Chapitre 6 : “Le Professeur aux Lunettes Fendues”

Le lendemain, l'ambiance à l'Académie était différente.

Les rumeurs circulaient à la vitesse d'un éclair : un nouveau professeur allait rejoindre le corps enseignant. Pas un simple instructeur. Un ancien du terrain. Une légende vivante.

Dans les couloirs, les discussions fusaient :

— Paraît qu'il a désarmé une bombe avec un cure-dent.

— Non, moi j'ai entendu dire qu'il a été déclaré mort trois fois.

— Il aurait même combattu un criminel télékinésique à mains nues !

Kaito, lui, restait calme. Mais dès qu'il entendit le nom : Professeur Hoshigane, ses yeux s'étrécirent légèrement. Ce nom… lui disait quelque chose.

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L'homme entra en salle de tactique, lunettes fendues, costume sobre, et une étrange aura de calme autour de lui. Il parlait doucement, mais chaque mot portait comme un ordre.

— Je ne suis pas là pour vous apprendre à tirer. Ni à courir. Je suis ici pour vous apprendre à réfléchir, déclara-t-il, en traçant un cercle sur le tableau.

Kaito sentit un frisson. Ce tracé… ce style… exactement comme dans les anciens carnets de son père.

Le professeur commença une analyse d'un cas pratique. Une attaque de banque. Kaito leva les yeux d'un coup.

— Pardon, vous avez dit… la banque de Minazawa ?

— Oui, pourquoi ?

— Il n'y a pas eu deux otages. Il y en avait trois. Un enfant s'était caché dans une armoire du guichet automatique. L'équipe d'intervention ne l'a jamais vu.

Silence.

Le professeur Hoshigane fixa Kaito. Un long moment.

Puis, il sourit.

— Excellent. Tu viens de passer mon premier test. Tu as vu ce que personne n'a vu.

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À la pause, Saya rejoignit Kaito.

— T'es bizarre depuis ce matin. Il te dit quelque chose, ce prof ?

Kaito hésita… puis répondit :

— J'ai entendu son nom… quand j'étais petit. Je crois qu'il a formé quelqu'un de ma famille. Mais je suis pas sûr…

Il mentait. À moitié.

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Plus tard, dans un couloir vide, Hoshigane croisa Kaito seul.

— Tu vois bien plus que ce que tu montres, dit-il sans préambule.

Kaito resta figé.

— Tu caches bien ton jeu… mais ce genre de regard, je l'ai déjà vu. Chez quelqu'un d'exceptionnel.

Kaito fronça légèrement les sourcils.

— Je ne suis qu'un élève comme les autres, monsieur.

Hoshigane sourit, énigmatique.

— On verra combien de temps tu arriveras à le faire croire aux autres.

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Cette nuit-là, dans sa chambre, Kaito relut une ancienne note griffonnée dans son carnet noir :

> "Si un jour tu le croises… ne le provoque pas. Il lit dans les esprits sans en avoir besoin."

Il referma doucement le carnet, le cœur battant.

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