Chapitre 7 : Tonton Zeus et Odin passent à l'hôpital

Tests médicaux, chemises longues et divinités discrètes

Un matin calme à l'hôpital.

Le bâtiment des cendres blanches respire dans un calme tendu.

Pas de cris, pas d’urgences fracassantes, juste cette tension particulière des journées d’évaluation, quand l’air semble fait de concentration contenue et de stylos nerveux.

dana noctielle marche dans le couloir d’observation, ses talons discrets effleurant le sol poli, son manteau crème flotte à peine derrière elle, comme une cape silencieuse.

Elle jette un œil à la vitre teintée donnant sur la salle de pratique.

Aujourd’hui, c’est un examen grandeur réelle, un patient, une mission, zéro panique et zéro triche.

Les élèves se redressent.

Pas comme des soldats, comme des jeunes gens qui savent qu’ils vont devoir être vrais.

Elle les répartit avec clarté, sans emphase.

lina : un enfant fiévreux à diagnostiquer, tao : un patient en crise d’angoisse, affolé, verbalement instable, alma : suspicion d’embolie pulmonaire, mais avec très peu d’indications, mathis : convaincre une vieille dame têtue de prendre ses médicaments

dana glisse en les regardant :

— La médecine, c’est aussi faire preuve d’imagination… et de patience

Elle les laisse travailler.

Chacun avec une tablette pour les notes, un capteur bio magique, et une grande dose d’incertitude, Elle ne surveille pas comme une directrice.

Elle observe, comme une enseignante qui croit à ce qu’elle voit.

Dans le hall de l’hôpital, deux silhouettes avancent.

Tall. Classy. Trop silencieux.

L’un porte une veste blanche, ouverte sur une chemise décontractée, lunettes de soleil, barbe sculptée, démarche soupleL’autre, costume noir, gants de cuir, canne argentée, regard fendu par la lassitude d’avoir déjà tout vu

zeus, odin

Ils s’arrêtent, regardent autour.

— C’est ici ? murmure zeus

— Ouais, je sens son aura, elle est pas contente aujourd’hui, répond odin

Une infirmière s’approche, hésitante.

— Euh… vous êtes… des visiteurs ?

zeus retire ses lunettes, regarde avec calme.

— On est les tontons, on vient la féliciter

— Tontons de qui… ?

odin hausse un sourcil.

— Tonton de celle qui peut te transformer en statue avec un soupir

Ils traversent le hall comme des parrains d’un autre monde, et rejoignent la salle d’évaluation.

dana les sent avant même de les voir.

Elle ne lève même pas les yeux.

— J’arrive

Elle chuchote.

zeus et odin lèvent un pouce discret, pas un mot de plus.

Ils s’installent dans un coin d’ombre, tranquilles, impassibles.

Comme deux anciens juges du destin qui ont décidé, aujourd’hui, de regarder sans intervenir.

Les étudiants les remarquent vite.

— C’est qui ces deux gars ? On dirait qu’ils sortent d’un film de mafia…, Mais… ils nous jugent, t’as vu le regard de celui avec la canne ?

lina applique la méthode du toucher calme, la voix basse, les gestes doux tao respire avec son patient, synchronise leurs souffles jusqu’à faire tomber la tension alma improvise un protocole d’élimination, en trois étapes, précises, méthodiques mathis, lui, transforme le traitement en jeu :

— Chaque cachet = 1 point, grand-mère, vous battez votre record aujourd’hui ?

dana regarde tout ça, elle ne parle pas mais elle sourit.

Pas pour les encourager, pour reconnaître ce qui est en train d’éclore.

zeus chuchote, les bras croisés :

— T’as bien choisi ton monde

odin hoche lentement la tête.

— Elle a trouvé sa paix, mais elle bouillonne toujours

La session touche à sa fin.

Les étudiants sont en ligne, fatigués, nerveux, mais vivants.

dana ajuste ses lunettes, ouvre son carnet.

Elle va à l’essentiel :

— tao, excellent contrôle émotionnel, tu as guidé sans dominer, lina, très bon diagnostic pédiatrique, tu as écouté avec les mains, alma, tu prends des risques, continue, c’est comme ça qu’on devient médecin, mathis, tu deviens un peu trop copain avec les patients… mais ton sourire soigne, et c’est rare

Elle referme le carnet.

Pause.

Puis, avec une douceur assurée :

— Vous êtes prêts pour la suite

zeus et odin applaudissent lentement, une fois, deux fois.

Tout le monde se retourne.

dana ajoute, avec un léger rire :

— Ah, les tontons valident aussi

Les étudiants rient.

— Mais… ils sont sérieux ? l’un d’eux vient de faire clignoter le plafond…

Ce jour-là, dana n’a pas sauvé de vie, elle n’a pas couru, elle n’a pas frappé l’univers d’un coup de foudre.

Mais elle a enseigné.

Elle a évalué.

Elle a construit des héros.

Même quand les dieux eux-mêmes viennent en chemise…

Juste pour l’encourager.

Fin du chapitre 7 — Tonton zeus et odin passent à l’hôpital