Une vie normale, pour une déesse qui pourrait traverser l'univers d'un souffle
L’hôpital des cendres blanches.
La ville l'ignore elle passe devant les vitrines, les terrasses, les tramways bondés, et personne ne tourne la tête, personne ne devine ce que cache ce regard rouge feu, calme et doux à la fois, personne n'entend ce que murmure sa voix aux patients, une voix grave, lente, comme posée hors du temps ici, dana noctielle n'est pas une légende, pas une entité, pas une anomalie elle est médecin pas chirurgienne, pas chercheuse, juste… médecin celle qui s'assoit, qui prend le temps, celle qui écoute, celle qui comprend "Monsieur Valen, vous avez trop cours votre cœur n'est pas aussi rapide que vous le pensez" elle dit cela avec un sourire bienveillant, en posant une main fraîche sur le poignet tremblant d’un vieil homme haletant puis elle se lève, se penche un peu plus loin "Et vous, madame ji ? vous avez encore sauté vos repas pour vous occuper de vos petits-enfants, hein ?" son ton n’est pas réprobateur, c’est une douce taquinerie, et quand elle sourit, vraiment, ce n’est pas le sourire de la démone c’est celui de dana, la femme, la mémoire, le souffle tous les matins, dana s'habille avec précision toujours en rouge, mais pas un rouge criard, un bordeaux discret, presque modeste, ses cheveux sont attachés avec soin, ses lunettes, à monture fine, reposent sur son nez avec cette délicatesse qui dit : « je suis là, mais je n’occupe pas la place. » tout en elle semble humaine et pourtant chaque matin, dans la salle de repos, elle s’assoit avec son thé, regarde les murs pâles et les aiguilles de l’horloge elle les voit ralentir, elle les voit s’étirer, comme du chewing-gum cosmique, le monde, ici, ne tourne pas à sa vitesse, il tourne à la sienne mais elle ne se plaint pas elle a choisi cette vie pas pour fuir, pas pour se cacher, pour se rappeler "Avant de devenir vitesse, j’étais un battement avant de devenir tempête, j’étais un souffle" elle murmure cela, un soir, seule dans les couloirs vides de l’hôpital parfois, la nuit, dana monte sur le toit elle ferme la porte derrière elle, enlève ses lunettes, détache ses cheveux elle regarde la ville, loin en contrebas et elle court pas vite, pas pour fuir, juste pour sentir pour sentir le sol sous ses pieds, le monde bouger autour d’elle, comme s’il voulait lui dire qu’il existait encore elle court dans un cercle, sur les dalles du toit, entre les graviers et les antennes et elle respire "Je suis née d’un cri, d’un flash, d’un besoin" elle sourit à demi "kael avait besoin de vitesse… alors je suis née" elle rit doucement "Mais maintenant… j’ai besoin de lenteur" son rire ne monte pas vers les étoiles, il s’incline vers le silence mais un soir un bruit anormal brise la nuit tranquille une alarme, des voix dans les talkies, une ambulance qui n’arrive pas, un carambolage, des blessés trop de cris, trop de chaos et là elle oublie elle n’attend pas, elle ne prend pas les escaliers, elle ne pense même pas à mettre ses lunettes elle traverse l’espace un éclair rouge fend la ville pas une lumière, pas un éclair de tempête un vecteur vivant en moins d’une seconde, les blessés sont déposés dans les bras d’infirmiers qui n’ont même pas eu le temps de comprendre, le sang est arrêté, les fractures immobilisées, les corps déplacés avec douceur puis elle revient calmement sans se presser elle entre dans la salle, repousse une mèche rebelle derrière son oreille, remet ses lunettes son souffle est intact, mais son cœur, lui bat elle sourit "Désolée… j’étais juste à la machine à café" et personne ne la questionne plus tard, seule dans son bureau, dana regarde la fenêtre dans le verre, elle se voit ses yeux rouges brillent pas beaucoup, mais juste assez assez pour rappeler que sous le médecin… il y a une déesse une force née du besoin, une incarnation de mouvement, une tempête contenue dans un mot : vivre. elle murmure "Je voulais une vie normale" puis, plus bas "Mais même une déesse a besoin de courir, parfois"
Fin du chapitre 1 — L’origine de la vitesse