Chapitre 5 – Le Vent de l’Est souffle sur Londres

Dans les hauteurs d’Aso, là où les montagnes sacrées caressaient les cieux, un temple ancien trônait au milieu d’une forêt de cerisiers encore en fleurs. Le vent portait une odeur de pluie mêlée de cendre. C’était ici, entre les murs de bois et les pierres marquées par le temps, que Himura Raijin méditait.

Il n’était pas un chasseur comme les autres. L’homme était une légende vivante. Une force du Japon. Portant la tenue traditionnelle des samouraïs modernes, sa silhouette élancée contrastait avec l’acier de son regard. Son katana, forgé avec du mana pur et des fragments de portail, dormait à sa ceinture. On l’appelait Kaminari no Tsume, la Griffe du Tonnerre.

Alors qu’il s’apprêtait à se relever de sa méditation, un messager de l’Agence nationale des portails se présenta, agenouillé au seuil du sanctuaire.

— Himura-sama. Une urgence internationale.

Raijin ouvrit les yeux.

— Parle.

— Un portail de classe A s’est effondré à Londres. Le site est jonché de cadavres humains. Aucun monstre retrouvé. L’énergie détectée est instable, inconnue. Le gouvernement britannique a demandé l’intervention immédiate d’un chasseur de rang S.

Raijin se leva sans un mot, saisissant son katana. Il attacha son haori noir marqué du sceau impérial et descendit les marches du temple sous la pluie fine.

— Préparez le vol. Je pars immédiatement.

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Au siège de la Division des Anomalies Magiques de Tokyo, des analystes décortiquaient les images envoyées par satellite. Le portail était apparu dans un entrepôt désaffecté à l’est de Londres. Il avait été actif pendant exactement sept minutes avant de se refermer dans un claquement d’énergie. Trop rapide pour un portail de cette envergure.

— Aucune créature n’en est sortie… et pourtant… les cadavres humains sur place étaient massacrés. Lacérés, parfois même sans blessure visible.

— Et cette marque sur le sol… c’est un sceau de fermeture. Une technique perdue ? Ou pire… inventée ?

Les murmures se turent quand Raijin entra dans la salle. Tous s’inclinèrent avec respect.

— Y a-t-il des suspects ?

— Personne. Aucun chasseur connu dans les environs. Une seule caméra a capté un mouvement, mais l’image est brouillée. Quelqu’un a effacé toutes les données numériques de la zone.

Un technicien projeta l’unique cliché flou. Une silhouette, encapuchonnée, quittant les lieux juste avant l’effondrement du portail. Trop floue pour distinguer un visage. Trop rapide pour être humaine.

— Je vais la trouver, dit Raijin calmement. Et découvrir qui est derrière ce massacre.

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Londres – 23h47. L’aéroport privé de Heathrow accueillit un appareil siglé du symbole impérial japonais. Raijin en descendit, droit, sans escorte. Son sabre à la ceinture et son regard fixé sur les ombres de la ville.

Londres sentait le sang.

Il rejoignit aussitôt les équipes du MI7, l’agence magique britannique. Les agents présents semblaient nerveux face à lui. Raijin n’était pas réputé pour sa diplomatie.

— Montrez-moi la scène.

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L’entrepôt était silencieux, mais l’énergie persistait. Raijin s’agenouilla devant un cercle de sang séché, encore vibrant de mana résiduel. Il posa deux doigts au sol.

Un courant électrique traversa la pièce. Son katana vibra.

— Ce n’est pas un portail naturel. Il a été modifié. Quelqu’un l’a forcé à s’ouvrir, puis l’a scellé de force.

— Impossible. Qui aurait cette puissance ? demanda un agent.

— Quelqu’un qui n’appartient à aucune guilde. Quelqu’un qui veut rester dans l’ombre.

Il se releva et balaya la pièce du regard. Puis se tourna vers les agents.

— Y a-t-il eu des témoins ?

— Non… mais… une fille a été aperçue dans les parages ce soir-là. Elle n’appartient à aucune organisation. Une chasseuse solitaire, probablement. Nom partiel : Elinor. Rien d’autre sur elle.

Raijin mémorisa ce nom. Mais il ne sentit aucune trace de cette Elinor sur la scène.

— Ce n’est pas elle.

Son regard se durcit.

— Quelqu’un d’autre a agi ici. Quelqu’un de bien plus dangereux.

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Pendant ce temps, ailleurs à Londres, Elinor, capuche sur la tête, observait le quartier depuis un toit. Le vent de la nuit fouettait ses mèches brunes, ses yeux fixés sur les rues désertes.

Elle n’avait rien à voir avec ce massacre, mais elle sentait une nouvelle tension flotter dans la ville. Un danger différent. Une force qu’elle ne reconnaissait pas.

— Quelque chose approche…

Son regard se perdit dans les lumières lointaines.

— Et ce n’est pas moi qu’ils cherchent…

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Dans les ombres d’une pièce cachée, très loin de là, un groupe d’individus encapuchonnés observait les écrans.

— Le Japon a bougé plus vite que prévu.

La voix était rauque, distordue.

— L’Éclair est là. Que cela serve notre cause. Le chaos n’est que le début.

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Et ainsi, sans même se connaître, deux destins s’approchaient l’un de l’autre sous le ciel noir de Londres. Himura Raijin, le chasseur d’honneur. Et Elinor, l’enfant abandonnée, devenue une force solitaire. Aucun ne savait encore ce qui les attendait. Mais une chose était certaine :

Ce massacre n’était que le début.