La nuit noire de Londres s’était parée d’éclairs et de tension. Tout autour du portail, les chasseurs de rang S nationaux s’étaient regroupés, l’atmosphère chargée de méfiance et de rivalité. Himura Raijin observait Gareth Crowley avec froideur, tandis que Choi Dal-Mi restait en retrait, analysant la situation. Mo Han et Xiao Zhen semblaient prêts à intervenir à tout moment.
Mais alors qu’un nouveau débat allait éclater, tous les regards se tournèrent vers Elinor. Elle s’était avancée, debout, face à eux tous, la lumière du portail éclairant ses traits avec une douceur étrange. Ses cheveux blonds brillaient comme les rayons du soleil filtrant à travers la brume, et ses yeux turquoise reflétaient à la fois l’intensité et l’épuisement.
Elle allait parler. Ses lèvres s’entrouvrirent.
Mais à cet instant précis, ses genoux fléchirent.
Elinor s’effondra.
Un souffle de panique balaya les lieux. Mais elle ne cria pas, ne gémit même pas. Elle s’était évanouie silencieusement, comme si tout le poids du monde venait enfin de s’abattre sur ses épaules.
Gareth, silencieux jusque-là, fut le premier à bouger. D’un geste sec, il écrasa sa cigarette sous sa botte, s’avança et attrapa Elinor dans ses bras sans prononcer un mot. Sa mâchoire était crispée, son regard orageux.
« C’est fini pour ce soir. »
Son ton ne souffrait aucune discussion.
Les autres chasseurs de rang S échangèrent des regards lourds de tension, puis, un à un, ils prirent la décision de se replier. La situation était confuse, mais personne ne voulait provoquer davantage de chaos.
Choi Dal-Mi jeta un dernier regard vers le portail désormais silencieux, puis tourna les talons. Himura Raijin resta figé quelques secondes de plus, observant Gareth s’éloigner avec Elinor dans les bras. Il fronça les sourcils, intrigué.
« Une F, hein ? » murmura-t-il.
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Le lendemain matin.
Un soleil pâle filtrait à travers les rideaux blancs de la chambre d’hôpital. Le bruit régulier des machines cardiaques et les voix basses du personnel soignant rythmaient l’atmosphère feutrée. Elinor ouvrit lentement les yeux, clignant à plusieurs reprises avant de fixer le plafond.
« Où… je suis ? » murmura-t-elle, la gorge sèche.
Elle tenta de se redresser, mais une douleur sourde lui rappela son état. Son esprit cherchait à assembler les souvenirs de la veille : les chasseurs, le portail, l’explosion… et Gareth.
Avant qu’elle ne puisse réfléchir davantage, la porte s’ouvrit brusquement dans un claquement sec.
— « ELINOR ! »
Deux silhouettes familières s’engouffrèrent dans la pièce : Aria, les cheveux en bataille, les joues rouges de panique, et Noah, les sourcils froncés d’inquiétude, tenant un sac de fruits et un thermos.
— « Tu es folle ! » cria Aria en s’approchant à grandes enjambées.
Elle attrapa aussitôt les joues d’Elinor et les pinça avec force.
— « Je t'avais prévenue, espèce d’idiote ! Tu dors pas, tu manges à peine, tu fais des raids la nuit comme un ninja, et maintenant regarde ! »
Elinor, les joues tirées de chaque côté, poussa un petit gémissement.
— « D-désolée… »
Noah s’approcha, posa calmement le sac sur la table de chevet, puis s’assit au bord du lit. Il prit la main d’Elinor avec douceur.
— « Comment tu veux qu’on ne s’inquiète pas pour toi, Elinor ? Tu nous caches des choses. Tu te sacrifies. Mais tu es humaine. Tu as le droit de vivre aussi. »
Un silence doux s’installa entre eux. Elinor détourna les yeux, émue. Elle n’avait jamais cherché la pitié, encore moins l’attention. Mais les deux personnes devant elle… elles étaient sa lumière dans l’ombre.
Aria soupira et relâcha enfin les joues de son amie, les bras croisés.
— « Tu vas manger. Te reposer. Et tu vas NOUS dire ce qu’il s’est vraiment passé hier soir. »
— « D’accord… mais laissez-moi au moins respirer cinq minutes. » répondit Elinor avec un petit rire fatigué.
Noah lui servit de l’eau. Aria ouvrit le sac et commença à sortir des boîtes remplies de plats faits maison.
Mais dans un coin de son esprit, Elinor pensait déjà à la suite.
Elle savait que l’événement de la veille n’était que le début. Et que bientôt, elle n’aurait plus le luxe de cacher qui elle était.
Et surtout… que ceux qui l’avaient toujours méprisée allaient découvrir la vérité.
Bientôt.