Chapitre 2 : Séjour en orbite

Point de vue de KOMA WORLD

Qu’est-ce qu’il vient de se passer putain ? J’ai tellement mal à la tête... Je n’arrive pas à ouvrir les yeux. Je sens mon corps lourd tomber sans cesse. Comme si j’étais dans une chute sans fin. Était-ce le cas ? Pour le savoir, je dois me réveiller à tout prix.

Je réussis enfin à ouvrir mes yeux. Ma vision était trouble, mais je compris j’étais dans l’eau. Il faisait froid. Je vis les rayons du coucher de soleil traverser la surface de l’eau, se propageant autour de moi. Mais je me posais une question : non pas comment j’ai fait pour finir ici, mais plutôt comment faisais-je pour respirer ?

Je paniquais. Je me débattais dans tous les sens pour essayer de me réveiller de ce cauchemar. Car oui, même si j’arrivais à respirer, je ressentais un étouffement à chaque inhalation. Je voulais me réveiller. Je refermais donc mes yeux, en espérant qu’en les rouvrant je serai allongé dans mon lit.

Mais quand mes paupières s’ouvrèrent, je fus non seulement toujours dans l’eau, mais en plus de ça une lueur bleu clair émanait de derrière moi. Celle-ci semblait de plus en plus forte. Comme si je m’en approchais.

Je décidai de refermer une dernière fois mes yeux, gardant un espoir de me réveiller dans une situation plus confortable que celle-ci. Mais durant mon clignement, j’entendis un bruit aigu qui me fit rouvrir sursauter. On aurait dit un verre se cassant. En rouvrant mes yeux, j’avais quitté mon environnement aquatique.

“Bordel mais qu’est-ce qu’il m’arrive encore ?”, pensais-je à voix haute.

Allongé au sol, j’étais désormais dans une pièce éclairée d’une lumière vive. Très étroite. Mais la lumière qui l’éclairait était la même que j’ai vu dans l’eau. Je me retournai en me levant, et vis une chose qui me figea sur place : une sphère flottante, avec des morceau verres gravitants autour de celle-ci.

“C’est mieux pour moi que je m’en aille je pense”, dis-je en me dirigeant vers la porte. J’approchai ma main de la poignée, mais une décharge électrique me prit. Je retentai ma chance, et celle-ci fut coopérative. J’actionna la poignée, poussa la porte et sorti de cette pièce étroite.

J’atterris cette fois dans une grande, très grande pièce, remplie de bureaux et de chaises, tous séparés par des mini cloisons.

“Un open-space ?”, dis-je à haute voix. J’explorais les postes, à la recherche d’indices qui me permettraient d’en savoir un peu plus sur l’endroit dans lequel je suis.

Mais il n’y avait rien pour m’aider. Seulement des post-it avec écrit dessus les tâches à faire pour la journée ou alors des photos sur lesquelles étaient probablement des proches des employés.

“Attends...”. Je pris conscience d’une des tâches qui figuraient sur un des papiers. Il y était inscrit “Nourrir l’enfant”. Quel enfant ? Étais-je en danger ? Je dois à vraiment sortir de là. Une idée me passa par la tête : les fenêtres.

“Quel con, pourquoi je n’y ai pas pensé avant ?”, m’interrogeais-je en courant vers l’ouverture la plus proche. Un store jaune en métal masquait la visibilité. Je pris la ficèle pour lever l’occultant, tirai d’un coup sec, et que la lumière fut !

Du moins c’est ce que je pensais au moment où j’ai tiré le fil. Il en était autrement. Le rideau laissait place à l’obscurité, mais pas totale. Puisque juste en face de la vitre se trouvait une planète qui reflétais les rayons du Soleil.

Ma planète.

Ce que j’avais devant moi, c’était là d’où je viens. J’étais actuellement dans l’espace, en orbite autour de chez moi.

“Je suis... dans l’espace ? ...”, dis-je en me décomposant. Je m’assis en dessous de la fenêtre, tenant mes jambes dans mes bras, ma tête entre mes genoux.

Plus j’explorais ce lieu, plus je découvrais des choses qui m’auraient été impossibles à croire avant de les avoir vu. Mais je ne suis sûrement pas au bout de mes surprises...

Je levai ma tête, l’appuyant contre le mur derrière moi, pris une grande inspiration et posa mes mains au sol afin de me lever. Il y avait un couloir sombre un peu plus loin sur ma gauche. Je décidai d’y aller, n’étant plus à une révélation choquante près.

J’étais sur mes gardes, au cas où un monstre sortirait de nulle part et décide que je serai son goûter... À partir du moment où tu as ces pensées qui te traversent l’esprit, tu te dis qu’il vaudrait mieux pour toi de te faire suivre psychologiquement. Je peux plaider la folie à ce niveau-là. Sortez-moi de là par pitié...

Arrivé au bout du couloir, celui-ci présentait une grosse porte blindée, avec au-dessus une lampe qui ne semblait pas fonct...

Merde. J’ai porté un jugement trop hâtif. Celle-ci s’alluma en rouge, et tourna dans le boitier comme le gyrophare d’une voiture de police. L’ambiance du couloir était encore plus pesante qu’elle ne l’était auparavant.

J’entendis des bruits de pas se rapprocher de la porte. Aucun doute : je ne suis définitivement pas seul ici. Je me cachai dans le renfoncement sur la droite de la porte, dans l’ombre.

Les pas se rapprochaient de plus en plus de moi. J’entendis des voix. Ils parlaient la même langue que moi. Savoir que j’ai affaire à des humains et non des extraterrestres était assez rassurant. Peut-être n’étaient-ils pas méchants ? ...

La porte s’ouvre, et je pus enfin entendre clairement la discussion pendant que les pas arrivèrent à mon niveau. “C’était à ton tour de surveiller l’Enfant ce midi normalement !”, dit l’un des interlocuteurs, plus loin dans la pièce.

“Je vous avais prévenu que je ne pouvais pas aujourd’hui, je l’ai écrit sur l’agenda. Va voir si tu ne me crois pas !”, répondit l’autre, passant la porte en marche arrière afin de regarder son collègue pour le narguer. Il était vêtu d’une blouse, les cheveux plutôt dégarnis et des lunettes de formes rectangulaire. La caricature parfaite d’un scientifique... Ses chaussures firent un couinement à chaque pas.

“J’ai un rencard.”, continue-t-il. “On a match sur une appli de rencontre. C’était le coup de foudre DI-RECT”. Un rencard ? Lui ? J’aimerai voir la photo qu’il a mis sur son profil...

“Soit elle est aveugle, soit c’est un thon.”, rétorqua celui présent dans la salle avant que la porte ne se referme et lui coupe la parole. Il n’a pas tort... L’autre se retourna, et marcha droit dans le couloir.

Il a dit qu’il va sortir non ? Peut-être devrais-je le suivre... Mais ils ont parlé de quelqu’un à surveiller, l’”Enfant”. Je suis face à un dilemme : soit je me sauve et j’oublie tout ça, soit je fonce vers une mort certaine et essaye de sauver le prisonnier.

“Je peux faire les deux.”, pensais-je à voix haute. Je m’improvise héros juste quelque temps. La vie de quelqu’un est en jeu. La mienne y compris, ce qui fait deux vies du coup...

J’ai du mal à me gérer moi-même déjà, mais je me crois tout de même capable de sauver quelqu’un. La blague.

Encore une fois, mon corps agissait tout seul. Je courus derrière le scientifique, plaça mon avant-bras droit sur son cou, et appuya avec mon bras gauche pour faire pression. Il se débattu, tapant sur mes bras, gigotant ses jambes pour tenter de se libérer. Mais son corps s’est arrêté de bouger. Je venais de tuer quelqu’un.

Et je ne ressentais absolument rien.

Je fis glisser le corps par terre pour le déplacer. J’ai vu un local de ménage durant mon exploration, je ne pensais pas que celui-ci pourrait me servir. Mais au final, si. Je vais le cacher là-bas, en espérant que personne ne le trouve avant que je ne me sois enfuit.

Je mis ses vêtements, le cacha derrière des cartons ménagers et sortis de la pièce, déguisé en scientifique. Son badge présent sur le côté gauche de ma poitrine me permettra d’accéder à des endroits auxquels je ne pouvais pas avant. Gurten. C’était son prénom...

Je marchai en direction de la porte d’où sortait l’homme dont j’ai piqué l’identité afin d’enquêter sur l’”Enfant”. Et ne pensez pas que je suis bête, j’ai pensé à tout : dans le local, il y avait des cartons remplis de gros masques avec des filtres, idéal quand on est scientifique ou quand on est malade...

Grâce à ça, ils ne verront pas que ce n’est pas le vrai Gurten qui est en face d’eux. Mais malgré les filtres présents sur le masque, la mauvaise odeur émanant de ses vêtements me parvenait. Comment c’est possible d’autant puer sérieux ? Depuis combien de temps ne s’était -il pas lavé ? Je regrettais ce que je lui ai fait, mais finalement, je suis content d’avoir débarrassé ce monde d’un gros crado.

Quand j’arrivai devant la porte, celle-ci s’ouvra toute seule. Visiblement, le boitier détecte automatiquement le badge. Ou c’est une caméra ?... Je réfléchis trop. Il n’y a plu de retour en arrière possible. Je passai la porte, et l’homme de tout à l’heure vient me voir.

“Bah alors ? T’as eu peur et tu lui as posé un lapin ?”, m’interrogea-t-il.

“Je ne me sens pas bien, c’est tout.”, rétorquais-je.

“C’est pourquoi le masque ? T’es malade ?”

“J’ai dû chopper un virus ou une connerie dans le genre.” Les gens présents dans la pièce me dévisagèrent.

Quel con. Forcément, si je dis que je suis malade dans un lieu normalement stérile de toutes maladies, les gens vont devenir hystériques.

“ALERTE ROUGE !”, crie l’un d’entre eux. Il activa un signal d’alerte générale.

“Quoi-”, dis-je, ne sachant pas quoi faire dans cette situation.

“On déconne !”, dis le premier en éteignant l’alarme. “Rentre chez toi, tu ne vas pas travailler dans ces conditions quand même !”.

“Tu m’as fait peur...”, répondis-je, soulagé mais encore sous le choc de la blague. “Je peux rester, ça ne me gênera pas”.

“T’es sûr ? T’as quand même l’air bien malade, je te reconnais presque plus !”

“Ahah carrément...”, dis-je totalement gêné. Peut-être parce que je n’étais pas la personne qu’il pensait que j’étais...

“Reprenez ce que vous faisiez les gars.”, dit-il en allant à son poste.

Là j’ai eu chaud. Très chaud. Je dois arrêter de porter l’attention sur moi, un faux pas de plus et je suis foutu.

Je fis semblant de travailler, ne sachant pas réellement quoi faire dans cette pièce. La décision de m’introduire ici a été prise sur un coup de tête à vrai dire... Je dois désormais faire ce que je sais de mieux : IMPROVISÉ !

Pendant que l’un des scientifiques sollicitait mon aide pour lui passer un objet présent sur la paillasse en face de moi, je vis, en me retournant pour lui apporter le tube que je tenais fermement dans ma main droite, une autre grande porte dont je n’avais pas prêté attention avant.

À la différence de celle que j’avais traversé pour arriver ici, cette porte me permettait de voir ce qu’il se passait de l’autre côté. C’était deux grandes baies vitrées sur lesquelles se trouvait un logo qui apparaissait un peu partout dans cette “station spatiale”. Ce symbole représentait une sphère, entourée de bout de verre, ce qui ressemblait vachement à la chose qui m’a amené ici.

Je l’ai vu sur les fonds d’écran des ordinateurs encore allumés, sur des documents, des feuilles, et même sur des cartons qui se trouvaient dans le local de ménage. Les gens ici étudient cette “chose”.

Je dois en apprendre plus sur ça aussi. Je m’improvise espion et scientifique dans la même journée, ça me change grandement de mon quotidien banal à en crever...

Le savant prit le tube, et se retourna face à son bureau. Mon regard fit le tour de la pièce à la recherche de caméra, et étonnamment, il n’y en avait pas une seule. Je vérifiai si j’avais le champ libre pour aller dans la pièce d’à côté, et une fois que tout le monde avait le dos tourné, je m’approchai discrètement de ces portes en verre qui s’ouvrirent automatiquement. Je passai la porte en enlevant mon masque qui m’empêchait de respirer pleinement, et un bip retentit.

Je réussis à me cacher avant que quelqu’un ne me voit. Sans mon masque, je pouvais me faire repérer plus facilement. Mais hors de question de remettre cette merde sur ma bouche, on étouffe là-dedans. Je dois me faufiler, en passant d’office en office.

J’allai sous les bureaux, passai dans le dos des gens, et entrai dans une armoire pour me cacher. J’écoutai ce que les employés disaient, espérant trouver une nouvelle piste. Quand j’entrouvris la porte pour voir ce qu’il se passait ici, une cloche sonna.

“L’INSERTION COMMENCE DANS 2MIN, QUE TOUT LE MONDE SOIT PRÊT”, crie l’un d’eux. Pendant que les employés allaient devant leur ordinateur, l’homme, lui, se mit face au mur qui était lui-aussi en face de moi. Le mur se leva tel un rideau, et laissa place à une grande vitre donnant sur une autre pièce, avec à l’intérieur, un enfant allongé sur un fauteuil de dentiste. “Luno ?...”, dis-je à voix basse.