La Tour bleue ne tremble plus elle ne gronde plus, ne frissonne plus, ne vibre plus sous le poids des récits en guerreelle respire. doucement comme un grand corps apaisé, comme un monde revenu de ses fièvres ses murs racontent à nouveau non pas les batailles, ni les cris, ni les effacements mais des berceuses des souvenirs doux cousus dans les angles des phrases longues comme des écharpes de paix les poupées chantonnent dans les couloirs les escaliers descendent en valsant les fenêtres brillent d’un bleu très tendre, le bleu des choses qui savent qu’on va bien dormir dans sa chambre, Saphira est assise, les jambes croisées, un livre grand ouvert sur les genoux son doudou préféré niché contre elle sera cheveux retombent sans magie, sans vent surnaturel, simplement, comme ceux d’une petite fille fatiguée d’avoir trop aimé le monde.
elle tourne une page puis s’arrête ses yeux glissent vers Elya, assise à quelques pas, les jambes ballantes dans le vide, à regarder les étoiles.
—« Tu crois qu’ils vont bien, tous les autres mondes ? » demande Saphira, dans un murmure presque timide.
Élya ne répond pas tout de suite elle regarde loin puis elle hoche la tête.
« Tu les as sauvés. »Elle sourit.« Et tu as grandi. »
Saphira baisse les yeux vers son livre.Ses doigts frôlent les mots comme s’ils étaient fragiles la porte s’ouvre sans grincer elle ne s’ouvre même pas elle cède doucement, comme si le bois lui-même savait qui passait.
La Mère Primordiale entre elle ne dit rien elle marche lentement, sereinement, jusqu’à Saphira, et s’arrête yn simple baiser sur le front un regard sans mot mais plus lourd de sens que n’importe quel discours puis elle s’éloigne doucement elle ne disparaît pas elle s’efface avec la pudeur des divinités qui savent quand il faut sortir de l’histoire.
et Saphira, sans se lever, sans oser suivre, murmure très bas.
—« Merci maman. »
Sur le bureau, un carnet se referme pas dans un fracas, ni dans un battement théâtral il se referme comme on termine une chanson avec calme avec certitude sur sa couverture, en lettres de lumière douce, on peut lire.
Saphira Noctielle – Reine de la Tour Bleue
Il y a un point final mais il ne crie pas “fin”.il chuchote plutôt “à suivre”.il vibre dans l’air comme un fil suspendu entre deux mondes un fil qui n’est pas tendu, pas pressé. Juste… là et Saphira s’endort le livre glissé sous son bras 'e doudou toujours serré contre elle le monde entier refermé dans sa respiration.
la tour fredonne pour elle une chanson sans parole, sans fin, sans refrain juste une onde bleue, un bercement du réel et dans son rêve, elle vole pas comme une reine pas comme une déesse comme une enfant.
Au-dessus des mondes main dans la main avec des enfants qu’on n’a pas encore écrits chevauchant les éclairs, les étoiles, les idées touchant les couleurs oubliées riant dans la marge du rêve elle n’a que 1m30.Mais son cœur contient tout l’infini.
Fin de la Saison 1