Feng Lin continua a lire les autre jour mais il n'y avait rien d'intéressant appart sur celui du vingt deuxième.
[Vingt Deuxième Jour]
«Jous ne sommes plus que quelques-uns.
La faim et la soif ont déjà emporté la majorité d'entre nous. Les plus faibles ont succombé les premiers : les enfants, les vieillards, ceux dont la cultivation était trop basse pour résister.
Le bunker est devenu un charnier silencieux. L'odeur de la mort est partout. Nous avons dû empiler les cadavres dans un coin pour ne pas marcher dessus. Certains d'entre nous commencent à murmurer que nous devrions… les utiliser.
Nous refusons encore d'en arriver là.
Ceux qui ont survécu jusqu'à maintenant ne doivent leur salut qu'à leur cultivation avancée. Nos corps résistent mieux à la privation, mais même les experts ne peuvent tenir éternellement sans nourriture ni eau. Chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus de la folie.
Aujourd'hui, nous avons perdu un autre des nôtres.
C'était un ancien garde, un homme robuste qui avait combattu dans de nombreuses batailles. Pourtant, même lui a fini par craquer.
Les jours d'enfermement l'avaient rongé de l'intérieur. Ses murmures étaient devenus des râles, sa respiration lourde et erratique. Ce matin, il s'est levé d'un bond, les yeux injectés de sang.
Il a hurlé qu'il ne voulait pas mourir ici, qu'il fallait sortir, que tout cela n'était qu'un cauchemar.
Nous avons tenté de l'arrêter, mais il était trop rapide. Il s'est précipité vers l'escalier, bousculant ceux qui tentaient de le retenir.
Il a couru jusqu'à la porte, tambourinant contre le métal froid, suppliant qu'on lui ouvre. Puis, il a vu l'œil.
Celui que le patriarche avait sacrifié.
Dans un ultime accès de folie, il l'a saisi à pleines mains et a tenté de l'utiliser.
Mais il ne connaissait pas la technique.
Il a crié. Un hurlement déchirant, empli de désespoir et de douleur.
Son corps, déjà trop affaibli, n'a pas supporté l'effort. Il s'est effondré là, contre la porte, son regard vitreux toujours fixé sur l'œil qu'il tenait dans sa main crispée.
Nous ne sommes plus que cinq.
Et nous savons que nous ne tiendrons plus très longtemps…»
Un dernier jour étai affiché.
[Trentième jour]
«Nous sommes au bout.
L'air est devenu irrespirable. L'odeur de putréfaction est si forte que même avec notre cultivation, nous avons du mal à ne pas suffoquer. La faim nous ronge de l'intérieur, et la soif est encore pire. Nos bouches sont sèches, nos lèvres craquelées, nos corps de plus en plus faibles.
Nous avons dépassé nos limites depuis longtemps. Chaque mouvement est une torture.
Nous ne sommes plus que trois.
Aujourd'hui, l'un de nous a finalement cédé.
C'était un ancien érudit du clan, un homme respecté qui avait toujours prôné la sagesse et la patience. Mais après trente jours d'enfermement, même lui n'était plus qu'une ombre de lui-même.
Ce matin, il a simplement cessé de bouger. Il s'est assis contre le mur, a fermé les yeux… et il ne les a jamais rouverts.
Nous n'avons même plus la force de pleurer sa mort.
Le deuxième survivant est un expert en cultivation. Son corps tient encore, mais son esprit s'effrite. Il parle seul, murmure des choses incompréhensibles. Parfois, il fixe la porte pendant des heures, sans bouger.
Je crois qu'il commence à voir des choses.
Quant à moi… je n'ai plus d'espoir.
Nous allons mourir ici.
Nous sommes oubliés du monde, enfermés dans cette tombe que nous avions cru être un refuge.
À moins qu'un miracle n'arrive… il ne nous reste plus que la mort.»
Feng Lin referma doucement le carnet, son expression indéchiffrable. Feng Yue, quant à elle, fixait les pages jaunies avec une lueur de stupeur dans les yeux.
— Trente jours… murmura-t-elle. Ils ont tenu trente jours avant que tout ne s'effondre.
Sa voix était tremblante, imprégnée d'émotion. Feng Lin, lui, resta silencieux un instant, observant les cadavres éparpillés autour d'eux. Il pouvait presque entendre les échos du passé, les derniers soupirs de ceux qui avaient péri ici.
— Et personne ne sait ce qui s'est réellement passé, reprit-il d'un ton pensif. Même les anciens du clan l'ignorent…
Feng Yue hocha la tête, les bras croisés.
— Je ne comprends pas… Le patriarche a sacrifié son œil pour ouvrir le bunker, mais pourquoi n'a-t-il pas laissé un moyen pour s'en échapper ?
Feng Lin fronça légèrement les sourcils, feignant la réflexion.
— Peut-être qu'il n'en avait pas le temps… ou peut-être que quelqu'un l'a empêché de le faire.
Feng Yue tressaillit à cette idée.
— Tu penses qu'il y avait un traître ?
Feng Lin haussa les épaules.
— Ou quelque chose de pire.
Le silence retomba entre eux, seulement troublé par les crépitements lointains des torches sur les murs. Feng Yue inspira profondément avant de murmurer :
— Si nous avons découvert ce lieu… c'est que le destin veut que l'on sache la vérité.
Feng Lin esquissa un léger sourire, cachant soigneusement la lueur d'intérêt dans son regard.
— Oui… Et c'est à nous d'en tirer parti.
Son ton était calme, presque bienveillant. Mais dans son esprit, une seule pensée dominait : cet héritage lui appartenait.