Feng Lin quitta le bureau de Feng Tian et se dirigea vers la résidence de sa mère. Contrairement aux autres parties du clan encore en reconstruction, cette cour intérieure était bien entretenue, preuve de l'attention particulière qu'on lui accordait.
Il poussa la porte et entra dans la salle principale.
À l'intérieur, une femme était assise près d'une table en bois, versant du thé dans une tasse en porcelaine. Son visage portait la douceur du temps, mais aussi une certaine mélancolie.
Elle leva les yeux et sourit en voyant Feng Lin.
— Lin'er, tu es enfin sorti de ton isolement. Viens, assieds-toi.
Feng Lin s'approcha lentement et prit place en face d'elle.
— Père t'a-t-il dit quelque chose à mon sujet ?
Elle haussa légèrement un sourcil, surprise par sa question.
— Ton père ? À propos de quoi ?
Il l'observa attentivement, cherchant le moindre signe de doute ou d'incertitude dans son regard. Mais elle semblait sincère.
— Rien d'important, oublie.
Elle le regarda avec un mélange de tendresse et de curiosité.
— Lin'er… Je sens que tu as changé. Tu es plus calme, plus distant. Est-ce à cause de tout ce qui s'est passé ?
Feng Lin prit une profonde inspiration.
— On change tous, mère. C'est inévitable.
Elle soupira légèrement avant de pousser une tasse de thé vers lui.
— Peu importe à quel point tu changes, tu seras toujours mon fils.
Feng Lin jeta un regard à la tasse mais ne la toucha pas.
— Je vais me reposer.
Il se leva sans attendre de réponse et quitta la pièce. Derriere lui, sa mère l'observa en silence, une ombre d'inquiétude dans le regard.
Sa mère, bien qu'attachée à lui, restait une inconnue dans ses calculs. Son utilité était certaine, mais pour l'instant, il valait mieux qu'elle demeure dans l'ignorance.
Ses pas le menèrent naturellement vers le quartier des serviteurs. Là, l'atmosphère était bien différente du reste du clan. Peu de personnes y vivaient encore, et ceux qui restaient semblaient marcher sur des œufs.
Son regard balaya les lieux jusqu'à ce qu'il aperçoive enfin celui qu'il cherchait.
Liang.
Le jeune serviteur, à peine âgé de dix-huit ans, était assis sur une marche en pierre, fixant le ciel d'un air absent. Sa manche vide battait légèrement au vent, rappel cruel de sa condition.
Feng Lin s'approcha et s'arrêta devant lui. Liang, sentant une présence, leva la tête. Lorsqu'il reconnut Feng Lin, il se redressa immédiatement, hésitant un instant avant de s'incliner maladroitement.
— Jeune maître...
Feng Lin l'observa un instant avant de parler d'une voix calme :
— Suis-moi.
Liang cligna des yeux, surpris, mais ne posa aucune question. Il hocha simplement la tête et se leva, suivant Feng Lin hors du quartier des serviteurs.
Feng Lin marcha d'un pas assuré en direction de sa résidence, Liang le suivant en silence. Le jeune serviteur n'osait pas poser de questions, mais une lueur d'incertitude brillait dans son regard.
Lorsqu'ils atteignirent la chambre de Feng Lin, ce dernier poussa la porte et fit signe à Liang d'entrer.
Fermant la porte derrière lui, Feng Lin se dirigea vers un coin de la pièce et fit apparaître un anneau spatial dans sa main.
Feng Lin activa l'artefact d'un geste précis. Une lumière dorée s'échappa de son anneau spatial et enveloppa le corps de Liang d'un éclat doré.
Le jeune serviteur frissonna en sentant une étrange sensation parcourir son âme.
Il ouvrit la bouche, confus.
— Jeune maître… ?
Feng Lin ne répondit pas.
Liang fronça les sourcils. Il avait pourtant ressenti quelque chose, mais il ne comprenait pas.
Il releva les yeux vers Feng Lin, cherchant une explication.
— Jeune maître… ?
Feng Lin resta silencieux, l'observant avec indifférence.
— Va préparer tes affaires, on retourne en ville.
Liang hésita un instant, sentant encore cette étrange sensation flotter autour de lui. Son corps n'avait pas changé, pourtant quelque chose en lui semblait… différent.
Il jeta un dernier regard à Feng Lin, mais ce dernier ne montra aucun signe d'explication.
— … Oui, jeune maître.
Sans poser d'autres questions, il s'inclina légèrement avant de quitter la pièce.
Feng Lin l'observa disparaître dans le couloir, son regard impassible. Il savait que Liang finirait par comprendre, mais il n'avait pas besoin de lui dire quoi que ce soit.
Ce qui importe, ce n'est pas ce qu'on te donne, mais ce que tu es capable d'en faire.
Il tourna les talons et jeta un dernier regard à la lumière dorée qui s'éteignait dans l'anneau spatial.
Le lendemain, Feng Lin et Liang quittèrent la résidence principale du clan Feng et prirent la route en direction de la ville. Le ciel matinal baignait le paysage d'une lumière dorée, et l'air frais portait encore la douceur de l'aube.
Liang, marchant un pas derrière Feng Lin, jetait de temps à autre des regards furtifs à son jeune maître. Il n'osait pas poser de questions, mais une chose le troublait : l'impression persistante que quelque chose en lui avait changé depuis la veille. Cette sensation étrange flottait autour de son corps, comme un voile invisible.
Arrivés aux portes de la ville, Feng Lin ralentit le pas et jeta un regard à Liang.
— Nous avons plusieurs choses à faire ici. Suis-moi et ne pose pas de questions inutiles.
Liang s'inclina légèrement.
— Oui, jeune maître.
Ils pénétrèrent dans l'enceinte animée de la ville. Les marchands installaient leurs étalages, les passants allaient et venaient, et les cris des vendeurs se mêlaient aux bruits des conversations.