POINT DE VUE DE GABRIEL - 1h30 plus tôt
Les autres couraient en direction du portail tandis que Sarah et moi empêchions nos poursuivants d'avancer dans le couloir.
Après plusieurs secondes et après avoir vu l'autre groupe franchir le portail, je me tournais vers Sarah.
— Allez, on décroche, on passe par la cour, maintenant !
— Bien reçu !
Elle se dirigea immédiatement vers la cour tandis que je continuais de mettre en joue la porte tout en me rapprochant de la sortie.
Dès lors que je la franchissais, je me mettais à courir vers le mur juste derrière Sarah.
Cependant, lors de notre course, des coups de feu retentirent de la rue de l'autre côté de l'école.
— C'était quoi ça ?! cria Sarah, courant de toutes ses forces.
À tous les coups, il devait y avoir d'autres unités dans la zone, il semblerait que True Human en avait vraiment après la petite.
— T'en fais pas, je suis sûr qu'ils s'en sortent, ils sont plus solides que tu le penses.
Nous arrivions finalement au niveau du mur, je me plaquai rapidement dos à celui-ci faisant la courte échelle à Sarah.
— Vas-y, une fois en haut aide-moi à monter.
Elle s'appuya sur mes genoux puis monta sur mes épaules afin d'accéder au sommet du mur qu'elle enjamba, mais alors qu'elle arriva au sommet, je faisais face aux trois hommes venant de nous retrouver au niveau de la porte.
— Couvre-moi le temps que je monte !
Alors que j'entamais mon saut pour essayer d'atteindre le sommet du mur, le premier tir de Sarah résonna dans mon crâne tandis que je la voyais manquer de tomber du muret à cause du recul.
— Gaine et resserre bien tes jambes contre le mur pour te stabiliser.
Sans dire un mot, elle s'exécuta, les douilles encore brûlantes sortaient une à une de la fenêtre d'éjection de son arme rebondissant sur mon épaule droite avant de s'écraser sur le sol dans un bruit métallique.
Je me hissai de toutes mes forces, me faisant finalement basculer de l'autre côté. Une fois redescendu, j'aidais Sarah à descendre rapidement, puis nous courions en direction d'une rue au loin.
— Allez, on se dépêche, faut pas rester ici !
Mais le monde était contre nous, à peine avions-nous quitté la zone de l'école qu'un hélico survolait la zone, balayant les ruelles encore assez sombres à l'aide d'un puissant projecteur.
Et comme un malheur n'arrive jamais seul, alors que nous arrivions finalement au bout de la ruelle, une unité de True Human nous fit face.
Pas le temps de réfléchir. Nous étions encerclés. J'alignai mes cibles une à une. Une rafale. Une chute. Un corps. Puis un autre. Et encore un autre.
Respirer devenait difficile, la pression écrasait mes poumons, mais j'étais entraîné, entraîné à éliminer mes ennemis même en situation de stress extrême.
Cependant j'avais commis une erreur…
Tandis que je traversais la rue, l'hélico nous avait retrouvé, tirant un missile parcourant la peu de distance nous séparant de lui.
L'explosion généra une violente secousse, me projetant au sol, un immense amas de poussière recouvrit la rue, et des balles commencèrent à fuser depuis l'un des côtés.
Je sprintais en direction de la dernière position connue de Sarah, criant.
— Sarah, tu vas bien ?
À quelques mètres, une silhouette se relevait péniblement, toussotant. Je courais vers elle, prenant son bras que je passais sur mes épaules.
Je me dirigeai tant bien que mal vers une ruelle, sentant sa respiration saccadée au niveau de mon oreille, elle était à bout, encore sous le choc.
— Tout va bien se passer, reste avec moi.
Lorsque nous arrivions finalement dans la ruelle quittant le nuage de poussière, je prenais la mesure de mon erreur.
Elle se tenait fébrilement le flanc, sa main tremblotante recouverte de sang. Ses yeux fixant le vide.
— Sarah ! Sarah, écoute-moi ! Tu vas rester avec moi, tout va bien se passer !
Je la prenais sur mon dos, courant de toutes mes forces et le plus loin possible afin de trouver un endroit calme pour appliquer les premiers soins.
Je parcourais les ruelles une à une, esquivant les grands axes, plus je sentais sa respiration faiblir, plus j'accélérais le rythme, comme soulevé par une force inconnue.
Je débouchai sur un vieux chantier abandonné. Des poutres de métal rouillées, des sacs de ciment éventrés, une odeur de poussière. Je montai les escaliers branlants, chaque marche grinçant sous mon poids. Mon souffle était court, mes jambes brûlaient, mais je continuai.
Une fois en haut, je la déposais délicatement contre l'un des murs, me posant moi aussi. Sans perdre un instant, j'enlevais mon gilet pare-balles et mon t-shirt que j'utilisais comme garrot, le temps de laisser son sang coaguler.
— J… je… j'ai la tê…
— Je sais, je sais, c'est normal, tu as perdu beaucoup de sang, on est en sécurité ici, ça leur prendra du temps pour retrouver notre trace et je ne pense pas que nous sommes ceux qu'il recherche le plus.
Je sortais de mon sac le peu de matériel médical que j'avais sur moi, puis enlevai délicatement celui au dos de Sarah, je les empilais puis couchai sa tête dessus afin de l'allonger le plus confortablement possible.
Ses muscles se détendaient finalement, et bien qu'elle respirait faiblement, son rythme cardiaque semblait se calmer peu à peu.
Les heures passèrent, j'en avais profité pour nettoyer sa blessure en appliquant une compresse au passage. Sa blessure devait avoir été provoquée par un éclat métallique du missile.
À priori, le projectile devait être encore brûlant au moment de l'impact, ce qui a partiellement cautérisé la plaie.
Elle avait dû souffrir le martyre pendant le trajet, je sais bien qu'il y avait de l'adrénaline mais tout de même, maintenant que j'ai vu ce dont il retournait, son calme était presque effrayant.
Alors que je vérifiais à nouveau sa blessure, Sarah remua légèrement. Ses lèvres s'entrouvrirent, laissant échapper un son incompréhensible. Je me penchai légèrement.
— … Atteindre le QG… vite …
Elle fronça les sourcils, tenta de se redresser en ignorant la douleur… en vain. Je posais ma main sur son épaule, l'appuyant légèrement contre le sol.
— Ne t'inquiète pas, on a encore le temps, repose-toi.
Je prenais doucement le bout de tissu sur son front et le re-humidifiais avant de le replacer.
— … La petite… on doit …
Une toux douloureuse l'envahissait, réveillant la douleur. Afin de l'apaiser, je versai un peu d'eau entre ses lèvres pour l'hydrater et calmer sa toux.
— Je sais, elle est en sécurité avec Adrien et les autres, pour le moment notre priorité c'est ta santé donc repose-toi, je veille.
Je gardai le regard fixé sur elle, écoutant sa respiration fragile mais régulière. Nous avions jusqu'à la tombée de la nuit pour reprendre des forces… car pour regagner le quartier général sans se faire repérer, des forces on allait en avoir besoin…