Une semaine après le départ de Genshiro, Chibaki se prépare pour son aventure. Munie de son épée et de son sac à dos contenant le strict nécessaire, comme de la nourriture et des potions, il prend également une photo de lui, de sa famille et de Genshiro, qui s'était incrusté sur la photo. Avant son départ, ses parents souhaitent échanger quelques mots avec lui.
« Chibaki, je sais que tu es un grand garçon, mais on ne peut s'empêcher de s'inquiéter pour toi. Tu pourrais te faire agresser par des bandits plus forts que toi ou croiser un monstre redoutable. Même si on sait à quel point tu es fort, ça reste une possibilité. Tu comprends ? »
« Oui, je comprends très bien, » répond Chibaki d'un ton joyeux et confiant. « Je ferai attention aux dangers à l'extérieur. Vous savez que je suis calme, rationnel et réfléchi. Je ne m'emporte pas facilement, donc je ferai gaffe à ne pas m'attirer d'ennuis. Ne vous en faites pas. »
Puis, vient le moment de partir. Chibaki fait un signe à ses parents qui le regardent, heureux, se prenant dans les bras, tout en lui criant : « Prends soin de toi, Chiba ! Reviens nous voir de temps en temps et à bientôt ! »
Chibaki leur répond, plein d'assurance : « Oui, ne vous en faites pas, je reviendrai bientôt, plus fort que jamais, et je vous raconterai mes aventures. À bientôt ! »
Sur ces mots, Chibaki disparaît à l'horizon.
Après un moment de marche, le jour commence à se coucher. Chibaki se dit qu'il doit trouver un abri pour la nuit. Il cherche pendant un moment, mais la seule chose qu'il trouve, c'est une forêt. Il décide donc de s'installer au pied d'une falaise sous un arbre, allumant un feu pour manger son sandwich et se reposer avant de dormir.
Deux jours passent. Chibaki est sur le point d'arriver à sa première destination, le village d'Hinose. Mais sur son chemin, pourtant paisible, il entend des cris d'enfants en détresse. Espérant qu'il ne s'agit pas de ce qu'il redoute, Chibaki court en direction des cris. En arrivant à leur hauteur, il aperçoit un groupe de gobelins qui attaquent une petite fille.
Garde son calme, Chibaki active son renforcement de Myuki en mode offensif et se précipite sur les trois gobelins, les battant avec grande difficulté. Une fois les gobelins terrassés, Chibaki se tourne vers la petite fille et lui demande si elle va bien. Il remarque immédiatement les blessures qu'elle a subies : des griffes sur les bras, avec lesquelles elle tentait de se protéger, et quelques égratignures sur le visage. Chibaki, qui a un kit de premiers soins dans son sac, l'utilise pour la soigner.
Une fois soignée, la petite fille regarde Chibaki et lui dit d'un ton sympathique : « Merci, monsieur, de m'avoir sauvée de ces méchants monstres. Je m'appelle Emi. »
« Moi, c'est Chibaki, » répond-il d'un ton tout aussi sympathique. « Est-ce que tu habites loin d'ici ? »
Emi répond : « Non, j'habite juste dans le village d'à côté, le village d'Hinose. On peut y aller à deux, si tu veux bien, monsieur Chibaki ? »
Chibaki sourit et réplique sur un ton amusé : « Oui, je veux bien t'accompagner à ton village. C'est d'ailleurs là que je me rendais. »
Il prend la main d'Emi, et tous deux se dirigent vers le village d'Hinose.
Après une marche assez longue, ils arrivent enfin à destination.
« Nous voilà enfin arrivés, » dit Chibaki. « Tu sais où se trouve ta maison, Emi ? »
Elle répond avec un sourire : « Oui, c'est la maison juste à côté de la forge de papa. »
Chibaki et Emi se dirigent donc vers la maison. Une fois devant, Chibaki frappe à la porte.
« Y a quelqu'un ? Je suis avec Emi, » dit-il.
Une voix masculine se fait entendre derrière la porte : « Oui, j'arrive, un instant. »
Le père d'Emi ouvre la porte et, en voyant sa fille avec des bandages aux bras et des pansements au visage, s'accroupit pour l'enlacer. Il regarde ensuite Chibaki, les yeux remplis de gratitude, et lui dit d'un ton déterminé :
« Qu'est-ce qui s'est passé avec ma fille ? Et qui êtes-vous ? »
Chibaki, confiant, répond : « Je suis Chibaki Kugimiya, je viens du village d'Aokusa, et j'ai sauvé votre fille d'une horde de gobelins qui tentaient de la tuer. Je l'ai ensuite raccompagnée ici. »
En entendant cela, le père d'Emi a les larmes aux yeux et dit, la voix tremblante : « Ce n'est pas vrai... ma petite Emi a failli se faire tuer pendant qu'elle jouait… Je suis vraiment un mauvais père… Merci, merci du fond du cœur, Chibaki, d'avoir sauvé ma fille et de l'avoir raccompagnée. Merci infiniment. Pour te remercier, je t'invite à la maison, on va manger un festin. Viens, entre, on va fêter ça comme il se doit. »
Chibaki, arborant un sourire chaleureux, accepte avec joie l'invitation.
La soirée se passe dans la bonne humeur, entre rires et histoires partagées. Chibaki raconte son histoire avec son maître, Genshiro, et le père d'Emi, après avoir entendu son récit, lui dit en essuyant une petite larme qui coulait le long de son visage :
« Wow, ce Genshiro a l'air d'être un maître et un ami formidable. Je comprends que votre séparation t'ait bouleversé. Et puis, ces gants qu'il t'a offerts semblent remplir une histoire fascinante. Il doit être très fier de toi, gamin. »
Après ces paroles, tout le monde va se coucher.
Le lendemain, après le petit déjeuner, Chibaki s'entraîne à sa maîtrise de l'épée, avec Emi qui l'observe, admirative. Le père d'Emi regarde aussi, impressionné par la technique et la maîtrise de Chibaki, malgré son jeune âge. Chibaki remarque son regard et lui lance, un sourire espiègle aux lèvres :
« Vous êtes fan de moi ? Vous voulez un autographe ? »
Le père éclate de rire et répond : « Non, non, ta technique est juste impressionnante pour ton âge. J'étais aventurier moi aussi, à une époque, un rang B-. Mais après la naissance d'Emi, j'ai renoncer a l'aventure pour m'occuper d'elle et j'ai ouvert ma forge pour subvenir a ses besoins. »
Chibaki, un peu confus, demande : « Aventurier de rang B-, c'est quoi ça ? »
Le père d'Emi, tout aussi surpris, répond : « Quoi ? Tu ne connais pas le système de rangs des aventuriers ? Bon, en gros tu t'inscris à la guilde à la capitale, et ils te donnent un rang. Au début, c'est le rang G, le plus bas. Ensuite, tu dois faire au moins une quête par mois pour garder ton statut, et si tu fais des quêtes plus souvent ou des missions de niveau supérieur, tu peux passer à un rang plus élevé. Les rangs servent à indiquer la puissance d'un aventurier. »
Chibaki hoche la tête. « Ah, je comprends. Donc il y a un système de rang pour les aventuriers, et c'est aussi pour savoir qui est plus puissant que l'autre. D'accord, je vois maintenant. »
« Oui, mais pas seulement. En fait, un rang ne veut pas tout dire. Par exemple, si un aventurier de rang A se bat contre un de rang C, le rang C pourrait très bien l'emporter si sa puissance est plus grande. Mais lui, il devra monter progressivement de rang. Et si tu n'es pas inscrit à la guilde, tu ne recevras aucune récompense pour tes quêtes. Et même faire des quêtes sans être inscrit est illégal, » explique le père.
Chibaki, choqué, s'exclame : « Quoi ?! Ce que je fais est illégal ?! Ma vie est fichue, je viens juste de commencer mon aventure et je suis déjà un hors-la-loi… Que dois-je faire ?! »
Le père d'Emi, riant, répond : « Non, Chibaki, tu n'as rien fait d'illégal. Le simple fait de voyager ne l'est pas. Tu as juste sauvé ma fille d'un groupe de gobelins, et il n'y avait aucune quête de ce genre à la guilde. Ne t'en fais pas. »
Chibaki soupire de soulagement. « Ouf, ça va alors. Je devrais me dépêcher d'aller à la capitale pour m'inscrire en tant qu'aventurier. »
Ils passent donc le reste de la matinée à vaquer à leurs occupations. Le père d'Emi forge des armes pour de nouveaux clients, tandis que Chibaki joue avec Emi dans le jardin, à cache-cache.
En début d'après-midi, Chibaki prépare ses affaires pour repartir. Avant de partir, Emi, triste qu'il parte déjà, lui offre un collier.
« Tiens, grand frère Chiba, je te donne ce collier pour ton aventure, » lui dit-elle.
Le père d'Emi reconnaît le collier et, tout surpris, dit : « Emi, ne me dis pas que c'est… »
Chibaki, étonné, demande : « Ce collier appartenait il à quelqu'un ? »
Le père d'Emi hoche la tête en signe de négation et répond, visiblement ému : « Non, plus maintenant. Il appartenait à la mère d'Emi, qui est décédée l'an dernier, emportée par une maladie appelée Lacroma… C'est une maladie mortelle, causée par des parasites extraterrestres, qui dévorent les émotions humaines. On sait qu'on est infecté quand le porteur commence à pleurer des larmes noires. Mais ça n'arrive pas sans cause. Ces parasites provoquent des cauchemars horribles, des taches sur le corps, une déshydratation extrême, et des douleurs terribles. Et dans la phase terminale, ils tuent la personne ou la transforment en une sorte de zombie destiné à infecter encore plus d'individus. Heureusement, ma femme en est morte… Je n'ai pas eu à la tuer moi-même. »
Chibaki, immobile, fixe le collier. Des larmes coulent sur son visage, mais il ne dit rien, se contentant de manifester ses condoléances en silence. Après un long moment de calme, il prend une profonde inspiration, puis se décide enfin à partir du village. Il fait un dernier au revoir à Emi et à son père, portant le collier autour de son cou.