Chapitre 9 – Compagnons de route et l’auberge du soleil couchant

Le soleil baignait la forêt de sa lumière dorée alors que Yi Haoyu et Yuren avançaient tranquillement sur le sentier menant à l’Académie de la Lame Azurée. Les feuilles bruissaient sous leurs pas, et la nature semblait respirer autour d’eux. Un calme presque magique les enveloppait.

— Tu crois qu’ils vont nous rechercher ? demanda Yuren, un peu inquiet.

— Les trois bouffons ? Ha ! S’ils arrivent à retrouver notre trace, je leur offrirai personnellement une boussole, répondit Haoyu avec un sourire narquois.

Yuren éclata de rire. L’atmosphère entre les deux s’était détendue. Ils n’étaient plus deux inconnus, mais deux jeunes cultivateurs liés par un début de camaraderie.

— Tu sais manier le bois ? C’est rare comme affinité.

— On peut dire ça. Disons que… j’ai toujours eu un lien particulier avec les éléments, répondit Haoyu d’un ton énigmatique.

Après quelques heures de marche, ils atteignirent une rivière scintillante dont l’eau claire miroitait sous les rayons du soleil. Ils s’y arrêtèrent pour se rafraîchir. Haoyu s’agenouilla au bord, joignit ses mains en coupe et but quelques gorgées. Puis son regard se posa sur son reflet.

Il resta immobile un instant, captivé.

Ses traits… Son regard… Son aura…

> C’est troublant. Je ressemble exactement à mes anciennes incarnations… comme si mon âme refusait de changer de forme. Est-ce la relique qui a figé mon apparence ? Ou est-ce... moi ?

Une brise légère agita l’eau, brisant l’image.

— Haoyu ! On doit y aller si on veut atteindre le village avant la nuit !

Il se redressa. Yuren se tenait un peu plus loin sur le sentier, l’air inquiet. Haoyu hocha la tête, chassa ses pensées et sortit le repas fait maison que sa mère lui avait donné.

— Tiens, partageons. C’est un bon moment pour reprendre des forces.

Yuren ouvrit de grands yeux.

— Tu veux dire… c’est un plat fait maison ? Par ta mère ?!

— Ouais. Riz gluant, porc mijoté et légumes fermentés. Un classique de chez moi.

Ils s’assirent sur un rocher plat au bord de la route, les jambes pendant dans le vide. Le soleil descendait lentement vers l’horizon, peignant le ciel d’oranges et de roses. Les deux garçons mangèrent ensemble, échangeant des histoires, des souvenirs, des rêves.

— Moi, je rêve juste d’avoir une vie paisible. Cultiver, vivre sans peur, être libre, dit Yuren en souriant timidement.

— Hm. Moi aussi… en quelque sorte, répondit Haoyu. Mais je suis né pour bien plus que ça.

À la tombée du jour, ils atteignirent le village de Xingmei, dernier point de repos avant les montagnes où se trouvait l’académie.

Une enseigne grinçante indiquait : Auberge du Soleil Couchant. La devanture en bois était modeste, mais accueillante, avec quelques lanternes suspendues qui diffusaient une lumière chaude.

À l’intérieur, une vieille femme les accueillit avec bienveillance et leur attribua chacun une chambre à l’étage.

— Le dîner est servi dans la grande salle. Installez-vous d’abord, mes petits, dit-elle avec un sourire.

Les deux garçons montèrent déposer leurs affaires. Quelques minutes plus tard, ils redescendirent et prirent place à une table près du poêle.

— Alors, dit Haoyu en croquant dans un pain farci chaud, tu viens d’où exactement ?

— Village de Shuilan, au nord. Petites montagnes, beaucoup de bêtes spirituelles. Et toi ?

— D’un coin paumé, encore plus loin. On est tous les deux des gars de la campagne.

Yuren éclata de rire et mordit dans son baozi.

— Et pourquoi t’es intervenu, vraiment ? Tu ne me connaissais même pas.

Haoyu haussa les épaules.

— Parce que ça me dégoûte, les lâches à plusieurs contre un. Et puis… t’as un bon potentiel.

Il posa ses baguettes, le regard sérieux.

— D’ailleurs, pourquoi tu t’es pas défendu ? T’as un bon niveau de base.

Yuren baissa la tête.

— Ils m’ont volé ma lettre de recommandation… et ils sont de familles puissantes. Si je les blessais, même un peu, je craignais que l’académie refuse mon entrée.

Haoyu resta silencieux un instant, puis se redressa.

— Écoute, Yuren. Tu dois te battre, même si le monde est contre toi. Le pouvoir ne se mendie pas, il se prend. T’as du potentiel. Cultive-le.

Yuren rougit et hocha la tête timidement.

Après le repas, les deux montèrent dans leurs chambres respectives. La nuit tombait sur le village, et un calme paisible régnait dans les couloirs.

Haoyu s’installa sur son futon, les bras derrière la tête, pensif. Il était sur le point de sombrer dans le sommeil lorsque…

— CES DEUX LARBINS ! JE VAIS LES ATTRAPER ET LES JETER À POIL DANS LE PUITS DU VILLAGE !!!

Une voix hurlante résonna dans le couloir.

Haoyu ouvrit un œil, soupira.

— …Tch. Quelle voix familière…

Il reconnut immédiatement l’un des trois idiots de la veille, sûrement à la recherche de leur vengeance.

— Ils ont dû flairer la piste. Pas très futés, mais persistants.

Il se tourna sur le côté, rabattit la couverture et murmura :

— J’ai trop sommeil pour m’en soucier. Demain est un grand jour.

Et il s’endormit paisiblement, bercé par les cris de frustration du garçon dans le couloir.

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Le lendemain matin, les rayons du soleil traversèrent les rideaux de toile. Haoyu s’éveilla au chant des oiseaux.

Il s’étira, ouvrit les volets, puis se lava rapidement. Il enfila une tenue simple mais propre, noua ses cheveux et attrapa son sac.

— Aujourd’hui, je rentre à l’Académie de la Lame Azurée.

Il sourit légèrement.

— Que le jeu commence.