L’Ancien Clan Gu du Shanxi. Un petit clan qui appartenait à l’oncle du Guerrier Tigre, Gu Changjun, et qui représentait une branche secondaire du Clan Gu.
Si le Clan Gu servait de gardien au Shanxi, alors l’Ancien Clan Gu en était l’épée. La raison principale étant que la plupart des artistes martiaux de Ancien Clan Gu étaient transférés parmi les épéistes du Clan Gu.
Certains épéistes étaient sélectionnés lors du Tournoi des Neuf Dragons, mais la majorité des artistes martiaux devenus épéistes du Clan Gu venaient de l’Ancien Clan Gu.
— Clac !
Un bruit de gifle cinglante résonna dans toute la pièce. La tête de Gu Jeolyub tourna sous l’impact.
Goutte.
Du sang coula de la bouche de Gu Jeolyub alors qu’il se faisait réprimander.
« Espèce de bon à rien. »
« …Je vous présente mes excuses. »
« Tu n’as même pas réussi à battre un seul gamin. Et en plus de ça ? Tu t’es ridiculisé. »
Du point de vue de Gu Jeolyub, il ressentait surtout de la tristesse. Lui-même ignorait que Gu Yangcheon dissimulait un tel pouvoir. Mais Gu Jeolyub n’oserait jamais exprimer ses pensées face à Gu Changjun.
« Crétin… Tu as échoué à cause d’un simple serviteur !? »
— Clac ! Clac !
À chaque gifle de Gu Changjun, la tête de Gu Jeolyub tournait, mais il n’avait pas d’autre choix que d’endurer.
« Pourquoi as-tu échoué ? »
Gu Jeolyub peinait à répondre à cette question.
Mais en croisant le regard froid de Gu Changjun, il finit par ouvrir la bouche.
« Il est vrai que le serviteur m’a distrait, mais les compétences de Gu Yangcheon étaient réelles. Je n’ai jamais baissé ma garde. »
Gu Jeolyub serra les poings jusqu’à en trembler.
Son orgueil avait été blessé.
Il devait reconnaître à présent les compétences de Gu Yangcheon, maintenant qu’il avait été battu à sens unique. Il ne pouvait plus le mépriser.
Les mouvements qu’il avait vus de Gu Yangcheon étaient bien réels. Ce n’était pas une coïncidence, ni une erreur de sa part, juste la pure compétence de Gu Yangcheon.
Combien d’échanges avaient-ils eus ? Trois ? Quatre ?
Ironiquement, il était plus fort que Gu Yangcheon en termes de physique et de Qi. Mais au final, il n’avait pas réussi à le battre et avait perdu de manière humiliante.
Gu Jeolyub tenta de cacher ses lèvres tremblantes en serrant les dents.
« Dans ce cas, »
Gu Changjun reprit.
« Tu aurais au moins dû lui briser quelque chose. »
« …Grand-père ? »
« Nous sommes à l’Ancien Clan Gu, appelle-moi par mon titre. »
« Je m’excuse… Seigneur. »
La voix qu’il entendit était si froide qu’il en eut des frissons. Les yeux fixés sur lui n’arrangeaient rien.
« Propre. Aucune blessure, aucune trace. Je ne vois rien. »
Il ne restait que de petits bleus sur son corps à la suite du duel.
Gu Jeolyub avait subi beaucoup de dégâts au visage, mais aucune marque visible sur le corps.
Cela signifiait que Gu Yangcheon avait contrôlé sa puissance en désactivant son Qi tout en infligeant de la douleur.
Une technique utilisée par les factions non orthodoxes pour la torture.
Gu Changjun caressa sa longue barbe, songeur.
Ses espions lui avaient dit que le Second Aîné avait arrêté Gu Yangcheon avant qu’il ne fasse plus de dégâts à Gu Jeolyub.
Gu Ryoon… Tu te mets encore en travers de mon chemin.
Quel était son problème ?
Le Second Aîné avait toujours été ainsi.
Toujours à forcer Gu Yangcheon à s’entraîner, négligeant ses fonctions d’aîné pour le former en tant que futur Seigneur.
Gu Changjun détestait cela chez Gu Ryoon.
Il détestait l’idée que, sous prétexte qu’il avait le sang des Gu, Gu Yangcheon pourrait un jour devenir Seigneur.
S’asseoir sur le trône alors qu’il n’avait ni talent ni tempérament.
Enfin… aujourd’hui il n’a plus que le sang… et le tempérament.
— Tsk
Gu Jeolyub sursauta légèrement au bruit.
« Je n’aime pas comment tournent les choses. »
Gu Changjun avait entendu dire que Gu Yangcheon pourrait vouloir devenir Seigneur si on continuait à le provoquer.
Comment ose-t-il ?
Gu Changjun devait contenir sa colère après avoir entendu ces mots.
Si le Seigneur actuel du Clan Gu ne pouvait pas agir librement contre Gu Changjun malgré ses ambitions connues, c’était parce que Gu Changjun dirigeait l’Ancien Clan Gu.
Le propriétaire du Shanxi était peut-être le clan Gu, mais l'épée du clan Gu était l'Ancien Clan Gu.
Que peut faire le Clan Gu sans son épée ?
Le Seigneur actuel était fort. Le Guerrier Tigre était à son apogée.
Mais ses idéaux divergeaient de ceux du Seigneur du Clan Gu, Gu Cheolun.
Il en était conscient.
Gu Changjun ne pouvait pas non plus agir imprudemment, car il restait un membre du Clan Gu.
Mais ce gamin, qui n’a que la moitié du sang des Gu, ose me défier ?
« Que dois-je faire ? »
Gu Changjun regarda Gu Jeolyub.
Son petit-fils… C’était un enfant très talentueux.
Il y avait une raison pour laquelle on le comparait au Phénix de l’Épée.
Il lui rappelait même son fils défunt.
C’est pourquoi Gu Yangcheon devait rester pathétique, afin que Gu Changjun puisse réaliser son objectif tant attendu.
Quand il avait appris que Gu Yangcheon avait battu Gu Yeonseo, il avait cru à une coïncidence. Gu Yeonseo avait du talent, mais l’erreur était toujours possible.
Mais cela pourrait devenir problématique si l’image de Gu Yangcheon changeait dans les yeux du public après ce duel.
Surtout à son âge actuel.
C’est pourquoi Gu Changjun avait envoyé Gu Jeolyub.
Si Gu Yangcheon acceptait le duel, c’était une preuve de stupidité. Et s’il refusait ? Cela pouvait aussi jouer en faveur de Gu Changjun.
Mais il avait réagi trop tard, Gu Yangcheon était déjà devenu un problème.
Un gros problème.
« Jeolyub. »
« Oui, mon Seigneur ? »
« Que ferais-tu si un énorme rocher se trouvait sur ton chemin vers ta destination ? »
« Je chercherais un autre chemin. »
« Faux. Tu n’atteindras rien comme ça. Tu n’atteindras qu’une mauvaise destination. »
Gu Jeolyub baissa les yeux, incapable de soutenir le regard sombre de Gu Changjun.
« C’est acceptable si tu peux le pousser de côté. Mais sinon, tu dois juste le briser. »
Mais le moment n’était pas encore venu. C’était trop tôt. Rien n’était prêt.
« Si ça continue ainsi, je n’aurai pas le choix que de le briser. »
Gu Jeolyub faisait de son mieux pour cacher que son corps tremblait de peur.
__________
« Trop loin. »
Le Second Aîné me parla après que je me sois lavé à la suite du duel.
« De quoi parlez-vous ? »
« À la fin, que comptais-tu faire à Jeolyub ? »
« J’allais lui briser le bras. »
Juste assez pour qu’il reste alité pendant un mois.
Les artistes martiaux régénèrent vite grâce au Qi dans leur corps. Donc je pensais que ça ne poserait pas de problèmes.
Le Second Aîné poussa un soupir.
« Si tu avais fait ça, le Premier Aîné aurait explosé. »
« Et alors ? Je n’ai aucune intention de devenir Seigneur. »
« Ah là là ! Pourquoi tu dis des choses pareilles ? Tu as le sang du Seigneur, tu es le seul— »
« Oui, le seul fils. Ce qui est la seule raison pour laquelle on m’autorise à mettre les pieds dans ce clan. »
Je le savais mieux que quiconque. Je l’avais vécu dans ma vie précédente.
Peu importe ce que je faisais, comment je vivais, je finissais toujours par devenir le Jeune Seigneur.
Est-ce que cette vie serait différente ? J’espérais un peu que oui.
« Oui, donc je ne l’ai pas fait au final. »
Si j’en avais eu le choix, j’aurais volontiers offert ma stupide position de Seigneur à ce crétin de Gu Jeolyub.
Le poste de Seigneur ne m’intéressait pas. Je savais ce qu’il impliquait.
En aucune circonstance, père ne donnerait ce titre à Gu Heebi ou Gu Yeonseo. Je le savais aussi.
Ce n’était pas une question de filiation, c’était juste ainsi que fonctionnait ce monde.
Je trouvais le Premier Aîné risible. Il ne savait rien de moi, de mes ambitions, de mes objectifs, et pourtant il essayait de m’enlever une chose que je n’avais jamais voulue.
Celui qui voulait vraiment fuir, c’était moi.
Cependant,
J’ai encore besoin du nom du clan.
Quand pourrai-je enfin le laisser derrière moi ?
J’avais tant de problèmes empilés que j’avais enfoui cette question au fond de mon esprit.
« Jeune Maître ! Voici vos vêtements ! »
Wi Seol-Ah arriva vers moi avec des vêtements, comme si elle attendait ce moment.
Pendant que je m’habillais, je la regardai.
Je me demande quand elle apprendra à manier l’épée.
Une disciple de l’Empereur de l’Épée, c’est ainsi qu’on l’appelait. Je suis sûr qu’il lui enseignera un jour…
Mais pour l’instant, elle passe ses journées avec les serviteurs à apprendre à cuisiner et faire le ménage.
Est-ce vraiment une bonne idée d’enseigner les tâches ménagères à un Zenith… ?
« Où est passé ton grand-père ? »
« Mon papy a dit qu’il allait faire un ours. »
« Un ours… ? Quel ours ? »
Si on parle d’ours, on en a déjà un ici.
Le Second Aîné.
Je jetai un coup d’œil rapide au Second. Il sembla comprendre à quoi je pensais, car son sourcil se leva légèrement.
Je détournai vite le regard.
« Il a dit qu’il allait faire un aigle, un poussin et un ours. »
« …Tu parles de ces sculptures en bois dehors ? »
« Oui ! »
Un jour, j’avais remarqué que des sculptures d’animaux en bois étaient apparues à l’extérieur.
L’Empereur de l’Épée a fait tout ça… ?
C’était si bien sculpté que je pensais qu’il les avait achetées.
La future Zenith apprend à faire le ménage. Et le Zenith actuel sculpte du bois.
Est-ce normal ?
…Ça ne me paraît pas normal, peu importe l’angle.
« Tu sculptes super bien, papy ! »
Je regardai le visage de Wi Seol-Ah pendant qu’elle montrait la sculpture d’un cheval en bois avec un sourire.
Était-elle toujours comme ça ?
Sa personnalité était tellement différente de celle de la Wi Seol-Ah que j’avais connue dans ma vie précédente.
Je me disais toujours qu’elle était comme ça parce qu’elle était jeune, mais cela restait étrange.
Ma première vraie rencontre avec elle avait eu lieu cet hiver.
Comment était-elle, alors ?
Était-elle la même qu’aujourd’hui ?
Pourquoi je n’arrive pas à m’en souvenir ?
Je ne sais pas. Quel était ce souvenir flou ?
La Wi Seol-Ah dont je me souvenais vaguement était bien différente d’aujourd’hui.
Si une épée aiguisée avait une forme humaine, elle lui aurait ressemblé. S’approcher d’elle, c’était se faire trancher. Une personne qui repoussait tout le monde d’un regard glacé.
« Tu pleures, Jeune Maître ? »
Je fus surpris par ses mots et me frottai rapidement les yeux.
Il n’y avait aucune larme.
« Qu’est-ce que tu racontes, tu m’as fait peur. »
« Non… on dirait que tu pleurais. »
« Je ne pleure pas. Va manger des yakgwa là-bas. »
Je lui tapai la tête avec mon poing, et Wi Seol-Ah s’enfuit en criant légèrement.
Je poussai un soupir en la regardant partir. Le Second Aîné ria doucement.
« Vous vous amusez bien, tous les deux. »
« Ça ressemble à du jeu, pour vous ? »
« Ce n’en est pas ? »
« …Maintenant que vous le dites, peut-être bien. »
Je n’appréciais pas trop le regard du Second Aîné, comme s’il nous voyait comme ses petits-enfants adorés.
« Seigneur Second Aîné, allez-vous honorer votre promesse ? »
Le Second Aîné fit une grimace à mes mots.
« …Je suppose que je dois, puisque je t’ai donné ma parole. Que vas-tu demander ? »
Je n’avais qu’une seule requête.
Je devais me rendre au Sichuan ce mois-ci, alors j’allais lui demander de l’aide.
Si quelqu’un connaissait un moyen de m’y rendre, c’était lui.
Bien sûr, je devais inventer un prétexte, mais c’était le moyen le plus rapide.
Mais le visage du Second Aîné changea après avoir entendu ma demande.
Comme s’il ne comprenait pas.
Était-ce parce que je voulais aller au Sichuan ?
« C’est difficile à expliquer, mais je dois aller au Sich— »
« Non, peu importe mais… »
« Hein ? Peu importe ? »
Ça ne compte pas ? Pourquoi ne s’en soucie-t-il pas… ?
Le Second Aîné poursuivit.
« Hmm… Ce vieux ne comprend pas bien ta requête. »
Les mots suivants furent encore plus choquants.
« Tu ne peux pas juste t’enfuir ? Pourquoi tu cherches un moyen… ? »
« … »
Cela me fit comprendre comment ce vieux avait vécu dans sa jeunesse.
__________
Sclic, sclic.
Un vieil homme sculptait du bois.
C’était nul autre que l’Empereur de l’Épée. La sculpture était un de ses passe-temps.
« Tu es venu ? Seigneur Gu. »
« Comment allez-vous, Vénérable. »
Celui qui était venu le voir était le Seigneur du Clan Gu, Gu Cheolun.
« La requête que vous avez faite. La secte des Mendiants semble avoir trouvé des pistes. »
Les mains de l’Empereur de l’Épée s’arrêtèrent net à ces mots. C’était censé être une bonne nouvelle.
Mais en voyant le visage de Gu Cheolun, il demanda :
« …Qu’y a-t-il, Seigneur Gu ? »
L’expression de Gu Cheolun indiquait qu’un malheur s’était produit. Après un silence, il parla.
« …Le Guérisseur Immortel se trouve actuellement dans la province d’Anhui. »
Crac.
Le couteau dans la main de l’Empereur de l’Épée se brisa net.
Du Qi s’échappa de son corps juste après.
Cela pouvait être dangereux, alors Gu Cheolun entoura rapidement la zone d’une barrière de Qi.
« Donc… »
La voix de l’Empereur de l’Épée tremblait fortement.
« …Tu dois en venir à cette conclusion, Seigneur du Ciel. »
Gu Cheolun ferma les yeux. L’Empereur de l’Épée pleurait.