Chap 6 : Déjà-vu ?

Tout était sombre autour de lui. Chaque marche était haute. À chaque fois qu’il en descendait une, il avait l’impression de tomber, mais il continuait à descendre de manière effrénée.

Mike — Ah mince !

Il finit par rater une marche et dégringola dans les escaliers. Son corps dévala une dizaine de marches avant de se cogner violemment la tête dans un grand fracas.

Mike — Aïe, aïe, aïe… Ça fait un mal de chien !

Il se releva tant bien que mal et épousseta ses vêtements. Étrangement, pas la moindre égratignure. Son corps était en parfait état, comme si la chute n’avait jamais eu lieu. Mais il ne le remarqua même pas.

Le jeune homme regarda droit devant lui. Là se tenait une porte, très semblable à celle par laquelle il était sorti à l’étage précédent.

Mike — Encore une porte ? J’ai l’impression qu’il y a des chiffres dessus… euh… 99 !

Voix ? — Tu le fais exprès ? Oui, c’est bien le 99.

La voix confirma l’information d’un ton légèrement agacé.

Mike — Mais du coup, ça veut dire que le précédent était le centième ? Déjà que c’est bizarre de commencer en plein milieu d’un immeuble… Alors j’en ai encore 99 à faire ?

Voix ? — Oui, ça en a tout l’air. Mais l’agencement est étrange… Enfin, je pense que tu devrais passer cette porte.

Derrière lui, les escaliers commencèrent à disparaître un par un dans un cliquetis métallique. Ils se refermaient sur eux-mêmes. Finalement, il ne resta plus que la dernière marche, celle sur laquelle il se tenait.

Il ouvrit donc la porte et entra à l’étage 99. Derrière lui, la porte disparut. Il ne restait plus rien.

Mike — Bah mince… Comment je fais pour continuer ? Et puis, cet étage ressemble étrangement au premier. Même un peu trop. Comme deux gouttes d’eau… Même les murs, qui étaient cassés… Et pourtant, je suis bien descendu…

Il s’approcha pour observer les détails de l’étage. Il reconnaissait des éléments : les débris du combat, les portes d’appartement. Il essaya de toucher une pierre parmi les débris, mais elle ne bougea pas d’un millimètre.

Voix ? — Tu n’arrives pas à la prendre ? Pourtant, ce n’est pas censé être très lourd.

Mike força davantage, mais rien à faire. La pierre semblait figée à cet endroit, comme soudée au sol. Il regarda autour de lui, cherchant d’autres anomalies. Il remarqua alors que le liquide au sol, auparavant fluide, semblait lui aussi… immobile.

Mike — Le sol est bizarre… Le liquide n’en est même plus un. Il est solide. Même plus dur que le sol, on dirait…

L’air semblait figé, lourd. Même sa respiration résonnait comme un écho lointain.

Il fit quelques pas. Ses chaussures ne s’enfonçaient même pas. Il marchait littéralement sur le liquide, devenu une surface dure et impénétrable. Celle-ci était couverte de marques de pas, comme si elles avaient été figées dans la matière.

Mike — Pourquoi tout semble… figé ? Est-ce que je rêve encore ?

Il ne comprenait toujours pas ce phénomène. Il s’en lassa.

Voix ? — Repose-toi un peu. Ce serait mieux que tu manges quelque chose.

Il s’approcha d’une porte d’appartement entrebâillée. Par réflexe, il tenta de la pousser pour entrer, mais elle ne bougea pas d’un iota. Il fit passer son sac à dos devant lui, puis entra en se faufilant.

L’intérieur était identique à celui de l’étage précédent. Au sol, il y avait le paquet de gâteaux qu’il avait fait tomber plus tôt. Il le fixa avec dédain, puis alla s’asseoir sur la table placée en plein centre de la pièce. Il posa son sac, fouilla dedans et en sortit quelques friandises. Il en mangea quelques-unes, puis rangea le reste.

Mike — Un peu de sucre… ça fait du bien.

??? — Je t’ai dit de ne pas t’asseoir sur la table. Que les bonbons, ce n’est pas un repas. Et d’enlever tes chaussures en rentrant.

Une voix féminine venait de parler ? Dans cet endroit, il n’avait vu personne… à part l’armure. Il se retourna brusquement.

Derrière lui se tenait une silhouette noire et ombrée, semblable à un fantôme. Elle semblait âgée d’une quarantaine d’années. Ses cheveux étaient longs, mais son visage était indistinct, comme gribouillé de traits fins, flous, déformés. Ses pieds n’avaient pas l’air de réellement toucher le sol.

Voix ? — Oh non… Qu’est-ce que c’est que ça… ?

Silhouette féminine — Maman t’a pourtant dit d’arrêter de faire des bêtises, n’est-ce pas ?

Elle s’approcha de lui et leva la main comme pour le frapper. À cet instant, Mike fut submergé par une violente vague de rage, de dégoût… puis de nausées. Un mal de tête insoutenable le prit.

Mike — Aahhh… ma tête… ! On dirait qu’on presse mon cerveau !

Dans sa tête, des milliers d’images déferlèrent à toute vitesse.

Silhouette féminine — Désolée.

Il ferma les yeux, comme s’il attendait le coup. Mais rien ne vint.

Il les rouvrit lentement. Devant lui… se tenait à nouveau la porte 99.