Chapitre 43

Kael venait de franchir la porte du bureau de sa mère, l'air furieux, un mélange de frustration et de colère brûlant dans ses veines. Les gardes du corps, pourtant habitués à gérer les situations les plus tendues, se sont retrouvés impuissants face à l'aura écrasante qu'il dégageait. Ses phéromones d'alpha, qu'il ne prenait même plus la peine de masquer, frappaient tout sur leur passage, une onde de domination qui réduisait au silence même les plus costauds d'entre eux. "Votre mère est en ligne avec une personne importante". Mais il s'en moquait.

La rage qu'il ressentait transformait l'air autour de lui en une pression palpable.

Il entra dans le bureau avec la furie d'un homme brisé, ignorants les protestations des gardes, repoussant sans ménagement toute résistance.

— Comment as-tu pu me faire ça ? Les mots fusèrent, brûlants et accusateurs, sans même un instant d'attente pour qu'elle termine son appel.

Elle fit savoir à la personne qu'elle rappellerait plus tard, avant de poser le téléphone avec une rapidité presque fébrile. Puis, elle se tourna lentement vers Kael, arborant cette expression de calme artificiel qu'elle savait si bien simuler. Comme si de rien n'était.

— Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tout ce carnage de si bon matin ? demanda-t-elle, sa voix feignant l'ignorance.

Les gardes, étaient toujours présents dans la pièce derrière Kael, comme des spectateurs dans l'arène. Lydia, d'un geste agacé, leur fit signe de sortir. Elle avait une scène à jouer, et ses hommes n'étaient plus nécessaires. Ils obéirent, laissant mère et fils seuls face à face.

Kael les toisa, puis reposa son regard sur sa mère. Ses phéromones, toujours en surchauffe, emplissaient l'espace comme une bombe prête à exploser. Le contrôle qu'il avait toujours voulu avoir semblait s'échapper à chaque parole qu'il crachait avec mépris.

— Ne me fais pas croire que tu ne sais pas de quoi je parle. Tu sais très bien à quoi je fais allusion.

Kael s'approcha d'elle, l'âme en furie.

— Ne te fous surtout pas de moi, cracha-t-il, sa voix tranchante comme une lame. Je t'avais prévenu de ne plus embêter Ezra. De ne plus le traiter comme un gamin naïf à qui tu peux faire avaler n'importe quoi. Mais surtout, de ne plus l'utiliser comme un de tes pions.

Sa mère haussait les épaules, toujours aussi implacable dans son déni, comme si le poids des accusations était trop lourd à porter.

— Et pourquoi parle tu d'Ezra tout à coup?

La colère de Kael monta d'un cran. Il laissait tomber ses dernières barrières et les mots sortirent avec la force d'une explosion incontrôlable.

— Ne fais pas semblant. Je sais que tu lui as parlé. Je sais que tu lui as raconté cette merde qui lui a fait perdre la tête.

Lydia, apparemment incapable de soutenir plus longtemps ce jeu, laissa tomber son masque. Elle s'assit dans son fauteuil, la froideur de ses gestes trahissant la vérité qu'elle tentait de cacher.

— Je n'ai fait que ce qu'il fallait, pour toi.

La réplique de Kael jaillit, plus acerbe encore. Il n'y avait plus de place pour la retenue.

— Je ne suis plus un enfant ! Je n'ai pas besoin que tu contrôles chaque aspect de ma vie. Et surtout, je n'ai pas besoin de toi pour surveiller mes moindres faits et gestes. J'ai ma propre vie, et rien de ce que je fais ne te regarde.

Lydia se leva d'un coup, son visage désormais déformé par la colère. Elle s'approcha de lui, son regard devenu glacial, tranchant comme une lame.

— En t'envoyant en l'air avec ton meilleur ami, tu peux bien imaginer que ce n'est pas un acte digne des Vesper.

Le regard de Kael s'assombrit un instant.

— J'en ai rien à foutre de ce titre.

Tout ce temps, j'ai fermé les yeux sur tout ce que tu m'as fait, même quand tu me faisais suivre contre mon gré. Mais là, tu es allé trop loin. Tu te mêles de ma vie privée. De ce que je fais avec les gens qui comptent pour moi. Et tu t'y prends mal.

— Tu es mon fils ! hurla-t-elle, une rage de plus en plus évidente dans sa voix.

Ses mains s'étaient posées sur la table, comme si elle cherchait à maintenir une autorité qu'elle n'avait plus.

— Et pas ton putain de chien de garde ! répondit Kael, sa voix éclatante de défi. Puis, dans un geste rapide et brutal, Lydia le gifla violemment.

— J'ose même pas imaginer comment vous vous êtes marrés en disant que vous m'avez bien dupée, en le faisant passer pour ton meilleur ami, alors qu'en réalité, tu le baisais depuis tout ce temps. Il ne vaut pas mieux que ces salopes dehors qui vendent leur corps.

— La ferme !

Le silence qui suivit fut lourd, lourd de significations non dites. Kael, la mâchoire serrée, se laissa envahir par une fureur noire. Ses phéromones éclatèrent de plus belle, déstabilisant Lydia. Son regard baissa, instinctivement soumis à la domination de son propre fils, pourtant une femme d'acier dans son domaine.

— Je t'interdis de parler de lui comme ça. Sa voix tremblait sous la rage. Tu peux dire ce que tu veux de moi, j'en ai rien à foutre, mais… Il serra les dents, une larme roulant sur sa joue. Tu n'as pas le droit de parler de lui de cette façon.

Finalement, voyant sa mère dans cet état, il relâcha doucement son emprise et recula d'un pas, se sentant trop proche d'elle.

Lydia, désormais presque tremblante, se redressa et réajusta sa jupe, tentant de récupérer un semblant de dignité.

—Je t'ai laissé faire tout ce que tu voulais, dit-elle d'une voix plus douce, mais toujours aussi tranchante. Même cette stupide course de voiture, et c'est comme ça que tu me remercies ?

— Ah, je devais donc te remercier ? Et pourquoi exactement dis-tu ?

Kael explosa.

— Tout ce que tu as fait, c'était pour toi et pour toi seule. Tant que ça préservait l'image des Vesper, tout allait bien. Mais m'as-tu au moins demandé une fois comment je me sentais après une course ? M'as-tu appelé avant une course juste pour me dire que tu croyais en moi ? Non. Rien. J'ai fait ça tout seul.

Lydia, comme une mère qui cherche à récupérer ce qu'elle a perdu, s'approcha de lui, tendant la main. Mais Kael recula encore, ne supportant pas la proximité de la manipulation.

— Tu veux que je me marie, pas vrai ?dit-il d'un ton glacial, son regard désormais fixe et froid. Oke...d'accord...Alors, je le ferai.

Un éclair de soulagement traversa le visage de Lydia, avant de disparaître instantanément, remplacé par une expression perplexe quand elle aperçut le sourire étrange de Kael.

— Oui, continua-t-il, un sourire presque cruel sur les lèvres. Je vais me marier, mais ne pense pas que je vais me laisser prendre dans ton jeu avec les poupées de tes amis. J'ai passé l'âge pour ça, Maman.

Je vais épouser Ezra, l'homme que j'aime, et toi et papa pouvez bien aller vous faire foutre si ça vous déplaît.

Kael avait toujours été un enfant turbulent et rebelle. Mais ce qui surprit sa mère à cet instant, ce ne fut pas son insolence habituelle, mais la colère brute qui émanait de lui, une rage qu'elle n'avait jamais perçue auparavant.

Et là, elle comprit son erreur.

Elle n'avait jamais été une mère parfaite.

Mais bon sang… elle voulait juste le bonheur de son bébé.

Elle s'y était simplement prise de la mauvaise façon.

— Kael...tenta-t-elle, sa voix brisée. Elle s'approcha pour le retenir par le bras, mais Kael, dans un geste fulgurant, se défit violemment de son emprise.

Avant de franchir la porte, il se tourna vers elle.

— Ah... et sache qu'il a gardé le bébé. Qu'il ne s'en est pas débarrassé, malgré tes précieux conseils.

Son regard, brûlant d'une colère glaciale, transperça sa mère, une dernière menace bien trop réelle.

— Prépare-toi à sourire devant les médias en grand-mère modèle... Parce que je ne compte pas cacher ça.

La porte claqua violemment derrière lui, résonnant comme un point final. Il s'éloigna sans un regard en arrière.

Dans le hall, des murmures se firent entendre à son passage, mais Kael ne s'en souciait pas. Une fois dehors, il monta dans sa Lamborghini jaune, alluma le moteur, et s'élança dans la ville.

Alors, quelle était la prochaine étape ? Il n'en avait aucune idée. Tout s'était enchaîné si vite. Dès que Gabriela lui avait révélé la vérité, la première chose qui lui était venue à l'esprit, c'était d'appeler son frère. Il voulait être sûr qu'il n'était pas au courant. Mais ce n'était qu'une autre trahison. Son frère savait tout, depuis longtemps, et l'avait laissé dans l'ignorance.

Mais ce qui l'avait achevé, c'était d'apprendre qu'Ezra portait un enfant, son enfant. Et que sa mère avait joué sur la sensibilité d'Ezra et avait osé lui suggérer d'avorter sous prétexte qu'il était une menace pour l'image publique de Kael, la bonne blague, elle lui avait même dit de partir, de s'éloigner.

Sans réfléchir, il s'était précipité dans le bureau de sa mère, furieux. Mais maintenant que c'était fait, il ne savait plus quoi faire d'autre.

Ses pensées tournaient en boucle. Se présenter devant Ezra ? Est-ce qu'il accepterait de l'écouter ? De lui pardonner ? Kael en doutait. Il redoutait ce moment, mais il savait qu'il devait y aller.

Il n'était pas prêt à perdre l'amour de sa vie.