Chapitre 5 : La Vérité sur l'Atlantide
Le Refuge Caché
Le silence du désert s'étendait autour d'eux, seulement troublé par le vent qui soulevait des volutes de sable dans l'obscurité.
Nour sentit la chaleur de la main de Layla dans la sienne, ferme et assurée. Elle l'aida à se relever avant de relâcher sa prise et de jeter un dernier regard aux ruines effondrées du temple.
— On doit partir, maintenant.
Sa voix était sèche, sans appel.
Nour hocha la tête, encore sonné. Son corps était épuisé, mais son esprit ne trouvait pas de repos. Il n'arrivait toujours pas à comprendre ce qui venait de se passer.
L'énergie qui avait explosé en lui.
Les glyphes vivants.
Le prêtre noir et ses murmures d'Apophis.
Et surtout… ces souvenirs qui n'étaient pas les siens.
Layla tourna les talons et avança d'un pas rapide vers un véhicule dissimulé derrière un amas de roches. Un vieux 4x4 poussiéreux, visiblement renforcé avec des plaques métalliques et des sigles cabalistiques gravés sur le pare-brise.
— Monte.
Nour hésita une seconde, mais il savait qu'il n'avait pas le choix.
Il ouvrit la portière et s'installa sur le siège passager.
Layla démarra aussitôt, faisant crisser les roues sur le sable avant de s'engager sur une piste cahoteuse, loin des routes principales.
Le voyage se fit dans un silence pesant.
Seules les étoiles, suspendues dans le ciel infini du désert, semblaient témoins de ce qui venait de se jouer sous la terre.
Nour finit par briser le silence.
— Dis-moi tout.
Layla ne détourna pas les yeux de la route, mais il vit son expression se durcir.
— Tu veux la vérité ?
Elle accéléra légèrement.
— Alors prépare-toi à entendre quelque chose qui va changer ta vision du monde à jamais.
Les Héritiers Perdus
— Tout ce que tu crois savoir sur l'histoire humaine est faux.
Nour sentit un frisson lui parcourir l'échine.
Layla poursuivit d'une voix calme, mais tranchante comme un poignard.
— Avant l'Ancienne Égypte, avant même Sumer, il y avait une civilisation qui dépassait tout ce que l'humanité a jamais connu. Une cité d'or et de savoir, née sous la lumière des étoiles.
Elle lui jeta un regard rapide.
— Atlantis.
Nour ouvrit la bouche, mais aucun mot n'en sortit.
Layla continua.
— Les Atlantes n'étaient pas des hommes comme les autres. Ils avaient accès à des connaissances que nous avons oubliées, et surtout… ils savaient manipuler le Verbe Sacré.
Elle désigna du menton ses yeux dans le rétroviseur.
— Et toi, tu viens d'éveiller ce pouvoir.
Nour sentit une chaleur étrange pulser derrière son front. Il se souvenait du vide blanc, des symboles vivants…
— Mais Atlantis a été détruite.
Layla reprit d'un ton plus grave.
— Pas par un cataclysme naturel. Pas par une erreur.
Ses mains se crispèrent légèrement sur le volant.
— Elle a été dévorée.
Nour sentit un frisson.
— Dévorée… par quoi ?
Layla inspira profondément avant de répondre.
— Par Apophis.
Le Serpent du Néant
Le nom fit vibrer quelque chose dans l'air.
Comme s'il ne devait pas être prononcé.
— Apophis n'est pas un dieu.
Layla accéléra encore, comme si parler de lui l'incitait à fuir plus vite.
— C'est une chose ancienne. Une force née avant même la création.
Elle le regarda enfin, ses yeux d'or brillant dans l'ombre de l'habitacle.
— C'est le Néant. L'anti-existence.
Un frisson glacé se propagea dans la colonne vertébrale de Nour.
— Mais il a été scellé, non ? murmura-t-il.
Layla hocha lentement la tête.
— Oui… Mais à un prix terrible.
Son expression s'assombrit.
— Les derniers sages atlantes ont donné leur vie pour l'enfermer sous la Terre. Dans une prison cosmique que l'on appelle… l'Amenti.
Un silence lourd suivit ses paroles.
Nour sentit son esprit lutter pour assembler les pièces du puzzle.
Atlantis.
Le Verbe Sacré.
Apophis… enfermé sous la Terre.
Et lui… au centre de tout ça.
— Pourquoi moi ? murmura-t-il.
Layla soupira.
— Parce que tu es le dernier Héritier de Thoth.
Elle se gara brusquement dans une ruelle sombre, au cœur d'un quartier ancien du Caire.
— Et parce que la guerre vient de recommencer.
Les Marques du Verbe
L'endroit semblait abandonné.
Des bâtiments délabrés, des fenêtres condamnées, et un silence presque irréel pour une ville aussi bruyante que Le Caire.
Layla l'entraîna à travers une porte discrète, puis dans un couloir étroit éclairé par des lanternes anciennes.
Elle ouvrit une dernière porte et alluma une lampe à huile.
— Bienvenue chez moi.
L'intérieur était un véritable sanctuaire ésotérique.
Des parchemins couvraient les murs, des artefacts étranges reposaient sur des étagères en bois, et au centre de la pièce trônait un large bassin de pierre noire, rempli d'une eau qui semblait vibrer sous une lumière invisible.
Nour s'approcha.
— C'est quoi, ça ?
— Regarde.
Layla posa une main sur sa poitrine et l'y pressa légèrement.
Une vague d'énergie traversa son corps.
Il se pencha au-dessus de l'eau.
Et ce qu'il vit lui coupa le souffle.
Des symboles s'étaient gravés sur sa peau.
Sur son cou, sur ses bras, sur son torse.
Ils étaient d'un doré intense, palpitant lentement, comme une respiration.
Il recula d'un pas, le souffle coupé.
— Qu'est-ce que c'est… ?!
Layla croisa les bras.
— Les Marques du Verbe Sacré.
Elle s'approcha et plongea son regard dans le sien.
— Elles prouvent que tu es lié au Langage Atlante. Que tu es capable de plier la réalité avec ta seule voix.
Elle posa une main sur son épaule.
— Mais ça veut aussi dire une autre chose.
Son expression se fit grave.
— Les Serviteurs d'Apophis peuvent maintenant te sentir.
Nour sentit son estomac se tordre.
— Ce prêtre noir… murmura-t-il.
Layla hocha la tête.
— Il a déjà donné ton nom à ses maîtres.
Elle s'éloigna et s'empara d'un ancien livre, qu'elle ouvrit sur une page couverte de hiéroglyphes complexes.
— Si tu veux survivre… il va falloir que tu apprennes à utiliser ce pouvoir.
Elle lui tendit le livre.
— Et vite.
Un silence s'installa.
Nour fixa le texte antique.
Il savait qu'en acceptant… il franchirait une ligne invisible.
Mais avait-il vraiment le choix ?
Il tendit la main.
Et saisit le livre.
Fin du Chapitre 5