Chapitre 67 - Shen Qian

Alors qu'ils longeaient un couloir envahi de lianes sombres, la jeune femme rompit à nouveau le silence, sa voix un peu plus posée cette fois.

« Tu sais, j'me suis dit… On risque de crever ensemble dans ce labyrinthe, alors autant savoir comment on s'appelle. »

Feng Lin ne répondit pas, se contentant de lui jeter un regard bref. Elle continua sans attendre son approbation.

« Moi, c'est Shen Qian. Du moins, c'est le nom qu'on m'a laissé. » Elle haussa les épaules, comme si ça n'avait pas grande importance. « Village du nord, pillé par des bandits, blablabla, j'ai survécu, me voilà. »

Feng Lin resta silencieux un instant, avant de souffler doucement : « Tu parles beaucoup. »

Elle esquissa un sourire en coin. « Toi, tu parles jamais. Faudrait bien compenser, non ? »

Il ne répondit pas, mais ses yeux étaient légèrement moins durs.

Shen Qian reprit, plus doucement : « Et toi ? T'as un nom, ou tu préfères qu'on t'appelle "le mec flippant qui découpe des loups sans cligner des yeux" ? »

Feng Lin soupira, résigné. « Feng Lin. »

« Eh bien, enchantée, Feng Lin. » Elle leva la main comme pour sceller un pacte invisible. « Maintenant que c'est fait, j'espère qu'on mourra pas trop vite. Ce serait dommage. »

Feng Lin ne répondit pas. Mais cette fois, au coin de ses lèvres, il y avait presque quelque chose qui ressemblait à un sourire.

Shen Qian reprit la marche, les mains croisées derrière la tête, l'air presque détendu malgré l'ambiance oppressante du labyrinthe.

« Tu sais, j'me suis toujours dit que les mecs mystérieux comme toi cachaient soit un passé tragique, soit un ego surdimensionné. » Elle le regarda du coin de l'œil. « Toi, t'as l'air d'avoir les deux. »

Feng Lin ne répondit pas, mais ses pas ralentirent légèrement. Elle le suivit sans se démonter.

« Je parie que t'étais un genre de noble déchu, ou peut-être un prodige rejeté par sa secte. Tu dégages cette aura de mec qui a tout perdu mais qui se venge en silence. »

Elle fit un petit rire moqueur. « J'me trompe ? »

Feng Lin lâcha un souffle bref, pas vraiment un rire, mais pas du mépris non plus.

« T'as une imagination trop vivace. »

« T'as pas idée. J'ai grandi dans un orphelinat avec un vieux moine sourd qui croyait que les légumes avaient des âmes. Faut bien compenser avec un peu de fiction. »

Elle sauta par-dessus une racine tordue, le regard toujours curieux.

« Et puis… tu sais te battre. Trop bien. C'est pas quelque chose qu'on apprend juste comme ça. Alors j'me dis… soit t'as eu un bon maître, soit… t'en as tué un. »

Feng Lin la fixa un instant. Ses yeux sombres se plissèrent, indéchiffrables. Shen Qian leva les mains en l'air.

« D'accord, d'accord. J'arrête de poser des questions. Pour maintenant. »

Elle avança quelques pas, puis ajouta d'un ton presque léger :

« Mais sache un truc, Feng Lin : j'vais pas mourir bêtement ici. Et j'te laisserai pas crever non plus, même si tu le demandes gentiment. »

Feng Lin resta silencieux… mais son regard, cette fois, ne contenait plus seulement de la méfiance.

Peut-être, juste peut-être, que cette fille méritait de vivre encore un peu.

Shen Qian s'arrêta soudain, les sourcils légèrement froncés. Elle fixa Feng Lin avec un mélange d'amusement et de curiosité.

« Attends une seconde… »

Feng Lin leva un sourcil, sans ralentir.

« Ton nom, c'est Feng Lin, c'est ça ? »

Il hocha la tête, vaguement.

Shen Qian le rejoignit d'un pas souple, pencha un peu la tête, l'observant comme si elle redécouvrait un détail invisible.

« Feng… comme dans le clan Feng ? » Elle marqua une pause. « Celui dont tout le monde dit qu'il s'est effondré y'a des siècles ? Une histoire de chute brutale, de trahisons, de guerres intestines, tout ça ? »

Feng Lin ne répondit pas immédiatement. Ses yeux fixaient toujours l'obscurité du couloir devant eux. Le silence s'étira.

Shen Qian haussa les épaules.

« Bah, j'dis ça comme ça. C'est sûrement une coïncidence. Tu dois pas être lié à ce clan Feng. C'est qu'un vieux conte pour faire peur aux nobles. Genre : "Méfie-toi, ou tu finiras comme le clan Feng !" » Elle imita une voix grave, moqueuse.

Un mince sourire passa sur les lèvres de Feng Lin, imperceptible.

Elle reprit, plus calme cette fois :

« …Mais si c'est pas une coïncidence, et que t'es vraiment lié à eux, j'dirais que t'es plutôt doué pour survivre à l'oubli. »

Feng Lin souffla du nez, presque un rire.

« Les morts ne survivent pas. Ils s'enterrent eux-mêmes. »

Shen Qian cligna des yeux, un peu déstabilisée. Puis elle sourit à son tour, comme si elle venait de comprendre quelque chose.

« T'es pas du genre bavard, mais t'as un sacré sens de la formule, Feng. J'commence à t'apprécier. »

« Tu parle beaucoup ont pourrait se faire repérer tu sais ça ? »

« Naturellement mais bon qu'on parle ou pas tu crois vraiment que le maître d'épreuve nous lâchera pas de créature ? »

« Je suis déjà mort une fois j'ai pas envie de revivre ça»

« De quoi tu parle encore ? »

« Je réfléchie »

Bien sûr c'était un mensonge enfaite ça façon d'être l'avais fait pense a une connaissance de sa vie passée et il c'était laisse aller , heureusement elle a mal entendue.

Elle reprit la marche, mains dans les poches, tranquille.