Kael referma la porte derrière lui d'un coup sec, comme s'il voulait claquer la réalité dehors. Son souffle était court, ses tempes martelaient à l'unisson avec la douleur aiguë qui tirait dans son bas-ventre. Sa queue bandée tendait désespérément contre la fermeture éclair de son jean, le frottement presque insupportable à chaque pas.
Putain, Ezra…
Ce simple nom explosait dans sa tête. L'image de son visage, de ses lèvres, de son corps… ça le rendait fou. Chaque détail de leur proximité récente s'imprimait dans sa chair, le brûlait de l'intérieur.
Sans même réfléchir, il déchira sa ceinture, fit sauter le bouton de son jean, et ses fringues tombèrent au sol en un amas désordonné. Il n'avait qu'une idée en tête : satisfaire cette rage qui grondait en lui.
Il entra dans la douche, ouvrit l'eau froide à fond, mais le feu qui bouillonnait dans ses veines était incontrôlable. La morsure glacée de l'eau sur sa peau tendue ne faisait qu'amplifier la tension. Kael s'appuya contre le mur, la tête basse, son souffle rauque résonnant dans la cabine. Sa queue était dure comme de l'acier, palpitante, exigeant une libération immédiate.
Il glissa sa main le long de son ventre trempé, jusqu'à son membre, et dès qu'il le serra, un gémissement brutal jaillit de sa gorge.
— Merde… grogna-t-il, sa voix rauque vibrante de frustration.
Il n'y avait plus de retour en arrière. Ses doigts serrèrent plus fort, entamant des mouvements rapides, désespérés, comme si sa vie en dépendait. Le bruit humide de sa main glissant sur sa queue se mêlait au martèlement de l'eau sur le carrelage, créant une cacophonie obscène.
Il ferma les yeux, mais l'image d'Ezra était là, plus vive, plus claire que jamais. Son rire, cette façon de se mordre la lèvre quand il se concentrait, ses hanches fines qui appelaient ses mains, ce regard malicieux qui le défiait sans le savoir.
— Putain, Ezra… haleta-t-il, ses hanches commençant à pousser contre sa main.
Il s'imaginait le plaquer contre le mur, ses gémissements résonnant dans ses oreilles, ses ongles griffant ses épaules. Il le voyait, les jambes écartées, prêt à le recevoir, le supplier de plus. Kael grogna plus fort, frappé par une vague de désir brutale, presque violente.
— T'es à moi putain… souffla-t-il entre ses dents serrées, accélérant ses mouvements à un rythme frénétique, incontrôlable.
Chaque vas-et-vient envoyait des éclairs de plaisir à travers son corps, mais ce n'était pas assez. Il voulait plus, il voulait le sentir pour de vrai, entendre ses cris, sentir ses muscles se contracter autour de lui.
Ses gémissements se transformèrent en râles gutturaux, des sons qu'il ne se savait même pas capable de produire. La sueur se mêlait à l'eau glacée, glissant sur ses muscles tendus à l'extrême.
Ses doigts serrèrent encore plus fort, presque douloureusement, cherchant cette libération qu'il sentait monter, un torrent dévastateur prêt à éclater.
— Ah… fuck… ! hurla-t-il, incapable de se contenir.
Et là, ça le frappa. Un orgasme violent, brutal, qui le laissa tremblant, les jambes prêtes à céder pendant que ses phéromones explosèrent à leur tour dans la pièce . Un jet épais et brûlant jaillit de sa queue, giclant sur sa main, éclaboussant son ventre et glissant le long de sa cuisse. Le liquide s'étalait sur sa peau, chaud contre la froideur de l'eau, formant des traînées blanches qui se mêlaient aux gouttes ruisselantes.
Il resta là, haletant, encore tremblant, fixant sa main couverte de sperme, le liquide s'étalant entre ses doigts, visqueux, collant, avant d'être lentement emporté par l'eau.
Mais même après cette explosion, le feu ne s'éteignait pas. Son corps en voulait encore, son esprit était encore prisonnier de cette obsession.
Il laissa sa tête tomber contre le mur, les yeux fermés, son souffle rauque résonnant dans la cabine.
— Qu'est-ce que tu me fais, Ezra… ? murmura-t-il.
Pendant tout ce temps, il avait fait de son mieux pour jouer le rôle du meilleur ami parfait. Depuis combien de temps ne s'était-il pas laissé aller comme ça, juste en pensant à quelqu'un ? Chaque fois qu'il ressentait une envie, il savait exactement où aller et trouvait quelqu'un – homme ou femme – pour assouvir ce besoin sans état d'âme. Pourtant, inconsciemment, c'était toujours Ezra qui le faisait réagir de cette façon. Mais il s'était menti pendant si longtemps, refoulant ses propres sentiments, qu'il refusait de l'admettre.
Jusqu'à aujourd'hui.
Depuis que sa sœur lui avait parlé, depuis qu'elle l'avait forcé à regarder la vérité en face, Kael n'avait cessé d'y penser. Il avait pris du recul, évité Ezra autant que possible, espérant trouver une autre conclusion. Mais il n'y en avait pas. Il était fou de son meilleur ami. Au point que c'en devenait douloureux.
Mais il savait qu'Ezra ne voudrait jamais mettre leur amitié en péril. Il le connaissait par cœur. C'était même lui qui, par le passé, avait juré que jamais il ne dépasserait cette limite entre eux. Voilà pourquoi Kael était aussi frustré ces derniers temps. Il redoutait le pire s'il lui en parlait.
^^
Ezra était retourné à l'hôpital comme prévu pour un bilan de santé afin d'observer l'évolution de son état.
— C'est tout à fait normal, Monsieur Cruz, que votre corps réagisse aux phéromones des Alphas et des Omégas. Lorsque vous étiez Bêta, vous étiez immunisé contre ces sensations, mais maintenant que vous êtes un Oméga, votre organisme suit le procédé biologique naturel, expliqua le médecin.
— Je vois…
— Mis à part cela, ressentez-vous quelque chose d'inhabituel ?
— Je… euh…
— Ne vous inquiétez pas, je suis là pour vous aider, l'encouragea le médecin.
Ezra hésita un instant avant d'avouer, mal à l'aise :
— J'ai ressenti… ce besoin de me toucher.
Le médecin resta impassible.
— Et à quel moment cela s'est-il produit ?
— J'étais avec un ami… J'ai senti ses phéromones, c'était la première fois… Et j'ai trouvé ça agréable. Trop agréable. Au point de… fantasmer.
Le médecin esquissa un léger sourire.
— Il n'y a rien d'anormal à cela. Les phéromones des Alphas ne provoquent pas tous les mêmes réactions. C'est comme un parfum : certains vous rassurent, d'autres vous menacent, d'autres encore vous attirent irrésistiblement. C'est un phénomène naturel, car les Alphas et les Omégas sont biologiquement conçus pour s'accoupler.
Ezra hocha la tête, pensif.
— Mais je vous déconseille d'abuser des inhibiteurs et des suppresseurs. Tant que nous ne savons pas quand surviendra votre première chaleur, il vaut mieux ne pas trop solliciter votre système hormonal.
— J'en prends seulement pour aller au travail ou lorsque je dois voir du monde.
— Vous montrez de bons signes d'adaptation, mais restez prudent.
Ezra mordilla l'intérieur de sa joue avant de poser la question qui le tracassait depuis un moment.
— Est-ce que… je vais devoir passer cette période avec un Alpha ?
— Ce n'est pas une obligation, mais c'est fortement recommandé, répondit le médecin.
— Pourtant, je connais quelqu'un qui traverse ses ruts seul et prend des médicaments jusqu'à ce que ça passe. Ne peut-il pas en être de même pour un Oméga ?
Le médecin soupira légèrement avant de répondre avec sérieux :
— Techniquement, c'est possible. Mais ce n'est pas conseillé. Contrairement aux chaleurs, les ruts sont des périodes d'agressivité et d'instincts primaires décuplés chez les Alphas. Un Alpha qui réprime trop souvent ses ruts devient plus instable, plus violent. À force d'ignorer son besoin biologique, il accumule une tension qui se manifeste brutalement lors du rut suivant. Ce genre de situation peut être extrêmement dangereuse pour l'Oméga qui se trouvera sur son chemin.
— …
— Pour les Omégas, c'est un peu différent. Votre corps subira des phases de fièvre et d'hypersensibilité aux phéromones, et lutter contre cet état en solo peut engendrer des complications. Vous risquez des douleurs intenses, une instabilité émotionnelle, voire une détresse physiologique grave. C'est pour cela qu'il est recommandé de traverser cette période accompagné.
Ezra serra les poings, absorbant ces informations.
^^
Après son rendez-vous, il passa à la pharmacie prendre des vitamines, puis rentra chez lui pour se changer avant de retrouver Kael et les autres dans un restaurant de nouilles.
Bien entendu, il s'était assuré de prendre ses médicaments avant de sortir.
Ce qui devait être un simple après-midi entre amis s'était rapidement transformé en soirée alcoolisée dans un bar rempli de filles et de mecs qui se trémoussaient au rythme de la musique.
— Vous m'avez menti pour que je vienne, lâcha Ezra, exaspéré.
— Oh, arrête, on sait tous que t'aurais trouvé une excuse sinon, répliqua Kris avec un sourire en coin.
— Même Kael, qui est une star, n'est pas aussi prudent que toi, ajouta Adrien.
Ezra soupira et garda son verre en main, se contentant de le faire tourner entre ses doigts sans y toucher. Il savait qu'il devait se limiter, non seulement à cause des médicaments, mais aussi parce qu'il ne tenait pas bien l'alcool.
La soirée continua entre jeux de cartes, paris insensés et verres qui s'empilaient.
— Je te trouve bien calme aujourd'hui, lança Kris à Kael en ramenant une nouvelle bouteille de whisky.
Kael se contenta de sourire avant de s'approcher d'Ezra et Adrien.
— Putain, Ezra, c'est la deuxième fois que je perds. T'es plus doué que nous trois réunis, sauve ma fierté, se plaignit Adrien.
— Laisse-le tranquille, il n'en a rien à foutre de ta fierté, ricana Kael, son éternel rire moqueur.
— C'est ta caisse que j'ai pariée cette fois, tu ferais mieux de m'aider au lieu de monter contre moi, ajouta Adrien.
Kael lui fit un droit d'honneur, sachant combien cette voiture de collection était précieuse.
— J'y gagne quoi si tu gagnes cette partie ? lança Kael.
— Hé, je suis là, je vous rappelle, répliqua
Dans leur salle VIP, des filles et des gars à moitié nus dansaient, offrant un spectacle effréné, pendant qu'Adrien et Kris se délectaient des baisers et des caresses de leurs partenaires.
L'odeur des phéromones de ses amis Alphas se mêlait à l'alcool et à celle du désir, créant une atmosphère électrisante que Ezra commençait à peine à supporter.
Assis en face de lui, Kael sirotait son whisky et lança un regard, comme pour lui demander si tout allait bien. Ezra répondit en buvant d'un trait son verre.
Finalement, un mec super beau, aux hanches fines, s'approcha de Kael. Ses yeux et ses cheveux lui rappelèrent étrangement Ezra. Sans attendre l'autorisation, il se mit sur lui et lui offrit une fraise de la salade de fruits qui était sur la table. Les autres, sauf Ezra, éclatèrent de rire à cette vue. Kael accepta la fraise et laissa ce mec se trémousser sur lui, sans pour autant laisser la situation aller plus loin qu'un baiser léger dans le cou. Pourtant, il chercha le regard d'Ezra, qui semblait complètement désintéressé.
C'est vrai qu'Ezra avait toujours accepté d'être avec eux, même lorsqu'il était plus jeune, sans se mêler de leurs conneries. Kris et Adrien, eux, n'hésitaient pas à s'en donner à cœur joie.
Le bêta se mit à genoux devant Kael, défaisant son pantalon, prêt à lui faire une pipe. Il tenait sa propre bite et se masturbait pendant qu'il touchait celle de Kael, s'apprêtant à la mettre dans sa bouche.
Ezra n'en pouvant plus, se leva et se dirigea vers les toilettes. Là, sans s'en empêcher, il vomit tout ce qu'il avait dans l'estomac.
Quelques minutes plus tard, alors qu'il reprenait son souffle, il sentit une présence derrière lui.
Cette odeur… Il la reconnaîtrait entre mille.
— On peut rentrer maintenant si tu ne te sens pas bien, dit Kael en lui caressant doucement le dos.
Ce simple contact le fit frissonner.
— Ça va, t'inquiète. J'ai juste un peu trop bu. Ce n'était pas la peine de te déranger pour ça.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Tu es ma priorité, répliqua Kael en lui prenant le poignet.
— Il n'est que 9h, ta soirée n'est pas terminée, insista Ezra.
— Tu parles trop, tu penses pas ? répondit Kael.
Finalement, ils récupérèrent leurs affaires sans prêter le moindre soin aux deux autres qui, d'ailleurs, semblaient avoir complètement oublié leur présence.