Le soleil tapait doucement sur les pavés gris de la cour de l'académie. Haoyu venait de sortir du bâtiment administratif, ses papiers de répartition en main, un léger sourire aux lèvres. Il allait prendre le chemin qui menait vers les quartiers des basses classes, lorsqu’un son de pas lourds et précipités retentit derrière lui.
Il n’eut même pas besoin de se retourner pour sentir la mauvaise énergie s’approcher.
« Tch. » Il leva les yeux au ciel, l’air déjà fatigué.
« TOI ! »
Haoyu se tourna lentement, les bras croisés, une expression vide sur le visage, comme si l’univers lui infligeait encore une corvée ennuyeuse. Et là, devant lui, les trois bouffons qu’il avait croisés dans la forêt : la bande de pseudo-bourreaux en uniforme de l’Académie de la Lame Azurée.
Le premier, celui qui avait trébuché sur une racine, s’approcha d’un pas rageur, le visage rouge comme un piment. Les deux autres le suivaient, le regard mauvais mais incertain. Ils se remémoraient sûrement encore la honte cuisante d’avoir été déculottés.
« Tu pensais vraiment pouvoir t’en tirer après nous avoir humiliés ? » hurla le premier.
Haoyu cligna des yeux, sans bouger d’un millimètre. Son ton fut plat, presque ennuyé.
« Vous êtes encore là, vous ? »
Le deuxième homme gronda, le poing serré. « Tu crois que t’es malin ? On va te faire ravaler ton sourire ! »
Haoyu soupira longuement, puis leva les bras en l’air de manière théâtrale.
« Oh non, pitié, pas ça ! Trois apprentis ratés qui me menacent dans une cour publique. Je suis terrifié. »
Le sarcasme dans sa voix était tranchant.
Le premier homme, celui qui semblait le chef du groupe, siffla entre ses dents : « Tu vas regretter de nous avoir ridiculisés. Prépare-toi à ramper. »
Haoyu croisa les bras, totalement blasé, puis tourna la tête à gauche, puis à droite, comme s’il cherchait quelqu’un.
Et soudain, il hurla :
« À L’AIDE ! ON VEUT M’AGRESSER ! J’AI PEUR ! »
Il cria comme un acteur dramatique, mais avec une voix complètement monotone, sans aucune émotion dans le regard. Il leva même la main de manière paresseuse, comme s’il saluait quelqu’un à l’horizon. « Un élève innocent, agressé dès son premier jour ! Où est la justice ?! »
Un silence abasourdi s’installa. Même les trois hommes ne savaient plus quoi dire. Plusieurs élèves dans la cour se retournèrent. Certains éclatèrent de rire.
Le deuxième homme, plus nerveux, fit un pas en arrière. « Heu, chef, on… on est en public. »
« Tais-toi ! » grogna le premier, mais son visage avait pâli.
Haoyu fit mine de chercher de l’aide encore plus fort, se tenant la tête avec des mains tremblantes exagérées. « Je suis si faible, si fragile ! Ces trois géants veulent me faire du mal ! Où sont les surveillants ? Où est la sécurité de cette académie ? »
Un surveillant s’approcha lentement, intrigué par le brouhaha. Les trois hommes reculèrent aussitôt, ravalant leurs menaces. Le chef du trio grinça des dents en regardant Haoyu, puis cracha au sol.
« On t’aura, morveux. Profite de ton petit moment. »
Ils tournèrent les talons, visiblement frustrés, et disparurent dans les couloirs.
Haoyu, quant à lui, leva les bras en signe de victoire.
« Quelle brillante démonstration de courage… » dit-il à lui-même, puis il soupira.
Le surveillant haussa un sourcil en le regardant.
« Tout va bien ici ? »
« Oh oui, tout à fait, je répétais juste un passage de théâtre. » répondit Haoyu avec un sourire innocent.
Le surveillant marmonna quelque chose sur les "nouveaux un peu fêlés" et repartit en secouant la tête.
Alors que le calme revenait, une voix familière résonna derrière Haoyu.
« Tu les as encore provoqués, hein ? »
Haoyu se retourna. C’était Yuren, bras croisés, un air mi-amusé mi-désespéré.
« J’ai littéralement rien fait. Ce sont eux qui sont venus me chercher. »
« Et tu cries à l’aide en public ? »
« Fallait bien leur montrer qui était le vrai clown dans l’histoire. »
Yuren éclata de rire. « T’es vraiment spécial, Haoyu. »
Le concerné haussa les épaules. « Je suis juste… pragmatique. Pourquoi gaspiller mon Qi pour des déchets inutiles ? »
Les deux amis reprirent leur chemin vers leur dortoir, Haoyu les mains dans les poches, l’air tranquille.
Mais alors qu’ils s’éloignaient, Haoyu jeta un regard vers les toits de l’académie. Une silhouette encapuchonnée les observait de loin, les yeux brillants d’un intérêt malsain.
Quelqu’un d’autre avait vu toute la scène. Et il avait trouvé Haoyu… fascinant.
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