Chap 8 : Reflet brûlant

Une porte semblable à un miroir était placée devant lui. Un chiffre était gravé en son centre : 98.

Mike se regarda dedans.

La seule chose qu’il put remarquer, c’était sa peau sèche, marquée par les larmes qu’il avait longtemps versées.

Il avait beau savoir que tout ce qu’il avait vécu à l’étage précédent n’était qu’un souvenir, cela ne le réconfortait pas.

Au contraire, sa tristesse semblait encore plus grande, encore plus présente.

Voix ? — Il faut continuer et entrer, une fois encore.

Mike — Pourquoi ? Pour revivre encore un de ces souvenirs douloureux ? Ou pour me retrouver face à cette Entity qui a essayé de me tuer ? C’est inutile… tout ça n’a aucun sens.

Il gesticulait, agité, devant la porte.

Il savait que, depuis le début, il était le seul à entendre cette voix. Que parler à haute voix ne servait à rien, et que ce n’était pas nouveau.

Mais il continuait…

Mike — C’est absurde. Tout ça est absurde.

Il tenta de se calmer.

Prenant son courage a deux mains.

Il finit par ouvrir la porte.

Une fine brume l’accueillit, aveuglante.

il avança tout de même, incertain.

Après quelques pas, la porte se referma dans un grand claquement… et disparut.

Mike — C’est quoi ça encore ? On n’y voit rien.

Rien… rie… ri…

Un grand écho amplifia des fragments de sa propre voix.

Il sursauta, mais comprit très vite que ce n’était qu’un simple écho.

Mike — Fausse frayeur…

Frayeur… fray… fr…

Agacé, il décida de se taire pour ne plus entendre cet écho dérangeant.

Lampe à la main, il faisait des tours sur lui-même, tentant de voir plus loin que le bout de son nez.

Voix ? — Fais très attention. Ça pourrait être piégé.

Il ignora l’avertissement et continua d’avancer.

Soudain, il se cogna violemment à quelque chose.

Boom.

Mike — Aïe ! C’est quoi ça ? Il n’y avait pourtant rien !

Aïe… aïe… ai…

Rien… rien… rien…

Il ne put se retenir de crier. Le son se propagea dans tout l’étage, et l’écho fut plus fort que jamais.

Face à lui, un immense miroir, de la taille d’un mur.

Mais en s’approchant… était-ce vraiment un miroir ? Il ne voyait pas son reflet. Seulement du brouillard et un sol jonché de rouge.

Mike — Bizarre ce miroir.

Normal… mal… mal…

Il inspecta un peu plus, puis, comme s’il était à bout, donna un coup de poing dedans.

Voix ? — Attends, tu joues à quoi ? Tu n’as pas remarqué l’écho ? Il était étrange ! Si j’étais toi, je m’éloignerais de ce miroir.

Il ne l’écoutait pas. Il tapa encore plusieurs fois. Puis s’arrêta.

??? — Bah enfin tu t’arrêtes, espèce d’abruti ! Ça va pas de taper comme ça ?

Mike recula brusquement.

Le miroir vibra. Une ombre, informe d’abord, esquissa un sourire trop large, trop figé.

Un reflet ?

Dans le miroir, vacillant légèrement comme déformé par une chaleur invisible, un homme qui lui ressemblait venait d’apparaître.

Il se tenait là, immobile, mais son regard perçait à travers la surface.

Des yeux rouge vif, presque surnaturels, brillaient par instants d’un éclat doré. Une colère bouillonnante semblait chercher à s’échapper. Ils ne clignaient pas. Ils jugeaient.

Ses cheveux rouge vif, désordonnés, tombaient en mèches sauvages sur son front. Leurs pointes incandescentes semblaient encore brûlantes, comme forgées dans un feu intérieur.

Il portait un long manteau noir, rigide, usé par les flammes. L’intérieur, rouge sang, s’agitait au moindre souffle.

Ses mains, enroulées dans des bandages brûlés, portaient les marques d’un supplice répété. Ses bras, rouge vif, ainsi que ses doigts acérés, semblaient encore brûler.

Son torse laissait deviner des marques rouges lumineuses, pulsant lentement sous la peau, comme les veines d’un volcan vivant. Prêtes à éclater.

À ses pieds, de lourdes bottes martelaient silencieusement le sol.

Il ne bougeait pas.

Mais l’air, dans le miroir, semblait trembler autour de lui.

Comme si sa colère… attendait.

Voix ? — Oh non. Il a fini par se manifester… et il a fallu que ça soit via un miroir…

??? — Ferme là ! On t’a pas causé à toi.

BOOM.

Un éclair rouge embrasa tout l’étage.

La brume devint rouge. Puis se dissipa

Autour de Mike :

Des miroirs. Partout. Rouges. Infinis.

La chaleur montait.

Voix ? — Tu n’as rien à faire ici. Retourne dans les profondeurs.

Gekidō — Oh… Toi aussi, tu veux faire croire que tu protèges ce gamin ? Hypocrite.

Mike — Qui es-tu ? Que fais-tu là ?

Être ou ne pas être…

??? — Moi ? Mon petit, t’as vraiment tout oublié, ma parole ! Vraiment un abruti ! C’est Gekidō !

Mike fit un pas en arrière.

il… comprenait.

Mike se frotta les tempes. Une migraine sourde montait. Comme si ce reflet était dans sa tête.

Gekidō — Je suis toi, bien sûr.

Toi… toi… toi…

Ces derniers mots résonnèrent dans un ultime écho.