Pendant que Feng Lin se dirigeait vers la ville.
Le soleil venait juste de se lever, projetant une lumière douce et dorée sur le clan Zhao. Le matin semblait paisible, trop paisible, avec seulement le bruissement des feuilles et le chant lointain des oiseaux pour briser le silence. Dans une petite pièce à l'arrière de la résidence principale, Zhou Han était penché sur une pile de documents, sa concentration entière absorbée par la tâche.
Li Mei était assise près de lui, feuilletant un rouleau de parchemin et notant des informations sur une autre feuille. Ils avaient été assignés à une mission de comptabilité pour la journée, un travail sans grande importance, mais nécessaire pour le clan. La routine du matin n'avait rien d'inhabituel, et pourtant, Zhou Han ressentait une sensation étrange, comme un pressentiment qu'il ne parvenait pas à écarter.
– Zhou Han, tu n'as pas l'air bien. Tu as l'air préoccupé dit Li Mei sans lever les yeux de son travail, sa voix douce et tranquille. Elle avait toujours cette capacité à lire ses émotions sans qu'il n'ait à dire quoi que ce soit.
Zhou Han releva la tête, un sourire léger sur les lèvres.
- Ce n'est rien. Peut-être juste la fatigue. C'est rare que tout soit aussi calme dans le clan.
Li Mei sourit, ses yeux se levant enfin pour croiser les siens.
– Tu sais bien que c'est une bonne chose. Ça veut dire que tout va bien, non ?
Zhou Han hocha la tête, mais son regard se perdit à nouveau dans le vide, l'esprit troublé par une inquiétude qu'il ne pouvait expliquer. Il n'avait jamais eu ce genre de pressentiment auparavant, mais aujourd'hui, quelque chose lui semblait profondément faux. Pourtant, il chercha à ignorer ces pensées, se concentrant sur la tâche à accomplir.
Ils travaillaient en silence pendant plusieurs minutes. Les bruits de la ville à l'extérieur semblaient si éloignés, presque irréels. Puis, un bruit étrange se fit entendre, un léger grésillement dans l'air, comme un souffle pressé de vent. Mais cela ne dura que quelques secondes, et tout sembla revenir à la normalité. Zhou Han s'apprêtait à reprendre son travail lorsque le sol trembla brusquement sous ses pieds.
Les murs de la pièce vibrèrent, un bruit sourd, comme un grondement lointain mais menaçant, fit écho dans le bâtiment. Zhou Han se leva d'un bond, son cœur battant la chamade.
- Li Mei ! cria-t-il, mais sa voix se perdit dans l'explosion qui déchira l'air. Un choc violent secoua la pièce, envoyant des éclats de bois et de pierre dans toutes les directions. Li Mei, qui était encore assise près de lui, fut projetée contre le mur avec une force inimaginable.
Zhou Han se précipita vers elle, mais avant même de pouvoir atteindre son corps, une nouvelle déflagration fit trembler le sol et le bâtiment tout entier. Il s'effondra à genoux, les oreilles bourdonnantes, incapable de croire ce qui venait de se produire.
– Li Mei ! Non ! hurla-t-il, mais il n'y avait pas de réponse. Ses yeux se posèrent sur elle, allongée sur le sol, son corps sans vie écrasé sous les débris. Un énorme fragment de mur s'était abattu sur elle dans l'explosion, et l'avait écrasée dans un dernier cri silencieux.
Zhou Han sentit son monde s'effondrer autour de lui. Les bruits de destruction et les cris d'agonie résonnaient à l'extérieur, mais tout cela semblait être un lointain écho, comme si la réalité elle-même était devenue floue. Il se glissa vers le corps de Li Mei, tremblant, les larmes aux yeux.
Pourquoi ? Pourquoi maintenant ,murmura-t-il, une douleur sourde lui déchirant la poitrine. Mais il n'y avait pas de réponse, seulement le chaos qui se déchaînait autour de lui.
Il n'eut pas le temps de se remettre de sa perte, car une nouvelle secousse fit trembler la pièce, suivie par des bruits de pas précipités à l'extérieur. Des cris de panique se mêlaient aux sons des combats et des explosions, et Zhou Han comprit que ce n'était pas un accident. Le clan Zhao était attaqué. Il n'y avait pas de doute.
Au loin, dans le tumulte, des silhouettes armées surgissaient, des assaillants déguisés en soldats venus d'on ne savait où. Les portes du clan avaient été brisées, et tout semblait se dérober sous ses pieds.
Dans ce moment de désespoir total, Zhou Han ferma les yeux un instant, se raccrochant à l'unique pensée qui le soutenait encore : il devait s'échapper. Il ne pouvait pas rester là, incapable d'aider, incapable de protéger ceux qu'il aimait.
Il se leva brusquement, son esprit tourné vers la survie, cherchant une issue. Mais avant de partir, il se pencha une dernière fois sur Li Mei.
–Je ne pouvais pas te sauver , murmura-t-il, un dernier mot à la personne qui avait été la plus importante pour lui.
Il laissa ses larmes couler et se tourna vers la porte, prêt à fuir pour sa vie. L'attaque du clan Zhao venait de commencer.
Zhou Han se fraya un chemin à travers les décombres fumants du clan Zhao. Le bruit des explosions résonnait encore dans l'air, les cris de douleur et de panique emplissant chaque coin du domaine. Mais tout cela lui semblait lointain, presque comme une mer calme à laquelle il n'appartenait plus. Après tout, Lin Mei était morte. Tout ce qu'il avait connu jusqu'à présent s'était effondré en une fraction de seconde. L'attaque dévastatrice ne laissait derrière elle que ruines et sang.
Son regard s'arrêta sur une silhouette au sol, à moitié écrasée sous les débris. Un corps, celui d'un vénérable du clan, se trouvait là, un des plus puissants cultivateurs que le clan Zhao possédait. Zhou Han n'avait jamais été proche de lui, mais il avait observé ses déplacements, et à l'heure actuelle, cela n'avait plus aucune importance. Ce qui comptait, c'était ce que ce vénérable laissait derrière lui, ce que les autres n'avaient peut-être pas vu ou compris.
Il s'approcha du cadavre, le cœur battant. Il avait appris à se méfier de tout, à saisir les opportunités quand elles se présentaient. Ce vénérable, dans sa dernière agonie, portait encore son anneau spatial. Un artefact précieux, d'une valeur inestimable. Les vénérables du clan possédaient souvent des objets de grande valeur, mais leur pouvoir était aussi souvent leur faiblesse. Zhou Han savait que, dans cette situation, la chance de trouver un tel artefact n'était pas donnée à tout le monde.
Il s'agenouilla auprès du corps sans vie, jetant un dernier coup d'œil autour de lui pour s'assurer qu'il n'était pas observé. La bataille faisait rage tout autour, mais dans ce coin-là, la scène semblait figée, comme si le temps lui-même avait suspendu son souffle.
Avec une précaution extrême, il passa ses doigts sous le bras du vénérable, cherchant l'anneau. La peau, encore chaude, mais déjà en décomposition, se fendilla légèrement sous la pression. Finalement, son doigt effleura un petit artefact d'apparence simple mais solide. Il le tira délicatement du doigt du vénérable et l'observa un instant. L'anneau scintillait faiblement, dissimulant sa véritable puissance derrière son apparence ordinaire.
Le cœur de Zhou Han s'emballa. Cet anneau était un symbole de richesse et de pouvoir, une clé qui lui permettrait d'échapper à cette guerre et à cette destruction. Les ressources à l'intérieur pouvaient lui offrir une chance de s'échapper, de survivre. Il savait que dans cet anneau résidait tout ce qu'il lui fallait pour quitter ce lieu, loin des règles du clan Zhao et de ses hiérarchies oppressantes.
Zhou Han se releva, l'anneau serré dans sa main. Il n'y avait plus de retour en arrière. Il avait observé ce vénérable pendant des années, notant ses faiblesses, ses habitudes. Aujourd'hui, ce même vénérable, dans sa mort, lui offrait la liberté.
– Je ne suis plus un serviteur, pensa Zhou Han en regardant autour de lui, son esprit empli de pensées froides et calculatrices.
– Le clan Zhao m'a donné tout ce qu'il pouvait. Mais aujourd'hui, je prends ce qui m'est dû.
Il glissa l'anneau spatial dans sa poche et se tourna, déterminé. Il savait que le chaos allait détruire le clan. Il n'avait plus rien à perdre. Le temps de fuir était arrivé.