Chapitre 6 Prompts rétablissements

Quelques jours plus tard, les deux jeunes filles se réveillent en même temps et de la même façon; elles se frottent les yeux, se cachent du soleil et réessayent de se rendormir sous leurs couvertures chaudes et réconfortantes. Alors qu’elles vont se rendormir sous celles-ci, elles sortent leurs têtes pour se voir et restent comme ça, couchées avec les couvertures jusqu’au cou, pendant un peu plus de 30 secondes et se mettent à rire en même temps et de la même façon, avec un groin à la fin. « C’est fou comment nous avons des similitudes ! dis Hilda.

-Je te l’avais dit, les jumeaux de différents mondes partagent tout point en commun, il n’y a que les relations, soit amoureuses ou amicales, qui peuvent différer. »

En entendant « relation amoureuse », Hilda a repensé à Niklas avec une sorte d’amertume. « Est-ce que tu regrettes d’avoir exilé celui qui était ton amoureux?

-Oui et non, il me manque, mais il reste qu’il est le fils d’un ennemi, dit la princesse avec un visage plein de compassion pour sa jumelle, compassion mêlée de tristesse tout de même.

Elle pense ensuite à ses parents et à la dernière scène qu’elle a vue. Et ensuite à la scène dans la bibliothèque. En repensant à ça, elle pose une question à sa jumelle. « Est-ce que tu étais… 

-Non, je n’étais pas consciente tout le long que ce dragonnet me possédait. J’étais dans une sorte de dormance et tu m’as réveillé. C’est ça le pouvoir de l’Own. Il aurait pu te faire le moindre mal sans que je puisse faire quoi que ce soit. Mais grâce à toi, j’ai réussi à le combattre et j’ai triomphé. »

Pour s’excuser, Vespera se lève, avec peine pour une raison qu’Hilda ignore, se met face à Hilda et se penche vers l’avant pour faire un angle de 90 degrés. Hilda ne comprend pas pourquoi Vespera est dans cette position, elle a appris que cette position voulait dire que la personne penchée est désolée et veut que la personne devant elle la pardonne, mais il n’y avait rien à pardonner. Hilda force sa jumelle à se rasseoir et réussi de peine et de misère à faire comprendre à son alter ego qu’elle n’y est pour rien, mais que tout ça n’était la faute que du dragonnet. Une heure après leur réveil simultané, le médecin de la famille royale, Sanitas, vient leur poser des questions sur leur état autant physique que mental. « Qu’avez-vous ressenti lorsque le dragonnet vous a possédé, votre Majesté ?

-J’ai ressenti de la peur de ne plus être celle qui contrôlait mes mouvements.

-Avez-vous été blessée de n’importe quelle manière lors de cet évènement ?

-Quand je me suis effondrée lorsque j’ai repris le contrôle.

-D’accord, je vous remercie. Et vous, Hilda, qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu que ce n’était pas la princesse, mais un ennemi qui était devant vous ?

-J’ai eu peur d’avoir à blesser le corps de Vespera, mais sinon j’essayais de trouver une façon de le faire quitter de ce corps et j’ai réussi.

-Et je t’en suis redevable, dit Vespera alors qu’elle est contente qu’aucun dommage n’a été fait à qui que ce soit.

-Merci beaucoup, dit à son tour Sanitas. Maintenant, je voudrais faire des examens pour votre état physique, me le permettez-vous, princesse ?

-Bien sûr, mais commencez avec Hilda. Après tout, c’est elle qui a eu le plus de blessures avec l’examen qu’elle a eu de Monitor

-Vos désirs sont mes ordres. »

En disant ces mots, Sanitas se prosterne devant la jeune princesse, se relève et emmène Hilda dans une autre pièce adjacente à sa chambre avec une table d’opération en son centre. Le docteur demande à sa patiente de s’y asseoir avec les jambes pendantes dans le vide pour les examens. Hilda s’exécute et déjà il teste ses réflex avec un coup sur le genou gauche, la jambe reste pourtant immobile. « C’est inutile de tester mes réflex, je les ai supprimés quand que je vivais dans la rue.

-Pourquoi avoir fait ça ?

-Il faut se montrer fort, être dur à cuire. Exemple, si quelqu’un vous jetait une pierre à la tête, que feriez-vous ?

-Je l’esquiverais ou l’attraperais selon la vitesse.

-D’accord, disons que la personne la lancée très fort, suffisamment pour que vous ne puissiez pas l’attraper, vous l’esquiverez, c’est ça ?

-Oui, je ne pourrais pas faire autrement.

-C’est ce que je faisais au début, j’esquivais, mais ils ont commencé à le faire de plus en plus souvent, juste pour me voir « danser » comme ils disaient en riant. Un jour j’étais fatiguée, alors je ne dansais plus et ils m’ont lancé des pierres partout sur le corps. Ensuite ils étaient lacés que je ne fasse rien alors ils m’ont laissé tranquille.

-Mais qui vous a fait ça ?

-Des enfants de riches allemands. Ceux qui vivent dans de belles grosses maisons et se pensent supérieurs aux autres parce qu’ils sont de la même race que les envahisseurs. Maintenant, s’il vous plaît, finissez vos examens pour que je retourne dans mon lit. Je suis exténuée après une matinée comme celle-ci.

-J’ai fini depuis longtemps, vous m’avez enlevé du travail puisque je n’avais pas à tester vos réflex. J’ai regardé tout votre corps et je m’inquiète pour vos pieds. Comment arrivez-vous à vous tenir debout et à vous déplacer avec des pieds meurtris comme les vôtres ?

-L’habitude. Au début, je souffrais le martyre, mais je ne ressens plus la douleur au niveau des pieds maintenant. Vous pourriez les mettre en feux, je ne vais ressentir qu’un léger picotement.

-Mais pour…

-Je suis désolé, mais il faut que j’aille me reposer. Je me fie sur le secret professionnel pour que vous ne dissiez rien au sujet de cette conversation à la princesse. Je ne veux pas attirer sa pitié alors que son royaume va bientôt aller en guerre, d’accord ? »

Sans attendre la réponse du médecin, Hilda quitte la pièce et retourne dormir. Sanitas, encore bouche bée, est triste pour cette jeune femme qui a pourtant déjà vécu tant de choses. Elle ne veut pas attirer la pitié de personne alors que ça serait tout à fait légitime après l’enfer qu’elle a dû vivre. Pendant presque 5 minutes, il ne fait que penser qu’à la dernière question qu’il aurait voulu lui poser, pourquoi avoir dévoilé tout ça à moi ?

Après ce 5 minutes, il va chercher Vespera. Elle le suit dans la pièce. Il lui demande de s’asseoir sur la table. Il teste les réflex de la princesse, ceux-ci sont impeccables et c’est tout, car Sanitas a fait les autres tests voilà trois jours, alors ils sont à jour. « Puis-je vous poser une question, princesse ?

-Qui a-t-il ?

-Si je me souviens bien, les jumeaux de mondes différents vivent le même sentiment au même moment, n’est-ce pas ?

-Vous avez raison, mais jusqu’à un certain point.

-Comment ça ?

-Il est impossible pour deux personnes distinctes de ressentir l’exacte émotion, car nous sommes des êtres uniques. Nos vies ne peuvent pas être vécues deux fois. Il n’y a que les moments très marquants qui vont être partagés, mais encore les sentiments peuvent différer selon l’intensité.

-Je vois, donc la vie en tant que telle n’est pas partagée en tout temps par les deux jumeaux, mais les moments qui sont marquants, comme les premières fois ou les dernières fois, peuvent l’être, mais pas complètement, c’est ça ?

-Vous avez tout compris »

C’est donc pour cela que mademoiselle Hilda a eu une vie si différente de la princesse. Elles sont les deux extrêmes opposés en ce qui concerne le mode de vie qu’elles ont connu. « Mais pourquoi m’avez-vous posé cette question ?

-Je suis sincèrement désolé, mais je ne suis pas autorisé à vous répondre. Vous pouvez aller vous reposer maintenant et merci pour votre patience. »

Avec sa question sans réponse, Vespera retourne au lit, mais n’a pas réussi à fermer l’œil jusqu’au soir où, sans qu’elle ne s’en rende compte, ferme petit à petit les yeux. Elles se reposent toutes les deux pendant deux semaines entières, mais la Terrienne se réveille juste avant l’Hyldriamiènne. C’est l’habitude qui rentre dans la peau d’Hilda.