Chapitre 11 – Une Place Discrète pour un Empereur

Après leur réussite spectaculaire à l'épreuve de la reine des abeilles, Haoyu et Yuren furent conduits vers la grande salle d'inscription. Des centaines de jeunes cultivatrices et cultivateurs s'y rassemblaient, chacun attendant impatiemment la répartition des classes, une étape cruciale qui déterminerait leurs conditions de formation, leurs ressources et, bien souvent, leur avenir.

La salle était construite en forme de demi-cercle, avec de hautes colonnes sculptées de dragons et de phénix. Les maîtres de l’académie siégeaient au sommet, derrière une balustrade de jade. Parmi eux se trouvait Maître Yan, les bras croisés, son regard perçant balayant la foule. Lorsqu'il vit Haoyu s'avancer aux côtés de Yuren, un sourire presque imperceptible se dessina sur son visage ridé.

— Chaque élève peut faire une demande, annonça un disciple superviseur. Les classes sont divisées en trois niveaux : Ciel, Terre, et Humble. Les classes du Ciel sont réservées aux plus prometteurs, mais aussi les plus surveillées. Les classes Humble reçoivent peu de ressources, mais offrent une plus grande liberté.

Yuren, après un moment d'hésitation, demanda la classe Terre. Il voulait éviter les projecteurs tout en accédant à un bon niveau de formation.

Haoyu s’approcha calmement du disciple superviseur. Plusieurs maîtres chuchotèrent entre eux, persuadés qu'il demanderait la classe Ciel après ses exploits.

— Nom ? demanda le superviseur.

— Yi Haoyu.

— Classe souhaitée ?

Un silence se fit dans la salle.

Haoyu leva les yeux, ses pupilles brillaient d'une lueur calme mais insondable.

— Classe Humble.

Un murmure de stupeur parcourut la salle. Même Yuren se tourna vers lui, surpris.

— Es-tu sûr ? demanda le superviseur, abasourdi. Avec tes résultats, tu pourrais …

— Je préfère passer inaperçu, dit-il simplement. Moins de lumière, moins d’ombres.

Dans les hauteurs de la salle, Maître Yan plissa les yeux. Puis, soudain, une voix retentit dans son esprit.

« Je ne veux pas être utilisé comme pion dans tes stratagèmes, vieux renard. »

Maître Yan se redressa brusquement, étouffant un toussotement de surprise. Ses yeux se figèrent sur Haoyu.

« Il utilise la transmission mentale ?! Et sans perle spirituelle ?! »

Il répondit par pensée : « Qui es-tu réellement, garçon ? »

« Quelqu'un qui ne souhaite pas briller. Pas encore. », répondit Haoyu avec un ton neutre.

Yan grimaça. « Combien de secrets caches-tu, Haoyu ? »

La connexion mentale se coupa net. Haoyu salua poliment et s’éloigna pour rejoindre Yuren, qui attendait près d’un pilier.

— Tu es fou ? dit Yuren à voix basse. Pourquoi choisir la classe la plus basse ?

— Parce que c’est là que personne ne regarde. Et j’aime quand personne ne regarde.

Yuren le dévisagea un moment, puis haussa les épaules.

— T’as l’air de savoir ce que tu fais. Bon, allons voir nos dortoirs.

Ils quittèrent la grande salle, accompagnés d’autres nouveaux élèves, et furent guidés par un ancien disciple jusqu'aux bâtiments des classes. Le dortoir des classes Humble était situé sur le flanc nord-est de la montagne, loin des pavillons prestigieux.

Leur chambre était simple, avec deux lits de bambou, une fenêtre ouverte sur la forêt, et une petite bibliothèque. Haoyu s’assit et ferma les yeux un instant.

Il sentait les anciens souvenirs frapper doucement à la porte de sa conscience.

Combien de fois avais-je gravit ces montagnes ? Combien de fois avais-je croisé des visages semblables ?

Mais cette fois était différente.

Il n'était plus un empereur éclatant, ni un génie révélé. Il était un simple disciple, décidé à avancer dans l’ombre.

Yuren revint avec deux bols de soupe chaude.

— On a de la chance, il reste du tofu frit. Tu veux ?

Haoyu sourit.

— Avec plaisir.

La nuit tomba sur l’académie. Dans les hauteurs de la tour des anciens, Maître Yan observait les étoiles, l’esprit troublé.

— Haoyu... qui es-tu vraiment ?

Il leva la main et fit apparaître un ancien rouleau. En le dépliant, il vit un ancien symbole, une spirale entremêlée de feu et de bois.

— Ce pouvoir... je ne l’avais pas vu depuis l’ancien cycle. Étrange, très étrange...

Dans sa chambre, Haoyu, les yeux mi-clos, souriait.

Laissez-moi avancer en silence. Cette fois, je ne ferai aucune erreur.