Kael s'éloigna de la clairière, le cœur encore battant sous l'adrénaline de son dernier affrontement. Il avait repoussé les créatures d'ombre, mais une nouvelle question persistait en lui : qu'est-ce qui le rendait différent ? Pourquoi cette lumière qu'il venait de manifester semblait si naturelle, presque instinctive, quand l'ombre semblait l'appeler à chaque instant ?
Le silence de la forêt, une étendue de sombres arbres et de sous-bois brumeux, lui paraissait maintenant lourd de significations. Chaque bruit semblait amplifié, chaque souffle de vent résonnait dans son esprit comme un signal. Il avait encore l'impression de ne pas être seul, comme si le monde lui-même était en train de l'observer, attendant qu'il fasse un choix définitif.
« Ne crois pas que ta victoire d'aujourd'hui te rend plus fort, Kael. » La voix du Vide, comme toujours, résonnait dans son esprit avec une froideur implacable. « Tu as seulement repoussé l'inévitable. Ces créatures sont faibles, tout comme toi. Elles existent parce que tu as peur de les affronter de front. »
Kael s'arrêta brusquement, secouant la tête. Il était fatigué de cette voix, fatigué d'entendre toujours la même chose, toujours cette incitation à céder à l'ombre. Il se retourna, scrutant la forêt sombre derrière lui.
« Tu ne comprends pas, Kael. » La voix du Vide était plus insistante maintenant, chaque mot résonnant comme un coup de marteau sur ses pensées. « Le vrai pouvoir ne vient pas de la lumière, mais du contrôle absolu de l'ombre. Une fois que tu l'auras accepté, tout sera à toi. »
Kael se ferma à ces pensées. Il n'était pas encore prêt à laisser cette entité prendre le contrôle. Pas après tout ce qu'il avait vécu. Il se tourna et commença à avancer, déterminé à continuer son chemin. Mais quelque chose en lui semblait… plus clair. Il avait repoussé l'ombre, mais c'était plus qu'une victoire physique. C'était une victoire sur l'influence même de ce pouvoir. Il avait fait le choix de sa propre voie.
Son pas s'accéléra, non pas dans un élan d'agitation, mais dans une démarche résolue. Il ne cherchait plus à fuir. Il ne cherchait plus à lutter contre l'ombre par la simple force. Il cherchait à comprendre. À comprendre pourquoi ce pouvoir l'appelait autant, pourquoi la tentation était si forte.
Plus il marchait, plus il sentait qu'il se rapprochait d'une vérité cachée, quelque chose qu'il n'avait pas encore compris, mais qui était déjà là, tout autour de lui. Le monde autour de lui semblait réagir à son approche. Les arbres, les rochers, même l'air autour de lui, semblaient se tendre, comme s'ils reconnaissaient sa présence.
Soudain, un flash de lumière blanche illumina l'obscurité. Kael se figea, ses yeux écarquillés. Là, au milieu de la forêt, se trouvait une porte. Une porte qui n'avait rien de naturel. Elle était faite de pierres anciennes, gravées de symboles qu'il ne comprenait pas, et un halo lumineux en émanait. C'était comme un éveil dans l'obscurité, un contraste frappant entre le Vide qu'il portait en lui et la lumière pure qui émanait de cette porte.
Il s'approcha prudemment, mais une présence familière se manifesta derrière lui.
« Tu as trouvé ce que tu cherchais ? » La voix de Mo Bei, calme comme toujours, s'éleva derrière lui. Kael se retourna, surpris.
Le maître était là, debout, comme s'il avait toujours été présent. Son regard pénétrant analysait Kael en silence.
« Que veux-tu vraiment, Kael ? » demanda Mo Bei. « Ce n'est pas un pouvoir que tu cherches. C'est quelque chose de plus profond, n'est-ce pas ? »
Kael resta silencieux un instant. Il regarda la porte devant lui, la lumière qui en émanait semblant l'attirer irrésistiblement. Puis il fixa Mo Bei, comprenant que les mots du maître étaient plus qu'une question. Ils étaient une réflexion de ce qu'il ressentait, un appel à la conscience.
« Je ne sais pas encore, maître. Mais je sens que cette porte est… la clé. » répondit-il lentement.
Mo Bei hocha la tête. « Parfois, Kael, le pouvoir ne réside pas dans ce que l'on peut voir ou comprendre. Parfois, il se trouve dans l'acceptation de ce que l'on ne sait pas encore. »
Kael prit une profonde inspiration. Il savait que ce n'était pas le moment de tout comprendre. Il devait d'abord franchir ce seuil, cette porte, sans savoir ce qu'il y trouverait. Le monde qu'il connaissait jusque-là était peut-être plus vaste qu'il ne l'avait imaginé, et il était prêt à l'explorer.
Il posa une main sur la porte, la lumière autour de lui s'intensifiant. La clé du destin se trouvait peut-être juste au-delà. Un nouvel éveil se faisait sentir, et il était prêt à y entrer.