Lyre : Constructions

LYRE

« Beurk, » je marmonne, en m'avançant dans le camping-car et en agitant une main devant mon visage. La puanteur d'essence angélique me brûle les narines comme de l'eau de Javel mêlée à une brise d'été—Owen concentré, en gros. « J'aurais dû apporter un masque à gaz. »

Les corps d'Archie et Doris sont soigneusement disposés sur le sol du camping-car, les mains croisées sur la poitrine comme s'ils auditionnaient pour le film de vampires le plus sain d'esprit au monde. Pas une goutte de sang, pas un signe de lutte. Juste deux marionnettes âgées dont on a coupé les fils, arborant des expressions placides à vous donner la chair de poule.

J'ai déjà vu ça. De nombreuses, nombreuses fois.

Owen me contourne, prenant soin de ne pas perturber la scène alors qu'il s'accroupit près des corps. Sa propre odeur se mêle à la puanteur émanant des cadavres.

« Ce sont tes parents ? » je demande sèchement, en me dirigeant vers la minuscule cuisine.