La journée avait commencé comme toutes les autres à l'académie de la Police Spéciale.
Dans les couloirs, les élèves bavardaient à mi-voix en rejoignant leurs classes. Certains plaisantaient sur les exercices physiques du matin, d'autres se disputaient pour savoir qui avait eu la meilleure note en tactique.
Kaito marchait calmement, sac en bandoulière, entouré d'un brouhaha constant. Il saluait poliment ceux qui lui adressaient un regard, mais restait discret. Trop discret pour un élève aussi brillant.
— Kaito ! T'as pensé à réviser l'interro surprise du prof Kaga ? lança Renji en courant derrière lui.
— C'est pas censé être une surprise, justement ? répondit-il en souriant.
Renji rit, tandis que Saya arrivait à son tour, deux cafés à la main.
— T'en as un pour moi ? demanda Kaito.
— Non. Pour moi et pour celui qui sauve encore notre peau à l'entraînement.
— Donc moi, alors.
Elle haussa un sourcil amusé.
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Le premier cours était une étude de cas sur les interventions d'unités spéciales dans les zones urbaines. Kaito, installé au fond de la classe, prenait des notes méthodiquement. Il observait aussi.
Il observait les gestes des autres, leurs regards, les échanges, les failles. Comme s'il s'entraînait même en classe.
Puis, une alarme douce retentit.
— Tous les élèves de la section A sont attendus dans le hall d'entraînement.
L'ambiance devint plus tendue d'un coup. Les conversations s'arrêtèrent. L'exercice surprise allait commencer.
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Le commandant Yurei prit la parole :
— Aujourd'hui, mission spéciale : Opération Mirage. Simulations en milieu semi-réaliste. Quartier évacué, prise d'otages fictive. Votre objectif : neutraliser les menaces et sauver les civils. Pas de balles réelles. Aucun dégât structurel. Bonne chance.
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Dans les vestiaires, pendant qu'ils enfilaient leurs tenues, Renji grogna :
— Pourquoi j'ai encore eu la veste trop grande ?
— Peut-être parce que tu refuses de changer de gabarit, répondit Saya, moqueuse.
Kaito ne disait rien. Il fermait calmement sa veste noire, regardant son reflet dans le miroir. Son regard avait changé. Il semblait concentré, presque ailleurs.
— Tu penses à quoi ? demanda Saya.
— À ce qu'on ne voit pas.
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Le bâtiment de simulation était immense, en ruines, avec des couloirs sombres et une brume fine. Le groupe progressait lentement. Kaito fermait la marche.
Puis… un souffle.
— Stop, dit-il d'un ton ferme.
Tous s'arrêtèrent.
— Ils arrivent, chuchota-t-il.
La suite fut rapide : embuscade, tirs à blanc, cris, et Kaito qui neutralisait les ennemis sans un bruit, avec une précision qui frôlait l'inhumain.
— Comment tu fais ça ? demanda l'un des élèves après l'exercice.
— Je regarde beaucoup de documentaires, répondit-il en plaisantant à moitié.
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Plus tard, dans le réfectoire, ils mangeaient entre amis.
— Franchement, entre les cours, les missions et les entraînements, j'sais pas comment vous restez calmes, dit Renji, la bouche pleine.
— Moi, je fais du jardinage, dit Saya.
— Sérieux ?
— Non. Je dors.
Ils rirent.
Kaito les regardait, un sourire discret aux lèvres.
Ce genre de moment valait presque plus que la victoire sur le terrain.
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Mais plus tard ce soir-là, dans sa chambre, seul, Kaito rouvrit un petit carnet noir.
À l'intérieur : des notes, des schémas, des mots codés.
Et sur la première page, en lettres capitales :
> ORIGINE : À NE PAS OUBLIER.
Il resta là un moment, silencieux, avant de refermer le carnet.
— Pas encore… pas maintenant, murmura-t-il.