— Tu sais que c'est la première fois que je porte cet uniforme dehors ? J'ai l'impression d'être un vrai agent.
— Tu l'es presque, Renji, répondit Kaito en ajustant calmement son brassard.
Les deux élèves marchaient dans les rues du quartier Est, sous les néons tremblants et les odeurs de nouilles grillées. Leur mission était simple : observer, signaler tout comportement suspect, ne jamais intervenir sans ordre.
Renji n'arrêtait pas de parler. Kaito l'écoutait, distrait, mais toujours avec ce petit sourire poli. Il avait appris à cacher ses pensées profondes derrière un calme de façade.
Et au fond, tout allait bien.
Jusqu'à ce que le ciel explose.
— BOOM !!!
Un nuage de fumée monta au loin. Des cris. Une alarme. Des coups de feu.
Renji se figea.
— C'était quoi ça ?! Un accident ? Une bombe ?
Kaito tourna légèrement la tête. Il savait exactement ce que c'était. Il le sentait dans l'air, dans le rythme du chaos. Ce n'était pas un accident.
C'était un braquage.
Il soupira intérieurement.
Encore ? Sérieusement ? Pourquoi c'est toujours quand je suis là…
Renji attrapa sa radio et appela l'équipe de surveillance.
— Poste Gamma ici, on a une explosion en direction de la Cinquième Avenue, probablement une attaque. On demande renforts !
La voix du superviseur cracha dans l'écouteur :
— Ne vous approchez pas. Attendez les unités. Observation uniquement.
Mais Renji, excité, fit déjà quelques pas en avant.
— Viens ! On peut au moins voir de loin. Ils nous engueuleront pas si on fait rien…
Kaito hésita une seconde. Il savait qu'il allait devoir agir.
Et il savait aussi que ça allait encore être compliqué de rester anonyme.
Tu voulais une journée tranquille… tant pis.
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Ils atteignirent le périmètre quelques minutes plus tard. Une banque était éventrée, des clients en fuite, certains blessés. Des hommes armés en masque de clown tenaient des otages à l'intérieur.
— Bordel… ils sont encore là, souffla Renji.
Kaito plissa les yeux. Trois agresseurs visibles. Un quatrième sur le toit. Fusils artisanaux. Communication par oreillettes. Pas des amateurs.
Il analysa tout en une fraction de seconde.
Et à ce moment-là… il le sentit.
Quelqu'un allait mourir.
Une impulsion. Un tir. L'un des braqueurs levait son arme vers une enfant qui pleurait au sol.
Le temps sembla ralentir.
Kaito n'avait plus le choix.
— Renji, reste ici, ordonna-t-il, soudain sérieux.
— Quoi ? Attends, Kaito—
Mais Kaito s'était déjà volatilisé.
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Ce que les caméras ne virent pas, ce que les otages ne comprirent jamais… c'est ce qui se passa entre deux battements de cœur.
Un souffle.
Une ombre.
Une frappe chirurgicale.
Le tireur fut désarmé, étranglé silencieusement, puis endormi en une manœuvre parfaite. L'enfant fut poussée hors du champ de tir avant même que l'arme n'ait tiré.
Le tout, en moins de quatre secondes.
Puis, un à un, les autres braqueurs tombèrent. Tous sans voir d'où venait l'attaque. Un vent. Un spectre.
Kaito ne se battait pas pour se montrer. Il se battait pour effacer l'instant même où il intervenait.
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Quand Renji entra prudemment quelques minutes plus tard, il trouva les otages sains et saufs, les braqueurs inconscients, et aucune trace de l'auteur de l'intervention.
— Qu'est-ce que… Comment…?
Des sirènes hurlèrent au loin. La police approchait.
Kaito réapparut derrière lui, légèrement essoufflé, la radio à la main.
— Ils sont tombés avant qu'on arrive. Je crois que quelqu'un nous a devancés.
Renji le regarda, incrédule.
— C'est pas possible… on était les premiers sur place…
Kaito haussa les épaules.
— Peut-être que ce ninja d'hier n'est pas une légende, après tout.
Il lança un regard vers le ciel noir. Les lumières de la ville dansaient dans ses yeux.
Encore un soir où il avait sauvé des vies… sans exister.
Mais combien de temps pourrais-tu continuer, Kaito ?