Le vent chaud du désert de Tazma balayait la roche, soulevant des nuages de poussière rougeâtre. Kaito, Saya et Reiji avançaient en silence à travers les dunes, guidés par un drone de reconnaissance à basse altitude. Le soleil tapait fort, mais tous trois restaient concentrés. Ce n’était pas une mission d’entraînement. C’était la première opération réelle confiée par l’Aegis Noire.
L’entrée du laboratoire clandestin se trouvait sous une ancienne station de recherche abandonnée. L’endroit avait l’air désert, mais dès qu’ils posèrent le pied dans l’enceinte, Kaito sentit quelque chose d’étrange. Une pression dans l’air, comme une énergie latente.
— « Tu le sens ? » demanda-t-il à Saya.
— « Oui… C’est comme… une présence. »
Ils descendirent lentement les escaliers rouillés, puis activèrent leurs lampes. Un couloir en béton s’ouvrit devant eux, des câbles pendaient du plafond. Tout était silencieux.
Reiji s’arrêta un instant, fixant une porte marquée "Section 3 - Bio-expériences".
— « C’est là. »
Ils poussèrent la porte, et ce qu’ils virent les glaça : des capsules vides, certaines brisées, d’autres encore pleines d’un liquide verdâtre. Des documents traînaient au sol, couverts de symboles du Projet Anima.
Puis un bruit sourd. Des pas… lourds.
Kaito leva la tête. Une silhouette se tenait au fond du couloir. L’homme mesurait près de deux mètres, son corps recouvert de plaques osseuses sombres, ses bras semblables à ceux d’un gorille, mais renforcés de griffes métalliques.
Il les fixa de ses yeux rouges, inhumains.
— « Intrus détectés… Elimination. »
Sans attendre, il se jeta sur eux à une vitesse folle.
Kaito n’eut que le temps de pousser Saya et Reiji de côté avant que l’impact ne souffle une partie du mur. Ils roulèrent sur le sol, Reiji déjà en position de tir, tandis que Saya lançait une onde de choc pour ralentir l’assaillant.
— « Il est différent… il dégage une énergie instable ! » cria Saya.
Kaito fonça en avant. Ses coups étaient précis, rapides, mais l’ennemi les encaissait sans broncher. Chaque fois qu’il touchait, un écho résonnait dans son propre bras. Ce n’était pas un humain normal.
L’ennemi attrapa Kaito par l’épaule et le projeta contre une capsule brisée. Le choc le coupa quelques secondes du monde. Il se releva lentement, haletant. Son bras saignait, mais quelque chose bouillonnait en lui.
Il ferma les yeux. Des souvenirs de son entraînement avec son grand-père, des hurlements de douleur pendant les mutations, la perte de ses parents. Tout se superposait.
Puis… quelque chose craqua.
Ses yeux changèrent.
Ils devinrent fendus, comme ceux d’un fauve. Ses veines s’illuminèrent légèrement d’un bleu lumineux. Son souffle devint plus puissant. Une aura légère, translucide, s’échappa de lui — comme une brume chargée d’énergie.
Saya, de loin, sentit le changement.
— « C’est… nouveau. »
Reiji, étonné, murmura : « Il se transforme ? »
Kaito ouvrit les yeux. Cette fois, c’était lui qui se jeta sur le mutant. Ses mouvements étaient différents : plus rapides, plus violents, plus précis.
Il esquiva une griffe, et frappa dans la mâchoire du monstre. Le choc envoya la créature voler contre un mur. Mais elle se releva encore.
Kaito, les yeux brillants, se mit en position. Il concentra sa force dans sa main droite. Une sorte d’éclair bleu pulsait autour de ses doigts.
— « Tu n’étais qu’un échec de plus du Projet Anima. »
Il fonça, puis frappa le cœur du monstre d’un seul coup.
L’impact produisit une onde de choc violente. Le mutant hurla avant de s’effondrer, inerte.
Le silence revint.
Kaito tomba à genoux, haletant. L’aura s’estompa lentement, ses yeux reprirent leur forme humaine.
Saya et Reiji le rejoignirent.
— « Tu as débloqué… quelque chose, pas vrai ? » souffla Reiji.
— « Ce n’était pas volontaire, » murmura Kaito. « Mais… je crois que c’est une partie de ce que mes parents ont fait. »
Il se leva lentement, fixant les capsules autour de lui. Puis regarda ses mains.
— « Si ces monstres continuent d’apparaître… alors je dois apprendre à maîtriser cette forme. »
Saya posa une main sur son épaule.
— « On t’aidera. Jusqu’au bout. »
Reiji ajouta, avec un sourire : « Et en attendant, on nettoie ce labo. »
Kaito hocha la tête. Mais au fond de lui, il savait que ce n’était que le début. Si cette mutation était le fruit du Projet Anima, alors d’autres comme lui existaient. Peut-être plus puissants. Plus instables.
Et si l’organisation gouvernementale appelait cela un projet, c’est qu’ils prévoyaient une suite.
Kaito serra les poings.
— « On les arrêtera. Tous. »