Dans les secondes qui suivirent le passage du véhicule de tête, une série de six explosions retentirent une à une, s'entremêlant dans une réaction en chaîne.
S'ensuivit la chute du pont qui s'écroulait sur la route dans un immense fracas, faisant voler en éclats le peu de vitres se trouvant encore sur les immeubles, mais soulevant surtout un gigantesque amas de poussière réduisant drastiquement la visibilité.
Le second véhicule du convoi freinait de toutes ses forces, faisant déraper le train arrière, l'immobilisant en travers de la route en face de notre ruelle.
Je sortais, criblai de balles la porte conducteur qui commençait à s'ouvrir, pendant ce temps le reste de mon escouade se déployait dans la rue mettant en joue les véhicules.
L'air était irrespirable, la poussière me brûlait la gorge, et donner des ordres devenait de plus en plus difficile.
Une pluie de balles s'abattait sur les véhicules depuis les étages supérieurs des immeubles de part et d'autre de la rue.
C'est alors que malgré la douleur, je pris une profonde inspiration et criai :
— Allez, on ne perd pas de temps, on fonce ouvrir le fourgon !
Je progressais dans la rue avec Bastien et Sarah tandis qu'Élodie et Gabriel couvraient nos arrières.
— Le fourgon blindé ! Sarah, à toi de jouer, fais-moi sauter cette porte !
— Bien reçu ! cria Sarah, sa voix en partie couverte par le bruit des impacts de balle venant s'écraser sur les châssis blindés des véhicules ennemis.
Elle s'accroupissait au niveau de la porte arrière, positionnant son sac devant elle, commençant à sortir son matériel.
Alors que nous avions complètement pris le contrôle du convoi, une épaisse fumée blanche émana d'un des véhicules fermant le convoi.
— Fumigène ! hurla Gabriel, vidant l'intégralité de son chargeur à travers la fumée.
Tandis que je me concentrais sur la fumée guettant la moindre silhouette, un bruit métallique qui ricochait résonnait près de moi.
Je pouvais voir son dernier rebond avant qu'elle ne roule sur le sol, terminant sa course à mes pieds, ronde, striée, dégoupillée ?!
— Grenaaaade !
Je me retournai, sautant contre Sarah, la plaquant contre le sol, un bruit strident retentit, l'onde de choc provoquée soulevait mon corps avant de l'écraser sur le sol contre celui de Sarah.
Mes oreilles sifflaient, tout était devenu flou, teinté de rouge. Alors que j'essayais de reprendre mes esprits, un chargeur vide tombait sur le sol. Au-dessus de moi se trouvait Élodie, abattant une à une toutes les personnes traversant l'épaisse fumée.
Puis finalement une main apparaissait dans mon champ de vision, je tentais de la saisir et alors que j'allais la rater de peu encore déboussolé, elle me saisissait par le bras me tirant.
— Allez, c'est pas le moment de rester planter là ! ordonna, Gabriel, prenant le commandement.
Cependant, la radio se mit à émettre.
— Ici Alpha, vous en êtes où? Il y a énormément d'activité sur les canaux radio de True Human et des renforts sont en route. Je ne sais pas ce qu'il y a exactement comme cargaison, mais cela doit valoir un certain paquet de fric pour qu'ils soient aussi actifs.
Gabriel attrapa la radio et répondit : "Ici Delta, bien reçu, on va faire sauter la porte du fourgon dans les prochaines minutes, terminé."
La radio se mit à grésiller, et pendant deux longues secondes, rien ne sortit. Puis finalement...
— Bien reçu, dépêchez-vous, on n'a plus beaucoup de temps, terminé.
Je finis par reprendre mes esprits et aidai Sarah à se relever.
— Tout va bien, rien de cassé ?
— Non, je vais bien… la voix encore tremblotante.
Elle se dirigea de nouveau vers la porte du fourgon, continuant là où elle en était. Ses mains tremblaient mais l'adrénaline semblait reprendre le dessus et rapidement elle termina les branchements.
— C'est… c'est bon, les explosifs sont en place !
Sans perdre un instant, je reculai afin de me rapprocher de l'avant du fourgon accompagné de Bastien quand soudain l'explosion retentit.
La charge explosive fit voler en éclats la porte du fourgon blindé qui s'écrasait à quelques mètres sur le sol dans un bruit sourd.
— Allez, on ne perd pas de temps, on prend la marchandise et on se tire ! ordonnai-je au reste de mon escouade.
Tandis que la fumée provoquée par l'explosion se dissipait, je me rapprochais du véhicule blindé afin d'y récupérer la cargaison. Mais alors que je faisais face à la marchandise, je ne pouvais m'empêcher de laisser échapper un :
— Oh putain de…
Alors que le bruit des moteurs des hélicoptères résonnait à travers les ruelles mortes de la ville, je restais figé.
— Une putain de gamine ! Elle ne doit même pas avoir dix ans bordel !
Élodie se rapprochait en courant, apercevant tout comme moi la gamine.
Elle était allongée sur le sol du fourgon, pieds et mains liés et bâillonnés, inconsciente. Mais le plus étrange était cet étrange collier métallique blanc et assez épais autour de son cou, en partie caché par ses longs cheveux blonds.
— Ça doit être une éveillée, on ne doit pas la laisser là !
Alors qu'Élodie grimpait à l'arrière afin de commencer à retirer les liens de la jeune fille, une voix métallique criait :
— Ici Alpha, on a plus de temps bou… …ez …ous !
Au même moment, l'ombre de deux hélicoptères enveloppait la rue, le bruit des moteurs résonnait, nos alliés situés dans les immeubles inondaient de balles les hélicoptères les forçant à reprendre de l'altitude.
Élodie prit la jeune fille sur son dos, puis nous courûmes nous mettre à l'abri dans les ruelles.
Je saisissais rapidement ma radio afin de faire mon rapport, prenant de grandes inspirations entre chaque phrase.
— Ici Delta…, la cargaison se trouve être une jeune fille…, elle ne doit même pas avoir dix ans…, elle est bâillonnée et possède une sorte de collier assez volumineux… autour du cou, elle semble inconsciente, terminé.
— Une jeune fille ! S'exclamait Élodie, courant dans mes pas.
— Vu le dispositif, ça ne fait aucun doute, la gamine est une éveillée. Enchaînait Gabriel, fermant la marche.
— Message à toutes les unités, la mission est accomplie, je répète la mission est accomplie, quitter les lieux rapidement et rendez-vous à la base. Cependant, pour votre unité Delta, vous allez devoir escorter la petite. Nous ne pouvons prendre le risque de la ramener tout de suite au quartier général. Vous allez donc devoir vous débrouiller sans nous le temps que nous envoyions quelqu'un analyser son collier, terminé.
— Ici Delta, bien reçu.