Gabriel arrivait finalement accompagné de Bastien, les deux semblaient étonnamment joyeux.
Gabriel était le premier à s'approcher, son sac à moitié ouvert dans les mains.
— On a trouvé de quoi manger ce soir, regardez ça !
Son sac contenait deux sachets de pâte ainsi que plusieurs barres de céréales, j'alternais mon regard entre le sac et lui, interrogatif... Gabriel ne s'était jamais vraiment illustré en matière de cuisine mais j'osais espérer qu'il n'avait pas juste ramené des sachets de pâtes alors que l'on n'avait rien pour faire chauffer de l'eau.
Mais mes doutes se dissipèrent lorsqu'il demanda à Bastien de ramener "le truc".
Bastien sortit de la pièce quelques instants et rentra à nouveau avec un réchaud et une petite bonbonne de gaz.
— Ta-Da !
On avait dans nos sacs de quoi tenir, mais pas de quoi faire un repas consistant et chaud. Et bien que prendre autant de risques pour ramener le tout n'ait pas été indispensable, je devais bien avouer que ce repas était tout de même le bienvenu.
Nous installions le réchaud sur une table que l'on plaçait au centre de la pièce, Bastien avait dans son sac quelques bols qu'il posait sur la table.
Sarah s'occupait de la préparation tandis que Bastien nous faisait le bilan de son exploration.
Tout comme dans le bâtiment principal, personne ne s'y trouvait et il dut forcer les portes pour accéder aux deux bâtiments extérieurs. L'un était donc bien un gymnase tandis que l'autre un réfectoire, où ils ont pu trouver de quoi manger.
Alors que les pâtes étaient finalement cuites, il était temps de discuter de la suite. Nous nous asseyons tous autour de la table, puis je commençais.
— On ne peut pas se permettre de simplement rester ici et attendre, il faut que l'on agisse, plus on attend, plus on a de chance de se faire voir, que ce soit par les Sangs-Divins ou bien par True Human.
— Effectivement, il faudrait qu'on trouve un moyen de contacter le quartier général sans se faire intercepter, car sinon il nous tomberait dessus en premier. affirma Gabriel
— Si seulement elle n'avait pas ce foutu collier ! se plaignit Élodie
— Se plaindre n'arrangera rien, et de toute façon actuellement il n'y a qu'une seule solution possible, une équipe réduite devra se rendre au quartier général dès demain afin de faire un rapport de la situation, puis venir chercher l'autre équipe resté ici.
Élodie se redressa sur sa chaise, croisant les jambes.
— Et qui ira ?
— Gabriel et Sarah.
— Moi !? s'exclama Sarah, manquant de tomber de sa chaise.
— Oui toi, tu n'es pas habitué à ce genre d'opération et ta contribution est déjà plus que remarquable, et Gabriel est parmi nous le plus apte pour cette mission.
Élodie se tournait vers moi, son regard dubitatif.
— Ne serait-ce pas mieux qu'elle reste ici à attendre plutôt que de devoir traverser la ville ?
— Pourquoi tu veux y aller à sa place ? Répliqua Bastien, un sourire en coin.
— Toi, tu dois rester ici avec la petite. Le seul choix que j'ai dû prendre c'est entre Sarah et Bastien, effectivement Bastien s'en sortirait mieux à l'extérieur mais d'un autre côté l'avoir à nos côtés en cas de complication n'est pas un mauvais choix, et surtout Sarah sera accompagnée de Gabriel et je lui fais une totale confiance pour mener à bien cette mission.
— De toute façon la décision a été prise, je partirai demain à l'aube accompagné de Sarah et nous nous rendrons au quartier général ! affirma Gabriel, se relevant afin de se resservir une portion de pâte.
Nous terminions le repas dans le calme, Bastien s'était posé dans un coin et faisait une vérification de nos armes tandis que Gabriel se posait au fond de la salle, proche de la fenêtre, et entamait une cigarette.
Nous avions décidé de laisser Sarah dormir toute la nuit pour qu'elle soit pleinement opérationnelle demain, n'ayant pas l'habitude de ce genre d'opération.
Élodie faisait son lit à côté de celui de la petite, puis se couchait tandis que je faisais de même dans un lit un peu plus loin.
Il devait être dans les quatre heures du matin quand Gabriel me réveilla, c'était à mon tour de faire le guet, je me levais en faisant le moins de bruit possible afin de ne pas réveiller les autres tandis que Gabriel lui se couchait sur le matelas sur lequel je me trouvais.
Alors que mes sens commençaient à se réveiller doucement, je pouvais entendre Élodie fredonner une chanson à voix basse. Elle était sur son matelas, assise contre le mur, avec la tête de la jeune fille posée sur ses genoux. Elle se tournait vers moi, esquissant un léger sourire, continuant sa chanson tout en caressant délicatement les cheveux de la petite.
Je prenais une barre de céréales sur la table ainsi que mon arme, puis me dirigeais vers le lit où se trouvait Élodie.
C'est à ce moment-là que je faisais le rapprochement, que faisait la petite sur le lit d'Élodie ?
Alors que sans m'en rendre compte je regardais fixement la petite, Élodie tapotait légèrement le matelas à côté d'elle, m'invitant à m'approcher.
— Cela doit faire un peu plus d'une heure qu'elle s'est réveillée. chuchota Élodie
Je prenais l'une des chaises qui se trouvait autour de la table, puis la plaçai à côté du lit afin de m'asseoir près d'elles.
— Ah, je me disais bien que je l'avais vu ouvrir les yeux.
Malgré l'interruption de sa chanson, Élodie continuait de caresser les cheveux de la petite.
— C'est Gabriel qui l'a vue descendre de son lit. Apparemment, il lui a donné une assiette de pâtes, cependant elle n'a pas mangé grand-chose. Bastien a essayé de lui poser des questions, mais elle ne leur a pas décroché un mot et est retournée se coucher, mais dans mon lit.
— Eh bien, écoute, je te laisse t'en occuper, moi je vais patrouiller dans le bâtiment.
Il me restait une bonne heure et demie de patrouille avant que l'on lève le camp et que l'on se sépare. Je vagabondais dans les couloirs délabrés de l'école, tout était calme… très calme, trop calme ?
Quelques grincements provoqués par le vent, quelques feuilles s'envolant de part et d'autre du couloir, seule la lune me tenait compagnie au rez-de-chaussée.
Je me refaisais l'assaut dans ma tête et je me revoyais découvrir cette enfant dans le fourgon, réfléchissant à quelle aurait été la meilleure stratégie.
Je revoyais la grenade rebondir sur le sol, j'ai mis la vie de mon escouade en danger en ayant oublié cette possibilité si évidente, les fumigènes pour sortir malgré les tirs, j'ai été trop naïf, évidemment que ces enfoirés allaient tout tenter dans une manœuvre suicide pour en faire tomber un maximum d'entre nous.
Je frappai du poing contre un casier, si je veux connaître la vérité, je dois être plus méticuleux, je n'ai pas le droit de faire ce genre d'erreur.
Après une bonne demi-heure de patrouille et de réflexion, je retournai dans la salle du dortoir.
À ma grande surprise, la petite était réveillée, elle était assise à côté d'Élodie, toujours dans le lit, une assiette de pâtes sur les jambes, tandis qu'on lui lisait une histoire provenant sûrement de la bibliothèque se trouvant aussi à cet étage.
Me voyant arriver, Élodie termina sa page puis entrebâillait le livre.
— Tu vois, lui c'est Adrien, c'est lui notre chef.
La petite se tourna vers moi, hésitante.
— Bo... bon... bonjour.
— Je te souhaite la bienvenue parmi nous… euhhh ?
La petite dirigea son regard vers Élodie qui répondait.
— Jasmine.
— Oh, c'est un bien joli prénom que tu as là.
Étant très timide, je préférais la laisser tranquille avec Élodie, puis je m'installais au niveau de la table en écoutant l'histoire qu'Élodie avait reprise.
Après un peu plus d'une heure, je réveillai le reste des membres. Le soleil commençait à se lever, la plupart des préparatifs avaient déjà été faits la veille, ce qui accéléra le processus.
Tout le monde essayait de sympathiser avec Jasmine, lui posant des questions sur son âge et ses centres d'intérêt… mais sans grand succès.
Cependant, alors que Sarah et Gabriel s'apprêtaient à partir, un bruit métallique retentit.
Je me précipitais au niveau de la fenêtre, entrouvrant très légèrement le rideau.
— Trois hommes, armés et portant l'uniforme de True Human, ils viennent de forcer le portail !