Chapitre 1 – Le retour à Ambiaty
Le bus cahotait lentement sur une route poussiéreuse, soulevant à chaque virage des nuages de sable qui s'écraseraient contre les vitres sales. Nicolas, vingt ans, était assis seul près d'une fenêtre, les écouteurs vissés dans les oreilles. Il regardait défiler le paysage rural avec un air morne et lointain. Tout en lui respirait l'anxiété contenue, ce genre de malaise qu'on ne peut pas vraiment nommer, mais qui serre la poitrine à mesure que l'on approche d'un lieu qu'on avait juré de ne jamais revoir.
Derrière lui, des jeunes riaient bruyamment, insouciants, peut-être heureux de rentrer chez eux. Mais Nicolas, lui, n'était pas vraiment là. Il semblait ailleurs, perdu dans ses pensées, comme s'il marchait à reculons vers une histoire qui refusait de se taire.
J'avais promis de ne jamais revenir ici, pensais-il. Mais la vie s'arrange toujours pour te ramener là où tout a commencé.
Lorsque le bus s'arrête enfin à la petite gare routière d'Ambiaty, le moteur toussa une dernière fois avant de se taire. Nicolas descendit sans se presser. Il pose le pied sur la terre rouge du village avec une certaine réticence, comme si ce sol allait l'engloutir. Il lève les yeux.
Là, debout au bord du trottoir, j'attendais Lydie, sa mère. Silhouette droite, regard figé. Elle ne dit pas un mot, pas de sourire, pas d'embrassade. Elle tendit simplement la main vers la valise de son fils. Un geste sec, presque mécanique.
— J'aurais pu marcher, tu sais, lançant Nicolas d'une voix froide.
— C'est la maison qui t'attend, pas moi, répondit Lydie, d'un ton grave.
Le silence entre eux était plus lourd que leurs rétrouvailles. Sans un mot de plus, ils prennent la route de la maison familiale, chacun enfermé dans ses propres blessures.
Chapitre 2 – Le lycée et les snobs
Le portail sourit doucement lorsque Nicolas pénétra dans l'enceinte du lycée d'Ambiaty. Un frisson lui parcourut l'échine. L'endroit n'avait pas changé : les affiches jaunes collaient encore aux murs délavés, les couloirs semblaient figés dans une époque révolue, et une étrange ambiance rétro régnait sur les lieux, comme si le temps lui-même refusait d'avancer ici.
À peine avait-il posé le pied dans le hall qu'un éclat de rire éclata sur sa droite. Dans un coin trônait une bande d'ados au style prétentieux. Ils ont vu tout droit sorti d'un magazine de mode pour adolescents fortunés. Joyce, grande brune aux airs hautains, était flanquée de Lina, toujours maquillée comme une star de télé-réalité, et d'Arnaud, leur fidèle acolyte sarcastique.
Joyce l'observa avec un sourire moqueur, croisant les bras sur sa veste en cuir brillant.
— Regardez qui revient du monde civilisé…, lancement-t-elle d'une voix assez forte pour que tout le hall l'entende. Ambiaty a son fantôme de retour !
Nicolas garda la tête droite et passa devant eux sans un mot, les mâchoires croustillantes. Il les avait déjà oubliés depuis longtemps ou du moins, il essayait de s'en convaincre. Il accéléra le pas et retrouva Péni et Mika dans la cour arrière, adossés contre un vieux mur recouvert de graffitis effacés.
Mika, avec son éternel sourire ironique, lui fit une accolade rapide.
— Bienvenue dans notre ville version "Walking Dead", frangin.
Péni, plus douce, lui offrit un regard inquiet mêlé d'un sourire sincère.
— Ça fait bizarre de te revoir… souffla-t-elle. Tu vas bien ?
— Pas vraiment, répondu Nicolas dans un souffle, regardant autour de lui avec amertume. Et ce lycée… rien n'a changé. Toujours les mêmes juges… et les mêmes bourreaux.
Le silence entre eux disait tout ce que les mots étaient encore.
Plus tard dans la journée, dans la salle de classe, le calme était à peine installé qu'un frémissement étrange parcourait la pièce. La lumière au plafond vacilla, comme prise d'un malaise électrique. Nicolas, assis près de la fenêtre, sursauta. Son regard se fixe un instant sur la vitre embuée. Il jura avoir vu une silhouette floue derrière la fenêtre, une présence, un reflet, un instant suspendu. Mais il n'y avait personne.
Le professeur entre à cet instant, posant bruyamment ses affaires sur le bureau.
— Nicolas, viens au tableau et écris ici ce que tu as vu qui t'a fait sursauter, lancement-t-il d'un ton mi-sévère, mi-moqueur.
Un rire éclata au fond de la classe. Joyce, bien sûr.
— Allez Nick ! Moi aussi je veux savoir ! s'exclama-t-elle en ricanant. Pas vrai les gars ?
— Joyce ! gronda le professeur. Je ne vous ai pas sonnée ! Silence ! Ou tu prends ton cartable et tu dors.
— Ahhh… je suis désolé, Monsieur, bredouilla Nicolas en se levant, les joues rouges. C'est juste... un insecte. Il m'a piqué, puis il est reparti par là.
Il pointa vaguement la fenêtre, se rasseyant précipitamment.
— D'accord ! tranche le professeur. Dans ce cas, interro surprise.
— Quoi ??! cria Amy, une élève au premier rang, les yeux écarquillés.
Un murmure collectif parcourut la salle. Les élèves s'agitaient, soupiraient, échangeaient des regards désespérés.
— Euhhh… j'ai dit quelque chose de mal ? ironisa le professeur en observant leurs têtes déconfites.
Un silence radio lui répondit. La tension flottait, palpable, comme si quelque chose ou quelqu'un ou épiait ce moment depuis un monde parallèle.
Chapitre 3 – La soirée interdite
La musique résonnait dans toute la maison de Lina, transformée pour l'occasion en véritable boîte de nuit clandestine. Les basses faisaient vibrer les murs, les lumières tamisées et les projecteurs colorés dessinaient des éclats mouvants sur les visages des adolescents déjà bien éméchés. L'air sentait l'alcool bon marché, les parfums mélangés, et cette tension sourde propre aux fêtes interdites.
Dans un coin un peu en retrait, à l'abri de l'agitation centrale, Nicolas était assis sur le bras d'un canapé, un verre vide à la main. À ses côtés, Péni observait la faute d'un air amusé, tandis que Mika pianotait distraitement sur son téléphone. Amy, quant à elle, sirotait lentement un soda, le regard vague.
— On aurait dû rester chez Mika, murmura Amy en observant une bande d'ados se trémoussant maladroitement. Ici, c'est le royaume des faux semblants.
Nicolas tourne la tête vers Péni, les sourcils froncés.
— Pourquoi tu m'as traîné ici ? exigea-t-il, visiblement peu convaincu par l'ambiance.
Péni haussa sourit les épaules, un joueur aux lèvres.
— Parce qu'on est jeunes, et que parfois, il faut juste vivre. Même dans une ville morte.
Un petit rire complice les unit juste un instant. Un moment presque normal dans une soirée qui ne l'était pas. Mais soudain, tout bascula. Les lumières s'éteignent brutalement, plongeant la maison dans une obscurité glaciale. Un cri aigu retenu dans la pièce, suivi du bruit sec d'un téléphone tombant au sol. La musique s'était arrêtée net. Plus un fils, plus une vibration. Puis une voix s'élève dans le noir, tremblante et inquiète :
— Quelqu'un a vu Joyce ? Elle était juste là !
Le silence qui suivit fut pesant, presque irréel. Les portables ne captaient plus. Aucun signal, aucun message, aucune lumière.
Nicolas scrutait l'obscurité. Une ombre se détachait au fond du couloir, indistincte, presque irréelle. Il plissa les yeux. Elle semblait bouger, respirer, regarder.
Il se leva lentement, le souffle court.
— Quelqu'un a choisi ne va pas… murmura-t-il, presque pour lui-même. On devrait sortir d'ici.
Son cœur battait fort, trop fort.
Et dans le silence, la fête autrefois bruyante venait de virer au cauchemar.
Chapitre 4 – Disparition
Le lendemain matin, le lycée d'Ambiaty baignait dans une atmosphère pesante, tendue. Les couloirs autrefois bruyants étaient désormais parcourus de chuchotements. Des groupes d'élèves se formaient et se dispersaient, les regards inquiets se croisaient sans oser s'attarder.
Juste à l'entrée du bâtiment, une affiche fraîchement collée flottait au vent. Une photo de Joyce, le sourire éclatant, y était accompagnée de ce mot en lettres capitales : DISPARUE.
Lina, les yeux rougis, tentait tant bien que mal de contenir ses larmes, debout près du panneau d'affichage, elle se justifiait à voix haute, sa brisée trahissant son trouble.
— Elle est peut-être juste partie... Elle a déjà fait des coups comme ça, balbutia-t-elle, bien que son ton manquait de conviction.
Non loin d'elle, la proviseure fit son apparition, le visage fermé, autoritaire.
— La police est déjà informée, annonçant-t-elle d'une voix froide. Mais jusqu'à preuve du contraire, chacun reste en cours.
Un soupir collectif se fit entendre dans la cour, mêlé de peur, d'incompréhension, et surtout de tension non dite.
Dans les couloirs, loin des regards des adultes, Nicolas marchait d'un pas lent, accompagné de Péni, Mika et Amy. Aucun d'eux ne disait un mot au départ. Le silence entre eux semblait lourd de sens.
Puis Mika, nerveux, se passe une main dans les cheveux et lâcha :
— Elle était là... Puis plus rien. Comme si elle s'était volatilisée.
Nicolas ralentit encore davantage. Son regard se pose sur le long couloir désert, éclairé par une lumière pâle et blafarde. Un frisson le traverse.
— Ou comme si… quelque chose l'avait pris, murmura-t-il, presque malgré lui.
Péni se tourne vers lui, l'air inquiet.
— Tu veux dire quoi par là ?
Il hésite un instant. Mais dans ses yeux, une certitude froide venait de naître.
— J'ai vu une ombre, dit-il lentement. Quelqu'un a choisi d'humain… mais pas tout à fait.
Un silence tomba glaciaire sur le groupe. Aucun d'eux n'osa répondre. Car au fond, ils savaient tous que quelque chose d'étrange rôdait à Ambiaty.
Chapitre 5 – Le carnet interdit
L'après-midi avançait doucement, baignant la chambre de Joyce d'une lumière pâle filtrée par les rideaux fermés. Le silence y régnait comme une chape de plomb, seulement interrompu par le brouhaha feutré des voix au rez-de-chaussée. La mère de Joyce discutait avec les policiers, absorbée dans ses explications. Pendant ce temps, Nicolas, Péni, Mika et Amy s'étaient faufilés à l'étage, à pas feutrés, poussés par un mélange de curiosité, d'inquiétude et de pressentiment.
La chambre était impeccable. Trop impeccable ! Chaque choix semblait avoir été posé avec minutie, comme si Joyce elle-même avait voulu effacer toute trace de désordre ou de peur.
Amy a ouvert le tiroir d'un bureau, farfouilla entre quelques feuilles et regards jetés rapidement.
— Elle gardait toujours un carnet noir… Un journal, dit-elle à voix basse, tout en continuant à chercher.
Nicolas, attiré par une intuition soudaine, s'approche du lit et souleva lentement le matelas. Ses doigts rencontrèrent une surface lisse, un cuir usé. Il le sort. Un carnet noir, juste comme Amy l'avait décrit.
Il l'ouvre avec précaution. Les pages à l'intérieur étaient couvertes de griffonnages oppressants : des dessins des yeux partout, des formes étranges, des silhouettes noires à moitié humaines. Des phrases, écrites à la haine, se répétaient entre les marges comme une litanie obsessionnelle :
« La Ville appelle ceux qui mentent »,
« Ambiaty est un piège »,
« Je sens qu'il m'observe même quand je dors ».
Au centre d'une double page, une date était entourée en rouge. Celle de la soirée. Celle où tout avait basculé.
Péni se recroquevilla légèrement, croisant ses bras sur sa poitrine, comme pour se protéger.
— Elle savait quelque chose…, murmura-t-elle, la voix tremblante.
Nicolas ferma lentement le carnet, son regard toujours figé sur les dernières phrases. Il parlait avec calme, mais son ton était grave, chargé de tension.
— Elle avait peur. Et maintenant elle a disparu.
Mika, adossé au mur, tentait de dissimuler son malaise par une pointe d'ironie, mais son regard fuyait.
— Ok, les gars, c'est quoi la suite ? On va invoquer les esprits dans la cave du lycée ?
Personne ne répond. Le silence s'installe à nouveau. Un silence qui pesait plus lourd qu'aucun mot.
Chapitre 6 – Le club d'élite
La musique électro résonnait à en faire vibrer les murs, se mêlant aux éclats de lumière stroboscopique et à la fumée qui flottait dans l'air comme un brouillard artificiel. Dans ce coin reculé de la ville, une boîte de nuit illégale battait son plein, tenue par une jeunesse dorée sans contrainte. Lina avait organisé cette soirée sous prétexte de « se changer les idées », mais l'ambiance dégoulinait d'excès et de faux semblants.
Nicolas entre avec Péni, et dès le premier pas, il se sent à contre-courant. Le décor, bruyant, agressif, saturé, le perturbait. Il observe autour de lui, les danseurs, les visages, les éclats de rire trop appuyés. Puis son regard s'arrêta sur une section en retrait, à moitié dissimulée derrière de longs rideaux rouges : le coin VIP.
Là, regroupés comme une élite inaccessible, les « snobs » du lycée s'y retrouvaient, en cercle fermé. Nicolas plissa les yeux.
— C'était Joyce qui traînait ici ? murmura-t-il à l'oreille de Péni, assez fort pour couvrir la musique.
Elle hocha doucement la tête, les yeux rivés vers le rideau écarlate.
— Oui. Et d'autres qui ont disparu avant elle.
Il n'eut pas besoin d'en entendre plus. Ils se glissèrent ensemble à travers les rideaux, dans un mouvement rapide, presque naturel.
À l'intérieur, l'atmosphère changea du tout au tout. La musique semblait plus lointaine, comme étouffeée. Le lieu avait quelque chose de cérémonial. Les lumières étaient plus tamisées, teintées d'un violet profond. Une table noire trônait au centre de la pièce, autour de laquelle plusieurs élèves étaient rassemblés. Arnaud, impassible, les fixait. Sur les verres en cristal, des symboles étranges étaient gravés, comme brûlés à même le verre.
— Vous n'avez rien à faire ici, lance froidement Arnaud.
Nicolas ne détourna pas le regard. Il avance d'un pas, les yeux braqués sur le symbole étrange qui ornait les verres.
— Vous jouez à quoi ? exigea-t-il, la voix tendue.
Un sourire ironique s'étira sur le visage d'Arnaud.
— À survivre, répondre-il, avant de marquer une pause. Et vous, vous êtes déjà morts sans le savoir.
Un silence lourd tomba sur la pièce. Nicolas tendit la main et attrapa un des verres. Un éclat violet pulsa apparaît dans le liquide. Il le repose aussitôt, le cœur battant. Tous les salutations restèrent figés.
Quelque a choisi clochait.Terriblement.
Chapitre 7 – La voix derrière le miroir
La nuit pesait lourde sur Ambiaty. Dans sa chambre faiblement éclairée, Nicolas tournait en rond, incapable de trouver le sommeil. La lueur tremblante de son bureau révélait le carnet noir de Joyce, ouvert toujours, comme s'il l'appelait.
Une page en particulier l'attirait. Gribouillée, nerveuse, presque rageuse. En son centre, un dessin étrange : un miroir fendu, aux contours griffonnés. Autour, plusieurs phrases se chevauchaient, comme murmurées dans l'urgence : « Ne regarde jamais derrière… sauf si tu veux voir la vérité. »
Nicolas s'approche lentement, scrutant le dessin, puis relève les yeux vers son propre miroir, accroché juste en face de son lit.
— Qu'est-ce que t'essayais de me dire, Joyce ? murmura-t-il, la voix basse, presque honteuse d'avoir parlé à voix haute.
Il se leva, lentement, chaque pas comme un défi lancé à la peur. Le plancher sourit sous ses pieds. Il s'approche du miroir. Son propre reflet lui faisait face, mais quelque chose n'allait pas. Quelqu'un a choisi qu'il ne savait pas nommer.
Un soufflé glacé se fit entendre, comme si une respiration venait de derrière la glace.
Soudain, le reflet se déforme. Les contours de son visage ondulèrent comme une surface d'eau trouble. Puis, dans un chuchotement presque inaudible, une voix s'élève :
— Nicolas… Ambiaty… est une illusion…
Il recula brusquement, heurtant sa table de chevet. La lampe chuta et s'écrasa au sol dans un bruit sec, brisant le silence.
Le miroir redevint normal, lisse, inoffensif. Nicolas resta figé, le souffle court.
— Ok… là, c'était réel, murmura-t-il, le cœur battant à tout rompre.
Et dehors, quelque part dans la nuit, Ambiaty semblait retenir son souffle.
Chapitre 8 – Les disparus d'Ambiaty
Le vent sifflait à travers les branches d'arbres noueuses, tandis que Nicolas, Péni, Mika et Amy avançaient lentement dans le cimetière abandonné. L'endroit, perdu hors des limites connues d'Ambiaty, avait été retrouvé grâce à une carte griffonnée dans le carnet noir de Joyce. Tout semblait figé dans un passé oublié. La végétation envahissait les allées, les pierres tombales se penchaient, craquelées, recouvertes de mousse.
Une stèle attira soudain leur attention. Isolée, presque mise en évidence par la lumière pâle du jour qui filtrait entre les branches, elle portait une inscription gravée à même la pierre : « Ici reposent ceux qui ont franchi le seuil. »
Amy recula d'un pas, mal à l'aise, les bras croisés contre elle-même.
— C'est morbide comme endroit… murmura-t-elle, la voix tremblante.
Mika, comme à son habitude, cherche à alléger l'atmosphère par un sarcasme.
— Et vous pensez que ça allait nous rassurer ? lance-t-il en levant les yeux au ciel.
Nicolas, lui, était captivé. Il s'agenouilla lentement devant une des pierres et passa les doigts sur les lettres à demi effacées.
— Regardez, dit-il d'un ton grave. Des prénoms. Tous des ados… Disparus. Et ils ont tous de notre âge.
Le silence s'installe. Même Mika ne répliqua rien.
Péni s'était éloigné du groupe, ses pas attirés par une intuition muette. Un bruissement, une forme dissimulée sous un tapis de feuilles. Puis un hurlement, perçant.
— NICK ! Y'a une porte là-bas !
Ils s'accourent aussitôt vers elle. Au pied d'un vieux saule, un piège en bois, scellé, rongée par le temps, émergerait à moitié des feuillages. Sur sa surface, un symbole étrange était gravé, identique à celui qu'ils avaient vu à la soirée, dans le coin VIP.
Nicolas s'agenouilla à nouveau, l'œil vif, le souffle court.
— On est sur la bonne piste, dit-il, d'une voix posée mais ferme.
Sous la terre d'Ambiaty, quelque chose attendait.
Chapitre 9 – Retour au lycée
Le vieux bâtiment du lycée semblait encore plus silencieux que d'habitude ce jour-là. Le soleil, voilé par des nuages bas, projetait une lumière blafarde à travers les vitres sales. Nicolas, Péni, Mika et Amy avaient décidé de retourner dans l'aile désaffectée, celle que les autres élèves évitaient. Là où se trouvait l'ancienne salle d'Ambiaty, jadis utilisée comme centre d'archives avant d'être scellée.
La porte grinça lourdement en s'ouvrant. L'odeur de poussière, de bois moisi et de papier ancien leur sauta au visage. Des piles de registres s'entassent jusqu'au plafond, mal rangées, instables. Nicolas s'avança sans hésiter, feuilletant un vieux classeur jauni dont les pièces étaient rongées.
— Regardez ça, dit-il, les sourcils froncés. Un élève, disparu en 1994. Il tenait un journal…
Il se mit à lire à voix haute, d'une voix lente, grave, presque tremblante :
— "Ambiaty ne nous laisse pas partir. C'est un cycle. Les élus sont marqués dès leur naissance."
Le silence qui suivait était glacé. Amy recula d'un pas, les yeux écarquillés.
— Nicolas… soufflé-t-elle. C'est ton nom. Ce garçon… C'est toi, non ?
Nicolas déglutit sans répondre, les doigts croustillants sur le vieux carnet.
Mika, tendu, brisa le silence avec un mélange d'agacement et de peur :
— Non, c'est impossible. Ça veut dire quoi, ça ? Une boucle ? Un genre de malédiction cyclique ?
Péni allait parler quand, soudain, une étagère entière vacilla dans un bruit sourd, puis s'écrasa violemment au sol derrière eux. Une nuee de poussiere l'enveloppe. Amy crie. Mika sursauta, prêt à courir.
— On doit sortir d'ici ! cria Péni, haletante. Ce lycée est vivant.
Mais avant qu'ils ne puissent réagir, Nicolas vacilla à son tour. Son visage pâlit. Ses yeux se révulsèrent ett il s'effondra sur le sol, inconscient.