Chapitre 57 - Faire Des Réserves

Feng Lin se tourna finalement vers les mercenaires qui s'étaient approchés, ceux qui avaient accepté son offre d'or et de pouvoir. Leur regard trahissait une certaine avidité, mais il y avait aussi quelque chose de plus, une lueur d'espoir. Ils étaient prêts à suivre un homme qui semblait leur offrir une chance de sortir de ce chaos qui engloutissait l'Empire Tianluo.

Il leva la main pour attirer l'attention, et le bruit du bar s'étouffa presque instantanément. Le silence qui s'installa était lourd de sens.

— Ceux qui ont pris l'argent et qui sont prêts à suivre le Clan Feng, écoutez-moi bien, dit Feng Lin, sa voix claire et autoritaire résonnant dans la pièce. Ce n'est pas juste une question de survie, c'est une question de priorité. Je ne veux pas juste des guerriers. J'ai besoin de toute la famille, de tout le clan.

Un mercenaire au fond leva une main, visiblement curieux mais aussi un peu dubitatif.

— Tu parles des femmes et des enfants ? Ce ne sont pas des combattants…

Feng Lin le fixa, ses yeux d'acier brillants de détermination.

— Oui, les femmes et les enfants. Vous croyez que l'Empire Tianluo va s'effondrer sans que ça n'ait de conséquences ? La chute des grandes maisons, l'effondrement des sectes... tout ça ne va faire qu'une chose : un bain de sang. Des luttes internes, des guerres pour le pouvoir, des massacres dans les rues. Les innocents ne seront pas épargnés. Ceux qui ne se préparent pas à fuir, à se défendre, risquent de tout perdre.

Il marqua une pause, balayant du regard les mercenaires, les forçant à comprendre la gravité de ses paroles. Il baissa légèrement la tête, puis la releva d'un mouvement assuré.

— Je ne veux pas que ce soit le sort de ceux qui me suivent. Nous devons être prêts à tout. Si vous avez des femmes et des enfants, ils doivent venir avec nous. Nous partirons dès que possible. Et ce ne sera pas juste une fuite, ce sera une prise de position.

Un vieux mercenaire, l'air fatigué, s'avança lentement, un regard perdu dans les souvenirs.

— Tu crois qu'on peut encore reconstruire ? Que l'on peut sauver quelque chose de cet empire déchu ?

Feng Lin répondit sans hésiter.

— Oui. Je ne me bat pas pour voir l'Empire entier renaître, mais pour que ceux qui ont encore un avenir aient la possibilité de le saisir. Ce n'est pas qu'une question de terre ou d'or. C'est une question de survie, de reconstruction. Si vous restez là, vous mourrez peut-être dans ce chaos. Mais si vous venez avec moi, vous aurez une chance de survivre, et plus encore : vous pourrez être les fondateurs d'un nouveau clan. Le Clan Feng renaîtra des cendres de cet empire mourant.

Les regards se croisèrent, et un murmure parcourut la salle. Ce que Feng Lin disait n'était pas juste un idéal, c'était une promesse concrète. Une promesse d'avenir, même dans la tempête. Les premiers à se lever étaient des hommes simples, des mercenaires qui avaient vécu de batailles en batailles, mais qui savaient que le monde qu'ils connaissaient allait bientôt disparaître. L'idée de reconstruire quelque chose, même à partir de rien, semblait plus attrayante que de mourir dans l'anonymat de ce déclin.

Un par un, ils firent signe aux autres, et bientôt, plus de la moitié de ceux qui avaient pris l'argent sourire.

Feng Lin leur adressa un dernier regard, un regard à la fois intense et bienveillant.

— Il n'y a pas de retour en arrière. Préparez-vous à partir, ce soir même. Nous n'avons plus de temps à perdre.

Puis, dans un geste impromptu mais symbolique, Feng Lin se tourna vers Liang, qui avait toujours observé la scène avec un calme presque déconcertant. Il s'approcha de lui et lui dit à voix basse, tout en marchant vers la porte, où les premiers groupes se préparaient à sortir :

— Organise l'évacuation. Qu'ils prennent tout ce dont ils ont besoin, mais qu'ils ne traînent pas. Je n'ai pas l'intention de m'arrêter pour les retards.

Liang, qui n'avait pas encore répondu, hocha lentement la tête. Son regard était plus déterminé que jamais. Tout était en train de changer, et ils devaient être prêts.

Feng Lin se tourna une dernière fois vers les hommes qui se tenaient dans la salle.

— Ce soir, nous devenons autre chose. Nous ne serons plus des mercenaires, nous serons un clan. Celui qui reste sur le bord du chemin… ne sera pas de notre avenir.

Les mercenaires se précipitèrent pour organiser leur départ. Les discussions s'intensifièrent tandis que les hommes, maintenant guidés par la promesse de Feng Lin, s'agitaient pour regrouper femmes et enfants, puis leurs maigres biens. Les bruits du bar se transformèrent en une cacophonie de voix, de bruits de sacs, et de pas précipités.

Feng Lin observa attentivement la scène, mais il n'avait pas le temps de se perdre dans des détails. Le clan Feng, bien que maintenant en ruines, n'allait pas se reconstruire en une nuit. Et pour cela, il fallait une base solide. Une base qu'il ne pouvait pas se permettre de laisser se vider de ses ressources.

Il se tourna vers Liang, qui supervisait les préparatifs à l'extérieur.

— Nous avons besoin de vivres, dit Feng Lin d'un ton direct. Le chaos est proche, et il ne faudra pas longtemps avant que cette ville devienne un champ de bataille.

Liang hocha la tête, parfaitement conscient de la gravité de la situation. Il s'éloigna sans un mot, se dirigeant vers la réserve alimentaire de la ville . Mais avant qu'il ne disparaisse dans l'ombre, Feng Lin ajouta :

— Ne nous faites pas manquer d'eau, Liang. S'il le faut, nous trouverons un moyen de transporter plus de réservoirs.

Liang, cette fois-ci montra un bref signe de compréhension dans son regard. Ils devaient aussi préparer l'accueil des nouveaux membres du Clan Feng, qui arriveraient dans les prochains jours. La tâche était d'autant plus urgente que l'empire tout entier c'était effondré et bien que la capitale était loin la guerre arrive rapidement.

Feng Lin se tourna alors vers les mercenaires, qui avaient commencé à rassembler leurs proches. Leurs gestes étaient désormais plus déterminés. Ils savaient que, plus que la force brute, la survie dépendait de leur capacité à organiser l'effort collectif.

— Ceux qui souhaitent se joindre à nous doivent comprendre qu'il s'agit uniquement de se battre.

Une question de pouvoir, de garantir un avenir.

Il marqua une pause, laissant ses paroles s'installer dans l'esprit de chacun.

— Préparez-vous à nourrir tout le monde. Nous n'avons pas de temps à perdre.

Des murmures d'approbation circulèrent parmi les mercenaires. Les femmes et les enfants s'agitaient encore dans les coins du bar, mais plus personne ne semblait hésiter. Ils avaient compris : ce n'était pas seulement une question de survie physique, mais aussi de solidarité. Ce qui restait du Clan Feng allait renaître, mais seulement si chacun mettait la main à la pâte.