Chapitre 35 - Retournement De Situation

Feng Lin recula précipitamment, les yeux écarquillés, l'air paniqué. Son pied heurta une pierre, et il trébucha violemment. Son corps bascula en arrière et s'écrasa lourdement au sol, son dos percutant la terre avec un bruit sourd.

— Ah… ! lâcha-t-il, la voix tremblante.

Son souffle se coupa un instant. Il ouvrit de grands yeux, jouant à la perfection l'effroi d'un garçon sans défense.

Le voleur, lancé à pleine vitesse, n'eut pas le temps de s'arrêter. Son pied heurta exactement la même pierre qui avait fait chuter Feng Lin. Déséquilibré, il tenta de se rattraper en agitant les bras, mais son élan le propulsa droit sur un arbre.

— Hein… ?!

Le choc fut brutal. Son crâne heurta l'écorce avec un bruit sec. Une grimace de douleur tordit son visage alors qu'il se tenait la tête d'une main tremblante. Il vacilla, son regard se brouillant sous l'impact.

Feng Lin, toujours allongé sur le sol, observa la scène avec une stupeur feinte.

— J'ai… gagné ?

Sa voix était à peine un souffle, empreinte d'un étonnement presque naïf. Il cligna plusieurs fois des yeux, comme s'il peinait à croire à sa propre victoire.

Le voleur secoua la tête, encore sonné, et tenta de se redresser. Mais sa jambe, affaiblie par le coup que Feng Lin lui avait sournoisement porté plus tôt, céda sous son poids. Il tituba violemment, incapable de retrouver son équilibre.

— Espèce de… !

Il serra les dents, furieux, mais chaque mouvement ravivait la douleur dans son corps.

Un peu à l'écart, Feng Yue observait la scène en silence. Quelque chose clochait. Qu'un coup de chance sauve Feng Lin, elle pouvait l'admettre… mais à ce point ?

Elle fronça légèrement les sourcils.

Feng Lin, quant à lui, jouait son rôle à la perfection. Il se redressa lentement, ses mains tremblant légèrement sous l'effet de l'adrénaline. Son regard passa du voleur à ses propres doigts, comme s'il n'arrivait pas à comprendre ce qui venait de se passer.

— Quelle… chance…

Sa voix était basse, marquée par la surprise.

Le voleur, humilié et furieux, sentit son dernier soupçon d'orgueil s'effondrer. Il lança un regard noir à Feng Lin, puis un autre vers Feng Yue.

Il hésita.

Elle était bien plus forte que lui.

Et dans son état, il ne pouvait pas se permettre d'affronter deux adversaires, même si l'un d'eux était un gamin supposé faible.

Il serra les poings, grinça des dents, puis cracha à contrecœur :

— Tss… compte-toi chanceux, morveux !

Puis, sans demander son reste, il tourna les talons et s'éloigna en boitant légèrement, disparaissant dans l'ombre.

Feng Lin resta assis au sol quelques secondes de plus, respirant bruyamment, comme s'il peinait à reprendre son souffle. Puis, il laissa échapper un long soupir de soulagement, ses épaules s'affaissant légèrement.

Mais à l'intérieur, il savourait sa victoire.

D'un regard discret, il observa Feng Yue.

Elle le fixait toujours.

Instantanément, il effaça toute trace de satisfaction sur son visage. Il ne devait rien laisser paraître.

Il plia légèrement les genoux, ajoutant une touche de faiblesse à son jeu, comme si la peur et la tension l'empêchaient de se tenir correctement debout.

— J'ai… réussi ? murmura-t-il, fixant le vide.

Il tourna lentement la tête vers Feng Yue, cherchant une confirmation silencieuse.

Elle ne répondit pas tout de suite.

Son regard, perçant, semblait analyser chaque détail.

— Tu as eu de la chance, finit-elle par dire d'un ton neutre.

Feng Lin baissa la tête, l'air encore dépassé par les événements.

— C'est vrai… Je ne sais même pas comment j'ai fait…

Ses poings se serrèrent légèrement, mais pas assez pour qu'on le remarque.

Feng Yue ne répondit pas immédiatement. Un doute persistait en elle.

Elle jeta un dernier regard vers l'endroit où le voleur avait disparu.

Il était plus fort que Feng Lin. Même s'il n'était pas un grand combattant, il aurait dû être capable de se reprendre.

Alors pourquoi avait-il fui si vite ?

La peur qu'il éprouvait envers elle y était sans doute pour quelque chose.

Mais cela n'expliquait pas tout.

Elle s'approcha de Feng Lin, croisa les bras et le fixa droit dans les yeux.

— Tu es sûr que c'était un accident ?

Feng Lin releva la tête, l'air confus.

— Q-Quoi ?

— Tu as frappé son genou exactement à un point vital, aveuglé son regard au moment parfait, et ton esquive était… précise.

Son regard s'intensifia, cherchant le moindre signe d'une feinte.

Feng Lin cligna plusieurs fois des yeux, feignant l'incompréhension.

Puis, il baissa légèrement la tête, jouant l'hésitation.

— C-C'était juste… un coup de chance…

Il mordilla discrètement sa lèvre, ajoutant une touche de nervosité à son expression.

Feng Yue le fixa encore un moment.

Puis, finalement, elle détourna les yeux.

— Hmph… Peut-être.

Mais au fond d'elle, un doute persistait.

Feng Lin, lui, esquissa un sourire intérieur. Il devait rester prudent. Trop en faire, et elle finirait par le percer à jour.

Mais pour l'instant, il avait gagné.

Il prit une longue inspiration, puis laissa son corps se détendre, comme s'il réalisait seulement maintenant qu'il était sain et sauf.

— En tout cas… heureusement que tu étais là, Feng Yue. Si ce voleur ne t'avait pas vue… je suis sûr qu'il ne se serait pas enfui.

Il lui adressa un regard plein de reconnaissance feinte, renforçant son image de garçon faible s'appuyant sur sa présence.

Feng Yue haussa un sourcil.

Elle n'était pas dupe.

Mais pour l'instant, elle n'avait aucune preuve contre lui.

Il était devenu plus arrogant avec le temps, mais… peut-être était-il encore aussi peureux qu'avant ?

Elle se contenta de tourner les talons.

— Ne traînons pas.

Feng Lin hocha rapidement la tête et la suivit.

Tout en avançant, il dissimula soigneusement un sourire satisfait.

Il était encore sous-estimé.

Et c'était exactement ce qu'il voulait.