L’air du matin était vif, et le soleil pointait à peine à l’horizon, enveloppant les rues d’Althera d’une lueur orangée.
Dans un terrain isolé à l’écart de la ville, Chibaki s’entraînait seul, comme à son habitude. Son souffle formait des nuages dans l’air frais tandis qu’il enchaînait les coups d’épée avec concentration. Chaque mouvement était précis, discipliné, presque mécanique.
« Encore... » pensa-t-il en serrant la garde de son arme. « Je dois réussir à la reproduire... cette sensation… cette déferlante de puissance. »
Il tenta à nouveau de canaliser son Myuki, de le faire affluer dans sa lame, comme lors de son combat contre le Béhémours. Il ferma les yeux, inspira profondément… mais rien.
Il soupira, frustré, puis reprit ses mouvements. Ses pas s’ancrèrent dans le sol, son épée fendait l’air en traçant des arcs nets, résonnant doucement dans le silence de la plaine.
Et, pendant une fraction de seconde, alors qu’il exécutait une taille descendante avec toute sa détermination…
Un léger scintillement bleuté pulsa le long de la lame.
Infime. Presque invisible.
Chibaki, concentré sur la forme de son attaque, ne le remarqua pas. Mais la nature, elle, sembla le sentir. Une brise inhabituelle passa autour de lui, soulevant un peu de poussière, comme pour saluer ce progrès discret.
Après une bonne heure d’entraînement, trempé de sueur et encore insatisfait, il rangea son épée.
« Pas encore aujourd’hui… » murmura-t-il, sans savoir qu’il s’était approché un peu plus de son but.
Il s’épousseta légèrement, attacha son fourreau dans son dos, puis quitta les lieux, direction la guilde.
Une fois arriver devant celle ci, il y entra et vit plus d'aventurier que d'habitude, il en interpella donc un et lui demande "he toi, sais tu pourquoi il ya plus d'aventurier qu'habituellement ?"
"ha, ca c'est a cause du Béhémours vaincu il ya 1 an de cela, depuis la guilde n'arrête pas de demander a des aventurier de surveiller les alentours de la capitale pour être sur qu'il était le seul" répondit l'aventurier avant de repartir a ses occupations
Chibaki, lui, cherchait une nouvelle quête sur le tableau. Rien ne l'intéressait… rien, à part…
— Tch… je trouve rien d’intéressant ! Hein ? Attends… celle-là ? Hmm… pas mal. Je prends.
Il se dirigea vers le comptoir pour faire la demande.
— Bonjour ! Que puis-je faire pour vous, M. Kugimiya ? demanda l’homme à la réception.
— Bonjour. Et arrêtez avec le "monsieur", j’ai que 16 ans. Je voudrais prendre cette quête, s’il vous plaît, répondit Chibaki en tendant l'affiche.
— Pas de souci, montrez-la-moi… Voyons voir… Ah, vous voulez vous occuper des monstres dans la forêt. C’est une quête de rang D, parfait pour vous. Mais faites attention quand même : on dit qu’un deuxième Béhémours roderait dans la région. Reviens quand tu veux, Chibaki !
Chibaki quitta donc la guilde et partit en direction de la forêt au sud d’Althera.
Alors qu’il progressait entre les arbres, Chibaki venait à peine de neutraliser quelques créatures mineures qu’un bruit étrange attira son attention. Des voix… étouffées, ricanantes. Il se faufila silencieusement à travers les buissons jusqu’à tomber sur une clairière.
Trois hommes armés encerclaient une jeune elfe ligotée, visiblement mal en point.
— T’as vu la tête qu’elle fait ? On va bien se marrer ce soir ! ricana l’un d’eux.
Chibaki serra les dents.
Des trafiquants… des marchands d’esclaves.
Il bondit hors de sa cachette, épée en main.
— Hé ! Les déchets ! Si vous cherchez un truc à découper, je suis juste là !
Les bandits se retournèrent, surpris.
— Oh, on dirait qu’un petit chien a décidé d’aboyer.
— On va t’apprendre à fermer ta gueule, morveux.
Deux des bandits foncèrent aussitôt sur lui. Chibaki para de justesse, son bras vibra sous le choc.
— Ils sont plus forts que prévu…
Il renforça son corps avec le Myuki. Ses réflexes s’aiguisèrent, son regard devint plus vif. Il esquiva une attaque, contre-attaqua avec un violent coup de genou dans le ventre, puis balaya les jambes de son adversaire.
À peine s’était-il débarrassé du premier que le second lança une chaîne vers lui. Celle-ci s’enroula partiellement autour de sa jambe.
— Tch… !
Il la trancha rapidement, recula de quelques pas, haletant.
Le troisième bandit, jusqu’ici immobile, s’approcha lentement. Il portait deux lames courtes. Ses mouvements étaient précis. Contrôlés. Différents.
Celui-là… c’est pas un simple bandit.
Chibaki serra son épée à deux mains. Une aura légère s’élevait autour de lui.
— …Lame Tempê—
Mais avant qu’il ne puisse finir, l’homme bondit avec une vitesse fulgurante et lui asséna un violent coup de pied dans le flanc.
— Guhh !!
Chibaki roula au sol, crachant du sang. L’énergie qu’il avait accumulée s’était dissipée.
Merde… J’ai perdu le Myuki. J’ai trop voulu faire le malin…
Le combat reprit. Chibaki encaissa plusieurs coups. Son renforcement ne suffisait plus. Pas comme ça…
— Allez, putain… bouge-toi ! cria-t-il en lui-même.
Il ferma les yeux une fraction de seconde et poussa son Myuki au-delà de sa limite. Sans contrôle parfait, mais avec une rage viscérale.
Son corps s’illumina d’un éclat plus intense que d’habitude. Il bondit.
Myuki… surcharge partielle !
Il frappa plus vite. Plus fort. Il esquiva de justesse une attaque, planta son épée dans l’épaule de son adversaire. Le bandit hurla, recula, tenta de contre-attaquer.
Trop tard.
Chibaki enchaîna une série de frappes rapides, violentes, portées avec tout le poids de son corps, son élan… et sa colère.
Enfin, d’un puissant coup en diagonale, il projeta le dernier bandit au sol. Inerte.
Silence.
Sa respiration était saccadée. Il saignait au flanc. Mais il avait gagné.
Il se tourna vers l’elfe.
— Je… je vais te sortir de là.
Il s’agenouilla et défit ses liens.
— Ça va ? Tu peux marcher ? demanda-t-il doucement.
Elle hocha la tête, hésitante, les yeux remplis de méfiance.
— Je… je crois, oui.
— T’en fais pas. Je vais te ramener à Althera. Tu seras en sécurité là-bas.
Mais il se trompait.
À leur retour en ville, l’atmosphère changea radicalement. Les passants s’arrêtaient, chuchotaient, et dévisageaient la jeune elfe comme une bête de foire. Certains la toisaient avec mépris, d’autres s’écartaient comme si elle portait une maladie.
Chibaki serra les poings.
— Quelle bande de…
Soudain, un petit garçon dans la foule ramassa un caillou et le lança violemment.
— Va-t’en, sale monstre !
Le caillou frappa la tempe de l’elfe. Elle vacilla en arrière, une fine traînée de sang coulant le long de son visage. Elle ne dit rien. Elle avait l’air d’y être habituée.
Mais Chibaki, lui, vit rouge.
Il se plaça aussitôt devant elle, les bras écartés pour faire barrage aux autres projectiles.
— VOUS ÊTES FIERS DE VOUS ?! C’EST ÇA, VOTRE HUMANITÉ ?! C’EST UNE GAMINE, BORDEL !
Un silence gêné s’installa. Quelques regards se détournèrent, mais personne ne s’excusa.
— Viens, dit-il à l’elfe sans même se retourner. On rentre.
Il la guida jusqu’à l’auberge, le regard dur, le cœur bouillant de colère. À chaque pierre jetée, il encaissait sans broncher. Et à chaque pas, il se promettait une chose :
Un jour, je vous forcerai tous à baisser les yeux devant elle.
Une fois dans la chambre, Chibaki proposa à l’elfe de prendre un bain. Elle hésita un instant, puis accepta timidement.
Pendant qu’elle se lavait, Chibaki sortit acheter des vêtements pour elle. Il eut le temps de les plier soigneusement et de les déposer sur le lit. Puis, d’un ton calme, il annonça :
— Hé, je t’ai posé des habits sur le lit. Je serai au restaurant à l’étage du dessous. Rejoins-moi après t’être habillée.
Aucune réponse. Mais Chibaki quitta la chambre malgré tout, pensant qu’elle était juste trop timide pour répondre.
Dix bonnes minutes plus tard, l’elfe descendit dans le restaurant et rejoignit Chibaki en silence, sous les regards perçants de tous les clients. Elle s’assit en face de lui. Un plat l’attendait déjà : des frites accompagnées d’un steak bien chaud.
Lorsqu’elle vit ça, elle n’hésita pas une seconde et se jeta sur le repas, comme si elle n’avait pas mangé depuis des semaines. Surpris par cet appétit insatiable, Chibaki lui demanda avec un sourire chaleureux :
— Alors, dis-moi, tu t’appelles comment ? Moi c’est Chibaki Kugimiya, aventurier de rang D. Enchanté !
L’elfe, gênée par tous les regards braqués sur elle, tenta tout de même de répondre :
— Heuuu… eh bien… moi, c’est… heu… Lyssaria Velwyne. Enchantée aussi.
Puis elle se remit à manger son steak avec tout autant d’appétit.
Chibaki lui adressa un immense sourire.
— Wow, c’est un très joli nom que tu as. Je l’aime beaucoup !
Lyssaria resta bouche bée. Elle ne s’était jamais dit que son prénom pouvait être joli. Rougissant, elle fixa Chibaki un court instant… puis reprit son repas, sous les regards toujours méprisants de la salle.
Une fois le repas terminé, Lyssaria, repue, monta rapidement à l’étage pour éviter le regard des autres et se reposer.
Chibaki, lui, resta encore un moment à table. Lorsqu’il finit son repas, il se leva à son tour pour la rejoindre. Mais au moment de monter les escaliers, il entendit des murmures méprisants à propos de l’elfe.
Le regard noir, Chibaki se retourna lentement et lança un regard si menaçant que toute l’ambiance se figea. Plus personne n’osa parler.
Dans le calme retrouvé, Chibaki gravit lentement les marches menant à l’étage.
Arrivé devant la porte de Lyssaria, il frappe doucement. Aucune réponse. Il entrouvre, silencieux… Elle dort profondément, paisible. Un léger sourire lui échappe. Il referme la porte sans bruit, puis se rend dans sa propre chambre.
Il s’allonge. Et s’endort.
Mais ce ne fut pas un sommeil tranquille.
Il rêve.
Un décor étrange l’entoure. Inconnu. Comme un monde... en avance sur son temps. Des structures métalliques, des lumières flottantes, une ambiance irréelle. Au milieu de ce décor, deux silhouettes. Une d’entre elles lui semble étrangement familière, mais impossible de mettre un nom, ni un visage.
Soudain — un éclat de lame.
La silhouette familière est décapitée. La tête roule au sol. Du sang. Du silence.
L’agresseur, debout, dans l’ombre… Chibaki tente de voir son visage.
"Je… je ne vois pas son visage… Attends... il SOURIT ?!" rugit-il dans le rêve, envahi d’un frisson de rage.
Le tueur lève les yeux.
Leurs regards se croisent.
"Tu es le prochain, Chibaki."
La voix est démente, euphorique, presque chantante. Une menace... comme une promesse.
Chibaki se redresse en sursaut, haletant. Trempé de sueur.
Mais le destin n’en a pas fini avec lui.
Un cri. Une plainte étranglée.
La chambre d’à côté.
Lyssaria.
Son cœur manque un battement.
Plus de temps à perdre.
Il bondit hors du lit, fonce vers la chambre voisine. La porte est entrouverte.
Il comprend. Instinctivement.
Pas de réflexion. Juste l’urgence. Il faut la sauver.
Il pénètre dans la pièce à toute vitesse.
Trois hommes. Ils retiennent Lyssaria, l’un d’eux arme un poignard.
Chibaki explose :
"ARRÊTEZ ! OU JE VOUS TUE !"
Sa voix claque comme une lame dans l’air.
Son aura de Myuki s’échappe brutalement, écrasante, sauvage.
Les intrus se figent.
Le sol tremble.
L’air devient lourd. L’énergie du jeune homme crépite dans la pièce, incontrôlable.
Une seconde suffit.
"LAME TEMPÊTE !" hurle Chibaki en concentrant toute sa puissance.
Mais à peine la technique invoquée, les trois hommes s’écroulent au sol, inconscients. Écrasés par l’énergie brute du Myuki, avant même qu’il n’attaque.
Chibaki annule sa compétence dans l’instant, avant qu’elle ne touche Lyssaria. Il souffle fort, mais garde le contrôle. Il reste debout, prêt à agir de nouveau si nécessaire.
Elle, debout aussi. Haletante, mais éveillée. Elle a tenu bon.
Sans un mot, elle se jette dans ses bras.
Des larmes roulent le long de ses joues.
"Merci Chibaki... Merci… vraiment merci… Tu m’as sauvé…"
Sa voix tremble, brisée par la peur et la gratitude.
Il la serre contre lui, fermement.
Il ne pleure pas. Il ferme les yeux. Et il sourit.
"De rien, Lyz… C’est normal de protéger ceux qui ont besoin d’aide. Et je te le promets : plus jamais ça n’arrivera. Je suis là. Pour toi."
Elle pleure encore, longtemps, blottie contre lui.
Vingt minutes à se laisser aller. À respirer. À exister. Ensemble.
Puis, épuisés, ils s’endorment l’un contre l’autre, unis dans un silence enfin paisible.