloqués ici pendant des heures si on fait ça. Peut-être même qu'on n'avancera jamais. »

Le vent secoue la voiture, et je vois au loin un panneau publicitaire s'effondrer avec fracas sur le trottoir. Ma gorge se serre.

« On ne peut pas partir comme ça... » souffle Jack.

Je tourne la tête vers lui, mon esprit en ébullition. « Il nous faut un plan B. Et vite. »

Jack tambourine nerveusement ses doigts sur le volant, son regard balayant les alentours. « Ok, réfléchissons. Si les routes sont bloquées, on ne peut pas rejoindre Lafayette en voiture. On a quoi d'autre comme option ? »

Je passe une main tremblante dans mes cheveux humides. La pluie s'écrase contre le pare-brise avec une telle force que les essuie-glaces ont du mal à suivre. Mon esprit tourne à toute vitesse.

« Les bus d'évacuation ? » propose Jack.

Je secoue la tête. « Avec un ouragan de catégorie 4, ils doivent être pleins depuis longtemps. Et même s'il en restait, on mettrait des heures à les atteindre avec ce chaos. »

Jack serre les dents. « Alors on fait quoi ? On retourne à la maison ? »

L'idée me traverse l'esprit une seconde. Mais rester ici signifie risquer de se retrouver piégés sans électricité, sans eau potable, avec un vent capable d'arracher les toits. Non. On doit partir.

« Les voies secondaires. »

Jack tourne la tête vers moi, un sourcil levé. « Tu veux qu'on évite les grandes routes ? »

« Exactement. On peut essayer les petites routes de campagne, contourner la ville. C'est risqué, mais si on ne trouve pas une solution maintenant, on va se retrouver coincés ici pour de bon. »

Jack réfléchit une seconde, observant le flot de voitures à l'arrêt devant nous. L'idée de faire demi-tour et d'emprunter un chemin plus incertain ne l'enchante pas, mais il sait aussi bien que moi qu'attendre ici n'est pas une option.

Il inspire profondément. « D'accord. On tente le coup. Mais si on se retrouve coincés sur une route inondée, ça sera encore pire. »

« Je sais. »

Jack enclenche la marche arrière, jetant un coup d'œil dans le rétroviseur avant de s'éloigner du flot de voitures. Une fois sur une rue plus dégagée, il accélère légèrement, évitant les flaques d'eau qui commencent à s'accumuler.

La ville est méconnaissable. Les rues sont désertes, les rideaux de fer des commerces déjà abaissés, et le vent arrache des pancartes, projetant des débris çà et là. Je garde les yeux rivés sur le GPS, cherchant la meilleure route à emprunter.

« Si on suit cette route pendant quelques kilomètres, on peut rejoindre une départementale qui mène à Lafayette, » dis-je en pointant l'écran. « Ça nous fera éviter les grands axes. »

Jack hoche la tête, mais son visage est tendu. « Espérons juste que personne d'autre n'a eu la même idée. »

Cela fait des heures que nous roulons, essayant de contourner les bouchons, d'éviter les routes bloquées, mais rien ne semble fonctionner. Le ciel, déjà sombre depuis le matin, commence à s'obscurcir davantage. Il n'est pas encore tard, mais entre la pluie qui s'intensifie et les nuages épais, il devient difficile de distinguer l'heure exacte.

Les premières minutes sur cette route secondaire se passent sans encombre, mais rapidement, la route devient plus difficile. La pluie s'intensifie encore, transformant l'asphalte en une nappe réfléchissante où l'eau s'accumule en larges flaques. Jack serre le volant, concentré sur la route glissante.

« On va devoir ralentir, » murmure-t-il. « Si on prend trop de vitesse, on risque de perdre le contrôle. »

J'acquiesce en silence, le regard rivé sur le pare-brise strié par l'eau. La visibilité est réduite à quelques mètres devant nous. Les phares illuminent une succession d'ombres mouvantes—arbres secoués par le vent, panneaux de signalisation vacillants, branches tombées au sol.

Puis, au détour d'un virage, je repère un problème bien plus grand.

« Jack ! »

Devant nous, une section de la route est complètement inondée. L'eau s'est engouffrée sur l'asphalte, formant un véritable bassin qui semble s'étendre loin devant. Je n'ai aucune idée de la profondeur, mais une voiture abandonnée sur le côté me donne une indication : elle est à moitié immergée.

Jack jure et ralentit jusqu'à s'arrêter. « On ne peut pas passer par là. »

Je regarde autour de nous, mais les options sont limitées. Derrière, la route est encore praticable, mais revenir en arrière nous ramènerait à Baton Rouge et à ses routes saturées.

« On tente un autre chemin ? » propose Jack.

Je consulte rapidement le GPS, mais les routes secondaires sont rares dans cette zone. Et surtout, rien ne garantit qu'elles soient praticables.

« Il y a un sentier plus loin, un genre de chemin rural qui coupe à travers la forêt et rejoint une route un peu plus au nord. »

Jack arque un sourcil. « Un chemin rural, en pleine tempête ? »

« C'est soit ça, soit on attend ici que l'eau monte encore plus. »

Il n'a pas besoin de plus d'arguments. Il fait demi-tour et emprunte une petite route latérale, étroite et sinueuse. Le revêtement est irrégulier, et déjà, la boue commence à rendre la conduite plus difficile.

Nous avançons lentement, chaque virage nous rapprochant de l'inconnu. Mais au bout de quelques minutes, un bruit sourd résonne devant nous.

Un arbre.

Un énorme chêne déraciné bloque entièrement le passage.

Jack siffle entre ses dents. « Tu te fous de moi... »

Je serre les poings. « Il n'y a pas d'autre route. On va devoir laisser la voiture. »

Il tourne la tête vers moi, hésitant. La pluie tambourine contre la carrosserie, le vent fait tanguer le véhicule légèrement. On sait tous les deux ce que ça signifie : continuer à pied, sous la tempête.

« On prend juste le strict nécessaire et on y va, » dis-je d'un ton ferme.

Jack ne proteste pas. Il pince les lèvres, les mâchoires crispées sous la tension, puis laisse échapper un profond soupir avant de couper le moteur. Nous restons là un instant, le bruit de la pluie martelant la voiture couvrant presque nos pensées. Il tape du poing sur le volant avant de me regarder. « On ne peut pas rester ici, mais on ne peut pas partir comme ça non plus. »

Je serre les dents, observant l'obscurité autour de nous. L'eau continue de s'accumuler sur la route, les rafales secouent violemment les arbres qui bordent le chemin. Nous ne sommes pas encore totalement coincés, mais nous sommes à un pas de l'être.

« On doit attendre une accalmie. Peut-être que si la tempête ralentit un peu, on pourra dégager un passage. »

Jack passe une main trempée dans ses cheveux, réfléchissant. « Ou alors on trouve un endroit où se réfugier pour la nuit. Parce que là, on ne pourra pas continuer très longtemps comme ça. »

Une panne de courant survient soudain, plongeant les environs dans une obscurité encore plus oppressante. Les seules lumières qui subsistent sont celles des éclairs qui zèbrent le ciel à intervalles irréguliers.

Un frisson me parcourt l'échine. Nous ne sommes pas encore arrivés, et déjà, je me demande si nous y arriverons seulement.

Je prends une profonde inspiration et balaie les alentours du regard. Il nous faut un endroit où nous abriter, au moins jusqu'à ce que la tempête perde un peu en intensité. « On ne peut pas rester là. Il doit bien y avoir une grange, un garage ou un bâtiment abandonné quelque part... »

Jack acquiesce lentement. « Je vais regarder sur le GPS s'il y a un endroit proche. Peut-être une station-service, un entrepôt... n'importe quoi qui puisse tenir face au vent. »

Je scrute la route devant nous, mais l'obscurité et la pluie rendent toute visibilité quasi nulle. Nos phares projettent un cône de lumière tremblant sur l'asphalte détrempé, révélant des silhouettes indistinctes au loin. Des arbres couchés par le vent, des poteaux électriques penchés dangereusement.

Jack finit par pointer un endroit sur l'écran. « Il y a un vieux centre commercial désaffecté à quelques kilomètres d'ici. Il ne doit plus avoir d'électricité, mais les murs tiendront. »

Je hoche la tête. « Alors on tente ça. Mais il va falloir être rapides, on ne sait pas combien de temps on a avant que la situation empire encore. »

Jack redémarre le moteur et nous reprenons la route, avançant prudemment dans ce chaos grandissant, espérant que notre abri tiendra jusqu'au matin.

Je balaie les alentours du regard, tentant de discerner quelque chose à travers la pluie battante. Chaque rafale semble redoubler d'intensité, secouant violemment les arbres et envoyant des rafales d'eau contre la voiture. Nous avons besoin d'un abri, et vite.

Un éclair déchire le ciel, illuminant brièvement l'horizon. Dans cette fraction de seconde, une silhouette massive se détache à travers la pluie battante. Un bâtiment, partiellement caché par des arbres secoués par le vent, semble encore tenir debout.

Jack plisse les yeux en scrutant l'obscurité. « Là-bas. On dirait une structure en béton, peut-être un vieil entrepôt ou une station-service. Si ça tient encore debout, on pourra au moins s'abriter quelques heures. »

Je hoche la tête, la décision prise. Peu importe l'état du bâtiment, c'est notre seule option viable. « On y va. »

Jack redémarre la voiture et avance prudemment, évitant les plus grosses flaques d'eau qui transforment la route en une étendue incertaine. Chaque coup de vent fait trembler la carrosserie, nous rappelant que nous sommes encore loin d'être en sécurité. Nous ignorons encore si cet endroit sera un vrai refuge ou un piège, mais pour l'instant, c'est notre seule option.

Je jette un coup d'œil à l'horloge du tableau de bord. Il est presque dix-huit heures. L'après-midi nous a filé entre les doigts dans cette course contre la montre, et maintenant, la nuit approche. Si nous devons abandonner la voiture, nous le ferons dans l'obscurité, sous un ciel déchaîné.

Je jette un coup d'œil à l'horloge du tableau de bord. Il est presque dix-huit heures. La journée a filé sans que nous ayons eu le temps de souffler, chaque décision dictée par l'urgence. La nuit tombe rapidement, et avec elle, la tempête ne cesse de gagner en intensité.

J'inspire profondément, resserrant mes doigts sur mes genoux. Nous avons un plan, un endroit où aller. Peut-être que nous pourrons encore avancer un peu avant que la situation ne devienne ingérable. Peut-être que ce bâtiment tiendra suffisamment longtemps pour nous offrir un répit.

Jack garde les mains crispées sur le volant, la mâchoire tendue. « On y est presque. Il faut juste espérer que la route tienne encore un peu. »

Je détourne mon regard vers l'horizon, là où la pluie et l'obscurité engloutissent tout. Nous n'avons plus qu'une seule option : avancer, coûte que coûte. Derrière nous, il n'y a plus de retour possible.