Chapitre 49 - Dépasse Tianluo

Les trois silhouettes restèrent silencieuses, observant Feng Lin avec intensité. Zin, lui, ne cachait pas son hostilité.

— Une réincarnation osant revêtir le corps d'un membre de notre clan… Et tu parles de reconstruction ? Quelle arrogance !

La pression sur Feng Lin augmenta brutalement. Son corps trembla sous l'impact, ses os grinçant sous l'effort. Du sang perla au coin de ses lèvres, mais il ne baissa pas les yeux.

— Peu importe qui j'étais avant, répondit-il d'une voix froide. Ce corps est désormais le mien. Et si personne n'a relevé le clan Feng en cinq cents ans, alors c'est que vous avez échoué.

Les silhouettes restèrent figées. Zin plissa les yeux, mais avant qu'il ne puisse répondre, le premier patriarche leva la main, arrêtant l'échange.

— Assez, Zin. Cet enfant a passé les deux premières épreuves. Peu importe son origine, il a prouvé sa valeur.

Zin serra les poings, mais ne répondit rien.

Le patriarche reporta son regard sur Feng Lin.

— Soit. Prouve-nous que tu es digne du clan Feng… en réussissant la troisième épreuve.

Feng Lin serra discrètement les dents. Il n'avait jamais eu le choix.

Feng Lin essuya le sang au coin de ses lèvres et fixa les silhouettes devant lui. Son regard était froid, mais une lueur de curiosité y brillait.

— Avant de commencer cette épreuve… j'aimerais savoir quelque chose. Pourquoi le clan Feng s'est-il contenté de l'Empire de Tianluo ? Avec un tel héritage, vous auriez pu dominer bien plus.

Le patriarche garda le silence un instant avant de répondre d'une voix grave.

— Parce que nous avions déjà tout ce qu'il nous fallait.

Feng Lin haussa un sourcil.

— Expliquez-vous.

Le patriarche croisa les bras et poursuivit :

— Le clan Feng n'a jamais cherché la domination. Nous n'étions pas un clan de conquérants, mais de protecteurs. Notre mission était de préserver notre héritage et d'enseigner aux générations futures, pas d'étendre notre influence sans fin.

Une autre silhouette prit la parole :

— Nous avons toujours privilégié la stabilité à l'expansion. Trop de clans se sont détruits en voulant s'élever trop vite. Nous avons choisi de nous ancrer solidement plutôt que de risquer l'effondrement.

Feng Lin resta pensif. Cette mentalité prudente expliquait pourquoi le clan Feng s'était cantonné à l'Empire de Tianluo… mais cela ne changeait rien au fait qu'ils avaient fini par tomber malgré tout.

Il inspira profondément avant de répondre.

— Et regardez où cette prudence vous a menés.

Les silhouettes ne répondirent pas immédiatement. Un silence pesant s'installa avant que le patriarche ne reprenne la parole.

— Peut-être… mais notre rôle n'est pas de refaire le passé. Ce que nous voulons savoir maintenant… c'est ce que toi, tu comptes faire.

Feng Lin esquissa un léger sourire.

Zin serra les poings, et une aura oppressante emplit la salle.

— J'ai toujours tout fait pour éviter les conflits. Nous étions un clan pacifique, refusant d'être entraîné dans des guerres inutiles… Mais au final, c'est la guerre qui est venue à nous.

Sa voix était empreinte d'amertume et de colère contenue.

— Nous avons toujours cru que rester neutres nous protégerait, que notre puissance suffirait à dissuader quiconque de nous attaquer. Mais nous avions tort. Nos ennemis ont profité de notre retenue, de notre complaisance… et ils nous ont anéantis.

Les autres silhouettes restèrent silencieuses. Feng Lin sentit la rage de Zin.

— Et maintenant, un inconnu ose se présenter devant nous, dans le corps d'un descendant du clan Feng. Dis-moi… que comptes-tu faire de cet héritage ? Vas-tu suivre notre voie et disparaître à ton tour ?

Feng Lin soutint son regard sans ciller. Il savait que sa réponse déterminerait la suite de cette épreuve.

— Moi ? Je vais dépasser Tianluo.

Les silhouettes restèrent silencieuses un instant. Zin le dévisagea, ses yeux brillants d'une lueur indéchiffrable.

— Dépasser Tianluo ? Tu as de l'ambition, au moins… Mais as-tu seulement conscience de ce que cela implique ?

Feng Lin se releva lentement, essuyant le sang au coin de ses lèvres.

— J'en ai parfaitement conscience. Vous avez choisi la paix, et c'est ce qui a causé votre perte. Moi, je ne ferai pas cette erreur. Si quelqu'un ose se dresser sur mon chemin, je l'écraserai.

Un silence pesant s'installa. Puis, un léger rire s'éleva, amer et plein de nostalgie.

— Hah… Voilà des mots que je n'avais pas entendus depuis longtemps.

Zin croisa les bras, observant Feng Lin avec plus d'intérêt.

— Très bien. Puisque tu prétends vouloir aller au-delà de Tianluo, prouve-nous que tu en es digne. L'épreuve n'est pas encore terminée.

D'un geste de la main, il désigna les trônes vides.

— Tu veux revendiquer l'héritage du clan Feng ? Alors affronte-nous.

Le premier Patriarche claqua des doigts. Une lueur sombre traversa la pièce, et une marionnette apparut devant Feng Lin.

Elle était massive, sculptée dans un bois ancien, ses articulations renforcées de métal noir. Son visage était inexpressif, mais une lueur étrange brillait dans ses yeux vides.

— Cette marionnette est imprégnée des arts du clan Feng, déclara le Patriarche. Voyons si tu es digne de les hériter.

Sans attendre, la marionnette bougea.

Feng Lin sentit immédiatement le danger. Il activa son œil.

Les flux d'énergie dans la pièce changèrent instantanément. L'air se tordit autour de la marionnette, révélant sa vitesse ahurissante.

Elle est rapide !

Il bondit sur le côté, évitant de justesse une frappe qui fissura le sol. Avant même qu'il puisse reprendre son équilibre, un autre coup arriva.

Feng Lin tenta d'esquiver, mais cette fois, il était trop lent.

L'impact fut brutal. Une douleur déchirante explosa dans son flanc alors qu'il était projeté violemment contre un pilier en pierre. Le choc lui coupa le souffle, et du sang s'écoula de sa bouche.

Ses membres tremblaient. Son corps hurlait de douleur.

Merde… elle est trop forte.

Il tenta de se relever, mais une autre attaque arriva. Il n'eut pas le temps d'esquiver. La marionnette le saisit par la gorge et le souleva du sol.

Un rire léger résonna.

— Tu es bien trop faible.

La pression sur sa gorge s'accentua. Sa vision devint floue.

Je vais… crever ?

Un frisson parcourut son dos. Il devait réagir. Mais comment ?