Chapitre 10 – L’Épreuve de la Reine des Abeilles

Le soleil avait déjà grimpé au zénith lorsque tous les candidats, après avoir franchi les portes de la prestigieuse Académie de la Lame Azurée, furent rassemblés dans une large cour d'entraînement. Les statues de maîtres anciens semblaient les juger du haut de leur piédestal. Le doyen du Hall des Épreuves, Maître Lan Xian, prit la parole d'une voix grave et assurée.

— Aujourd’hui, votre admission se joue sur une seule épreuve. Ceux qui échoueront… repartiront. Il n’y aura ni indulgence, ni faveur.

Un murmure parcourut la foule. Certains se regardaient déjà avec anxiété.

— Voici la tâche : vous devez entrer dans la Cabane des Mille Aiguillons, au cœur de notre jardin spirituel. À l’intérieur se trouve une reine des abeilles imprégnée de Qi, une créature formée dans les profondeurs des montagnes spirituelles. Elle est rapide, agressive, et son aura trouble la perception de l’espace. Votre mission est simple… la capturer.

Un silence pesant tomba.

— Capturer… une abeille ? osa dire un disciple.

— Une reine spirituelle, précisa Lan Xian, l’air sévère. Elle émet une pression équivalente à celle d’un cultivateur de haut niveau. Seuls ceux qui sauront faire preuve de calme, de contrôle du Qi et de sensibilité spirituelle pourront l’attraper.

Le groupe de disciples fut dirigé vers une vieille cabane de bois sombre, entourée de broussailles hautes. L’aura qui en émanait était étrange : sucrée, chaude, mais lourde, comme si une bête millénaire y dormait. Des bourdonnements puissants résonnaient autour.

Chaque candidat devait entrer seul, et n’avait que dix minutes pour tenter sa chance.

Les premiers échouèrent rapidement. Certains ressortaient en sueur, d'autres le visage rougi par des piqûres ou même évanouis. Une candidate noble hurla en sortant, les vêtements en lambeaux, criant que la reine s'était "divisée en trois" devant ses yeux.

Puis vint le tour de Yuren.

— Tu peux le faire, dit Haoyu, en lui donnant une tape dans le dos.

Yuren, tremblant, entra dans la cabane. L’instant d’après, le silence tomba. Les juges observaient, les sens à l’affût. Pendant de longues minutes, rien ne se passa. Puis, soudain, une vibration intense dans l’air.

Des lumières tourbillonnèrent autour de la cabane. Un cri bref, puis… la porte s’ouvrit.

Yuren ressortit, haletant, tenant dans un pot scellé un petit être lumineux aux ailes translucides : la reine. Son Qi pulsait comme un cœur miniature.

— Il… il l’a eue ! s’étonna un maître.

— Impressionnant pour un élève non formé. Il a utilisé du miel comme appât, et a camouflé son Qi pour ne pas la perturber.

Haoyu sourit. Astucieux, ce petit…

Puis vint son tour.

Sans dire un mot, Haoyu entra dans la cabane. La lumière s’éteignit à l’intérieur. Les maîtres observaient, intrigués.

À l’intérieur, une chaleur étouffante, presque vivante, enveloppait la pièce. Le bruit des ailes était partout. La reine n’était pas visible, mais sa présence se faisait sentir… comme un prédateur tapis dans les ombres. Elle volait si vite qu’elle n’était qu’une ombre dorée.

Haoyu ferma les yeux.

Il inspira lentement, laissant son Qi se fondre dans l’environnement, se faire discret, presque inexistant. La reine ralentit.

> Elle est sensible aux perturbations du Qi. Il faut la duper…

Il forma une cage de bois à partir d’un bourgeon qu’il fit pousser discrètement sous son manteau. Il étendit lentement son bras. Lorsqu’il sentit l’aura se rapprocher, il déchaîna un mouvement éclaire de contrôle du bois, piégeant l’air autour de la reine. Elle tenta de fuir… mais il resserra, enfermant son Qi dans une spirale végétale.

Lorsqu’il ressortit, il tenait dans la main une petite boîte de jade, vibrante de lumière dorée.

— Une autre réussite ?! s’exclama Maître Lan Xian, bouche bée.

— Il n’a même pas été piqué…, ajouta un autre juge.

Haoyu haussa les épaules.

— Elle était mignonne. Il suffisait d’être doux.

Yuren accourut.

— Tu as réussi… sans une égratignure ?

— Ce n’est qu’une abeille, dit-il avec un sourire narquois.

Plus loin, les trois disciples de l’Académie qui s’étaient moqués de Haoyu auparavant le fixaient avec des visages sombres.

— Lui ? Ce petit rat ? Il nous humilie encore…

— Je me vengerai, j’en fais le serment.

Les maîtres annoncèrent alors les résultats.

— Seuls treize candidats ont réussi cette année. Parmi eux… Yi Haoyu et Yuren Feng. Vous êtes désormais élèves officiels de l’Académie de la Lame Azurée !

Les deux garçons échangèrent un regard, à la fois soulagé et excité. Une nouvelle vie commençait.

Mais alors qu’ils quittaient la cour pour rejoindre les dortoirs, une silhouette encapuchonnée, adossée contre un pilier de pierre, ouvrit lentement un œil rougeoyant.

— Enfin… après toutes ces vies… je t’ai retrouvé, mon amour immortel…