3. une rencontre innatendue

C’est alors que je l'aperçus.

Tel un rayon d’aurore prenant forme humaine, une silhouette resplendissante, une vraie déesse. C’était une femme — ou plutôt un ange d’une beauté au-delà des canons terrestres. Ses ailes, grandes et diaphanes, semblaient faites de lumière condensée ; sa robe, cousue d’étoiles, ondulait sans vent.

— Bonjour, dit-elle d’une voix d’argent. Je suis ce que vous, êtres humains, appelez un dieu.

Elle marqua une pause, le regard empreint d’une sérénité millénaire.

— Laissez-moi me présenter, héros. Je suis la déesse Stéla, chargée de votre réincarnation.

Je clignai des yeux, abasourdi, et ma bouche, comme mue par une volonté propre, articula difficilement :

— Ma... réincarnation ?

— Oui, répondit-elle avec le calme d’un juge cosmique. Vous avez été choisi parmi une infinité de candidats, sélectionné par les Forces Supérieures pour renaître dans un autre monde.

— Moi ? protestai-je, le cœur battant, incrédule. Mais... je ne suis personne d’exceptionnel ! Comment ai-je pu être choisi ?

La déesse leva les yeux au ciel, puis lâcha un soupir long comme un âge glaciaire.

Pff... Quand je leur annonce ça, les autres hurlent de joie comme des larves d’otakus en rut. Pourquoi, pourquoi fallait-il que je tombe sur l’un des rares spécimens normaux de l’humanité ?

Puis elle se figea, cligna des yeux, et son teint vira légèrement au cramoisi céleste.

— Ah… zut. J’ai dit ce que je pensais. Et j’ai pensé ce que je devais dire. Hum hum. Tu n’as rien entendu, n’est-ce pas ? Sache qu’un dieu est toujours intègre et honnête, déclara-t-elle d’un ton noble, bien que sa voix trahît un embarras palpable.

Je restai sans voix. Quelle étrange rencontre !