Une balade, un aveu, et une promesse silencieuse je vous emmène en ville entrée dans la ville les rues d’élidora sont encore fraîches du matin le soleil glisse lentement entre les tours, s’attarde sur les vitrines, embrasse les pavés d’un éclat doré. Les passants se faufilent dans un ballet discret de tasses à emporter, de portables collés à l’oreille, de regards pressés au milieu de cette vie ordinaire, dana noctielle marche à sa gauche, zeus, manteau blanc long, lunettes de soleil, le pas nonchalant mais précis. à sa droite, odin, costume noir classique, cheveux noués, canne élégante et regard perçant malgré l’air bougon ils ne se cachent pas. Ils existent tranquillement. trois figures qui feraient frissonner l’échine de n’importe quel voyant sensible… mais qui, ici, se fondent dans la lumière du jour "Alors, docteure noctielle, où nous emmènes-tu ? demande zeus, un sourire joueur aux lèvres" dana lève les yeux au ciel, faussement exaspérée "Je suis pas une guide touristique, tonton. mais j’ai découvert un café qui fait des tartes au citron meringuées… qui te feraient oublier le nectar divin" odin riposte sans attendre "Impossible. j’ai goûté le nectar. et j’ai vu la meringue de zeus, c’était une catastrophe" zeus, faussement blessé, lève une main au ciel "C’était une expérience artistique" ils rient et le monde continue de tourner c’est un petit café, niché entre deux librairies bois ancien, plantes suspendues, lumière tamisée. L’endroit sent le romarin, le sucre et les rêves en pause ils entrent le serveur les regarde une seconde trop longtemps, sa main figée sur un carnet. puis il cligne des yeux, revient à lui dana prend les devants "Trois thés, et une part de tarte, s’il vous plaît" elle s’assoit avec grâce, sans solennité zeus retire ses lunettes, les pose sur la table "Tu fais ça souvent, les sorties tranquilles ?" elle souffle un peu, puis répond "De plus en plus. avant, je courais sans réfléchir. maintenant… je marche avec envie" odin la fixe un instant pas pour la juger pour confirmer ce qu’il voit "Tu n’as pas l’air de fuir c’est rare" elle prend une gorgée de thé l’arôme est doux. légèrement fumé et puis, presque en murmurant "J’ai passé mon permis" silence les deux dieux tintent pardon ? souffle zeus elle pose la tasse "Je me suis inscrite. j’ai fait les heures. les codes. tout. et je l’ai eu" ils clignent des yeux, comme si elle venait d’annoncer avoir combattu un titan avec une fourchette "T’as pas utilisé ta vitesse divine ? demande zeus" "Non. j’ai calé. trois fois. et j’ai cru que le moniteur allait me manger tout cru" odin laisse échapper un rire bref, presque animal "C’est… magnifique" Et maintenant, je veux une voiture. une vraie. pas un char solaire. pas une porte dimensionnelle zeus joue avec son bracelet, songeur "Tu veux un modèle précis ?", "Une simple compacte. confortable. assez discrète. et avec une bonne sono" les deux hochent la tête comme deux vieux tontons attendris devant une nièce qu’ils adorent secrètement après la sortie, ils marchent un moment dans les ruelles ombragées dana s’arrête pour parler à un chien, accroupie, un sourire aux lèvres. l’animal remue la queue comme si elle était faite de soleil les deux dieux reculent légèrement zeus, à voix basse "J’ai déjà repéré une concession divine qui fait des modèles personnalisés" odin hoche la tête "Et moi, j’ai glissé de l’or stellaire dans leur système bancaire. discrètement", "Demain matin. après sa garde", "On lui donne les clés. avec un nœud. pas un mot", "Elle fera genre qu’elle n’est pas surprise…", "…Mais elle va pleurer. et elle va prétendre que c’est à cause du pollen" ils échangent un regard complice. un pacte silencieux" le ciel devient rose-or la lumière s’adoucit. les ombres s’allongent. les volets se ferment doucement dans les maisons qui sentent la cannelle dana marche entre eux ni derrière ni devant entre "Merci. pour aujourd’hui" zeus passe un bras autour de ses épaules, sans rien dire d’abord puis "Tu sais que tu es notre fierté, pas vrai ? même quand tu t’obstines à vivre comme une simple humaine" odin, plus bas "T'es plus forte qu’on ne l’a jamais été" elle baisse les yeux touchée mais joueuse "Vous dites ça parce que vous voulez une deuxième part de tarte", "évidemment" répond zeus. et tous trois rient elle a troqué les orages contre des rues paisibles. les portails dimensionnels contre des thés brûlants. et même les dieux les plus anciens aiment la suivre dans ses pas tranquilles.
fin du chapitre 8 — "je vous emmène en ville."