Chapitre Spécial II

Ezra se tenait devant le miroir, la main sur son ventre, ajustant sa chemise d'un blanc éclatant. Le tissu était doux contre sa peau, mais il ne pouvait s'empêcher de froncer les sourcils. La chemise épousait ses épaules avec une élégance naturelle. Un corset finement brodé ceignait sa taille, mettant subtilement en valeur la rondeur naissante de son ventre, symbole précieux de l'enfant qu'il portait. Le pantalon, ajusté avec une précision exquise, soulignait la finesse de ses jambes et s'achevait sur des chaussures d'un blanc éclatant, à la fois élégantes et confortables.

Mais ce qui captivait le plus, c'était la veste longue qu'il portait. Structurée et majestueuse, elle s'ouvrait sur ses hanches avec une fluidité presque théâtrale, tombant en une traîne légère qui glissait sur le sol à chacun de ses pas. Les perles et les broderies discrètes qui ornaient les bords captaient la lumière, ajoutant à l'ensemble une aura presque irréelle.

Ses vêtements, bien que parfaitement ajustés, ne cachaient pas pour autant la rondeur de son ventre. Il bouda un peu, se tournant sous tous les angles, agacé par la manière dont il se sentait. Ce n'était pas une question de beauté, ni de plaire à Kael, il avait confiance en lui là-dessus, mais plutôt le sentiment d'être plus lent qu'avant, de ne pas être aussi léger qu'il l'aurait voulu.

— Je ressemble à une boule, maman, grogna-t-il en fixant son reflet.

Sa mère avança dans la pièce, un sourire rassurant sur le visage. Elle s'approcha de lui, effleurant son bras pour l'apaiser.

— Tu es magnifique, mon chéri. Gabriela, avec son regard bienveillant, s'approcha et posa une main rassurante sur son épaule. Le ventre, les courbes, tout cela fait partie de toi. Rien de plus beau que la vie qui grandit en toi.

Ezra leva les yeux vers elle, un petit sourire de gratitude apparaissant sur ses lèvres. Il savait que sa mère avait raison, mais cela n'empêchait pas ses émotions de se mêler.

— Ouais, murmura-t-il.

Travis, qui se trouvait à ses côtés, ajouta avec un sourire.

— Et ce n'est pas ce ventre qui va gâcher cette tenue.

De l'autre côté de la salle, Kael se préparait pour la cérémonie dans un calme absolu, accompagné de sa sœur Elena et de son frère Adrian. Il portait un costume noir impeccable, d'une élégance qui lui allait à ravir. La chemise noire avec des détails argentés sur le col et les poignets accentuait son allure de prince moderne, tandis que son pantalon parfaitement coupé soulignait sa silhouette athlétique. La veste en velours noir, avec des reflets argentés, ajoutait une touche de sophistication discrète mais marquante. Kael, bien que calme, ne pouvait cacher l'anticipation qui brillait dans ses yeux.

— Tu as hâte de voir Ezra dans sa tenue, hein ? demanda Elena avec un sourire en coin.

Kael hocha la tête, un léger sourire en coin.

— Je sais qu'il est magnifique, mais je suis impatient de le voir marcher vers moi.

— Il a tout pour te rendre fou, dit Adrian avec un clin d'œil. N'oublie pas de respirer p'tit frère.

Kael rit doucement, se concentrant sur le moment à venir. Il voulait que ce mariage soit intime, rien que pour eux. Aucune couverture médiatique, aucun regard extérieur. Juste eux deux, leur famille, et quelques amis proches. Il savait qu'Ezra préférait ainsi, et c'était exactement ce qu'il a fait.

Trois jours avant cela Kael n'avait pas pu s'empêcher de faire part de ses préoccupations. Il avait observé les signes de fatigue sur Ezra, chaque mouvement un peu plus lent, mais le docteur avait assuré que l'accouchement serais dans deux semaines au moins.

— Tu sais, on pourrait encore repousser, avait-il proposé. Je sais à quel point ça a été difficile pour toi, et je ne veux pas que ce mariage devienne une source de stress supplémentaire.

Ezra avait pris un moment pour lui répondre, ses yeux brillants d'une confiance tranquille.

— Non, Kael, avait-il dit fermement, mais avec un sourire. Je me sens mieux. Le grand jour ne peut plus attendre. J'ai envie de le faire. Je me sens capable de tenir debout pour toi, pour nous.

Kael avait alors baissé les yeux, un soupir passant entre ses lèvres, avant de lui prendre la main. Il avait compris. Ils en étaient arrivés à ce point, et ce mariage ne pouvait plus être remis. —

Alors, d'accord, avait-il murmurés, son regard se plongeant dans celui d'Ezra.

La cérémonie était un chef-d'œuvre d'intimité. Elena, en tant que principale organisatrice, avait dirigé chaque détail avec perfection. Les couleurs du mariage étaient un subtil mélange de blanc pur, argent et bleu clair, chaque élément se fondant harmonieusement dans une décoration qui respirait l'élégance sans être ostentatoire. Les colonnes de l'autel étaient drapées de tissus légers, agrémentées de fleurs fraîches blanches et argentées. Des chandeliers scintillaient doucement tout autour, créant une atmosphère chaleureuse.

Les invités se tenaient en silence, attendant que le cortège commence. Les garçons d'honneur, Danni, Adrien, Kris, Yun, étaient tous vêtus de costumes impeccables, chacun choisissant des touches subtiles de bleu marine pour se marier avec l'ensemble. Les filles d'honneur, Mélina, Emma, Jane, et Sophia, une cousine de Ezra, vêtues de robes légères aux teintes douces de rose pâle et de blanc, se déplaçaient gracieusement, leurs sourires radieux apportant une touche de fraîcheur à la scène.

Ezra arriva, soutenu par sa mère. Tout le monde se lève pour l'accueil.

Il ne pouvait empêcher l'émotion de l'envahir en apercevant Kael, l'homme qu'il allait épouser. Kael le regarda, son cœur battant fort, mais il restait calme avec ce sourire quil ne pouvait empêcher.

Lorsque Gabriela lui tendit la main de son fils, le cœur de Kael fut rempli de joie. C'était un geste de passation, une promesse de continuer ensemble. Sa mère s'éloigna, confiant son fils à Kael, qui prit doucement sa main.

Ils se dirigèrent ensemble vers le prêtre, l'autel les accueillant dans un silence sacré. Ils se tenaient là, face à l'avenir, l'un à côté de l'autre, prêts à se dire leurs vœux.

Lorsque le moment arriva, la petite Mia, la sœur cadette de Kael, s'avança avec une grâce tranquille, portant les alliances dans une petite boîte en velours, toute en discrétion.

La cérémonie se déroula simplement, mais chaque mot prononcé résonnait profondément. Kael, avec une émotion palpable, regarda Ezra dans les yeux et déclara : — Je te prends comme mon partenaire, mon âme sœur, mon égal. Je te promets de t'aimer sans condition, de te soutenir dans tout ce que tu fais, et de rester à tes côtés, à travers tout.

Ezra, les yeux pleins de larmes qu'il ne pouvait retenir, répondit : — Je te prends aussi, Kael. Pour aujourd'hui, pour demain, pour tout ce que la vie nous réserve. Je te promets de t'aimer, de partager nos peines et nos joies, et de faire de nous un tout.

Lorsque le prêtre leur donna la bénédiction, il les invita à s'échanger leurs vœux de mariage. Leur premier baiser en tant que mari et marié scella l'engagement, et tout le monde autour applaudit doucement, le bonheur palpable dans l'air.

Ils l'avaient fait.

La réception battait son plein dans la grande cour, décorée avec soin pour l'occasion. Les invités riaient et dansaient, appréciant chaque moment de cette journée parfaite. La lumière des guirlandes brillait dans la nuit, se mêlant à l'odeur délicieuse des plats qui circulaient.

Ezra, les yeux pétillants, se mêlait à la foule avec Kael à ses côtés, saluant chaque visage connu. Les rires résonnaient autour d'eux, et la musique entraînait les corps dans un ballet de danse. Kael n'avait d'yeux que pour lui, écoutant les conversations mais jetant régulièrement des regards adorateurs vers son époux. Ezra, malgré son état, n'avait jamais été aussi beau, aussi radieux.

Puis, un grondement de moteur secoua l'air, et un cri de joie s'éleva de la foule. Kael, avec son sourire taquin, tourna les yeux vers la grande cour. Alors, c'était à ça que servait la grande piste improvisée, ce terrain parfaitement plat avec des lignes blanches tracées pour délimiter la zone. Un espace parfait pour une démonstration de drift, où les voitures glissent avec aisance, maîtrisant chaque virage dans un spectacle de contrôle et d'adrénaline. Ezra comprit enfin la surprise de Travis.

Mais soudainement, un malaise traversa Ezra. Alors qu'il appréciait le spectacle, il se figea, une vague de nausée s'emparant de lui. Il se passa une main sur le front, chassant un début de sueur froide, pensant d'abord que c'était l'excès d'émotion.

— Ça va ? demanda Kael, son ton soudainement plus grave, se tournant vers lui, alarmé par la pâleur qui envahissait son visage.

Ezra secoua la tête, souriant doucement, essayant de rassurer Kael.

— Ça va, c'est juste un peu trop d'émotions, rien de grave, lui répondit-il d'une voix basse.

Mais avant qu'il ne puisse en dire davantage, un autre frisson le traversa. Ce n'était plus juste la fatigue, ni l'excitation. Il sentit une pression dans son ventre, puis une sensation étrange de chaleur et de lourdeur. Ses yeux s'écarquillèrent.

Il n'eut même pas le temps de réagir qu'il sentit un liquide chaud glisser entre ses jambes.

— Kael, murmura-t-il, sa voix brisée.

Kael tourna rapidement la tête, ses yeux se posant sur Ezra, son expression se figeant en une panique calme. L'instinct le poussa à agir immédiatement. Il appela Kris, qui était à quelques pas, et lui demanda les clés de la voiture.

Alarmé par la voix de Kael, un silence s'abattit autour d'eux, et ses proches s'approchèrent immédiatement, leur regard inquiet passant de Kael à Ezra.

— Ez… accroche toi, dit-il fermement, sa voix ne laissant aucune place au doute.

Il attrapa son époux par la taille, ses phéromones naturellement libérées dans l'air pour apaiser Ezra, pour lui donner la force de tenir. Kael savait que ces phéromones jouaient un rôle crucial maintenant, renforçant l'énergie d'Ezra, mais aussi le sien. Cela lui donnait la vitesse et la concentration dont il avait besoin pour ce moment.

Sans plus attendre, Kael se dirigea vers la sortie, son cœur battant à toute vitesse. Il n'avait pas le temps d'appeler une ambulance, il devait partir tout de suite. Il prit juste la peine d'annoncer leur arrivée à l'hôpital pour gagner du temps. Gabriela, Elena et Travis le suivirent, inquiètes mais silencieuses. La voiture rugit sous ses pieds, filant entre les rues de la ville, brûlant quelques feux rouges, mais Kael ne se laissait pas distraire. Chaque seconde comptait.

— Tiens bon, Ezra, dit-il d'une voix rassurante, ses yeux fixés sur la route, son pied pesant lourdement sur l'accélérateur.

Ezra, les dents serrées, s'accrochait à sa mère à l'arrière de la voiture, sentant la douleur croissante dans son ventre, mais il ne voulait pas montrer sa faiblesse. Ses mains tremblaient légèrement, son corps tendu par l'effort de lutter contre la douleur qui semblait chaque instant plus vive.

Quand ils arrivèrent au parking de l'hôpital, les infirmières les attendaient déjà, guidant rapidement Ezra vers la salle d'accouchement. Kael, en retrait, se sentit un poids sur les épaules, mais il ne lâcha pas la main d'Ezra, l'accompagnant dans cette traversée silencieuse.

Les autres membres du groupe arrivèrent quelques minutes plus tard, descendant précipitamment de la voiture avant de se ruer à l'intérieur. Ils rejoignirent ceux déjà présents dans le hall d'attente, où l'atmosphère était chargée d'inquiétude. Certains étaient assis, les mains croisées, les yeux rivés sur le sol, comme s'ils tentaient de contenir leur impatience. D'autres, incapables de rester immobiles, arpentaient nerveusement les couloirs, tels des lions en cage.

Et bien sûr, Adrien, fidèle à lui-même, trouva rapidement un moyen d'alléger l'ambiance, lançant des blagues pour arracher quelques sourires, même si l'anxiété restait palpable sur chaque visage.

Puis, au bout de ce qui sembla une éternité, une infirmière sortit, un grand sourire sur les lèvres.

— L'accouchement s'est très bien passé madame en se tournant vers la mère de Ezra. Félicitations.

Les visages autour d'elle s'illuminèrent instantanément, un éclat de joie éclatant dans l'air. Ils sautèrent de joie, avant de se souvenir qu'ils étaient à l'hôpital et qu'ils ne pouvaient pas déranger les autres patients. Et là, le rire collectif éclata de plus belle.

Dans la Salle d'accouchement

Le souffle court, les mains crispées sur celles d'Ezra, Kael vêtu de sa blouse stérile et un bonnet posé sur sa tête, ne le lâchait pas du regard. Chaque contraction semblait lui déchirer le cœur autant qu'elle brisait Ezra de l'intérieur. Il aurait tout donné pour alléger sa douleur, pour prendre sa place ne serait-ce qu'un instant, mais la seule chose qu'il pouvait faire, c'était être là. Être son ancre, son pilier.

Alors il serra un peu plus ses doigts autour des siens, lui offrant ses phéromones en un flot continu, murmurant son nom entre deux encouragements tremblants.

— Respire, Ezra… Je suis là, je te tiens… encore un peu…

Sa voix était plus rauque qu'il ne l'aurait voulu. Il voulait être un roc, une force inébranlable pour Ezra, mais la panique sourde qui l'habitait rendait ses gestes fébriles. Il sentait la sueur glisser le long de sa nuque, le tissu de la blouse qu'on lui avait fait enfiler collant à sa peau. Il n'avait jamais eu aussi peur de toute sa vie.

Puis, après ce qui lui sembla une éternité, un cri fendit l'air.

Un son minuscule, fragile… mais si puissant.

Kael resta figé. Il n'entendait plus rien d'autre. Il vit le médecin s'affairer, un petit corps être soulevé avec délicatesse, le bruit d'un linge froissé alors qu'ils enveloppaient leur enfant. Son enfant.

Son cœur, déjà battant à tout rompre, rata un battement quand une infirmière s'approcha de lui, un sourire fatigué mais bienveillant sur le visage.

— Félicitations… C'est un garçon.

Kael ouvrit la bouche, mais aucun mot n'en sortit. Ses mains tremblaient légèrement lorsqu'il baissa les yeux vers le minuscule être emmailloté dans les bras de l'infirmière. Il n'arrivait pas à détacher son regard de ce petit visage froissé, de cette poitrine qui se soulevait doucement avec chaque respiration.

À côté de lui, Ezra sentait son cœur battre dans tout son corps, un écho vibrant qui résonnait dans chaque parcelle de son être. Il était épuisé. Ses muscles étaient douloureux, sa poitrine se soulevait lentement sous l'effet de la fatigue, mais rien… rien ne pouvait surpasser l'ouragan d'émotions qui le traversait en cet instant.

Il voulait voir. Il voulait entendre encore. Son regard brumeux se tourna instinctivement vers la source de ce petit cri, mais ses forces lui manquaient. Tout lui semblait flou, irréel, comme s'il flottait quelque part entre la douleur et l'émerveillement.

Puis, une chaleur contre sa peau.

On avait déposé un petit corps fragile contre sa poitrine, et dès le premier contact, un frisson le parcourut. Son souffle se coupa, son monde bascula.

Son bébé.

Un petit être minuscule, blotti contre lui, la peau douce et chaude, le souffle régulier, encore endormi après le tumulte de sa venue au monde.

Ezra sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres. Un sourire faible, fatigué, mais empli d'une douceur qu'il ne savait même pas pouvoir ressentir à ce point. Ses doigts tremblants caressèrent lentement la joue ronde du nouveau-né, découvrant la sensation, imprimant chaque détail dans sa mémoire.

— Salut, toi… murmura-t-il, la voix cassée.

Une larme roula lentement sur sa tempe, se perdant dans ses cheveux humides. Il laissa son front reposer contre celui de son enfant, un soupir tremblant quittant ses lèvres.

Il était là.

Il était enfin là.

Kael, resté silencieux, observait la scène avec un mélange d'émerveillement et d'émotions brutes. Il serra un peu plus la main d'Ezra, comme pour l'ancrer dans le moment.

— Il est magnifique, souffla-t-il, la gorge nouée.

Ezra tourna légèrement la tête vers lui, son sourire s'élargissant malgré la fatigue écrasante. Il savait. Il voyait l'éclat dans les yeux de Kael, ce mélange de panique et d'amour profond. Il savait que Kael ressentait exactement la même chose que lui.

Un rire lui échappa doucement. Il était vidé, brisé par l'effort, mais son cœur était rempli à ras bord.

Il n'avait jamais été aussi heureux.

— Lior Evander Vesper, bienvenue dans notre monde, fit Kael, sa voix empreinte d'une émotion brute, indéchiffrable.

Dans cette chambre baignée d'une lumière douce, au milieu des battements de cœurs affolés et des souffles encore tremblants, quelque chose s'ancrait définitivement dans la réalité. Plus qu'une victoire, plus qu'une course remportée… C'était le début d'une nouvelle aventure, une qui n'avait rien à voir avec l'adrénaline des circuits, mais qui promettait d'être tout aussi intense.

Ezra, épuisé mais apaisé, leva les yeux vers Kael et murmura, un sourire à peine esquissé sur ses lèvres :

— On a réussi.

Et cette fois, ce n'était pas une ligne d'arrivée qu'ils franchissaient. C'était un commencement.