Chapitre 11 — Une couronne parmi les murmures

Le grand hall de l’académie résonnait de pas et de murmures. Luca, calme comme l’eau d’un lac, avançait aux côtés de Lysaria, la princesse de Volkiata. Elle portait une tenue noble, mais simple, de couleur améthyste, avec des broderies elfiques qui captivaient les regards.

Les autres élèves s’étaient rapidement amassés sur leur passage. Certains restaient muets d’admiration en reconnaissant la princesse des fées. D’autres chuchotaient d’un ton bien plus amer.

"C’est la princesse de Volkiata..."

"Pourquoi elle est avec lui ?"

"Lui, ce... bon à rien ? Il ne devrait même pas être ici."

"Elle mérite mieux que ce déchet."

Lysaria tourna la tête, troublée. Elle entendait tout.

Elle les regarda, perplexe, presque choquée, avant de fixer Luca. Il marchait tranquillement, comme si rien ne l’atteignait. Son dos était droit, son sourire habituel aux lèvres, même si ses yeux semblaient... absents.

"Luca...", souffla-t-elle, mais il ne réagit pas.

Ils arrivèrent enfin devant une porte en bois sombre, gravée de symboles anciens : la salle de leur club.

"Voilà, c’est ici.", dit-il simplement, en se détournant.

"Tu ne viens pas ?" demanda Lysaria, étonnée.

"Non, t’inquiète. J’ai deux-trois trucs à faire. Je reviens dans cinq minutes."

Il fit demi-tour sans se retourner.

Lysaria resta un instant figée. Puis elle poussa la porte et entra.

Seira, accoudée à son bureau, releva la tête, un sourcil haussé.

"Tiens ? T’es seule ?"

"Luca m’a dit qu’il revenait dans cinq minutes…"

Seira soupira, longue expiration pleine de lassitude.

"Tch. Il a encore sauté les cours. Troisième fois cette semaine."

Lysaria, surprise, cligna des yeux.

"Il… saute les cours ?"

Seira s’étira paresseusement avant de croiser les bras derrière la tête.

"Il s’évade, ouais. Il appelle ça ‘prendre l’air’. Moi je sais juste qu’il a besoin de souffler. Il est souvent jugé, ce gamin. À cause de son sang rouge. Il peut pactiser qu’avec deux démons."

Lysaria fronça les sourcils, confuse.

"Mais… pourquoi est-ce qu’on le juge pour ça ? Ce n’est pas sa faute."

"Parce qu’ici, les nobles ont un sang plus concentré, plus ancien. Ils peuvent pactiser avec plusieurs démons. C’est comme une compétition invisible." Seira marqua une pause. "Moi, je suis pas noble, ni princesse, mais j’ai pu en pactiser avec huit. Et bizarrement, personne ne m’emmerde."

Elle tapota la table de ses ongles, pensive.

"Mais les autres, surtout ceux qui se croient supérieurs, le regardent de haut. Parce qu’il est pas comme eux. Parce qu’il sourit au lieu de plaire. Parce qu’il est... Luca."

Lysaria serra les poings doucement. Pour la première fois depuis son arrivée dans le monde humain, elle sentit une colère étrange monter en elle.

"C’est injuste."

"Bienvenue chez les humains, princesse.", conclut Seira avec un léger sourire ironique.