Sa voix vibra dans toute la grotte, faisant trembler les murs. L'air lui-même semblait se charger d'une énergie étrange, comme si l'espace entre eux se distordait.
Feng Yue serra les poings, sur ses gardes.
— Une épreuve ?
Feng Lin, lui, resta immobile. Ses pensées tournaient à toute vitesse. Une épreuve… donc ce spectre était une sorte de sauvegarde ancienne, un mécanisme laissé derrière pour protéger l'héritage du clan.
Le spectre continua, impassible :
— L'héritage du clan Feng ne peut être obtenu que par celui qui prouvera sa valeur. L'épreuve commencera sous peu. Préparez-vous…
À ces mots, la pierre devant eux s'illumina, projetant des symboles dorés sur le sol. Les murs du temple de pierre vibrèrent, comme réveillés d'un long sommeil.
Feng Lin esquissa un léger sourire.
— Très bien. Montre-moi cette épreuve.
Feng Lin croisa les bras en observant les symboles dorés qui dansaient sur le sol. Son regard s'assombrit légèrement tandis qu'il réfléchissait à voix haute :
— L'épreuve est sûrement un ancien rituel du clan Feng. Un lieu où chaque génération d'enfants devait venir pour prouver sa valeur et obtenir l'héritage du clan.
Feng Yue fronça les sourcils.
— Mais pourquoi il n'existe aucune archive sur ces techniques d'héritage ? Même notre père ne semblait pas savoir quoi que ce soit…
Feng Lin hocha lentement la tête.
— J'ai ma théorie.
Il désigna les livres sur la table.
— Avant d'activer l'épreuve, je me souviens encore de leur contenu… mais maintenant, c'est flou. J'ai oublié certains détails importants.
Ses yeux se plissèrent alors qu'une conclusion s'imposait à lui :
— Si nos souvenirs disparaissent après l'épreuve, alors c'est évident…
Il marqua une pause, puis déclara d'un ton grave :
— Les techniques d'héritage du clan Feng ne peuvent pas être copiées. Toute personne qui tente d'enregistrer ou de transmettre ces connaissances se verra effacée de la mémoire ce qu'elle a appris.
Feng Yue écarquilla les yeux.
— Ce serait un mécanisme de protection ?
— Exactement. C'est pour ça qu'aucune archive ne contient d'informations à ce sujet. Même si quelqu'un réussit l'épreuve et apprend les secrets du clan, il ne pourra jamais les transmettre par écrit ou par simple explication.
Il afficha un sourire froid.
— Autrement dit… seules les personnes capables de réussir l'épreuve pourront réellement obtenir l'héritage du clan Feng.
Feng Yue déglutit en réalisant l'implication de ces paroles.
Le spectre qui flottait au-dessus de la pierre d'esprit ouvrit lentement les yeux. Son regard était vide, dépourvu de toute émotion humaine. Sa voix résonna dans toute la grotte, semblant venir d'un autre temps.
— L'épreuve de l'héritage du clan Feng… va commencer.
À ces mots, la salle entière se mit à trembler violemment. Les cascades, figées depuis l'apparition du spectre, reprirent leur chute, mais cette fois avec une intensité surnaturelle. Le sol sous leurs pieds s'illumina de runes anciennes, dessinant un cercle doré autour d'eux.
Feng Yue se crispa.
— Feng Lin… Tu es sûr de vouloir continuer ?
Feng Lin ne répondit pas immédiatement. Il observa les symboles gravés au sol, ressentant un lien étrange entre eux et son œil. Finalement, il esquissa un sourire confiant.
— Si je recule maintenant, autant abandonner toute ambition.
Il fit un pas en avant, fixant le spectre.
— Quelle est la première épreuve ?
Le spectre le regarda silencieusement, puis leva une main éthérée.
— L'héritage du clan Feng repose sur trois épreuves.
Sa voix devint plus pesante.
— Première épreuve : la volonté du porteur.
À ces mots, la lumière dorée du sol se condensa en un faisceau qui s'éleva vers Feng Lin, l'enveloppant entièrement.
Il ressentit immédiatement une pression écrasante sur son esprit. Son souffle se coupa, et une douleur indescriptible transperça son crâne.
Quand il rouvrit les yeux, il n'était plus dans le petit temple
Il se trouvait dans une ruelle étroite et sombre, sous une pluie fine qui tombait sans relâche. L'air était lourd, imprégné de l'odeur de moisissure et de crasse.
Ce lieu…
Feng Lin sentit son cœur se serrer. C'était sa vie passée.
Un bruit attira son regard.
Dans un coin de la ruelle, un enfant maigre et tremblant était recroquevillé contre un mur en pierre froide. Son visage était caché sous des mèches sales, son corps couvert de bleus.
Cet enfant… c'était lui.
Un rire moqueur résonna dans la ruelle.
— Regardez ce déchet ! Il pense vraiment qu'il peut survivre ici ?
Feng Lin se retourna et vit un groupe de jeunes garçons approcher. Ils portaient des vêtements en meilleur état, preuve qu'ils faisaient partie des bandes qui contrôlaient les quartiers pauvres.
L'un d'eux s'avança et donna un violent coup de pied au petit Feng Lin.
L'enfant grogna de douleur, mais il ne cria pas.
Il ne criait jamais.
— Il n'a même pas de parents, c'est pathétique.
— Laisse-le crever, il ne vaut rien.
Les adolescents s'éloignèrent en riant, laissant l'enfant seul sous la pluie.
Feng Lin observait cette scène avec un calme glacial.
Puis, l'enfant leva lentement la tête.
Ses yeux croisèrent ceux de Feng Lin.
Feng Lin se figea.
Son lui du passé pouvait le voir ?
L'enfant fronça légèrement les sourcils, avant de détourner le regard, comme s'il ne voulait pas prêter attention à lui.
Mais Feng Lin fit un pas en avant.
— Tu comptes rester là à te laisser mourir ? demanda-t-il d'une voix neutre.
L'enfant ne répondit pas tout de suite. Il resserra ses bras autour de ses genoux et murmura :
— Qu'est-ce que ça change ? Je suis seul. Il n'y a personne pour m'aider.
Feng Lin eut un léger sourire.
— C'est vrai. Il n'y a personne.
L'enfant serra les poings, ses ongles sales s'enfonçant dans sa peau.
Feng Lin s'accroupit devant lui.
— Mais tu as oublié une chose.
Le petit Feng Lin releva la tête, un éclair de méfiance dans son regard.
L'adulte posa une main sur son épaule.
— Toi-même.
L'enfant resta silencieux.
Feng Lin le fixa droit dans les yeux.
— Tu as le choix. Soit tu restes là à attendre la mort. Soit tu te lèves et tu arraches ton destin de tes propres mains.
Un silence s'installa.
Puis, les larmes du petit Feng Lin se mirent à couler.
Mais ce n'étaient pas des larmes de faiblesse.
C'était la dernière fois qu'il pleurerait.
L'enfant hocha lentement la tête.
— Je ne veux pas mourir.
Feng Lin se redressa, un sourire satisfait sur les lèvres.
— Alors lève-toi.
L'enfant prit une profonde inspiration et, malgré la douleur, il se redressa lentement sur ses jambes.
La pluie s'arrêta soudainement.
Une douleur fulgurante traversa soudainement la poitrine de Feng Lin.
Un filet de sang coula de sa bouche.
L'enfant le fixait toujours, mais quelque chose avait changé. Son regard n'était plus celui d'un enfant perdu.
Il était froid.
Cruel.
Une dague ensanglantée était plantée dans sa poitrine.
L'enfant la tenait fermement.
— Pourquoi… ?
Le petit Feng Lin sourit.
— Parce que c'est ainsi que j'ai survécu.
L'adulte sentit ses forces l'abandonner.